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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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8 novembre 2009 7 08 /11 /novembre /2009 12:17

Considérations

 

Loin de clore prématurément le débat sur cette question de méthode, le commentaire de Michel Lobrot m’incite à expliciter davantage la démarche :

Il ne s’agit pas de la question de recherche dans sa globalité. Autrement, on tombe dans une discussion métaphysique qui n’est pas non plus sans intérêt. L’histoire de la philosophie nous fournit plusieurs exemples à commencer par les présocratiques, Aristote, Descartes, Pascal, Auguste Comte, pour ne citer que quelques exemples anciens.

Le débat épistémologique nourri par le développement des sciences parcellaires, notamment depuis le 19ème siècle, a permis, entre autres, la délimitation par le chercheur de son champ de recherche et de sa discipline. C’est ce que l’on désigne aujourd’hui par la spécialité par rapport au modèle scientifique. Il est vrai que parfois la spécialité poussée à l’extrême pose des problèmes à la science et aux chercheurs ; la crise globale actuelle est une sorte d’analyseur de la faillite de certaines pratiques issues de recherches en sciences sociales et humaines, je songe ici à ce que l’on appelle management, coaching et autres pratiques de formation présentés il y a quelques années comme des méthodes «modernes» ou magiques pour résoudre des problèmes, réels ceux-là, d’ordres économiques, politiques et humains.

Les sciences dites pures ou exactes ne sont pas moins concernées par ce type de questionnement, je songe aux mathématiques par rapport à la bourse, à la médecine par rapport à l’économie. Bref, la controverse politique actuelle sur la recherche en général en dit long sur la nécessité du débat publique qui est lancé depuis 2004 notamment par l’initiative du mouvement «Sauvons la recherche».

Ces considérations générales, dont certaines peuvent avoir actuellement un caractère pressant, s’imposent au chercheur d’une manière ou d’une autre dans son parcours de chercheur.

Lorsque j’ai évoqué précédemment la question de la commande et des demandes, j’avais en tête les séminaires d’analyse institutionnelle au cours desquels les étudiants se posaient les questions sur la recherche à mener, comment l’entamer, avec quel outil, l’accès au terrain, l’observation, le journal de recherche, les entretiens, etc. Il se trouve que la motivation, voire la préoccupation principale du débutant dans la recherche de nos jours, consiste à répondre à la question suivante:est-ce que le travail de recherche que je vais mener va déboucher sur une prolongation de carrière de recherche ? Est-ce que cela va me permettre de vivre décemment ? Ainsi ce qui semblait au début une question de recherche se transforme en interrogation sociale et politique.

Je comprends que les générations précédentes jusqu’aux années soixante-dix n’avaient pas à faire face à ce type d’interrogation. Certes, le contexte historique n’est pas le même et ces générations ont mené leurs batailles idéologiques et politiques (les guerres coloniales, les conséquences de la Seconde Guerre mondiale, le droit des peuples, des minorités, les droits des femmes, des enfants, etc.) couronnées par mai 68 avec les avancées et les acquis historiques que le pouvoir politique actuel tente de remettre en cause !

Un jour de 1999, dans les couloirs de Paris 8, je suis avec René Lourau qui croise Michel Debeauvais. Celui-ci dit à Lourau : on n’est plus à l’époque où l’on était payé pour lire Nietzsche! Cette phrase m’a longuement marquée, car elle résume bien la différence entre deux générations de chercheurs. En effet, lire Nietzsche aujourd’hui relève davantage d’un acte de résistance et de sacrifice que d’un devoir intellectuel.

En tout cas et mis à part la dimension historique de ce débat que les historiens peuvent mieux appréhender, je reste admiratif de l’œuvre de cette génération dont Michel Lobrot fait partie et j’estime que leurs travaux demeurent d’une grande utilité pour ceux qui se lancent dans la recherche en sciences humaines et sociales. On célèbre aujourd’hui Claude-Levi Strauss comme une star, mais il ne faut surtout pas perdre de vue les travaux de toute une génération, y compris ceux des contradicteurs de la star posthume.


Benyounès Bellagnech 
http://lesanalyseurs.over-blog.org

              

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 19:41

 

Commentaire à l’article De la méthode

 

Le problème ici exposé est réel. La plupart du temps, le chercheur ne répond pas à une commande, mais à un intérêt qui lui est propre. Il y a un nombre énorme d'années que je fais des recherches et j'ai eu rarement une commande... Il me paraît vain de s'enfermer dans une optique étroitement institutionnelle, telle que «les interactions entre le terrain de recherche et le chercheur». Le terrain de recherche est déterminé par le chercheur en fonction de ce qu'il est, de sa formation et de son cadre idéologique. Pourquoi Pascal a-t-il fait ses grandes expériences qui l'ont amené à découvrir la pression atmosphérique? Parce qu'on croyait à l'«horreur du vide».... Le terrain de recherche n'avait qu'une importance minime. Le contexte idéologique et scientifique était fondamental....

 

Michel Lobrot

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2 novembre 2009 1 02 /11 /novembre /2009 10:44

De la méthode

 


Peut-on d’entrée de jeu parler de méthode précise choisie parmi une panoplie de méthodes de recherche disponibles sur la scène ou sur le marché? D’aucuns parleraient de la méthodologie, c’est-à-dire, d’un ensemble de méthodes prises ici ou là chez telle ou telle école ou courant de recherche. Dans l’absolu et d’une manière abstraite, le choix de telle ou telle méthode ne pose pas de problème à priori, mais c’est bel et bien la mise en œuvre sur le terrain qui détermine son caractère effectif et opérationnel, d’où la question fondamentale sur le pourquoi de la recherche et quelles sont ses finalités.


La recherche en général est tributaire de l’impératif de la commande. En effet, l’analyse institutionnelle évoque le principe de la commande lorsqu’il s’agit d’une intervention socianalytique, mais en l’absence d’intervention, l’analyste poursuit son travail de recherche en ayant en vue la question du commanditaire, qu’il soit privé ou public, sachant que cette dualité est dépassée dialectiquement dans le concept de l’institution. En analysant la commande de recherche, le chercheur ou l’analyste tente de dévoiler ou de mettre à jour les demandes exprimées ou non qui déterminent en fin de compte les attentes du commanditaire.


Cependant en l’absence de toute commande, une recherche est-elle possible? C’est une question qui me tourmente depuis longtemps et à laquelle je tente de trouver une réponse. Georges Lapassade utilisait le terme de bricolage pour qualifier certains types de recherche, à ceci j’ajoute qu’il s’agit d’un bricolage réfléchi. Autrement-dit, je vais tel que je suis sur le terrain, avec les moyens et les outils disponibles, avec mes références idéologiques et méthodologiques; et les situations auxquelles je suis confronté sont régulièrement soumises à la redéfinition. En somme, il s’agit d’une interaction entre le terrain de recherche et le chercheur.


Cette posture pose des problèmes qui doivent être résolus, et elle doit affronter des difficultés qu’il faut surmonter.


Selon René Lourau, les conditions de la recherche font partie de la recherche elle-même, c’est-à-dire de sa définition. La démarche adoptée, les outils conceptuels ou non utilisés, la description, le recours aux publications ou à d’autres sources d’information, le journal, les documents sonores ou visuels, etc. Le tout, et non pas la totalité, trouvera une place dans l’exposé que je vais présenter dans cette rubrique de «Recherche action dans la ville».


Bref, la méthode étant intimement liée au contenu, elle fera l’objet de discussion avant, pendant et après l’exposition de la recherche soumise à la réflexion, au débat et à l’action.

 


Benyounès Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

 

 

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1 novembre 2009 7 01 /11 /novembre /2009 14:37

Du global au local

 

 

21 avril 2002, date qui soulève le couvercle sur l’ordinaire et le révèle en plein jour politique. Comme des millions de gens impliqués dans le cauchemar, j’assiste et je participe à la transe collective. La suite ne mérite pas davantage de commentaire, le pays bascule majoritairement à droite car contraint par la règle de jeu démocratique de choisir entre la droite et la droite extrême. La transe ou l’état de conscience collective modifiée dure deux semaines et la vie reprend son cours normal. C’est reparti pour cinq ans, cependant l’histoire ne se répète pas, la tendance dure de la droite se met en place et s’installe au pouvoir durablement. Mis à part le constat, que peut la conscience individuelle? L’alternance gauche droite a fait ses preuves. Vue de ma position, la différence entre les deux est à peine perceptible comme si la politique ne peut rien face aux questions fondamentales de la vie quotidienne.


Que fait-on dans ce cas? On se fond dans la foule, on se cache derrière des possibles: tenir le coup, exprimer son point de vue dans des rencontres diverses, tenter des constructions microscopiques au sein des petits groupes presque insignifiants lorsque l’on prend du recul par rapport à ces expériences.


Globalement, la première décennie de ce siècle, bien qu’elle soit porteuse d’innovation technique, ne fait que renforcer des incertitudes sur la marche du monde dans lequel nous vivons et les alertes ne manquent pas sur les crises multiples à plusieurs niveaux à tel point que, parfois, la pensée reste paralysée vis-à-vis de la tâche qui lui incombe, c’est-à-dire penser le global. Changer de civilisation, dit le penseur, et le politique répond par des mesures de régression de toutes sortes. Il ne s’agit pas de contradictions, mais de dilemmes et de paradoxes, insolubles par définition.


Il arrive souvent à la conscience singulière de se réfugier derrière la pensée des auteurs «stars», ceux qui apportent des éclairages plus ou moins pertinents sur l’état du monde, ou encore sur un pays en particulier, en l’occurrence ici la France. Certes, tout discours par sa nature même tend à la généralisation, mais il n’en demeure pas moins opérationnel en tant qu’outil d’appréhension et d’approche de ce que l’on nomme le réel. C’est le cas de la science, de l’idéologie, de la politique, de la religion, etc. Cependant, lorsque l’on commence à s’intéresser à ce réel ou à la réalité dans ce qu’elle donne à voir, à sentir, dans l’immédiat, dans le plus proche, dans le sensible, dans le quotidien, on se rend compte que la pensée globale ne peut pas nous être d’une grande utilité. Ceci explique en partie l’absence de la quotidienneté des centres d’intérêts des grands penseurs et l’invention par ailleurs des disciplines telles que l’ethnologie, l’anthropologie, la psychologie sociale, le journalisme, etc. De plus, la déferlante des technologies de l’information et leur développement rapide interviennent comme une réponse à une demande pressante d’agir en discutant et de discuter en agissant dans l’immédiat, dans l’ici et maintenant


Le savoir institué a tendance à cloisonner les connaissances pour des raisons pratiques et utiles parfois à la vie de l’homme, mais lorsque le savoir institué bascule dans la vérité absolue, il se transforme en outil de pouvoir et de répression; les exemples à ce propos ne manquent pas. Comment faire pour contourner ce paradoxe ou affronter cette contradiction inhérente au savoir?


J’ai longuement médité sur cette question pour tenter d’apporter des réponses à mon niveau en adoptant la démarche que je vais essayer de décrire au jour le jour.


 

Benyounès Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

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