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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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24 juillet 2013 3 24 /07 /juillet /2013 14:03

Une psychologue et ses pratiques institutionnalistes à Rio de Janeiro (2)

 

 

Paris et ses effets (2)

 

 

Un aspect commun à tous ces travaux était l'admirable et encourageante richesse du débat, de la formation et de la recherche qu'ils effectuaient, toujours associés à la prestation de services. Je suis allée à plusieurs colloques et congrès sur ce thème. J'ai eu I’expérience stimulante et à la fois énigmatique de pouvoir assister à des séminaires de personnes célèbres à l'époque, telles que Lacan, Foucault, F. Dolto et J. Oury. Ce dernier m'a invité à parler dans son séminaire de mon expérience à Duque de Caxias, ce qui m'a rendue fière de ma participation dans ce monde si nouveau, avec toutes ces discussions que je comprenais à peine, mais qui m'attiraient et instiguaient mon intérêt.

 

 

J'ai fini par anticiper mon retour au Brésil, tellement mon pays et mon petit-ami (implications libidineuses) me manquaient. Pour ces raisons, je n'ai visité La Borde que plus tard, en 1994, quand je suis allée de nouveau habiter à Paris à l'occasion du post-doctorat, étant invitée à parler de ma nouvelle expérience de travail institutionnel avec des enfants pauvres (Altoé, 1990).

 

 

C'était très stimulant d'être à Paris, à la fin des années 1970, et de participer à une expérience de liberté politique qui se manifestait à travers le fonctionnement des institutions, surtout au niveau de l'université - liberté d'expression, de choix de disciplines, mélange de personnes venues de cultures très différentes, débats constants, manifestations. J'ai vécu un « Mai 1968 » avec un peu de retard. A l'Université de Paris VIII, à Vincennes, le débat était intense, notamment parmi les institutionnalistes, car on voyait s'épuiser le délai accordé par le gouvernement français à l'existence de cette université, créée pour répondre aux revendications des étudiants et professeurs de «Mai 1968». Une résistance à la destruction de cette université avait été tentée sans succès. Pendant les négociations avec le gouvernement, il avait été possible d'en construire une autre, à Saint Denis, nouvelle université qui a hérité de tout l’équipement et du personnel de Paris VIII. Paris VIII, étant alors « encadrée », devenait une université identique aux autres, en ce qui concerne les exigences de la bureaucratie administrative, et perdait donc la liberté et l’animation qui existaient à Vincennes. J'y ai suivi quelques disciplines, j'ai participé à des séminaires et aussi à une intervention socianalytique avec Georges Lapassade.

 

 

Puis, mi-1979, je suis rentrée à Rio, la valise bourrée de livres et des idées plein la tête. Outre le retour à la clinique infantile, la question était : quoi faire ? J'ai vite découvert un genre de travail, qui a déterminé une direction plus précise à mon parcours professionnel, comme nous le verrons ensuite.

 

 

Sonia Altoé

 

 

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23 juillet 2013 2 23 /07 /juillet /2013 17:36

Une psychologue et ses pratiques institutionnalistes à Rio de Janeiro (2)

 

 

Paris et ses effets

 

 

Croyant que j'avais beaucoup à apprendre en France auprès des institutionnalistes et des psychanalystes dans les hôpitaux de jour pour enfants et adolescents psychotiques, j'ai démissionné des emplois cités ci-dessus et à la fin de l'année 1977, je me suis mise en route vers la France où je suis arrivée en juin 1978. (J'ai fait presque tout le trajet de l’Argentine à New York en voiture, pleine d'un enthousiasme propre à mon âge, 26 ans).

 

 

En France, j'ai eu la chance d'être reçue comme étudiante par G. Lapassade dans son cours de DEA au département de Sciences de l'Education de Paris VIII. J'ai pris comme objet de mon mémoire, le travail à l'ACAE à Duque de Caxias, dans lequel j'analysais le processus d'institutionnalisation de cette association. (Altoé, 1980).

 

 

A Paris, en plus de mon insertion universitaire, dont la direction d'étude théorique était l'Ai, j'ai cherché à connaître l'assistance institutionnelle aux enfants et adolescents psychotiques au travers de visites dans des hôpitaux de jour, et par le biais de stages divers, où je participais au quotidien institutionnel, aux supervisions et aux études théoriques. Les stages plus longs ont eu lieu dans le service hospitalier du Dr. Soulé - psychiatre renommé qui dirigeait le secteur d'appui aux petits enfants psychotiques et autistes - ainsi qu'à la Maison Blanche, établissement situé dans le 13ème arrondissement de Paris, un hôpital de jour pour adolescents psychotiques. Ce secteur était très important à l'époque, et offrait beaucoup de cours, séminaires et présentations de cas à travers la télévision, suivis de discussion. R. Diatkine et S. Lebovici, psychiatres-psychanalystes étaient les responsables de la coordination des travaux. Les travaux que j'ai présentés ne tenaient pas compte de l'étude théorique de J. Lacan, dont le séminaire avait un grand succès, mais dont la théorie, à mon avis, n'avait pas de pénétration facile dans les hôpitaux, et à laquelle, d'ailleurs, le secteur du 13*me arrondissement présentait une forte résistance. En revanche et contrairement  au  secteur  du   13ème  arrondissement, l'Ecole Expérimentale de Bonneuil, créée en 1969 par la psychanalyste Maud Mannoni - avait un travail nettement fondé sur la théorie lacanienne et était ouverte aux spécialistes anglais, notamment à l'ouvrage de D. Winnicott. J'y ai fait un stage qui n'a duré qu'une semaine, mais qui a été très riche et instituant. En effet, c'était ce qui s'approchait le plus de ce que je lisais et entendais sur la Pl. même si M. Mannonine s'alignait pas tout à fait sur ce courant (1).

 

 

(1) A ce sujet, voir article récent de G. Michaud, 2000.

 

 

 

Sonia Altoé

 

 

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22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 21:23

 

Une psychologue et ses pratiques institutionnalistes à Rio de Janeiro

 

 

Tout en retraçant les chemins que j'ai parcourus pendant la construction de mes choix professionnels et en analysant la manière dont je m'y suis impliquée, j'envisage d'aborder quelques caractéristiques qui approchent et distinguent l'analyse institutionnelle (AI) de la psychothérapie institutionnelle (PI) - la première agissant plutôt dans la sphère éducationnelle, bien qu'elle ne soit pas spécifique de ce domaine et permette une action plus diversifiée, et la seconde agissant dans le domaine de la santé mentale.

 

 

L'intérêt que je porte à l'analyse institutionnelle (AI) a débuté au milieu des années 1970, et vient, en grande partie, de mon envie de travailler comme psychologue dans des institutions d'enseignement et de santé. Mon expérience, en tant que lycéenne d'une école religieuse à Cachoeiro de Itapemirim, ville située dans l'Etat de l'Espirito Santo au Brésil, me faisait croire que le travail du psychologue devrait atteindre l'institution dans son ensemble et devrait également tenir compte de ses effets sur la production de subjectivité. Ceci s'ajoute à la raison pour laquelle j'avais choisi de faire de la psychologie car, à mon avis, il fallait que l'école change, qu'elle prenne en compte la singularité de l'élève. Cependant, je ne souhaitais pas que mon trajet soit lié à la pédagogie, cours suivi par mes deux sœurs aînées et qui n'éveillait en moi aucun intérêt particulier. J'avais pour but de comprendre l'être humain, sa capacité créative, sa motivation ou son inhibition vis-à-vis des études ou vis-à-vis de la vie sociale. Je voulais penser l'école, l'éducation, l'enseignement, en étudiant les effets causés par l'institution sur les individus qui y participent. Dès le début, je me suis engagée dans le domaine de l'éducation et de la clinique, à travers des études - axées sur la santé mentale et les hôpitaux psychiatriques - que j'ai poursuivies et développées pendant mes études universitaires de premier cycle (1970-74) à la Pontiflcia Universidade Católica (PUC-RJ).

 

 

En tenant compte de l'histoire de la PI et de celle de l'AI, j'essaierai de montrer l'importance que ces deux mouvements ont eu dans mon parcours et ma pratique professionnels.

 

 

Au début des années 1970, l'accès à la formation dans les sociétés psychanalytiques était au Brésil fermé aux psychologues. Cela a donc représenté une puissante raison pour que ceux-ci suivent avec élan des cours extra-universitaires, notamment dans l'axe Rio-São Paulo, cours offerts dans la plupart des cas par des professionnels argentins - dynamique de groupes, groupes opératifs, psychodrames, techniques expressives, techniques corporelles, gestalt-thérapie. Ces cours avaient lieu sur un rythme de « marathonien ». En effet, ils se déroulaient sur deux ou trois jours consécutifs ou sur toute une fin de semaine. Personnellement, j'ai profité de cette formation qui me semblait très utile au travail avec des enfants, adolescents ou adultes en contexte institutionnel. En tant que psychologue, j'ai mis en pratique quelques-unes des techniques acquises, associées à une approche d'analyse institutionnelle dans les deux premières activités professionnelles que j'ai exercé, - pendant environ 18 mois-, jusqu'au jour où je me suis décidée à aller faire ma maîtrise en analyse institutionnelle à Paris. Bref, outre le désir juvénile d'aller étudier à l'étranger, de connaître d'autres parties du monde, j'ai été poussée par deux expériences de travail intéressantes :

 

 

- la première, en ce qui concerne l'éducation, dans une école privée à Cachoeiro de Itapemirim ;

 

 

- la seconde dans le domaine de la santé, dans une Association philanthropique - l'Association d'appui aux handicapés de Caxias (ACAE) -, située dans la municipalité de Duque de Caxias, à Rio de Janeiro, où l'on recevait pendant la journée des enfants et adolescents « arriérés » (il y avait parmi eux un groupe assez important de psychotiques).

 

 

Ces emplois m'ont apporté tous les deux des effets très intéressants. J'avais pourtant beaucoup de doutes, plus nombreux en ce qui concernait l'école que par rapport à l'ACAE, où j'avais réemployé les techniques apprises. Je me suis aperçue que, si d'un côté, ces techniques pouvaient permettre une expression plus grande des groupes institutionnels - en partie en raison de leur aspect ludique ; d'un autre côté, on risquait facilement de tomber dans un psychologisme de groupe, négatif en lui-même. Le groupe lui-même pouvait vite se rendre compte qu'il n'avait pas demandé tel ou tel genre de travail de sensibilisation (ceci risquant de devenir une source de problèmes). Cela permettait aussi qu'on échappe à des questions institutionnelles plus importantes.

 

 

D'autres questions m'inquiétaient et m'incitaient à étudier, à savoir : connaître les limites des techniques groupales, les difficultés du travail fondé sur l'analyse institutionnelle lorsque le psychologue est attaché par un contrat de travail dans le lieu où il intervient ; comprendre le processus d'institutionnalisation des établissements dans leur rapport avec le travail développé et les idéaux de leurs propriétaires ; aller au-delà des questionnements soulevés à l'intérieur de l'institution, tout en sachant que ceux-ci sont en rapport avec les institutions extérieures ; l'assistance institutionnelle et les questions concernant la clinique individuelle dans le traitement d'enfants présentant un handicap mental ou psychotiques.

 

 

Sonia Altoé


Professeur adjoint au Département de Psychologie Sociale et Institutionnelle, professeur au cours de Spécialisation en Psychologie Juridique et au cours de Maîtrise en Psychanalyse/UERJ.

 

 

 

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21 juillet 2013 7 21 /07 /juillet /2013 15:15

 

De l'individualisme compétitif à la coopération solidaire

 

Le coopérativisme comme alternative dans le monde du travail (9) 

 

 

 

 

Carte de Travail signée : mythe ou facteur prépondérant d’insertion sociale ? (fin)

 

 

 

Ainsi, il ne suffit pas de réunir 20 personnes (comme le préconise la législation qui établit les critères pour la formation de coopératives), il ne suffit pas non plus d'avoir des connaissances rudimentaires en jeu capitaliste, d'apprendre les règles fondamentales du «marché », pour que les personnes, armées des principes du coopérativisme, protégées par les organisations incubatrices, puissent alors vivre et travailler coopérativement. Des coopératives créées par des personnes qui ont reçu comme héritage la croyance que la place qu'elles doivent occuper est celle de l'obéissance et de la tutelle, sauront difficilement co-opérer, à moins qu'elles ne mettent en question les relations instituées de travail que subjectivement elles portent. Le grand enjeu, c'est de faire confiance à sa potentialité, de prendre des responsabilités, de se sentir maître de la force de travail et d'opérer avec, de co-opérer.

 


La doctrine coopérativiste ne se restreint pas à une forme d'organisation des relations de travail. Il ne semble pas que cette doctrine ait été engendrée pour servir ou obéir aux divers régimes politico-économiques auxquels elle s'insère, même si l'on essaie de l'adapter. Elle peut donc exister dans n'importe quel régime. Mais, elle apporte dans son essence un point conceptuel qui rompt avec l'individualisme, avec la hiérarchie du pouvoir. Cette doctrine pose comme postulat des formes alternatives de sociabilité qui existent à un niveau micro-politique. Pour l'équipe, ce qui reste, ce sont les évidences de la force de l'action collective, des fruits de la solidarité et de la coopération qui se reflètent dans l'efficacité de la gestion organisationnelle et dans la façon de gérer des rentes pour les adhérents (3).

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti

 

Programa E1COS - Universidade Fédéral do Rio de Janeiro

caryara@hoUnail.com

 

 

 

Cette recherche a bénéficié de bourses d'Initiation Scientifique accordées par le CNPq et le FAPERJ.

 

 

 

(3)  Un autre texte, produit par l'équipe, traite d'autres aspects sociaux, institutionnels et individuels apportés par la recherche : Nasciutti, J. C.R., Dutra, F.S., Matta, J.S. e Lima, T. R. : Coopération et autonomie : enjeux des coopératives populaires, chez l'éditeur.

 

 

 

Bibliographie

 

 

ARRUDA, M, (1996) "Globalização e sociedade civil : repensando o cooperativismo no contexto da cidadania ativa", texto preparado para apresentação na Conferência sobre Globalização e Cidadania, ONU, Genebra. Rio de Janeiro, Instituto de Politicas Alternativas para o Cone Sul.

 

GUIMARAES, R. (1996) "Cooperativismo y participatión popular en América Latina y el Caribe (reflexiones en busca de un enfoque para la Cepal)". In: VIADEL, A. C. (coord.). Sociedad solidaria y desarrotto altemativo, Espanha, Fundo de Cultura Económica.

 

HECKERT, S.M.R. et al (2003): Cooperativas Populares: Estudo de Caso, in cooperativismo Popular : Reflexões e Perspectivas, Heckert, S.M.R. (org.) Edit. UFJF

 

LIMA, J.C. (2002) As Artimanhas da Flexibilização : O trabalho terceirizado em cooperativas de produção. São Paulo : Terceira Margem.

 

LOURAU, R. (1997) La clé des champs - Une Introduction à l'analyse institutionnelle, Anthropos, Paris.

 

LOURAU, R. (2000/01) Formes parsonniennes et formes bakouniniennes d'institutionnalisation - Cahiers de l'Implication n°04, hiver 00/01 - Laboratoire de Recherche en Analyse Institutionnelle, Sciences de l'éducation, Paris VIII, Univ. Vincennes, St. Denis.

 

MAYRINK VEIGA, S. Entrevista concedida à revista Proposta, n. 75, dez/fev, 1997.

 

NASCIUTTI J. C, R. (1996) "Reflexões sobre o espaço da Psicossociologia". In : Documenta/Eicos, n. 7, Rio de Janeiro, Unesco de Desenvolvimento Durável/UFRJ.

 

NASCIUTTI, J. C. R. (1991) « Idéologie, pouvoir et statut du sujet : une analyse psychosociale dans une institution universitaire », tese de doutorado, Universidade de Paris VII.

 

OCB (1992) Orientação para Constituição de Cooperativas, Brasilia, Organização das Cooperativas Brasileiras, 4. ed.

 

 

RECH, D. (1995) Cooperativas : uma alternativa de organização popular, Rio de Janeiro, Fase.

 

RECH, D. (1995b) Relação Institucional dos associados com as cooperativas de produção agropecuária, in Perspectiva Econômica, vol 30, n° 89, (série Cooperativismo n° 37)-Unisinos- abril/junho-1995.

 

RODRIGUES, R. (11/4/1999) "O novo cooperativismo" (entrevista com Adriana Lorete). Jomal do Brasil, Domingo, p. 1,2.

 

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti 


 

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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 15:45

 

De l'individualisme compétitif à la coopération solidaire

 

Le coopérativisme comme alternative dans le monde du travail (8) 

 

 

 

 

Carte de Travail signée : mythe ou facteur prépondérant d’insertion sociale ? (2)

 

 

 

Le coopérativisme populaire semble jouer un rôle important dans la formation de la citoyenneté, dans la prise de conscience du besoin de participation sociale, du pouvoir croissant du travailleur. « Dans l'entreprise /les directeurs/ ont une formation, ils possèdent de bonnes connaissances théoriques. Mais à la coopérative, on n'a pas de théorie, on maîtrise la pratique. C'est pas mal parce qu'on se sent quelqu'un». (Saul). Les discours ont tendance à mettre en valeur la participation dans les coopératives, en tant qu'espace de prise de conscience du lieu social de chacun et d'une appropriation de sa propre force de travail et, par conséquent, de l'action, en s'assimilant en tant qu'acteur social. La découverte de la potentialité, la croissance de l'auto-estime, surtout en ce qui concerne les coopératives formées par des femmes, anciennes ouvrières d'usine ou maîtresses de maison, se manifestent à travers leurs discours : m ...depuis que I. est entrée dans la coopérative, toute discrète, elle s’'est mise à participer et à libérer toute sa potentialité » (Raquel), « Tu vois des gens se découvrir à travers le travail, des gens qui ne sortaient pas avant, ne faisaient rien. », ...«A partir de notre groupe, les femmes s'organisent davantage. » (Fernanda).

 

 

Il est curieux que la même liberté signalée comme la grande conquête du coopérativisme populaire apparaisse en montrant son autre côté, c'est à dire la responsabilité qui en découle : « ...dans une coopérative tu n'es pas employé, tu es patron, alors tu as toute une charge qui n'existait pas avant... même la question du gaspillage, parce que nous avons cette habitude atroce, quand tu travailles pour les autres, tu gaspilles ». Cela nous renvoie une fois de plus aux difficultés et aux conflits inhérents à l'exercice de l'autogestion analysées par Lourau.

 

 

Outre les difficultés subjectives, des questions extérieures s'imposent, telles que la bureaucratie pour la légalisation des coopératives et les difficultés financières pour l'achat d'équipements et d'installations physiques et matérielles. A cela, vient s'ajouter le manque d'argent des adhérents concernant les contributions au capital social : « Le problème c'est l'argent. Quand on en parle, tout le monde baisse la tête, on est déjà au chômage, on a des comptes à payer et en plus il faut placer de l'argent, alors là, ça se complique » (André). Ces facteurs empêcheraient l'institutionnalisation des coopératives populaires en tant qu'organisations sociales aptes à exister de manière affirmative sur le marché du travail brésilien.

 

 

Malgré toutes ces difficultés, la doctrine coopérativiste est soutenue par les adhérents et est représentée comme une juste division du travail et de la rente : «Le coopérativisme est venu essayer d'atténuer le décalage entre celui qui ne travaille pas et qui a plus et celui qui travaille et a moins ... c'est la division de la rente. » (Raquel,), « ... coopérative c'est un peu le socialisme, n'est-ce pas, c'est une société où tout le monde participe... tout est fait au clair» (Luiz Claudio). La doctrine coopérativiste est représentée aussi par les sentiments de coopération, de solidarité, de communication et d'objectif commun : « ...c'est aider, coopérer, être solidaire, c'est l'union, c'est tout partager à parties égales » (Antonia), mais cela représente aussi des changements dans la relation avec le travail : «...c'est ne pas avoir de patron (Juliana) »... comme adhérent, ton travail ne tient qu'à toi» (Mariana).

 

 

Le discours des adhérents révèle l'apprentissage personnel et la motivation pour l'action collective, présents surtout par la conscience qu'ils ont de la construction sociale de leur lieu dans les relations instituées et naturalisées dans le monde du travail. Le changement personnel se reflète encore dans l'auto-estime croissante, dans la manifestation d'attitudes de solidarité et dans l'acceptation de la différence.

 

 

Ces changements, aussi bien que la conscience de leur potentialité inaperçue jusque-là, re-si tuent le travailleur face à lui-même, à sa famille, au groupe, à la société et indiquent la construction d'un nouveau citoyen.

 

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti 


 

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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 18:28

« Henri Alleg, honneur de notre Nation »

 



Henri Alleg vient de s'éteindre. C'est pour les communistes, mais aussi pour les peuples français et algérien, cause d'un immense chagrin.

 



Résistant à toutes les formes de domination et d'oppression, Henri Alleg a été du combat fondamental du XXe siècle pour l'émancipation du genre humain que fut la lutte anti-coloniale.

 


Arrivé en 1939 à Alger, c'est à 20 ans – en 1941 – qu'il choisit de rejoindre le Parti communiste algérien, alors illégal. Henri assuma d'importantes responsabilités à la jeunesse communiste, puis au parti avant de devenir directeur d'Alger républicain.

 



Le nom d'Henri Alleg demeurera irrémédiablement synonyme de vérité, de courage, de justice. Engagé pour la paix, l'indépendance et la démocratie en Algérie, Henri a été torturé et emprisonné, transféré à Rennes dont il s'était évadé en 1961.

 



En révélant au grand jour les atrocités commises par l'armée française en Algérie, l'auteur de La Question permit à la société française de regarder en face la vérité du pouvoir colonial qu'elle exerçait en Algérie. L'ouvrage, traduit en 28 langues, sera, à juste titre, considéré comme le « J'accuse » de notre temps. Sa conception du métier de journaliste – nourrie de son idéal – a fait honneur à notre Nation.

 



La place exceptionnelle d'Henri dans le combat anti-colonial et la lutte de libération nationale algérienne provient de sa faculté à défendre le droit imprescriptible des peuples à disposer d'eux-mêmes, sa faculté à partager son combat pour l'égalité entre les peuples et entre les individus.

 



Quelques années après son installation en France, il rejoint le PCF en 1972 et la rédaction du quotidien L'Humanité. C'est pour les communistes français, un honneur.

 



À cette heure, nous voulons associer à sa mémoire, celle de son épouse, Gilberte Serfaty, disparue en 2011, et avec laquelle il partageait tout ; Gilberte était elle-même une intellectuelle de grande envergure, une historienne émérite, qui rendit justice aux époux Rosenberg, et une militante extraordinaire.

 



Toutes nos pensées vont aux enfants d'Henri et Gilberte, à leur famille, à tous leurs proches. L’œuvre d'Henri est ineffaçable. Nous garderons de lui, plus que tout, le souvenir de sa gentillesse, de sa douceur, de sa générosité.

 

 

Transmis par Luc Vallot

 

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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 15:32

 

De l'individualisme compétitif à la coopération solidaire

 

Le coopérativisme comme alternative dans le monde du travail (7) 

 

 

 

 

Carte de Travail signée : mythe ou facteur prépondérant d’insertion sociale ?

 

 

 

L'un des thèmes évoqués dans la littérature et fréquent dans le débat public sur le coopérativisme populaire se rapporte aux questions du code du travail, qui traversent les relations des adhérents avec leurs institutions coopératives. Daniel Rech (1995b) analyse cette question sous l'angle de l'horizontalité ou verticalité de ces filiations. Dans les relations coopérativistes - modèle horizontal - le travailleur est copropriétaire, coadministrateur et, en même temps, usager de l'organisation. Ce modèle prévoit encore l'autonomie du travailleur, dans une attitude d'initiative face à la coopérative. Le modèle est vertical dans les relations d'emploi, caractérisées par la dépendance et, par conséquent, la subordination de l'employé/ travailleur.

 

 

Or, lorsque ces coopératives agissent de manière centralisée et verticalisée dans leur gestion, les relations de travail deviennent dissonantes pour le soi-disant copropriétaire et coadministrateur qui ne se voit que comme usager. Dans ces conditions-là, le travailleur, privé des avantages de sa participation dans la coopérative, doit tout de même faire face aux restrictions légales inhérentes à sa condition d'«adhérent » - ne jouissant pas des bénéfices restreints aux employés du système de contrat d'entreprise. Il regrette alors l'absence de la « Carte de Travail ». Dans une étude récente sur les formes de gestion et d'action des coopératives de production dans les Etats du nord-est du Brésil, Jacob C. Lima (2002) évoque les contradictions propres aux coopératives identifiées au modèle des entreprises : un travailleur sans autonomie de travail et souhaitant être salarié qui, se sentant trahi, revendique des droits. Cet auteur trouve des résultats semblables aux nôtres, en ce qui concerne le manque de droits qui représenterait un grand inconvénient dans les trois coopératives qu'il a étudiées. De plus, il confirme les arguments cités plus haut par Daniel Rech.

 

 

La « Carte de Travail signée » (le contrat de travail signé sur sa Carte de Travail) identifie socialement l'individu dans notre culture. Dans une société d'inégaux, le fait d'avoir une Carte de travail, signifie un titre de citoyenneté pour un travailleur à bas revenus et qui, en général, habite une favela où domine la marginalité. Avoir un contrat de travail signé sur sa Carte, c'est jouir d'un minimum de respect et de sécurité, voire une garantie de vie (pendant une descente de police éclair dans les favelas, par exemple). Ainsi, ce qui prédomine dans l'imaginaire social, c'est la représentation que seul celui qui a la carte de travail est un citoyen ! C'est dans ce sens que nos interviewés ont désigné le travail à la «Carte signée» comme un avantage du modèle de contrat d'entreprises. De même, il nous a semblé que c'est ce même facteur qui est responsable du malaise chez les hommes vivant la situation d'adhérents. C'est comme si cela les rendait « inférieurs » dans leur environnement social et incertains quant à leur capacité à entretenir financièrement leur famille. D'une manière contradictoire, la « Carte signée » représente le conflit qui est le poids de l'identité sociale de l'assujettissement, mais représente aussi la sécurité, en contrepoint de l'absence de patron. Ce qui revient à dire que, sans la carte de travail, c'est la liberté et l'autonomie, mais que c'est aussi l'abandon.

 

 

Curieusement, pendant que nous discutions dans les réunions d'équipe au sujet de l’importance du contrat de travail, sujet présent dans les discours des adhérents, quelques femmes d'une des coopératives avec lesquelles nous étions en train de travailler, et dans lesquelles nous aidions en tant que consultants à l'élaboration d'un projet, sont venues nous rejoindre dans une réunion à l'Université. Elles étaient très fières de leurs cartes d'identification, pas très discrètes d'ailleurs (avec photo, nom de la coopérative et adresse), attachées à un gros ruban autour du cou. Elles venaient de traverser la ville en bus, portant leurs cartes d'identification pour que tout le monde puisse attester leur identité de travailleuses. Si je n'ai pas de carte de travail, je m'en fais une. D'une part, on réaffirme l'identité de l'adhérent : la référence structurante que l'institution confère au sujet, se matérialise par la carte d'identification. D'autre part, le badge devient le simulacre de la « Carte signée », objet secret de désir.

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti 


 

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17 juillet 2013 3 17 /07 /juillet /2013 16:20

INFORMATIONS
DEPUIS UN CERTAIN TEMPS UNE PRATIQUE S’EST INSTAURÉE : D’UNE PART, L’ÉCHANGE D’INFORMATIONS CONCERNANT LA PUBLICATION DE VOS/NOS LIVRES OU D’ÉVENEMENTS QUE VOUS JUGER INTÉRESSANTS ET/OU, AUSSI, ATTIRER L’ATTENTION SUR UN LIVRE QUI VOUS A PLU. 



AUJOURD’HUI :
De Philippe Godin, Rédacteur à Paris-art.com / Enseigne la philosophie/ Auteur.

 



Je me permets de vous renvoyer à mon modeste essai qui participe à cet esprit d'accueil de l'étranger qui nous manque tant aujourd'hui. J'ai publié en 2010 « Asphyxiante santé, Réévaluations esthétiques de la maladie » dont vous pouvez consulter la notice sur le site de l'éditeur:

http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no_revue=&no=27656

C'est sur les conseils de Christian Berst, que je me permets de vous envoyer ma dernière critique (mise en ligne par paris-art.com) sur l'exposition d'Anna Zemánková. Pour lire la critique cliquez sur le lien ci dessous :


http://www.paris-art.com/marche-art/hortus-deliciarum/anna-zemankova/7936.html#haut

 


Je vous invite par ailleurs, sans présomption aucune, à parcourir mes autres critiques sur quelques créateurs d'art brut présentés récemment à Paris, et dont la personnalité, à elle seule, mériterait, tout un recueil :


http://www.paris-art.com/marche-art/quintessentiel/alexis-lippstreu/7842.html#haut
http://www.paris-art.com/marche-art/bâtisseur-visionnaire/marcel-storr/7694.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/mississippi-shouting/mary-tillman-smith/7861.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/un-conte-persan/davood-koochaki/7893.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/nova-cantabrigiensis/john-devlin/7920.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/life-as-a-panoramic/albert-moser/7751.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/l-autre-maitre-de-chicago/charles-steffen/7807.html#haut
http://www.paris-art.com/exposition-art-contemporain/un-conte-persan/davood-koochaki/14604.html 
http://www.paris-art.com/marche-art/quintessentiel/alexis-lippstreu/7842.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/mississippi-shouting/mary-tillman-smith/7861.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/bâtisseur-visionnaire/marcel-storr/7694.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/life-as-a-panoramic/albert-moser/7751.html#haut 
http://www.paris-art.com/marche-art/l-autre-maitre-de-chicago/charles-steffen/7807.html#haut

 

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RAPPEL
De Christian PETEL, Psychiatre - Thérapeute individuel, conjugal et familial - Directeur de Fractale-Formation



Les 7° Rencontres contextuelles® - FRACTALE – AVIGNON – 19/22 septembre 2013
Lutter contre le mépris, l'invisibilité et la stigmatisation : Solidarités & considération

 


Les personnes et les familles sont menacées par l’irruption des tensions sociales externes.
La crise du travail, le chômage, la précarité, l’invisibilité sociale, mais aussi les tentations de rejet de l’autre, de repli communautaire ou de stigmatisation des appartenances affectent en profondeur les relations interpersonnelles et intrafamiliales. 

 


La recherche de nouvelles formes de solidarités et de soutiens, parfois par nécessité vitale, vient s’appuyer sur les processus de reconnaissance, la construction de la confiance, un besoin d’aide et une utilité sociale reconnue.
L’Approche Contextuelle est particulièrement sensible à ces questions, qui touchent aux loyautés, à la légitimité de chacun, au sort fait aux enfants quand les adultes sont en détresse.

 


2013 verra, à Avignon, la 7ème édition des Rencontres Contextuelles® que FRACTALE organise.

 

 
Elles allient réflexions sur les apports d’Ivan Boszormenyi-Nagy, actualité de la Thérapie Contextuelle et confrontation des pratiques.

 

 
En s’appuyant sur la motivation et l’implication des participants, elles développent une pratique originale et efficace fondée sur la restauration de la confiance, la construction du dialogue, l’attention, la sollicitude et la reconnaissance de l’autre.
Programme détaillé et inscription sur :

http://www.fractale-formation.fr/pdf/actualites/7_RC_Avignon_2013.pdf

 



RAPPEL

 

De Armand Ajzenberg

 



Mes chroniques diffusées jusqu’à ce jour ont été réunies dans un document unique au format PDF intitulées « CHRONIQUES POLITIQUEMENT INCORRECTES (1). Autour de “L’abandon à la mort… de 76 000 fous par le régime de Vichy” ». En effet, la graphie autorisée par Linkedin est limitée : pas d’italiques, pas de soulignement possible ni de gras… Les chroniques regroupées dans ce document sont ainsi plus faciles et agréable à lire.

 



Le sommaire en est le suivant : 


1 - Entre Résistance et Collaboration… sous Vichy. Un exemple politiquement incorrect.
2 - Idem (suite).

3 – Socialement « irrécupérables », donc « inutiles ».

4 - Unité de l’eugénisme, du racisme, de l’antisémitisme et mythe de leur incomparabilité.
5 – Belle excuse : « c’était dans l’esprit du temps ».



Ceux qui souhaitent recevoir ce document peuvent me le demander via Linkedin. Il leur sera envoyé via leur adresse Mail qui figure dans le profil Linkedin de chacun.

On peut également voir et télécharger ce document sur les sites suivant :
http://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2013/05/20/chroniques-politiquement-incorrectes-1-autour-de-labandon-a-la-mort-de-76-000-fous-par-le-regime-de-vichy/

http://pierre.assante.over-blog.com/article-chroniques-politiquement-incorrectes-l-abandon-a-la-mort-de-76000-fous-par-le-regime-de-vichy-117772596.html



CES INFORMATIONS SONT DIFFUSÉS À CE JOUR À UN GROUPE DE PLUS DE 830 RELATIONS DE 1ER NIVEAU ET, SI VOUS Y VOYEZ UN INTÉRÊT, À PLUS DE 160 000 AUTRES RELATIONS DE 2ÈME NIVEAU, SI BIEN SÛR CELLES-CI SONT PAR VOUS RELAYÉES.

 

 

Transmis par Armand Ajzenberg

 

 

http://lesanalyseurs.over-blog.org 

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16 juillet 2013 2 16 /07 /juillet /2013 14:09

 

De l'individualisme compétitif à la coopération solidaire

 

Le coopérativisme comme alternative dans le monde du travail (6) 

 

 

« Pour qu'on montre qu'on est quelqu'un »

Genre et travail coopératif

 

 

La question du genre dans la composition des coopératives permet une association assez intéressante entre le lieu de dévalorisation du coopérativisme dans l'univers socio-économique brésilien, et celui de dépréciation de la femme dans l'univers socio-familial : « Pour nous les femmes c'est bien de travailler. Tu connais d'autres gens, tu ne dépends de personne, n'est-ce pas ? Quand on a des enfants, rester à la maison en attendant que le mari apporte le fric ... et tout, ce n'est pas bon...Et puis t'as plus d'explication à donner et puis ...c'est pour qu'on montre qu'on est quelqu'un. (Selma). Ces aspects ont été mis en relief aussi par Sonia Heckert (2003), dans l'analyse d'une coopérative de services. Son étude signale que la prépondérance féminine dans les coopératives de service de nettoyage est associée à la place qu'occupe la femme aux bas revenus et au bas niveau éducationnel. Ces postes lui sont socialement indiqués par son genre.

 

 

Pour les femmes adhérentes, en majorité absolue (17) dans les coopératives étudiées, le travail à la coopérative représente une possibilité d'insertion sociale, de participation à la vie communautaire, d'entrée sur le marché du travail, un changement de place dans l'univers familial, d'augmentation de l'auto-estime et des attentes par rapport à un avenir professionnel plus sûr et satisfaisant.

 

 

Par contre, pour les hommes que nous avons interviewés, qui d'ailleurs ne sont pas nombreux (5), la participation à ces coopératives a une autre signification, plutôt associée à une situation provisoire et à l'exclusion du marché formel du travail, comme nous le verrons un peu plus loin, quand la comparaison entre ces deux modèles se dégagera du discours des adhérents.

 

 

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti 


 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

voir aussi : http://journalcommun.overblog.com 

 

 

 

et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

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15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 14:58

 

De l'individualisme compétitif à la coopération solidaire

 

Le coopérativisme comme alternative dans le monde du travail (5) 

 

 

 

Institutionnalisation du Mouvement Coopérativiste au Brésil (3)

 

 

 

Pendant environ 2 ans, l'équipe de recherche dont j'étais la coordinatrice,  a cohabité avec l'univers du mouvement des coopératives populaires de la Municipalité de Rio de Janeiro, participant aux symposiums, foires, colloques, séminaires, rencontres corporatives, et à d'éventuelles réunions internes aux coopératives et à quelques activités de travail. Nous avons réalisé des entretiens avec des techniciens ayant la fonction d'incubateurs de coopératives, et dans sept coopératives, nous avons eu accès aux pratiques : dont 3 de prestations de service (nettoyage, services  hydrauliques et électriques) et 4 de production (3 de couture et 1 d'artisanat). Ces coopératives se trouvent - à part une située dans une petite ville de l'Etat de Rio de Janeiro - dans des quartiers de la périphérie urbaine. Elles ont été formées il y a environ 2 à 3 ans. Les techniques d'investigation utilisées comprenaient entre autres l'observation-participante « in loco » dans des réunions, assemblées et activités quotidiennes des adhérents, enregistrées dans des «journaux de recherche sur le terrain», collecte de documentation (textes, dépliants, affiches, livrets) et entretiens semi-structurés avec des adhérents (22 au total) occupant différents postes et ayant des rôles divers dans les coopératives choisies. Notre but était d'appréhender des représentations subjectives concernant le coopérativisme, la coopérative  elle-même  en particulier et les re-significations psychosociales liées au statut social de l'adhérent. Au sein du mouvement, on constate une difficulté de relations entre les coopératives dites «populaires» et les autres qui composent également l'univers du coopérativisme, au moins, à Rio de Janeiro (mais d'après ce que nous avons entendu, cela semble s'éteindre/ s'étendre à tout le pays).

 

 

Un analyseur intéressant s'est révélé lorsque l'emploi du terme « populaire » a été mis en question par un des dirigeants des entités représentatives des intérêts des coopératives, à l'occasion d'un événement dont le thème était le coopérativisme (auquel ont participé, à Rio de Janeiro, des représentants de plusieurs coopératives qui se définissent comme populaires). Le dirigeant considérait le terme populaire comme un élément de désagrégation du mouvement coopérativiste. La réaction de quelques membres des coopératives populaires a été immédiate et défensive. On a mis en question non seulement la place marginale qu'occupent les coopératives populaires dans le mouvement coopérativiste brésilien, mais aussi le concept de «coopérative populaire» lui-même. Les arguments utilisés par les participants étaient chargés d'attachement et d'émotion, et ce sans que les discussions aboutissent à trouver un à ces sentiments, mal-exprimés, d'exclusion ou d'injustice vécues. Voilà un facteur qui mérite d'être étudié en profondeur car la hiérarchisation des organisations coopératives, en fonction de l'importance sociale et économique qu'elles occupent dans la société, met le mouvement en conformité avec le modèle capitaliste en vigueur, répète des idéologies cristallisées, en rendant plus difficile l'insertion instituante de nouvelles formes de relation de travail dans la société. En plus, il se crée au sein du mouvement une compétition que la coopération cherche à éliminer. La répercussion de ces différences se reflète encore dans la manière par laquelle, très souvent, les adhérents créent des relations entre eux dans leur coopérative, reproduisant dans leurs rapports interpersonnels et dans l'organisation interne, la hiérarchisation reçue comme modèle.

 

 

Toutefois, les principes autogestionnaires se font voir dans la façon dont la plupart des coopératives étudiées sont gérées. La division des tâches administratives et directives dans les coopératives étudiées semble obéir aux principes coopérativistes, malgré la coexistence avec les difficultés citées ci-dessus. Bien que les personnes aient déclaré que les décisions sont prises en assemblée, elles admettent tout de même qu'il y a une certaine centralisation de pouvoir chez les dirigeants élus.

 

 

Une autre donnée intéressante se rapporte aux punitions contre ceux qui ne respectent pas les contrats et les accords définis par la collectivité. Il arrive qu'il y ait des cas de réprimande publique et même d'expulsion. Ces dispositifs disciplinaires ressemblent à des résidus issus des relations du travaillisme traditionnel, permettant cependant que les ajustements des rôles et des normes maintiennent la stabilité des relations interpersonnelles.

 

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti 


 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

voir aussi : http://journalcommun.overblog.com 

 

 

 

et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

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