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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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9 juillet 2018 1 09 /07 /juillet /2018 09:36

Université PARIS 8

Vincennes-Saint-Denis

Laboratoire EXPERICE

Ecole doctorale « Sciences sociales »

 

 

Benyounès BELLAGNECH

 

Dialectique et pédagogie du possible, métanalyse

 

Thèse en sciences de l'éducation

sous la direction de Remi HESS

 

 

Ecole doctorale : Sciences sociales

Laboratoire Experice,

axe 3 : éducation tout au long de la vie

 

Thèse soutenue le 25 juin 2008

sous la direction du professeur Remi Hess

 

 

Jury : Remi Hess, d., Lucia Ozorio, Eliana Ramirez, Patrice Ville, Gerard Schleminger, rapporteur, Gabriel Weigand,présidente, Armando Zambrano.

 

 

Rapport pour justifier de la mention

«  Très honorable avec félicitations »

 

 

Le candidat a présenté tout d'abord un dispositif de soutenance de sa thèseDialectique et pédagogie du possible, métanalyse, tout à fait original. Il a mis sa thèse en ligne depuis février 2008. Ainsi, 300 personnes (dont 80 sont présentes à la soutenance) ont pu prendre connaissance du texte qui a été débatu…

 

Ce travail a allié la réflexion théorique et le bilan d'une pratique de neuf années selon une technique très spécifique qui lui permet de s'inscrire comme l'un des garnds théoriciens et praticiens du mouvement de l'analyse institutionnelle.

 

En 1999, Benyounès Bellagnech découvre ce mouvement de l'analyse institutionnelle. Il a déjà fait tout un itinéraire sur le terrain de la philosophie. Il rencontre René Lourau et décide de suivre son séminaire, dont il restitue les développements dans un journal. Malheureusement, René Lourau meurt en janvier 2000 et Benyounès décide de se tourner alors vers Georges Lapassade, puis Remi Hess et Patrice Ville qui tentent de reconstruire le mouvement institutionnaliste après la disparition de René Lourau, puis de Raymond Fonvieille (septembre 2000).

 

L'analyse institutionnelle de Paris 8 cherche sa voie jusqu'en mai 2002, moment historique où Le Pen faisant davantage de voix que Jospin, les institutionnalistes tentent de penser la situation : ils produisent le numéro 1 de la revue Les irrAIductibles, un volume de 500 pages rassemblant des textes d'enseignants et d'étudiants sur le thème « Analyse institutionnelle et politique ». Benyounès écrit la chronique des discussions de groupe, le contenu des séminaires. Il met en ligne sur une liste de discussion tous les débats qui traversent le département des sciences de l'éducation chaque semeine. Ainsi, 300 anciens thésards ou étudiants actuels éloignés ( qu'ils soient au Brésil ou en Bretagne) peuvent suivre le travail en cours.

 

On sait qu'aujourd'hui la revue Les irrAIductibles a 14 numéros parus, représentant près de 7000 pages publiées dont plus de 50 % de textes étrangers et dispose d'un réseau international regroupant plus de 300 correspondants réguliers. Benyounès a créé une collection qui a déjà sorti 9volumes, le dernier étant le livre de Georges Lapassade, De Vincennes à Saint-Denis, essai d'analyse interne, que Benyounès a contribué à éditer.

 

La thèse présente donc le travail accompli au jour le jour entre 1999 et 2008 pour réinventer l'idée d'une pédagogie du possible portée par les mouvements Freinet, de la pédagogie institutionnelle et de l'autogestion pédagogique.

 

Pour toute ces raisons, le jury a proclamé Benyounès Bellagnech docteur en sciences de l'éducation et lui attribue à l'unanimité la mention Très honorable avec félicitations.Le vote a eu lieu à bulletins secrets.

 
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4 juillet 2018 3 04 /07 /juillet /2018 14:05

UNIVERSITE PARIS 8 VINCENNES – SAINT-DENIS

 

Benyounès BELLAGNECH

Sous la direction de Remi HESS

Dialectique et pédagogie du possible, métanalyse

Sciences de l'éducation

L'éducation tout au long de la vie

Thèse soutenue le 25 juin 2008

 

 

RESUME

 

Selon Georges Lapassade, la pédagogie est une science des dispositifs ; la pédagogie institutionnelle vise l'autogestion, qui a pour but la désaliénation institutionnelle, la liberté et l'autonomie de l'individu comme du groupe. Né, dialectiquement et comme dépassement des contradictions, des conflits internes, mais aussi externes du courant de l'analyse institutionnelle à Paris 8, le mouvement des irrAIductibles s'inscrit dans la pédagogie institutionnelle. La pédagogie du possible en est une variable universitaire. La variable étant l'objet de la science, je me suis donc engagé dans une recherche action dans le cadre de la pédagogie du possible. Ce travail est une tentative d'élucidation des dispositifs de la pédagogie du possible appliquée par les pédagogues et les étudiants en tant qu'acteurs de l'expérience dans le cadre du mouvement des irrAIductibles.

La dialectique comme science des contradictions du réel, de la démarche méthodoligique ainsi que du mode de représentation et d'exposition de la recherche action, est mise en œuvre dans cette thèse. L'histoire de vie, la pratique du journal, la méthode régressive progressive, l'observation participante engagée, ainsi que les principaux concepts de l'analyse institutionnelle, constituent la trame de ce travail, et ce dans le cadre d'une démarche à la fois individuelle et collective.

La métanalyse est une démarche globale qui permet au chercheur d'effectuer l'aller et retour entre la pratique et la théorie, le terrain et sa conception, dans le temps et l'espace. C'est à la fois la somme et le reste de la recherche, dans une perspective multiréférentielle, multidimentionnelle, qui affronte la complexité de la pédagogie du possible, du probable et de l'impossible.

Ce travail de recherche est présenté en trois parties, précédées par une introduction dans laquelle je tente d'expliciter les concepts clés de cette recherche dont la dialectique, la pédagogie du possible et la métanalyse. En effet, la dialectique traverse le texte, à la fois en tant que méthode de recherche, mais aussi en tant que mode d'exposition de ctte thèse. La pédagogie du possible englobe l'expérience vécue et observée dans le cadre du mouvement des irrAIductibles, nom que porte la revue crée par ce groupe en 2002 à Paris 8. La thèse relate les autres activités dont les séminaires, les réunions hebdomadaires, les colloques annuels et la liste Internet qui compte plus de trois cent personnes dans le monde.

Dans la première partie, j'aborde la problématique de l'implication en tentant de l'expliciter par mon histoire de vie, par mon parcours, qui m'ont conduit à choisir cette voie. L'accent est mis sur les institutions dont je suis le produit et l'observateur analyste dans une relation dialectique. Ainsi mes implications se déclinent dans le cadre libidinal, groupal, organisationnel et idéologique.

La deuxième partie est consacrée à mon entrée progressive dans la recherche, recherche qui remonte à mes débuts d'écolier, en passant par le collège, le lycée et l'université, sans oublier l'expérience militante qui s'inscrit en partie dans une recherche action non conscientisée. Ma rencontre avec l'analyse institutionnelle par le biais de ses grandes figures: René Lourau, Georges Lapassade, Raymond Fonvielle, Patrice Ville et Remi Hess, a été le déclencheur d'un processus de recherche. Cette thèse est une partie de la recherche menée depuis fin 1999, date de ma rencontre avec ce courant d'analyse institutionnelle. Mon directeur de recherche, Remi Hess, me conseille de travailler sur la dialectique, en tant que vision et méthode théorique et pratique. Je suspends le travail de recherche entamé auparavant et je mets en pratique son conseil.

Dans le même temps, une expérience instituante de la pédagogie du possible à Paris 8, qui prône l'articulation entre la théorie et la pratique, est mise en œuvre ; cela devient mon terrain de recherche. Je participe activement aux travaux menés par mon équipe sur les plans pédagogique, de la recherche et au niveau institutionnel. Dans la troisième partie de ce travail, je décris et j'analyse ce que j'appelle la pédagogie du possible mise en pratique par le groupe des irrAIductibles.

La méthode régressive progressive, empruntée à Henri Lefebvre, consiste à considérer l'ici et maintenant, à tenter de comprendre la genèse et l'évolution des phénomènes et à essayer d'envisager leur devenir. Cette méthode traverse le texte de la thèse. Les dispositifs pédagogiques et de recherche mis en place sont soumis régulièrement à l'évaluation, à l'analyse et à la remis en question permanente. La transversalité du groupe et les implications des individus qui participent à la pédagogie du possible sont également questionnées. La pratique du journal initiée par Remi Hess est érigé dans ce travail comme discipline à part entière. En effet, elle permet au chercheur d'être constamment au plus près de son terrain, de décrire et d'analyser, dans les détails, son objet. Ainsi le journal, sous différentes formes, comme outil de la recherche traverse cette thèse du début à la fin. D'autres outils sont aussi mis à contribution tels que le compte rendu, l'entretien non directif, la correspondance via Internet. L'ensemble de ces outils est mis en commun d'une manière autogérée permettant d'éviter l'isolement du chercheur et facilitant l'immersion dans le groupe et l'interaction en son sein.

La pédagogie du possible n'est pas une recette, elle est une construction collective. C'est une construction pratique au jour le jour dans des situations concrètes. Par conséquent, sa description et son analyse ne peuvent que suivre son déploiement et sa mise en œuvre. L'expérience décrite dans cette thèse permet par ailleurs une métanalyse ayant pour objectif une généralisation théorique non dogmatique sur d'autres terrains. L'adhésion de chercheurs et d'universitaires de plusieurs pays dans le monde est la preuve que la pédagogie du possible demeure une perspective viable et crédible. Ceci à condition qu'elle soit accompagnée d'une critique socio-historique remattant en question, d'une manière permanente, le possible, le probable et l'impossible. La conclusion de ma thèse se résume non pas dans une critique, mais dans l'appel à la critique comme étape pouvant eventuellement intervenir ulétrieurement. Le courant de l'analyse institutionnelle est fondé sur la critique permanante de la théorie et de la pratique ; la pédagogie du possible qui s'inscrit dans ce courant ne peut être qu'une pédagogie critique.

 

Lu et approuvé

Signé par Remi Hess

 

Ce résumé administratif a été distribué aux participants à la soutenance le 25 juin 2008.

Mis en ligne par benyounès Bellagnech.

 

Ci-dessous la thèse publiée en février 2008 et distribuée aux participants au colloque d'analyse institutionnelle à Paris 8 en juin 2008. 

Résumé de la thèse de Benyounès Bellagnech
Résumé de la thèse de Benyounès Bellagnech
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12 janvier 2014 7 12 /01 /janvier /2014 10:27

 

Rapport complémentaire argumentant

l’attribution des félicitations du jury à la thèse de Doctorat

en Sciences de l’éducation soutenue le 11 décembre 2013

 

 

par M. Valentin Schaepelynck et intitulée

 

 

Une critique en actes des institutions : émergence et résidus

de l’analyse institutionnelle dans les années 1960

 

 

 

Le jury a unaniment apprécié la grande qualité et l’originalité du travail de thèse de M. Valentin Schaepelynck, nourri par une très grande érudition et une culture théorique parfaitement maîtrisée et empruntant à différentes disciplines et différents domaines de recherche. Ce travail représente un apport important, non seulement à l’histoire de l’Analyse institutionnelle, mais aussi à la connaissance du contexte intellectuel des années 1960 et des échanges et controverses qui y ont eu lieu en sciences sociales et en philosophie. Le candidat a également fait preuve de ses grandes qualités intellectuelles au cours de la soutenance, durant laquelle il a répondu aux questions posées et entendu les remarques qui lui étaient formulées, tout en défendant et argumentant son point de vue avec brio. Pour toutes ces raisons, et au terme d’une soutenance de grand intérêt, le jury lui a attribué la mention Très honorable avec les félicitations du jury, par un vote unanime à bulletins secrets.


 

Le Président du jury, Jean-Yves Rochex

 

   

 Http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

 

 

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 10:48

 

J.-Y. Rochex rappelle, pour conclure, le texte publié par Michel Foucault dans la Revue de métaphysique et de morale à propos de l’œuvre de G. Canguilhem, dans lequel Foucault dessinait une « ligne de crête » dans le paysage philosophique français, laquelle « sépare une philosophie de l’expérience, du sens, du sujet, et une philosophie du savoir, de la rationalité et du concept. D’un côté, une filiation qui est celle de Sartre et de Merleau-Ponty ; et puis une autre qui est celle de Cavaillès, de Bachelard, de Koyré et de Canguilhem », en soulignant que, si la seconde était en apparence celle qui était demeurée « la plus éloignée des interrogations politiques immédiates », c’est elle qui, durant la deuxième guerre mondiale, « a pris part, et de façon directe, au combat ». Vincent Schaepelynck considère-t-il que cette ligne de crête (à laquelle pourrait sans doute également faire écho la tension ou l’opposition entre une philosophie d’inspiration plutôt spinoziste et une philosophie d’inspiration plutôt nietzschéenne) a, dans son travail sur la ou les naissances de l’AI, et encore aujourd’hui, une quelconque pertinence ? Où situerait-il les protagonistes de cette émergence, et où se situerait-il lui-même à cet égard ?

 

 

 

J.-Y. Rochex tient à redire que les questions ou points de discussion qu’il soulève ici, et à propos desquels VS soutient l’échange avec brio, ne doivent pas être considérés comme manifestant une quelconque réserve à l’égard de ce travail de thèse, mais au contraire comme un écho, qui se voudrait un hommage, à la richesse de celui-ci. Il souhaite au candidat de pouvoir poursuivre son travail et son enseignement en accédant au plus vite à des positions institutionnelles dans lesquelles il puisse donner toute la mesure de ses grandes qualités.

 

 

 

Après une courte délibération, et à l’issue d’un vote à bulletins secrets, le jury décerne à M. Valentin Schaepelynck le grade de Docteur en Sciences de l’éducation, avec la mention Très honorable et les félicitations du jury.

 

 

 

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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 09:18

 

Une autre façon de faire écho à ces questions consiste à interroger l’analogie, voire le glissement, que l’on peut déceler dans les « naissances » de l’AI (voire dans le propre travail de VS), entre les différentes institutions concernées (essentiellement les institutions asilaire et scolaire, mais aussi le champ politique). Ces institutions, de même que les phénomènes de groupe ou les relations de pouvoir et les dispositifs qui permettent de les analyser et de les mettre au jour, sont envisagés de manière transversale (cf. le concept de transversalité cher à Guattari), voire en termes de manifestations d’un même État inconscient, selon le terme de R. Lourau. Perspective sans aucun doute heuristique, mais qui, pour autant, risque de conduire à minorer la spécificité et « l’objet » propres à chacune de ces institutions (l’accueil et le soin pour l’institution clinique, la transmission de savoirs et de pratiques culturelles pour l’école), à dissoudre les questions spécifiques qu’elles ont à affronter – et ce que l’on pourrait nommer « l’effectuation d’un projet intérieurement normé » pour reprendre une formulation utilisée par G. Canguilhem à propos de l’histoire des sciences dans une discussion critique du concept d’episteme de M. Foucault – dans la question des relations de pouvoir ou des rapports sociaux de domination. VS rappelle opportunément les controverses des années 1960-70 dans le domaine de la santé mentale et les positions de « défense de la clinique » (au double sens de ce terme) qui étaient celles de Jean Oury, à l’encontre de certains courants et préconisations de « l’anti-psychiatrie », voire de certaines positions de Guattari lui-même, et son refus (qui était également celui de Tosquelles) de ne pas réduire la maladie mentale à un effet de l’oppression et de la domination sociales, de ne pas dissoudre donc l’espace-temps de la clinique dans celui du politique, tout en maintenant l’institution clinique ouverte au questionnement émanant de l’extérieur. Il semble que ce soit le même type de controverse qui, concernant l’institution scolaire, oppose Fernand Oury et Raymond Fonvielle, le premier étant soucieux de préserver l’institution scolaire (et les dispositifs tels que le conseil) comme espaces et dispositifs de symbolisation spécifiques, irréductibles, eux aussi, aux rapports de domination. On regrette que VS n’ait pas approfondi autant cette discussion concernant la pédagogie institutionnelle qu’il l’a fait concernant la psychothérapie institutionnelle. Au-delà de cela, ne serait-il pas intéressant de considérer les institutions concernées par la naissance et le développement de l’AI, non pas seulement dans leur dimension commune ou transversale, mais également dans leur spécificité et normativité propres (au sens de Canguilhem), comme étant non seulement des espaces-temps saisis par les rapports de pouvoir et de domination, mais aussi comme des espaces-temps où peuvent se développer des pouvoirs d’action et de pensée sur le monde, et d’élaboration de formes de vie développant les possibles du réel ? Ou encore de mieux penser les rapports entre, d’une part, les institutions (les groupes, par exemple) ou les dispositifs mis en œuvre par l’AI, et que celle-ci peut avoir tendance à penser comme étant à eux-mêmes leur propre ou comme indifférents à la normativité propre à chaque institution (la clinique, l’école) et, d’autre part, cette spécificité et cette normativité propres, et donc de spécifier plus avant le type d’AI dont seraient redevables l’école, la clinique, la formation d’adultes… Pour dire les choses encore en d’autres termes, la focalisation sur la mise au jour et le dévoilement des enjeux et relations de pouvoir qui se nouent dans le fonctionnement des institutions objets de l’AI ne risque-t-elle pas de conduire celle-ci à dissoudre dans cette dimension politique les questions spécifiques aux problèmes et à la normativité propres à chacune de ces institutions, et à adopter ainsi une position symétrique et spéculaire, de la posture scientiste discutée chez Althusser, auquel on peut reprocher de rabattre le politique sur le scientifique ou l’épistémologique, en ayant tendance, à l’inverse, à dissoudre la composante normative (au sens de Canguilhem) des activités et des institutions humaines dans les seules relations de pouvoir ou rapports de domination, voire à faire de l’AI, certes « une maïeutique sociale critique », mais habitée de manière plus ou moins explicite par une tentation ou une posture subjectiviste et idéaliste ?

 

(...)

 

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9 janvier 2014 4 09 /01 /janvier /2014 16:28

 

 

L’ensemble constitue une thèse passionnante, dont on espère qu’elle donnera lieu à publications, certaines de celles-ci pouvant d’ailleurs se faire en soumettant certains des textes qu’à exhumés le candidat à des analyses et commentaires divers. Ce travail soulève bien sûr des points de débats ou de controverses, comme tous ceux qui, non seulement produisent de la connaissance, mais sont une source de travail de pensée. Jean-Yves Rochex souhaite évoquer plusieurs de ces points, dont le développement – qui ne peut être que trop bref dans le cadre d’une telle soutenance – ne doit aucunement être considéré comme réserves ou critiques à l’égard du travail de VS, mais comme visant à alimenter l’échange intellectuel, durant mais aussi bien au-delà de la soutenance.

 


Il fait part tout d’abord de son étonnement devant certaines absences ou ellipses dans le travail de VS : absence de reprise d’une définition synthétique de la notion ou du concept d’institution à laquelle pourrait conduire cette « archéologie » de l’AI, mais aussi, peut-être de certaines références importantes concernant ce concept dans le champ de la psychanalyse (on pense ici aux travaux de P. Legendre, mais aussi au concept – en acte – d’institution éclatée que Maud Mannoni utilise à propos de Bonneuil). Est également étrangement minorée et peu thématisée, non pas la figure de G. Canguilhem, mais la centralité dans l’œuvre de celui-ci de son travail sur les questions de normes et de normativité ; il serait passionnant de ce point de vue – eu égard aux relations qu’ont entretenues G. Canguilhem et G. Lapassade (qui ont co-écrit en 1962, avec J. Piquemal  et J. Ullman, le petit et brillant ouvrage Du développement à l’évolution au XIXe siècle, et dont tout laisse penser qu’ils ont continué de se lire, voire de se rencontrer, bien après la soutenance de G. Lapassade) – de voir s’il existe, dans leurs archives réciproques, des traces de ces lectures ou de ces rencontres et des discussions et controverses auxquelles elles n’ont pu manquer de donner lieu.

 


Un autre point de discussion porte sur le fait qu’on peut penser que VS a quelquefois tendance à réduire la notion d’objectivation ou d’aliénation à son seul versant oppressif ou figeant le devenir, que désigne le terme réification emprunté à une certaine tradition marxiste. Or – et le candidat ne l’ignore évidemment pas et en fait mention, même si c’est sur un mode mineur – l’aliénation, l’objectivation dans le travail et la production d’œuvres sont également, pour d’autres auteurs – s’inspirant du marxisme ou non – la seule possibilité pour « l’esprit humain » de s’incarner, de s’échanger et donc de se réfléchir (« l’esprit humain est dans ses œuvres », écrivait, pour ne prendre que ce seul exemple, Ignace Meyerson, dans la filiation de toute une tradition hegeliano-marxiste propre à fonder la psychologie historique qu’il appelait de ses vœux). Il semble qu’une prise en considération plus équilibrée du double sens, voire de l’ambivalence, propres aux usages du terme aliénation, qui font écho aux contradictions entre d’une part, l’activité humaine, ses différents domaines et leur « normativité propre » et d’autre part, les rapports sociaux dans lesquels elles s’inscrivent et qui les déterminent en partie, serait de nature non seulement à revenir sur certains débats propres aux auteurs influencés par la pensée de Marx, mais aussi sur les ambivalences de la notion d’institution et la dialectique instituant-institué comme productrice d’historicité, que VS met pertinemment au centre de son propre travail.

 


Cette discussion sur les notions d’aliénation et d’institution a son corollaire portant sur les conceptions, non seulement de ce qui résiste à l’emprise de l’institution ou de ce que celle-ci réprimerait, ou de ce que l’objectivation-réification empêcherait d’advenir, mais aussi des conceptions de la subjectivité, de la parole, du possible ou des formes de vie hétérogènes à l’ordre établi et de leur surgissement. Ne peut-on déceler comme une tentation vitaliste dans le travail de G. Lapassade et dans le fait qu’il y mobilise successivement ou simultanément des notions très larges – le désir, le corps, la parole pleine, la bio-énergie – qui mériteraient un examen circonstancié, au regard même de la théorie critique dont il vise la mise en acte autant que l’élaboration conceptuelle. Certes, et VS le dit fort justement, ce qui intéresse Lapassade dans l’emprunt de ces notions (et dans l’importation dans le champ de l’AI et de l’institution universitaire, de « techniques » d’intervention qui leur sont liées) est bien plus leur possible effet performatif que leur « statut de vérité ». Mais qu’en est-il pour lui-même, VS ? Quel statut de vérité accorde-t-il à ces notions ? Quelle conception de la subjectivité ou du possible soutiendrait-il au terme de son travail ? On croit déceler quelques hésitations ou ambivalences à cet égard. Ainsi fait-il référence, p. 48, à ce qu’écrivait Marx dans l’introduction de 1857 aux Grundrisse, d’après laquelle « le concret de la réalité sociale n’est concret que dans la mesure où il est traversé par une multiplicité de déterminations, qu’il faut d’abord poser abstraitement pour ensuite les articuler progressivement en une totalité adéquate et concrète », citation qui incite à considérer que le possible n’est pas de l’indéterminé, qu’il constitue une catégorie du réel et est le produit d’une pluralité de déterminations et des contradictions qui en résultent, et que ce qui demeure en deçà de toute détermination ne relève pas du possible mais de l’informe. Pourtant, quelques pages plus loin, on trouve des formulations quelque peu contradictoires, lorsque VS écrit par exemple que « ce qui caractérise toute conscience, c’est qu’elle peut faire l’expérience d’un désaccord entre les contraintes du monde réel, tel qu’il s’impose à elle dans ses formes massives de domination et le monde tel qu’il pourrait être selon ses désirs et ses pressentiments, autrement dit entre l’existant et le possible », ou encore lorsqu’il évoque la « confrontation permanente, éprouvée continuellement par les acteurs, entre les forces instituantes du possible et les formes instituées de l’impossible », formulations dont les passages ici soulignés pourraient laisser penser que l’institué ne peut avoir partie liée qu’avec l’impossible tandis que l’existant ne serait qu’une forme figée, arrêtée, a-historique, du possible, au détriment de toute pensée dialectique de l’institution et du réel, comme étant porteurs des deux sens contradictoires du concept d’aliénation et donc, possiblement, soit du développement, soit de l’arrêt de l’historicité des sujets, des institutions ou des formations sociales. Ce sont là, bien évidemment, des questions difficiles, qu’un seul travail de thèse ne saurait trancher et qui appellent des échanges, individuels et collectifs, plus soutenus. J.-Y. Rochex les évoque à la fois en tant qu’invite à ces échanges à venir, mais aussi parce que s’y fait entendre, selon lui, un écho possible aux remarques précédemment formulées portant sur les questions de normes et de normativité qui sont au centre de l’œuvre de G. Canguilhem.

 

 

 

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8 janvier 2014 3 08 /01 /janvier /2014 09:58

 

 

Il revient à Jean-Yves Rochex, président du jury, de prendre la parole en dernier. Il tient tout d’abord à remercier Valentin Schaepelynck (VS) et Rémi Hess pour leur invitation à participer à ce jury, et à découvrir ainsi un travail de thèse tout à fait passionnant, riche et dont la lecture est réjouissante, tant la virtuosité intellectuelle du candidat et sa grande culture sont pour le lecteur une invite et une source pour développer sa propre pensée. Cette thèse est très riche, fort bien écrite (même si un effort de structuration des différents chapitres entre eux en aurait facilité la lecture), et foisonnante. Elle s’appuie sur une érudition impressionnante, mais jamais gratuite. Si tout n’y est pas également nécessaire ou central pour l’élaboration et la progression du propos, rien n’y est pour autant inintéressant. Au-delà du projet – réalisé de manière très convaincante – de faire « une archéologie » de l’Analyse institutionnelle, son auteur nous introduit dans des débats – théoriques, institutionnels et politiques – ayant marqué les années 1960, dans lesquels on peut penser que s’originent nombre de controverses, de divergences, de scissions, voire d’anathèmes ou au contraire d’ignorances réciproques, qui marquent encore les débats intra- ou inter-disciplinaires propres aux SHS aujourd’hui.

 


 

Cette thèse se propose donc de restituer et analyser l’émergence, au cœur des années 1960, de l’AI (Analyse institutionnelle) « au croisement entre les problématiques de la folie, de la jeunesse, de l’éducation et de l’émancipation politique », au cœur des années 1960, en en restituant non seulement les amonts et les origines ou influences conceptuelles, mais aussi la double dimension théorique (visant à l’élaboration d’une théorie sociale critique et d’une approche renouvelée de la notion d’institution), et pragmatique ou politique – critique en acte –, visant à permettre la réappropriation par ses protagonistes de l’analyse de l’institution et du travail de mise au jour des rapports de pouvoir qui la traversent. Cette pensée critique ne vise donc pas seulement (voire pas en premier lieu) à se développer au travers de ses concepts et arguments, mais également au travers de ses effets performatifs, en tant qu’expériences et dispositifs d’intervention, voire en tant que ressaisies narratives d’événements ou de conflits. Le travail de VS restitue donc de manière très informée la genèse de l’AI, au carrefour entre différents champs conceptuels et disciplinaires (le marxisme et ses courants non orthodoxes, critiques du stalinisme et du jdanovisme, représentés principalement dans les années 60 par les revues Arguments et Socialisme ou Barbarie ; la psychanalyse ; la psycho-sociologie ; la sociologie ; la philosophie d’inspiration sartrienne…), entre des inscriptions et préoccupations institutionnelles et d’intervention et de vigilance pragmatique concernant les domaines de la maladie mentale et de la clinique, de l’université, de l’éducation et de la pédagogie, du débat social et politique. Il en donne à voir les amonts, les filiations, les divergences et controverses, voire les scissions, et les figures majeures, parmi lesquelles il choisit, pertinemment, de développer le travail spécifique, le rôle et l’influence intellectuels et institutionnels de Félix Guattari et de Georges Lapassade, figures organisatrices des « deux naissances » de l’AI à partir, d’une part, de la psychothérapie institutionnelle (et des expériences fondatrices de l’hôpital de Saint-Alban et de la clinique de La Borde) et, d’autre part, de la pédagogie insitutionnelle. Il en restitue également les principaux concepts – champ, dialectique instituant-institué, analyseurs « naturels » ou non, dispositifs visant à la mise au jour des rapports de pouvoir, groupes-sujets, dialectique du concept et de la pratique…. Il s’appuie pour cela sur la lecture et l’analyse de nombreux textes – publiés ou non, théoriques et/ou narratifs – et sur des entretiens – formels ou informels – avec des acteurs ou des témoins de cette genèse. Il aurait néanmoins été souhaitable que l’auteur précise un peu mieux la manière dont il a travaillé pour constituer l’ensemble de ce corpus et pour l’analyser, par exemple en récapitulant en annexe l’ensemble des matériaux (entretiens ou archives) produits ou analysés spécifiquement pour cette thèse, ou en distinguant, dans sa volumineuse bibliographie, les textes, ouvrages ou articles, qui ont un statut de matériaux (et non seulement de ressource ou d’outils de travail) pour ses analyses. Mais cette insuffisance relative demeure mineure au regard de l’ampleur du travail réalisé et du caractère très informé et convaincant des analyses proposées, y compris quand elles appellent à débat. L’ensemble constitue dès lors un apport précieux, non seulement à la connaissance de la genèse de l’AI, mais à celles des contextes intellectuels, institutionnels et politiques, dans lesquels elle survient. Il convient de souligner ces deux « morceaux de bravoure » que sont la redécouverte et l’analyse, par VS, d’une part, des échanges polémiques ayant eu lieu entre G. Lapassade et L. Althusser, à propos d’un incident survenu lors d’un séminaire tenu par P. Bourdieu et J.-C. Passeron à l’ENS Ulm, incident et échanges « analyseurs » de conceptions radicalement différentes de la pédagogie universitaire et des rapports entre « science » et pédagogie, voire entre science et rapports sociaux ; d’autre part d’une conférence faite en mai 1955 à l’ENS par G. Canguilhem, sous le titre « Y a-t-il encore des adultes ? », que VS analyse fort intelligemment en relation avec l’ouvrage de G. Lapassade L’entrée dans la vie, publié quelques années plus tard, en 1963, et que VS considère comme une sorte d’écho ou de réponse à l’intervention de G. Canguilhem. Le commentaire de l’article publié par F. Châtelet, rendant compte, dans la rubrique Sciences humaines du journal l’Express, de la soutenance de thèse de G. Lapassade (au jury de laquelle participait G. Canguilhem) est également fort intéressant, même si on aurait souhaité que VS y associe une analyse de cet autre mode de compte-rendu qu’a été le rapport établi par les membres du jury de cette soutenance que F. Châtelet décrit comme mouvementée.

 

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7 janvier 2014 2 07 /01 /janvier /2014 14:08

 

Pascal Nicolas le Strat, MCH HDR à l’Université Montpellier III, prend ensuite la parole comme suit :

 

 

« Valentin Schaepelynck retrace l'émergence de l'analyse institutionnelle au cours des années 1960 sur trois plans qu'il articule de manière maîtrisée et érudite tout au long de son texte de thèse.


Sur un plan conceptuel, il réinscrit la critique de l'institution dans le cadre des débats théoriques qui animent le marxisme de la fin des années 50 et du début des années 60 (les revues Arguments et Socialisme ou Barbarie) et souligne, par exemple, tout à fait justement l'apport des théories de la réification à la compréhension du phénomène institutionnel. L'auteur décrypte, par ailleurs, avec un grand soin d'argumentation, les efforts théoriques, réengagés à partir des sciences sociales (en particulier de la psychologie sociale), pour questionner le fonctionnement des collectifs et la vie des groupes afin de repenser les formes d'implication sur un mode plus autonome.


La thèse de Valentin Schaepelynck offre une lecture ambitieuse de ce foisonnement théorique des années 1960 au cœur duquel s'est construite une nouvelle énonciation de la question institutionnelle, dont de nombreux apports sont encore largement valides aujourd'hui.


Sur un plan socio-historique, l'auteur montre clairement que l'émergence de la question institutionnelle est marquée par une crise des modèles autoritaires et hiérarchisés et par l'apparition de nouvelles aspirations en particulier dans la jeunesse étudiante. Cette crise historique des modèles étatiques et institutionnels, qui culminera en Mai 68, est venue nourrir la réflexion sur l'institution, sur les dynamiques de groupe et sur les formes individuelles d'implication. Valentin Schaepelynck s'attarde, par exemple, à juste raison sur des expériences d'analyse institutionnelle qui vont s'engager à cette période dans le milieu étudiant (en santé mentale, en matière d'intégration d'étudiants issus du monde rural...).


Enfin sur un plan intellectuel, la thèse de Valentin Schaepelynck accorde une place privilégiée à deux auteurs, dont les travaux vont marquer durablement l'analyse institutionnelle. Ces deux figures intellectuelles, celle de Félix Guattari et celle de Georges Lapassade, cristallisent cette première séquence historique de l'analyse institutionnelle, à la fois par leurs écrits théoriques qui déterminent fortement le débat et par leur pratique d'intervention sous forme d'une critique en actes de l'institution, pour reprendre le titre principal de la thèse (cf. le travail de Guattari à la clinique de La Borde).


Valentin Schaepelynck montre de manière particulièrement convaincante que les enjeux de l'analyse institutionnelle émergent sous la forme d'un « ruissellement historique » qui parcourt toute la période et qui affecte aussi bien le champ théorique du marxisme, de la psychanalyse que des sciences sociales et qui interpelle fortement plusieurs secteurs de la société : l'école avec la pédagogie institutionnelle, la santé mentale avec la psychothérapie institutionnelle, l'université avec une aspiration à plus d'égalité dans les rapports enseignés / enseignants (sur ce dernier point, l'auteur s'arrête assez longuement, à juste raison, sur un débat emblématique ouvert par Althusser sur la question de la science, associée à une conception très classique de la fonction d'enseignement, qui heurte frontalement les revendications portées par les organisations étudiantes).


Valentin Schaepelynck n'a pas suivi un plan strictement chronologique pour restituer cette émergence plurielle et pluraliste de l'analyse institutionnelle, il a préféré procéder par « coupes » successives et par explorations thématiques ou problématiques. Il nous permet ainsi d'avoir une compréhension de ce mille-feuille théorique que constitue l'analyse institutionnelle. Chaque « coupe » de ce terrain historique permet d'explorer l'un de ces feuilletages, l'une de ces strates sédimentées par les nombreuses expériences d'analyse institutionnelle au cours de ces années (la dynamique de groupe, la pédagogie institutionnelle, la socianalyse...).


Cette construction méthodologique est adaptée à son objet. Le résultat est stimulant. Cette démarche méthodologique permet à l'auteur de dégager, au sein de chaque strate étudiée, ces « résidus » de l'analyse institutionnelle en quête desquels l'auteur a engagé sa recherche, et qu'il annonce dans son titre de thèse.


Valentin Schaepelynck met en lumière deux enjeux majeurs, longuement discutés et argumentés dans son texte. Le premier concerne la tension entre instituant et institué et la tentative de repenser l'institution afin qu'elle ne se ferme jamais à sa propre critique, qu'elle reste ouverte à sa dynamique instituante. L'auteur insiste sur le fait que la critique de l'institution relève d'une « analyse permanente », d'un processus continué de distanciation / réengagement. Valentin Schaepelynck dialogue, de façon fructueuse, avec les travaux contemporains de Luc Boltanski sur la critique sociale et la sociologie de l'émancipation. Le second enjeu concerne les « analystes » eux-mêmes. Qui a légitimité et compétence pour analyser l'institution ? Dans une filiation avec la recherche-action, qui plonge loin dans l'histoire des sciences sociales (K. Lewin, par exemple) mais aussi dans la perspective de la pédagogie institutionnelle et de la psychothérapie institutionnelle, les personnes concernées sont évidemment très directement partie prenante du processus d'analyse qui les implique personnellement et collectivement. De ce point ce vue, l'analyse institutionnelle porte une ambition égalitaire ; Valentin Schaepelynck rejoint ici les travaux contemporains de Jacques Rancière.


Enfin, il est important de souligner deux autres qualités de ce travail : d'une part un corpus théorique d'une grande richesse et parfaitement mobilisé tout au long du texte de thèse, d'autre part une grande qualité d'écriture et de rédaction.


Ce retour sociologique et politique sur l'histoire d'un courant théorique important de nos disciplines de sciences sociales est particulièrement bienvenu. Il est heureux qu'un jeune chercheur ait entrepris ce travail de recherche ambitieux, utile à nos disciplines et ouvrant de réelles perspectives pour des travaux contemporains.


 

En raison des nombreuses qualités que j'ai soulignées tout au long de mon rapport (pertinence et originalité du sujet, maîtrise de son traitement, envergure du corpus théorique, cohérence méthodologique et qualité de rédaction), je porte une évaluation très favorable sur l'écrit de thèse de Valentin Schaepelynck ».

 

 

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 09:46

 

Barbara Michel, Professeur à l’Université Pierre Mendès-France Grenoble III, intervient ensuite comme suit :

 

 

« Dans ce travail, conséquent de 468 pages, Valentin Schaepelynck, nous présente une thèse complexe, riche et très intéressante qui traite de l’analyse institutionnelle. Le candidat cherche à saisir, comprendre et contextualiser les différentes sources de l’AI :

- à partir des concepts et des auteurs qui l’ont expérimentée ;

- à partir des témoignages directs et indirects ;

- à partir des différentes disciplines dont l’AI s’inspire;

- et à partir des divers terrains où elle s’applique.

 

C’est dire combien le propos n’est pas simple.

 

Le candidat nous décrit l’effervescence autour de l’analyse institutionnelle, ses dangers d’instrumentalisations. Il revient sur l’époque d’émergence de l’AI et nous replonge dans les années 1950-1970.

 

 

C’est à une ballade que nous convie le candidat qui cherche à reconstituer l’histoire des développements successifs de l’AI, de ses différentes filiations, des divers moments qui l’ont constituée, des différents établissements qu’elle a traversés (psychiatrique et scolaire), des multiples terrains qu’elle a investis (monde du travail, monde syndical), sans oublier les courants qui l’ont constituée, ni les méthodes qu’elle a bricolées et récupérées dans les disciplines des sciences humaines.

 

Les controverses qu’a suscitées l’AI, et les critiques tant internes qu’externes ne sont pas oubliées par le candidat.

 

Drôle d’histoire que celle de l’AI, où même les concepts (transversalité, institution, analyseur…) ne sont jamais figés dans une théorie bâtie en dur une fois pour toutes, alors que l’époque de son émergence est plutôt dogmatique et doctrinaire (structuralisme génétique, théorie marxiste d’Althusser, thèse de la reproduction sociale de Pierre Bourdieu…).

 

Le candidat nous raconte aussi nombre d’anecdotes liées à des entretiens qu’il a effectués, comme celui de Bruno Queysanne, ou trouvées dans des archives et documents comme l’article de François Châtelet, à propos de la soutenance de thèse de G. Lapassade.

 

L’effort de contextualisation du candidat est très pertinent, mais face à la profusion des domaines abordés, il aurait été intéressant de mieux structurer le propos, afin que le lecteur, peu familiarisé avec l’AI, puisse ne pas être perdu dans les tours et détours de ce travail. Le propos du candidat est relativement complexe et parfois la profusion des données entraîne un peu de confusion dans l’esprit du lecteur.

 

Le mérite de cette recherche est de n’être jamais ni simpliste, ni réductrice, ni monolithique avec une explication  toute faite ou à sens unique. Certes, cela rend la trame en 9 chapitres, parfois difficile à saisir, mais le travail rend bien compte de la multiplicité des inspirations et des pistes, tout en cherchant avec obstination à nous replacer dans le contexte des savoirs et des idéologies politiques des années 1960. 

 

Une des grandes vertus de cet écrit peut se résumer par le fait de provoquer chez le lecteur, à la fois des réactions vives et des pistes de réflexion. Cela est chose rare dans les travaux universitaires et mérite d’être souligné.

 

 

Deux remarques auxquelles le candidat pourra répondre s’il le désire.

 

Première remarque sur la définition du concept d’institution :

 

L’effort du candidat pour comprendre le contexte politique, intellectuel et les enjeux conceptuels, nous permet, à nous lecteur (nostalgiques ?) de nous replonger dans un temps de débats autour de la notion complexe d’institution.

 

Tout au long de la lecture, je m’attendais à ce que le candidat revienne, pour préciser la définition de l’institution. Il en parle dès les premières pages, puis y revient tout au long de son travail, de-ci de-là, et aussi en conclusion. Mais il manque au lecteur, une définition claire et condensée, malgré la difficulté (voire la souffrance) que provoque un tel concept. Beaucoup de remarques fines sont ainsi diluées dans le texte au lieu d’être mises en valeur et rassemblées. La lecture de ce travail de recherche nous donne envie de réfléchir à notre tour à propos de la notion d’institution.

 

Dès l’introduction, Valentin Schaepelynck, pose la difficulté d’une définition claire, précise et rigoureuse du concept d’institution : « L’institution serait ainsi une notion inversement proportionnelle à la rigueur de sa définition », écrit-il, p.4.

 

Certes, le concept d’institution possède une signification variable selon les théories sociologiques, et il règne à son propos nombre d’imprécisions, voire de confusions.

 

Il aurait été pertinent de s’interroger sur l’histoire de la notion d’institution qui est ancienne, et de ne pas se contenter de l’étymologie.

 

Ce qui semble intéressant dans ce concept, ce sont ses propriétés heuristiques, comme le souligne le candidat.

 

Il y a une formule de tradition romaniste qui condense la force de l’institution. C’est “Vitam instituere“, soit “instituer la vie“. Instituer la vie de l’espèce humaine et par voie de conséquence du sujet, tout cela reconnaît d’emblée que notre espèce est inachevée. Le mécanisme de l’arrangement institutionnel noue trois éléments par lequel tient la vie de l’espèce humaine : le biologique, le social et le subjectif.

 

C’est peut-être pour cela que l’école durkheimienne définit la sociologie comme l’étude des institutions ; la conception symbolique de l’institution éclaire l’inachèvement de l’humain. Il y a remplacement d’une régulation biologique par l’institution d’où l’idée que la régulation est d’ordre culturel et qu’elle est construite. Je crois que sur ce point un grand nombre de sociologues seraient d’accord. Bref, l’institution supplée au manque, et met en relation un donné et un acte.

 

Le terme « institution », nous dit un fragment du Digeste, cité par P. Legendre, signifie « ce qui a été posé ensemble dans la cité, selon quoi, tous doivent vivre ». Passer trop vite sur la définition du terme, c’est méconnaître les fondements politiques et juridiques, en Occident au moins, du terme.

 

Il contient déjà, et depuis de nombreux siècles, toute l’ambivalence du terme institution : l’institution, comme tenant ensemble de l’instituant, « posé ensemble dans la cité » et de l’institué « selon quoi, tous doivent vivre ». L’institution ordonne la vie, mais dans un pacte commun.

 

L’affaire est donc complexe, puisqu’il s’agit « d’instituer la vie », par un arrangement institutionnel qui noue trois éléments disjoints, le biologique, le social et le subjectif.

 

Du coup, questionner le pouvoir d’instituer, comme pouvoir de vie et de mort sur le sujet est important et ne peut jamais être univoque. Et au moins trois éléments sont essentiels à cet assemblage ou ce nouage institutionnel, nécessaire à la reproduction de la vie : le pouvoir, la parole et la mort. Michel Foucault, s’est beaucoup interrogé sur les pouvoirs de l’institution, Marcel Jousse et Michel De Certeau sur la parole comme instituante face à l’écrit institué.

 

D’ailleurs, le candidat parle de “la fonction primordiale de la parole libérée“ (p.163) ; il écrit que “les institutions transcendent les acteurs sociaux“ (p.3). Il y aurait ainsi une affaire de transcendance, c’est-à-dire de l’extérieur au sujet pour que le sujet puisse advenir.

 

Cela révèle aussi la double face du sujet humain, individu subjectif qui peut alors devenir acteur et individu assujetti à l’institution. C’est-à-dire que pour que le subjectif advienne, le singulier aussi, il y faut de la transcendance et de l’autoréférence.

 

D’ailleurs, avec le terme d’institution, on n’a pas simplement à faire à une contradiction, mais plutôt à un paradoxe.

 

Il y a peut-être quelque chose d’infernal, de diabolique, de tragique dans l’institution. Le pouvoir d’instituer, c’est celui de créer le subjectif et dans le même temps de l’asservir et de l’asservir tout en créant le subjectif. Tout cela est bien évidemment très, trop général.

 

Et, l’autre question que je me suis posée à la lecture de la thèse, c’est la nécessité de s’interroger sur les différents types d’institutions et les divers niveaux ou instances d’analyse que suscitent les institutions.

 

Qu’y a-t-il de commun et de différent entre l’institution de la parenté, l’institution du don (prendre, recevoir, donner), l’institution du marché économique, l’institution scolaire ou de santé et l’institution de micro-groupes à l’intérieur d’établissements, et enfin l’institution littéraire qui est sans localisation dans un établissement.

 

On pressent bien que les mécanismes d’institution seront le résultat d’une dialectique instituant-institué, sans fin, pérenne et circulaire, comme Georges Lapassade l’a défini.  Mais pour le reste, il y a d’énormes différences…

 

 

Deuxième remarque sur les rituels institutionnels : 

 

L’université est fortement marquée par nombre de rituels qui montrent l’institution en acte et parfois révèlent les jeux de construction de l’institution.

 

Pierre Bourdieu, dans sa leçon inaugurale au Collège de France, lorsqu’il est intronisé en 1981, s’interroge sur cet exercice comme objet d’analyse : Il écrit dans Leçon sur la leçon : “Rite d’agrégation et d’investiture, la leçon inaugurale, inceptio, réalise symboliquement l’acte de délégation au terme duquel le nouveau maître est autorisé à parler avec autorité et qui institue sa parole en discours légitime prononcé par qui de droit. L’efficacité proprement magique du rituel repose sur l’échange silencieux et invisible entre le nouvel entrant, qui offre publiquement sa parole, et les savants réunis qui attestent par leur présence en corps que cette parole, d’être ainsi reçue par les maîtres les plus éminents, devient universellement recevable, c’est-à-dire, au sens fort magistral. Mais mieux vaut éviter de pousser le jeu de la leçon inaugurale trop loin : la sociologie, science de l’institution et du rapport, heureux ou malheureux, à l’institution, suppose et produit une distance supportable, et pas seulement pour l’institution ; elle arrache à l’état d’innocence qui permet de remplir avec bonheur les attentes de l’institution“.

 

Le rituel est un révélateur irremplaçable de l’institution. Le rituel ajoute quelque chose qui n’était pas là au départ. La leçon inaugurale, génère des forces sociales qui n’étaient pas là au départ : l’acteur est autorisé à parler avec autorité, sa parole devient discours légitime et acquiert un statut magistral parce qu’il est attesté par la présence de maîtres éminents, nous dit Bourdieu.

 

Le rituel de soutenance de thèse est un rite de passage, d’initiation, avec un cérémonial, bien rodé. Hautement symbolique, l’impétrant tremble d’autant plus qu’il n’y a pas d’enjeux matériels (juste la mention). Mis à part bafouer toutes les règles administratives et de bienséances, le candidat sait d’avance qu’il en sortira vainqueur. Docteur !

 

Et, pourtant malgré cette certitude, il y a parfois de la souffrance, parfois du défi et nombre d’émotions traversent ce rituel pour l’impétrant.

 

La solennité de l’événement, le cérémonial qui préside à la séance avec des rôles distribués pour l’occasion – directeur de thèse, rapporteurs, président du jury, public qui ne peut intervenir dans le débat que s’il possède un doctorat, etc. –, tout concourt à rappeler la permanence de l’institution et les apparences d’une cohésion sociale qui soulignent la justesse de l’activité.

 

On retrouve aussi, la prise de parole comme au fondement du processus institutionnel. Il y a le poids de l’écrit et le moment oral de la soutenance.

 

Ma question sera simple, mais délicate, vous n’êtes pas obligé de répondre. Pour faire passer une thèse, nous, membres du jury, avons tous subi ce rituel avec ses joies et ses amertumes. Ayant travaillé sur l’AI, je suppose que vous avez réfléchi à ce moment comme analyseur de l’institution et j’aurais aimé avoir votre point de vue.

 

Je tiens à souligner que ces quelques remarques ne remettent pas en cause les qualités de ce travail que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire, notamment, les chapitres 7, 8 et 9  très pertinents et très stimulants ».

 

 

 

Le candidat a fait preuve durant sa soutenance orale d'une très grande capacité à soutenir son travail, tout en reconnaissant volontiers un certain nombre de maladresses. Il a prouvé par son oral une érudition, assez exceptionnelle, et montré combien sa démarche de recherche était cohérente et nécessaire.

 

 

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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 14:31

 

Gabriele Weigand, professeur à l’université de Karlsruhe, vice-présidente du conseil scientifique de la PHS de Karlsruhe, rapporteur de la thèse, souffrante, a dû annuler sa participation à la soutenance de thèse. Elle a communiqué le rapport suivant, qui a été lu par le Président du jury :

 


« Le mémoire de thèse de Valentin Schaepelynck compte 467 pages, dont 20 pages de bibliographie (c’est à dire plus de 500 références d’ouvrages). Elle est construite en neuf chapitres, précédés d’une solide introduction et suivis d’une longue conclusion. De ce point de vue, le mémoire de thèse est bien construit. Il installe la réflexion dans le prolongement du marxisme des années 1960 (ch. 1), puis se centre sur l’apport de la psychothérapie institutionnelle (ch. 2 à 4) qui débouche sur un chapitre explorant l’apport de Félix Guattari à l’analyse institutionnelle (ch. 5). Ces chapitres forment d’une certaine manière une première partie. Une seconde partie s’ouvre sur la critique de la psychosociologie et les relations humaines (ch. 6 et 7) qui produit un autre contexte d’invention de l’analyse institutionnelle par Georges Lapassade (ch. 8) et une critique, par ce dernier, de la notion d’adulte (ch. 9). La conclusion montre l’analyse institutionnelle comme pensée critique en acte.

 

 

La recherche de Valentin Schaepelynck explore le moment de la fondation de l’analyse institutionnelle dans les années 1960-70. C’est une époque riche qui a connu le développement d’une pensée critique des institutions, globalement partagée par des auteurs aux options théoriques différentes ou même divergentes, ainsi que par des mouvements sociaux portés par des usagers et des professionnels de l’école, du travail social, de la psychiatrie ou du milieu carcéral. Dans cet ensemble hétérogène Valentin Schaepelynck inclut aussi bien les ouvrages de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron sur le caractère socialement reproducteur de l’institution scolaire, les enquêtes d’Erving Goffman sur les « institutions totalitaires », la critique radicale de l’école par Ivan Illich, les mouvements anti-psychiatriques en Grande-Bretagne et en Italie, ou encore le travail mené par le Groupe d’Informations sur les Prisons (GIP) autour de Michel Foucault. Toutes ces démarches ont créé une nébuleuse qui a pour objet la critique des institutions.

 

 

Ces recherches théoriques s’enracinent dans les terrains de l’école et de la psychiatrie qui en ont constitué l’un des points de départ. Valentin Schaepelynck montre que la psychothérapie et la pédagogie institutionnelle, respectivement sur les terrains de la psychiatrie et de l’école, proposent d’aborder l’institution comme un ensemble de normes et de pratiques qu’il est possible de transformer et de réinventer. C’est au croisement de ces expérimentations, mais aussi du développement d’un certain marxisme hétérodoxe que l’« analyse institutionnelle » fait son apparition dans les années 1960. L’auteur montre comment Félix Guattari et Georges Lapassade revendiquent tous deux l’invention de l’analyse institutionnelle. La thèse porte alors sur une exploration des apports de ces deux figures.

 

 

L’objet de ce travail se situe en-deça de l’institutionnalisation de l’AI des années 1970, époque où l’analyse institutionnelle rencontre un certain succès médiatique. Valentin Schaepelynck se donne pour objet « de saisir l’émergence de l’analyse institutionnelle comme formule et comme proposition pratique, au croisement de la psychothérapie institutionnelle, de la pédagogie institutionnelle, de la diffusion des techniques de groupe et de la politisation de la relation pédagogique en milieu étudiant ». « De quoi l’analyse institutionnelle est-elle le nom dans les années 1960 ? » Pour l’auteur, F. Guattari comme G. Lapassade font de l’institution « un mouvement qui ne se réduit pas à sa dimension instituée et donc oppressive. Tout en s’inscrivant dans une époque qui voit dans les institutions des mécanismes de répression, de réification, voire de brutalisation, ils montrent qu’il est possible d’y introduire une brèche, des formes de coupures qui ouvrent des possibles ».

 

 

Ce travail est conceptuel. Bien que décrivant précisément les pratiques qui justifient la théorie, ce travail est un effort de mise en perspective d’une conceptualisation qui a fortement contribué à la naissance de sciences de l’éducation critiques. Ayant moi-même exploré la pédagogie institutionnelle dans une thèse publiée en 1983, je vois dans cette thèse un effort d’évaluation du moment instituant l’AI. En trente ans, les livres sur l’AI se sont multipliés. L’utilité de la thèse est de repenser le moment de l’invention, de la fondation. J’ai éprouvé un réel plaisir intellectuel à lire ce travail. La pensée est parfaitement maîtrisée et le mémoire est particulièrement bien écrit ».

 


Elle rajoute en allemand dans un message au directeur de la thèse, invité par le président du jury à lire ce passage et à le traduire :

 


« Natürlich finde ich es sehr schade, gerade bei der Promotion von Valentin zur AI nicht dabei zu sein. Ich habe die Arbeit auch sehr genau gelesen und finde die Aufarbeitung von Guattari und die Darstellung mit Lapassade einchließlich der Bezüge zu Althusser sehr gelungen. Seine Arbeit ist geradezu eine Aufforderung, die AI heute weiterzudenken. Ich werde ihm auch noch kurz schreiben und ihm viel Erfolg wünschen ».

« Je souffre de ne pas pouvoir participer à cette soutenance de Valentin. J’ai lu ce travail de manière approfondie. J’ai apprécié sa lecture de Guattari et tout particulièrement l’exploration qu’il fait de la relation d’Althusser et Lapassade. Ce travail est une invitation stimulante à repenser l’analyse institutionnelle aujourd’hui. Je vais écrire à Valentin pour lui souhaiter beaucoup de succès ».

 

 

Elle dit encore qu’elle va associer Valentin Schaepelynck à l’édition d’un ouvrage de morceaux choisis de l’analyse institutionnelle en langue allemande :

« Lieber Remi

Die vergangene Woche war wohl zu anstrengend, denn ich habe jetzt eine richtige Grippe mit Halsschmerzen, Husten, Kopfschmerzen bekommen, so dass ich noch gar nicht weiß, ob ich am Dienstag nach Paris fahren und an der Soutenance von Valentin teilnehmen kann. Im Moment kann ich auch gar nicht richtig sprechen und fühle mich ziemlich elend. Ich nehme zwar schon Tabletten, aber es wird noch nicht besser.

Mit Erich Graf habe ich am Donnerstagabend noch lange gesprochen (ich bin dann nicht mehr bis Freitag geblieben, sondern noch in der Nacht nach Hause gefahren - bin bei Schneegestöber und Windböen auf den Straßen erst um 2 Uhr nach Hause gekommen). Erich hat die Idee, eine Gruppe AI in Karlsruhe aufzubauen und hat vorgeschlagen, dass wir zu dritt einen Sammelband mit wichtigen Texten zur AI auf Deutsch herausgeben. Ich denke, dass es wichtig wäre, dass wir dann auch Seminare dazu halten, vielleicht auch zu dritt. Es könnte noch einmal ein Versuch sein, die AI im deutschen Sprachraum bekannter zu machen.  Ich wollte mit dir und Valentin am Mittwoch darüber sprechen, aber ich zweifle im Augenblick, ob ich es überhaupt schaffe, bis dahin gesund zu werden.

Ich weiß gar nicht, was es für die Soutenance bedeutet, wenn jemand fehlt, ich hoffe, sie kann trotzdem stattfinden ».

 

 

 

Dans ce courrier, après avoir donné des détails sur son état de santé, G. Weigand parle d’une rencontre de travail qu’elle a eu avec Erich Otto Graff (de Zurich) qui a soutenu une habilitation sur l’analyse institutionnelle à Karlsruhe, sous la direction de G. Weigand. Celui-ci a proposé de créer un groupe de travail sur l’AI à Karlsruhe, ayant pour objectif de rassembler des textes sur l’analyse institutionnelle à traduire et publier en langue allemande. Gabriele Weigand veut associer R. Hess et Valentin Schaepelynck à ce groupe de travail…

 

 

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