Chapitre 11 : L'adulte étalon p 196-222
Lapassade commence par exposer la conception d'un psychanalyste Edouard Pichon qui considère que le développement mental de l'être humain est un mouvement dialectique, une addition de possibilités. Il s'oppose en cela à beaucoup de psychologues et notamment Piaget pour qui l'enfant est un adulte en préparation. Pichon, refusant de prendre l'adulte comme norme va parfois même plus loin en proposant l'enfant comme annonciateur de l'adulte à venir.
Lewin rejoint la pensée de Pichon et tente lui aussi de relativiser la norme qui bien que rationalisée par des écrits scientifiques, n'en reste pas moins pétrie de morale, de différenciation entre ce qui est bien ou mal.
On retrouve ce même débat en matière de pédagogie.
Lapassade replace l'action de l'enseignant dans son cadre institutionnel. L'institution école est le reflet de l’État, son fonctionnement sert la société capitaliste. On peut trouver des enseignants dont la pensée est critique mais dont la pratique s'adapte en fait correctement à ce que demande l’État.
L'école a remplacé la famille en ce qui concerne la notion d'entrée dans la vie. C'est elle qui est censée maintenant préparer l'adulte. La personnalité de l'enseignant a en fait peu d'influence, il est pris dans un jeu de rôle établi en dehors de lui par la structure.
Lapassade se montre également critique quant au fonctionnement de l'école nouvelle dont il dit qu'en fait, elle prépare l'homme de l'organisation en mettant la priorité sur l'intégration, le groupe.
Il cite l'expérience de l'école de Hambourg au début du XXème siècle qui avait tenté une expérience dans laquelle la norme adulte avait été abandonnée (à voir) et où l'intrusion des partis, de l’Église et de l’État était rejetée.
La philosophie avait déjà préparé cette position lorsque Socrate prône l'entraînement plutôt que l'enseignement, idée également développée par Rousseau. Kierkegaard différencie la pédagogie de l'ignorance et la pédagogie de l'illusion (faire tomber les illusions, rejoint l'entraînement socratique).
Cette idée reprise par Rogers et que l'on peut résumer par la proposition qu'un être normal est l'être normatif est complexe à appliquer en matière de pédagogie. La philosophie et le soin psychologique n'ont pas pour mission d'enseigner, ils sont là pour dévoiler.
La scolarisation, elle, doit transmettre par l'instruction, des outils culturels. Mais le pédagogue doit aussi éduquer. Peut-il transmettre des outils sans transmettre des valeurs?
Lapassade explore ensuite ce qui concerne l'apprentissage des techniques de production, qui du fait du développement industriel et des changements permanents qu'il impose, devient un entraînement à changer en permanence.
Au niveau politique, Marx, Trotski et Rosa Luxembourg utilisent la notion de maturité. C'est une norme (la maturité c'est le communisme), c'est une stratégie (nécessité d'une maturation du peuple pour entrer en révolution). Cependant, même si cette norme est posée, est également posée l'idée de révolution permanente, idée néoténique par excellence.
Hélène M.
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