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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 10:46

Une erreur de méthode

 

J'ai fait une faute fondamentale dans ma pédagogie. Dans un premier temps, j'ai cru que je devais donner aux enfants une liberté maximale. Je pensais que les enfants pourraient réussir à autogérer leur vie, leur travail. Je pensais leur donner les conditions de s'épanouir eux-mêmes. Ce que j'ai oublié, c'est que ce n'est pas possible dans un système scolaire traditionnel, mais aussi et surtout pour les surdoués. Pour eux, plus que pour les autres, il est nécessaire de leur donner un cadre bien organisé. Il faut toujours définir les buts, le temps, l'espace, et ce n'est seulement à l'intérieur de ce cadre qu'on peut leur donner une liberté. J'ai donc commencé cette expérience en me mettant en situation de chaos. Avec le temps, je suis tout de même parvenue à prendre conscience de la nécessité de changer ma pédagogie.

 

Certains de mes collègues sont devenus «autoritaires» avec cette classe. Par exemple, un élève avait oublié un devoir à la maison. Un autre dérangeait la classe. On leur donnait 10 pages à copier, ou on les excluait de la classe pendant 20 minutes. On a même pris le cahier de classe pour noter le nombre d'actes de transgression faits par chacun, afin de montrer des statistiques aux parents. J'ai évité cette option pédagogique.

 

Dans le cadre de l'établissement, l'inadaptation des élèves posait problème. Les surdoués étaient regardés comme des zombis. Ils n'étaient pas du tout acceptés par les autres. Il y avait des bagarres. Certains étaient tout petits. Des grands leur tapaient dessus. Leurs sacs de classe étaient trop lourds pour leurs petits corps. Ils tiraient leurs sacs sur des roulettes. Les autres enfants s'en moquaient. La chance de la classe, c'est d'avoir trois surdoués très forts, qui intervenaient. Les luttes physiques furent violentes dans la cour de l'école, pendant la récréation.

 

Une partie des parents d'élèves réguliers voulait obtenir le renvoi des élèves surdoués violents. Leur philosophie était simple : où ils s'adaptent, ou ils s'en vont! Il y avait une demande d'exclusion des déviants!

 

Souvent, je me trouvais seule, certes avec le soutien du proviseur, pour tenter d'analyser les vraies causes de ces problèmes, et de tenir tout de même ces élèves. Je devais affronter des résistances fortes. J'ai perdu. Sur deux ans, 5 ou 6 élèves ont été exclus. On ne parvenait pas à les tenir. C'est un chiffre énorme. Des enfants de 10-11 ans ! mais les parents d’élèves étaient très mobilisés contre l'inadaptation.

 

Pour avancer dans le développement du projet pédagogique au niveau du lycée, nous avons intégré tous les collègues du lycée qui s'intéressaient à la nouvelle pédagogie. On a associé 20 à 30 enseignants, ce qui représentait un tiers des professeurs du lycée. Ces personnes se regroupaient une fois par semaine, ensuite une fois par mois. Dans ce groupe de volontaires, il y avait une coupure entre les traditionalistes qui croyaient aux disciplines traditionnelles et ceux qui se réclamaient de l'éducation nouvelle. On a eu des discussions fortes.

 

Les deux tendances se reprochaient telle ou telle attitude. Les traditionalistes nous reprochaient d'oublier le contenu des disciplines. Nous leur reprochions d'oublier la personne de l'enfant derrière les disciplines. On a vu de petits groupes se structurer les uns contre les autres. La scission s'étendait à l'ensemble du lycée. De plus, les collègues qui n'étaient pas dans l'aventure se sentaient non seulement exclus, mais se vivaient comme professeurs de second niveau. Ces professeurs, voyant que le proviseur soutenait ce projet, vivaient ceux qui y participaient comme une élite...

 

Les parents, eux-mêmes, vivaient cette distinction. Et puisque l'on faisait des projets particuliers dans les classes de surdoués, les parents des autres classes voulaient que l'on fasse de même pour leurs enfants. Et même si les professeurs organisaient des projets identiques aux classes de surdoués dans les classes normales, on avait toujours le sentiment que les deux classes de surdoués avaient des avantages, des privilèges que les autres n'avaient pas.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 10:12

Réticences

 

Au lycée, il y avait des réticences. Et il faudra des années pour qu'au lycée toute l'équipe pédagogique comprenne cela. Pour moi, j'ai vite compris que le défi qu'indiquait Hans-Joaquim Gardyan était une chance pour notre lycée, et plus généralement pour tout le système scolaire allemand dans son ensemble. Ma vraie motivation pour me lancer dans cette aventure n'était pas de réussir une expérience pour un petit groupe de surdoués, mais de prendre cette occasion de changer le système pédagogique pour tous les enfants, car ce que disait Hans-Joaquim Gardyan des surdoués, je le trouvais utile pour tous les élèves. J'ai synthétisé ce que je ressentais dans une phrase: «Ein Schub fur die Schule!», (un décollage pour le système scolaire!).

 

Nous avons eu de longues discussions pour savoir si l'on allait avoir une classe regroupant exclusivement des élèves surdoués, ou si on allait les intégrer dans une classe constituée pour moitié d'enfants surdoués, et pour moitié d'enfants normaux. Il existe beaucoup d'arguments pour les deux solutions. Surtout l'aspect social met en avant la classe intégrée. L'argument du niveau intellectuel et des intérêts de connaissance va dans le sens d'une classe spécifique.

 

Avec les deux psychologues, j'étais pour la classe intégrée, parce que nous partions du principe d'individualisation de l'enseignement, et que l'on ne voulait pas trop autonomiser, isoler la dimension «surdoué» des surdoués. Le reste du groupe a dit :

-Si l'on a que des surdoués, ce sera plus simple !

 

Cet argument montrait que mes collègues avaient une représentation homogène des élèves surdoués. Je savais que c'était une illusion. Ces enfants accentuent au contraire leurs différences.

 

La création de deux classes

 

Finalement, on s'est décidé à créer deux classes. En effet, dès que le projet a été connu, beaucoup de parents ont manifesté le désir de voir leurs enfants entrer dans cette expérience. Il s'agissait de deux 5ème classe (première année de collège; notre lycée intégrant collège et lycée). Comme on prévoyait de ne pas surcharger les classes, on a organisé:

-une classe «pure» de 18 élèves, avec des différences d'âge de trois ans. Il y avait des élèves de 7 à 10 ans,

-une classe mixte, intégrant 10 surdoués avec un âge de 9 à 10 ans, et pour compléter cette classe, on a pris des filles «normales», mais qui avaient une bonne socialité, et dont les notes à l'école primaire avaient été bonnes. Nous voulions avoir des élèves bien intégrés au système pour ne pas avoir trop d'écart avec les surdoués.

 

J'ai pris cette seconde classe là durant 7 heures par semaine en allemand, histoire, mais aussi dans une matière nouvelle que l'on intitulait Personale Kompetenz (compétence personnelle).

 

J'ai très vite compris que ce ne serait pas facile de travailler avec une classe aussi hétérogène. En effet, j'ai tout de suite remarqué que les filles «normales» étaient bien adaptées au cursus. Elles réussissaient très bien, faisaient ce qu'on leur demandait. Par contre, les élèves surdoués sont venus de l'école primaire sans avoir jamais travaillé n'avaient pas le sens du travail scolaire. Ils ne faisaient jamais ce que leur demandaient les professeurs. Ils faisaient leurs affaires à eux. Sur le plan social, il y eut donc un net clivage entre les normaux et les surdoués.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 15:10

Lancer une innovation pédagogique

 

Dès le début, j'ai été partie prenante de ce projet. Pour trouver un concept pédagogique qui permette de construire notre programme, nous avons créé un groupe de travail avec des psychologues, des universitaires, mais aussi des parents d'élèves surdoués. A ces personnes, se sont joints des professeurs du lycée qui s'intéressaient à ce chantier. L'entrée dans ce groupe était libre. Chacun pouvait décider s'il entrait dans le projet, ou pas.

 

Nous avons commencé à penser ce projet un semestre avant la première rentrée scolaire. Nous avions six mois pour expliciter ce que nous voulions faire, définir une conception. Tout ce travail de préparation était un réel engagement, car les enseignants prenaient sur leur temps libre pour organiser des réunions. Ce travail n'était pas payé. Personne parmi nous n'avait de théorie a priori.

 

L'apport d'Hans-Joaquim Gardyan

 

Nous avons fait appel à un enseignant qui avait dix années d'expérience avec des élèves surdoués dans une école privée expérimentale. C'est dans ses apports que nous avons puisé notre inspiration. Cette école pionnière était d'inspiration chrétienne. Cet homme, Hans-Joaquim Gardyan, nous a présenté sa conception de manière très vivante : il nous expliquait comment il travaillait avec les jeunes.

 

La base de sa conception était l'anthropologie chrétienne, ce qui voulait dire concrètement pour lui : prendre au sérieux chaque enfant, le soutenir, l'aider, même et surtout quand il rencontre des problèmes. Il a créé deux formules : «Nicht fur Jeden das Gleiche, sondern fur Aile das Beste», et «Fôrdern und Fordern». Ce qui signifie «Pas la même chose pour chacun, mais pour tous le meilleur», et «Faire progresser et exiger». «Fôrdern» (faire progresser) était à l'intention des faibles, ceux qui étaient les moins intelligents. Là, il appelait à un vrai soutien individuel. Il nous a fait comprendre que les surdoués sont des enfants qui rencontrent beaucoup de problèmes car s'ils sont avancés sur le plan intellectuel, ils sont souvent très en retard sur le plan affectif, relationnel, et tout particulièrement sur le plan émotif.

 

Je me souviens très bien, même si cela fait six ans maintenant, de l'impact intellectuel de son discours sur moi. J'ai déjà dit que je m'étais intéressée beaucoup à la personne. A cette époque, je travaillais à mon habilitation sur ce thème. Plusieurs de mes collègues vivaient des réticences par rapport à son discours. Ils disaient :

-Hans-Joaquim Gardyan vient d'une école privée, ce qu'il dit n'est pas transposable dans notre lycée. Même si son concept est attirant, il s'agit d'un fondement anthropologique chrétien. Il ne peut convenir pour nous...

 

Notre intervenant a souligné la différence à faire chez les élèves entre capacité et performance. Il disait qu'il fallait comprendre cette différence, et y voir le plus grand défi. Il tentait de montrer que le rôle des enseignants est de transformer des possibles, des capacités de l'enfant, en performances effectives.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 14:57

Bonjour

 

La revue uruguayenne en espagnol et en anglais vient de paraître

http://centroadleriano.org/publicaciones/New_CEA_4.pdf ( voir lien sur la partie gauche du blog)

 

Estimado/s,

Les estamos enviando  nuestro newsletter. Este envío no puede ser

considerado spam. Si no desea continuar recibiendo información del Centro de

Estudios Adlerianos envíe un e mail con el subject "remover".

Saludos cordiales

 

Dear / s,

We are sending our newsletter. This shipment can not be considered spam. If

you do not want to receive information from the Center of Adlerian Studies

send an email with the subject "remove."

Best regards

 

 http://centroadleriano.org/

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 10:43

Bonjour à toutes et à tous, 

 

Nous avons l’honneur de vous inviter à une rencontre avec

 

Denis TRIERWEILER

 

qui vient de publier la traduction

 

d'Une histoire consternante (1995) d’Hassan GIVSAN

 

aux Presses Universitaires de Nanterre.

 

 

L'essai de GIVSAN aborde de façon critique le "cas HEIDEGGER", reprenant ce concept à sa racine, à savoir le "cas WAGNER" traité autrefois par NIETZSCHE. 

 

Denis TRIERWEILER, éminent spécialiste de cette question et traducteur chevronné, a rédigé quelques notes en plus qui permettent au lecteur français de situer le texte.

 

La rencontre aura lieu le :

 

Jeudi 31 mai 2012 à 19h à l’Université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis 

2, rue de la Liberté, Saint-Denis ; salle A 428). 

Métro, terminus ligne 13

 

Nous accordons une large place au débat qui sera précédé par une introduction à la problématique de cet ouvrage. 

En vous attendant nombreux et curieux, nous vous remercions de bien vouloir nous informer de votre présence par un simple courriel :

isabelle.nicolas2@gmail.com

leonore.bazinek@laposte.net 

 

Cordialement,

 

Leonore BAZINEK et Isabelle NICOLAS

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 10:01

La monographie dans la pédagogie institutionnelle

 

La pédagogie Freinet ou la pédagogie institutionnelle sont devenues des mouvements, quand plusieurs enseignants se sont rencontrés, sous leur hospice, pour réfléchir ensemble à leur pratique pédagogique. Restituer ses expériences, ses tentatives de classe, tel est le contenu de ces groupes de contrôle autogérés. Le support du travail est la monographie, texte de taille moyenne dans lequel un enseignant fait le point sur un moment de sa pratique.

 

En 1962-64, René Lourau est professeur de français dans une classe de troisième. Il essaie d'y introduire l'autogestion, proposant à ses élèves de prendre en charge la gestion de ce cours. R. Lourau présente son expérience au sein du groupe de pédagogie institutionnelle sous la forme d'une monographie, qu'il publie pour la première fois en 1971, dans Analyse institutionnelle et pédagogie (pp. 19-96), puis une nouvelle fois en 1976, dans Sociologue à plein temps (pp. 75-142), sous le titre «Pédagogie démocratique, Aire-sur-l'Adour, 1962-64».

 

Ce texte est très intéressant car il est composé de deux parties : la première est l'expérience racontée par le professeur; la seconde est un commentaire des élèves. Cette monographie est certainement l'un des modèles de la biographie, telle qu'elle a été préconisée dans le Groupe de pédagogie institutionnelle.

 

Dans L'autogestion pédagogique(1971), G. Lapassade a rassemblé plusieurs monographies, écrites par R. Fonvieille, Bessières, etc. Ce travail de recueil d'expériences a été continué par Patrick Boumard et Ahmed Lamihi (1). Aujourd'hui, c'est dans la revue Les irrAIductiblesque sont publiées régulièrement des monographies.

 

Ce qui caractérise la monographie, c'est sa centration sur un thème, une expérience. Elle est à la fois descriptive, clinique et réflexive. Elle se distingue de l'étude qui porte sur un objet purement conceptuel. On peut aussi la distinguer de la chronique, souvent plus brève, moins élaborée, sur le plan conceptuel (2). Pour montrer l'actualité de cette méthode d'analyse du vécu, nous proposons ici le texte d'une monographie, produite par G. Weigand en 2007. Il s'agit d'une expérience pédagogique que G. Weigand fait, en 2002-2004, dans une classe de 6ème et qu'elle suit en 5éme dans le lycée de Wurzburg, où elle est alors professeur. On sait qu'en Allemagne, les classes de collège et de lycée sont regroupées dans un même établissement (3).

 

Une monographie actuelle : Les surdoués

 

Le projet de donner en Bavière une place particulière aux élèves surdoués a été l'initiative d'un groupe de parents d'élèves surdoués. Ces parents se sont mis en contact avec des hommes politiques influents, pour les forcer à encourager l'Etat d'installer une classe expérimentale dans l'enseignement public.

 

Quand l'Etat a accepté le projet, le contexte politique, en matière éducative, était de susciter la définition de profils d'établissement. Le Deutschhaus-Gymnasium pouvait poser comme projet l'intégration des élèves surdoués dans une école régulière publique. Je rappelle au lecteur français que dans notre système allemand, le lycée commence à l'issue de l'école élémentaire. Il intègre donc le collège et le lycée français. Notre projet était de commencer l'expérience au niveau d'une 5ème classe, premier niveau de cet établissement.

 

(1) P. Boumard et A. Lamihi, Les pédagogies autogestionnaires, Vauchrétien, Yvan Davy, 1995, 270 p. Ce livre présente une dizaine de monographies d'expériences pédagogiques.

 

(2) R. Lourau est passé insensiblement de la monographie à la chronique. Son livre L'illusion pédagogique, Paris, Epi, 1969, reprenant des articles publiés dans le journal Combat, (chroniques) ou des textes plus développés (monographies); ainsi «un spectacle en Sorbonne (pp. 81-88)», sur une soutenance de thèse, ou «Autogestion d'une classe de français, 1964-65», (pp. 89-97).

 

(3) Sur ce thème, Gabriele Weigand a déjà publié deux textes en français: «Elèves doués et surdoués (Begabung und Hochbegabung) du point de vue pédagogique», et «Les surdoués, analyseurs de l'école», in Les irrAIductibles, n°10, sur Normes et déviances, Paris, juin-juillet 2006, pp. 83-106 et pp. 217-228.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 12:15
Un Roumain porte plainte contre Dieu

 

Un Roumain qui avait porté plainte contre Dieu pour "escroquerie" et "abus de confiance", a été débouté de son action par le Parquet de Timisoara (ouest), a rapporté mercredi 11 juillet le quotidien Evenimentul Zilei.

 

Mircea Pavel, emprisonné pour meurtre, lui reprochait de ne pas avoir été "délivré du mal" après son baptême. Le parquet de Timisoara estime que l'être suprême "n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse".

 

Mircea Pavel, 40 ans purge une peine de 20 ans de prison pour meurtre.

 

Un contrat non honoré

 

Il avait porté plainte contre "le nommé Dieu, domicilié aux cieux et représenté en Roumanie par l'Eglise orthodoxe", l'accusant d'"escroquerie, abus de confiance, corruption et trafic d'influence". Il reproche notamment à Dieu de ne pas avoir pris en compte ses prières. "Lors de mon baptême, j'ai conclu un contrat avec l'accusé visant à me délivrer du mal. Or, jusqu'ici, ce dernier n'a pas honoré ce contrat, bien qu'il ait reçu de ma part différents biens et nombreuses prières", a écrit le plaignant. Le parquet de Timisoara l'a toutefois débouté de sa plainte, estimant que "Dieu n'est pas un sujet de droit et n'a pas d'adresse".

 

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20 mai 2012 7 20 /05 /mai /2012 11:20

Les monographies d'établissement

 

Dans notre première partie, dans le chapitre sur Desmolins, nous avons restitué une monographie de Desmolins, concernant l'école de Cecil Reddie. Faire l'analyse d'une expérience d'établissement est donc un classique de la monographie éducative. Libres enfants de Summerhill en est un autre exemple (1). Ce fut un best-seller de la littérature pédagogique. Toutes les grandes expériences de vie collective pensent à un moment ou à un autre, à se biographier. Ou l'on tente de faire la synthèse de l'expérience (on décrit alors le moment, sous l'angle historique), ou l'on tente de décrire un moment fort de la vie de l'établissement (moment anthropologique).

 

Pour illustrer la première possibilité, citons le livre produit par l'équipe du lycée expérimental de Saint Nazaire, Création ou récréation, lecture à plusieurs voix (2), dans lequel, quatre années après sa création, une équipe de vingt enseignants nous conte avec enthousiasme et modestie son expérience : des réponses nouvelles, des modes de travail originaux, un rapport différent à l'école, aux élèves ou à la société. Ce lycée rassemblait des professeurs qui supportaient mal l'institution scolaire et des élèves qui y sont inadaptés. Ils avaient eu l'autorisation du Ministre de l'éducation pour tenter ce pari d'oser cette expérience pédagogique communautaire. L'intérêt de cet ouvrage est aussi de donner les interrogations du groupe face à cette tentative pour changer la pédagogie.

 

Pour illustrer les intensités de la vie d'un établissement, on peut renvoyer à la description d'un mouvement à l'université, ou encore à l'intensité que représente une socianalyse, ou encore un bilan institutionnel. Ces moments forts peuvent faire l'objet de monographies.

 

Dans L'université en transe, Patrick Boumard, Remi Hess et Georges Lapassade mettent en forme une monographie s'appuyant sur des productions d'étudiants, suite à la grève vécue à l'université, contre le Loi Devaquet (3). Le livre est donc une monographie du mouvement. Le mouvement social est toujours un analyseur qui révèle l'état des forces.

 

Une autre monographie écrite collectivement est un bilan institutionnel, fait dans une école d'éducateur en juin 1981. Ce texte «L'institution sur le divan», produit par un groupe d'intervenants et de clients d'une intervention socianalytique, vient d'être réédité dans une anthologie de l'analyse institutionnelle (4).

 

L'intérêt de ces monographies, c'est que, produites par un collectif, elles sont l'occasion d'une analyse collective qui aide à refonder le projet collectif.

 

(1) A. S. Neill, Libres enfants de Summerhill, trad, par Laguillaumie, Paris, Gallimard, Folio, p. 307.

(2) Lycée expérimental de Saint Nazaire, Création ou récréation, lecture à plusieurs voix, Paris, Syros, 11985,293 p.

(3) Patrick Boumard, Remi Hess et Georges Lapassade, L'université en transe, Paris, Syros, 1987, 171 p.

(4) Analyse institutionnelle et socianalyse, (R. Hess G. Lapassade, R. Lourau, P. Ville, G. Weigand), Paris, AISF, coll. «Transductions», 2006, 360 pages.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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19 mai 2012 6 19 /05 /mai /2012 14:14

C).- Les monographies

 

Une monographie se donne pour objet la description d'un moment de la vie personnelle ou institutionnelle. Elle peut se donner comme objet la relation pédagogique. La monographie, en décrivant un cas, une situation du quotidien, indique quelque chose d'universel. Ainsi, les cas de Sigmund Freud : en nous décrivant 5 cas d'hystériques, Freud nous donne, dans Les études sur l'hystérie, cinq moments de l'hystérie. Mais le rapprochement de ces descriptions lui permet de constituer l'hystérie. La monographie donne à voir un moment. Elle indique quelque chose qui la dépasse. On nous parle d'une situation, mais en même temps, c'est d'un moment dont on nous parle.

 

Ponctuations

 

Dans son livre Ponctuations, moments institutionnels, Gérard Chalut-Natal, nous donne une idée de la posture de l'auteur de monographies (1). Présentant son livre qui restitue des moments de la vie en établissement d'éducation, il écrit: «Ponctuations est un recueil de textes construits dans le mouvement d'interventions auprès de certains établissements. Destinés à ouvrir sur des moments institutionnels, ils sont comme des contretemps qui marquent la croisée du chemin tracé et des sentiers désirés (p. 9)...»

 

Et plus loin, parlant de ces textes, il écrit: «Mais s'ils ponctuent, c'est parce qu'ils sont comme les silences qui donnent sens à la parole qui s'écoule. C'est à travers les silences que l'on peut deviner le ton, l'humeur, l'ambiance, ce qui se trame entre les personnes qui fait la vie institutionnelle. Cette vie-là est de l'ordre de la chronique, d'une histoire à raconter de cette histoire dont chaque ponctuation a vu le moment : là où les «gens» réunis en groupe, que ce soit autour d'un repas ou dans une «grand-messe», célébraient leur collectif, c'est-à-dire leurs façons d'être en accord, et d'être en désaccord, d'être les mêmes et d'être différents, de s'aimer et de se haïr, de persuader les autres ou de.leur faire allégeance, etc.. Ces textes parlent de tout cela sous couvert de mots «professionnels», parce qu'il est des choses qui ne se disent que dans le taire. C'est cela le sens du moment où se manifeste ce qu'on a le plus besoin de dire. La cérémonie et le fait même d'y être, signent l'appartenance au collectif, le partage des contradictions et le faire avec les autres» (p. 10). L'intérêt de la démarche de Gérard Chalut-Natal, c'est qu'elle ne cherche pas à rendre compte d'un mode d'intervention, ni à théoriser sur un ou des thèmes particuliers à propos des établissements, dans lesquels ce socianalyste travaille, mais plutôt qu'elle nous invite à penser sur le moment. Ses textes laissent deviner «ce qu'ils disent des moments, dont ils sont les témoins» (p. 10).

 

On ne peut guère trouver une meilleure définition de la posture qui préside à la rédaction de monographies. La monographie appelle au moment et à sa définition(2).

 

(1) Gérard Chalut-Natal, Ponctuations, moments institutionnels, Coriance éd., Paris, 2003, 284 p. (www.corianceediteur.com).

(2) R. Fonvieille intitule l'une de ses monographies: «Le moment de l'instauration de l'autogestion», in R. Fonvieille, Face à la violence... (1999), pp. 29-44.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 16:15

II).- Notre correspondance pédagogique (1)

 

Depuis 2000, Remi Hess (2) et Gabriele Weigand s'écrivent régulièrement. À titre d'exemple, voilà une lettre écrite par Gaby Weigand à Remi Hess. Elle évalue justement le «moment de leur correspondance».

 

Gabriele Weigand

à Remi Hess                        Karlsruhe, Kongress Park, le 2 août 2007,

Objet: Le moment de la correspondance

Cher Remi,

 

Tu me demandes d'évaluer notre échange de lettres de ces huit dernières années. Je vais essayer de te dire, en toute simplicité, comment j'ai vécu mon entrée dans cette pratique, et ce qu'elle m'apporte encore aujourd'hui.

 

Une correspondance régulière n'était pas évidente pour moi. J'ai toujours écrit des cartes postales, des lettres à des gens différents, mais longtemps, je n'ai pas eu un échange régulier avec une personne particulière. Il faut avoir des intérêts, des fondements, des buts ou des objets communs, pour entretenir une correspondance régulière. Il faut aussi avoir le sens de ce que signifie «écrire». Bref, il faut avoir dans la tête une théorie de la correspondance.

 

En fait, je suis entrée dans la correspondance par toi, Remi. Par toi, j'ai reconnu la valeur de tenir des traces du vécu, ou des traces de la manière dont la pensée se forme. Quand je t'ai connu, je n'avais pas l'esprit ethnographique ou ethnologique, par exemple. Je ne voyais pas non plus l'intérêt personnel, que l'on peut trouver dans la tenue d'une correspondance.

 

Pendant quinze ans, on s'est échangé des lettres, des cartes postales, de temps en temps. On ne les a pas conservées, systématiquement. Notre correspondance a été facilitée par Internet, qui est entré dans notre relation en 2000. A cette date, on s'est mis à échanger plus ou moins régulièrement des lettres, au début des informations ou des pensées très brèves. On s'est fait des compte-rendus de réunions ou de colloques, auxquels l'autre ne pouvait pas participer. Avec le temps, nos échanges se sont développés. Ils se sont intensifiés progressivement.

 

Pourquoi cette correspondance me semble-t-elle facile? Nous nous connaissons très bien, intellectuellement, depuis 25 ans, parce que j'ai lu presque tous tes écrits, mais aussi tous les écrits du courant pédagogique dans lequel tu t'inscris. Je connais très bien ton horizon théorique. À côté de cela, on a passé pas mal de temps ensemble, notamment dans les stages de l'Ofaj, on a aussi passé des vacances avec nos familles. On se connaît, non seulement au niveau intellectuel, mais aussi au niveau de la vie quotidienne. On connaît les passions de l'autre. On connaît aussi ses défauts.

 

Remi, de ton côté, tu t'es mis dans la pensée pédagogique allemande, en traduisant l’Introduction aux sciences de l'éducation, un livre de Christoph Wulf, paru en 1995. A travers cet ouvrage, tu as appris à connaître l'ensemble de la tradition allemande en matière de pédagogie, ainsi que les concepts centraux de cette pédagogie. Depuis, tu n'as cessé de t'intéresser à cette tradition de pensée, en suivant l'état de la discussion et des débats scientifiques dans ce domaine. C'est pourquoi, quand nous utilisons des concepts, nous nous comprenons.

 

J'ai oublié de dire aussi que nous sommes entrés dans les institutions de l'autre pays:

-l'école, par l'observation participante d'échanges scolaires,

-l'université, par le statut de professeur invité dans l'autre pays,

-participation à des Congrès et à des colloques : par exemple, tu es intervenu au congrès de la Société allemande des sciences de l'éducation (Deutschen jesellschaft fur Erziehungswissenschaft, DGFE); de mon côté, j'ai participé à les colloques sur Lefebvre ou sur l'analyse institutionnelle, à Paris 8.

 

Nous avons donc une base commune qui facilite la communication. Mais, comme on habite dans deux pays différents, dans deux systèmes éducatifs différents, il y a toujours des aspects à expliquer à l'autre ou des questions à lui poser.

 

Au début, je n'ai pas très bien vu la valeur de la correspondance, que je perçois aujourd'hui à plusieurs niveaux :

-Au plan individuel, c'est une manière de réfléchir sur sa vie, sur sa pensée, sur son agir. Dans cette perspective, c'est un moyen l'autoformation.

-Au plan psychologique, la correspondance est un soutien. Elle remplace la psychanalyse personnelle ou la supervision professionnelle, car on a toujours un partenaire avec qui dialoguer, avec qui échanger. Cette dimension importante de l'échange, pour moi, donne davantage de valeur à la correspondance comme forme biographique, plutôt qu'au journal. Le journal est une forme d'écriture monologique, même si je suis en dialogue avec moi-même, ou avec des personnes auxquelles je destine la lecture de non journal. Même si c'est pour elles que j'écris mon journal, c'est quand même moi le seul acteur de terrain. Tandis que dans la correspondance, j'ai une vraie personne en face de moi, avec qui communiquer. Il y a des situations où je n'ai pas envie d'écrire, mais je me sens obligée de répondre à l'autre, s'il me pose une question, notamment.

-Au plan professionnel, la correspondance peut aussi structurer et clarifier les choses dans lesquelles on est, car sur ce terrain du métier, il est différent de parler avec des collègues trop proches, ou alors en concurrence. Avoir un correspondant qui est dans la même discipline, mais pas dans le même établissement ou le même pays, cela permet de discuter de problèmes vécus, très ouvertement, et de recevoir des conseils pour résoudre les difficultés que l'on rencontre, les questions que l'on se pose, les dilemmes auxquels on est confrontés.

 

Pour moi, la correspondance peut remplacer le journal. Je ne parle pas du journal intime, mais du journal des autres «moments». Donc, le journal peut être un travail de documentation de la vie, à de nombreux niveaux. Elle aide à structurer la vie, sa vie, sa recherche. C'est un moyen qui aide à prendre une distance par rapport à soi, à développer des idées, à résumer des faits, et de temps en temps à jouir, aussi. Et moi, je me sens rassurée, quand je suis dubitative dans certaines circonstances, où je ne sais quelle décision prendre ; quand je reçois un courrier, cela m'aide à construire ma pensée, ma vie.

 

Dans notre correspondance, on partage quand même, principalement le «moment professionnel», le «moment de nos lectures», le «moment de nos activités universitaires». Nous y commentons nos projets de traduction, d'écriture commune, notamment d'articles, de livres, mais aussi de cours communs que nous faisons pour nos étudiants. Notre correspondance accompagne notre production intellectuelle, que nous cherchons à penser ensemble. Ainsi, tu me parles de Marc-Antoine Jullien, de Maine de Biran, de Frédéric Le Play. Je te parle d'Herbart, de Schleiermacher, de Dilthey. On décide de les traduire, de les rééditer dans nos deux pays. Je devrais parler aussi des contemporains. On coordonne le travail de nos étudiants. Longtemps, nous avons privilégié le travail de terrain. C'était le temps passé ensemble, qui nous permettait de produire. Aujourd'hui, le temps nous manque pour passer des vacances ensemble, alors la correspondance est plus intense. Elle est devenue le cœur de notre recherche intellectuelle. Nous sommes éloignés, mais nous faisons exister un réseau entre nos équipes de recherche.

 

On peut concevoir d'autres types de correspondances. Ainsi, j'ai une amie qui est touchée par une grave maladie : elle a une multi-sclérose. Elle s'est retirée chez elle. Elle ne veut plus aller dans des situations sociales. Elle craint le public: elle ne veut plus sortir. Je lui ai proposé une correspondance pour qu'elle puisse s'exprimer, et trouver un espace pour s'ouvrir, et ainsi échapper à son isolement. Il y a d'autres situations possibles de correspondances.

 

On peut penser à la formation continue des enseignants. On peut imaginer que deux enseignants d'écoles différentes, de villes différentes, tiennent une correspondance sur leur quotidien. Ils peuvent ainsi partager leurs perceptions, leurs idées, leurs observations, leurs connaissances et leurs perspectives. Grâce à ces échanges réciproques, ils peuvent expliciter leurs points forts et leurs réussites, mais aussi leurs erreurs, leurs fautes, et ainsi se donner les moyens de changer et d'améliorer leur rapport au travail. La correspondance devient ainsi une ressource pour biographier le processus de professionnalisation, la manière d'entrer dans le métier.

 

Ces jours-ci, en relisant notre correspondance de 2000-2002, j'ai découvert pas mal de choses sur ma manière d'être. Ainsi, j'ai reconnu des traits de moi. J'ai vu que je ne suis presque jamais méchante, que j'essaie toujours de comprendre l'autre. Ta manière de t'exprimer te renseigne sur ton style, sur ton art de rencontrer l'autre. Trouver ce fil est très utile. On ne peut pas le découvrir à travers une seule lettre. Il faut de longs échanges pour qu'à la longue, prenne forme l'analyse de l'implication. Les appartenances s'analysent, les choses se clarifient. De temps en temps, on écrit des choses, que l'autre survole plutôt qu'il ne les lit, parce qu'elles renvoient à des réalités, qui ne sont pas évidentes pour lui. Cela signifie qu'il faut que l'on répète ses interventions, pour susciter une prise de conscience et un changement dans la pratique.

 

La correspondance est une écriture à chaud, comme le journal, mais elle dépend du caractère. Que veut dire «chaud»? Quand on commence à écrire, on construit déjà de la distance par rapport au vécu. Cela donne une lecture, déjà une interprétation de la réalité. La correspondance se branche sur certains thèmes. On n'écrit pas tout ce qui traverse la tête ou le quotidien. Je ne raconterai pas un repas réussi ou non réussi. On choisit donc ce que l'on écrit. C'est à chaud, mais c'est tout de même réfléchi. En même temps, ce n'est pas de la méta- réflexivité, comme dans une histoire de vie.

 

C'est la relecture de la correspondance qui permet l'accès à une méta-réflexivité. Si elle se pratique pour développer une pensée ou pour trouver des solutions à des problèmes que l'on se pose, la correspondance se trouve être, in fine, non seulement un produit, un résultat, mais surtout tout le procès par lequel on est passé pour en arriver là.

 

En me relisant, j'ai découvert aussi des traits de moi que d'autres ont toujours critiqués chez moi. Je retrouve leurs critiques dans ce que je t'écris. La lettre est donc un miroir: ce que l'on critique de moi, c'est moi, tout de même... Donc, la relecture de la correspondance peut être un outil d'auto-analyse, d'autant plus fort, si tu évalues ce que tu dis, ce que tu écris, et ce que tu n'as pas écrit. Méditer à partir du choix que l'on fait de dire ceci plutôt que cela est une bonne forme de réflexivité. Quand on se relit, on a présent à l'esprit les choses que l'on vivait, et que l'on a choisi de ne pas décrire, dans la lettre!

 

Le choix du correspondant est très important. C'est le choix du dispositif. L'interlocuteur décide de ce que l'on va pouvoir raconter. Dans le choix des objets de la correspondance, la personne du partenaire est déterminante. Puisque tu joues divers rôles dans la vie quotidienne, tu choisis des segments de ta vie que tu décris à tel ou tel correspondant, parce que tu sais que tel destinataire partage avec toi tel moment. En écrivant, je pense toujours à mon lecteur. Je me demande:

-Si j'écris cela, est-ce que cela va l'intéresser? Est-ce que ce sujet s'inscrit dans les moments que nous partageons?

 

Cette question préside à mon écriture. Je crois que tu es davantage expansif, parce que tu décris, plus que moi, ce que tu vis, avec qui tu travailles, qui tu rencontres. C'est pourquoi, à travers tes lettres, tu laisses partager beaucoup de moments de ta vie, tandis que moi, je te parle plus volontiers d'un «ami» ou d'un collègue que de «Ralph». Toi, tu parles de tous les gens qui traversent ta vie (privée et professionnelle). Tu sembles faire l'hypothèse que si je ne les connais pas, je pourrais les connaître un jour ! Du coup, je connais mieux ta vie que toi, mon quotidien.

 

En espérant, Cher Remi, que je réponds aux questions que tu te poses, j'attends ta réponse. Viele Griisse. Gaby.

 

(1) Entre 2000 et 2007, G. Weigand et R. Hess se sont échangés plusieurs centaines de lettres. D'ordinaire, G. Weigand écrit en allemand, et R. Hess lui répond en français. Cette correspondance sera publiée prochainement. La lettre que nous donnons à lire est une lettre de G. Weigand, exceptionnellement écrite «en français».

 

 (2) A l'époque, R. Hess venait de publier sa correspondance avec Hubert de Luze; Le moment delà création, échange de lettres 1999-2000, Paris, Anthropos, 2001, X + 358 pages.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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