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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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22 juin 2015 1 22 /06 /juin /2015 08:39

Vient de paraître:

Ahmed LAMIHI : Les pédagogues institutionnels, théories et pratiques des fondateurs, Publications des Dossiers Pédagogiques, 2015.

LES PEDAGOGIES INSTITUTIONNELLES

« La pédagogie institutionnelle, nous explique René Lourau, est la méthode qui consiste à aménager, par une analyse permanente des institutions externes, la marge de liberté dans laquelle le groupe classe pourra autogérer son fonctionnement et son travail, assurer sa propre régulation par la création d’institutions internes ».

Ahmed LAMIHI, directeur du « Laboratoire Marocain de Recherche en Sciences de l’Education » est professeur de pédagogie à l’Ecole Normale Supérieure - Tétouan (Université Abdelmalek Essaâdi).

Il prépare un ouvrage sur : Cinq leçons de Sciences de l’éducation (à paraître en 2016).

Les pédagogues institutionnels
Les pédagogues institutionnels
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16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 08:12

Paulo Freire remarque une antinomie qui se manifeste par « …d'un côté, l'inexpérience démocratique… » (P. Freire, 2001: 26)[1] effet de l'idéologie colonisatrice encore présente au Brésil et « …de l'autre côté, l'émergence du peuple dans la vie publique nationale, provoquée par l'industrialisation ».(P. Freire, 2001: 26)[2]. A travers l'action éducative, l'homme passe d'une position d'expectative, chère aux propositions assistentialistes en éducation, à la participation, en avançant d'une position d'intransitivité de la conscience vers la conscience transitive critique, processus favorisé par la relation dialogique qu'il va établir avec l'autre, avec ses circonstances. La pédagogie proposée par Paulo Freire vise un savoir démocratique, comme il dit, « …vital à la démocratie » (P. Freire, 2001: 31)[3].

Certains penseurs de gauche ont critiqué le travail de Paulo Freire, traversé selon eux par une certaine trace de naïveté, un certain optimisme démocratique. Comme dit Romão, cette naïveté provenait de la contradiction structurale du pacte populiste qui avait besoin de la participation populaire et en même temps, réglait, contrôlait cette participation. Il s'agissait d'une participation dans laquelle le peuple n'avait pas le droit à la parole. Mais, il me semble que Paulo, marxiste, s'était aperçu de cette contradiction quand il a proposé le concept de conscience transitive critique, à laquelle on accède à travers un processus, tout un mouvement, comme il disait, qui incluait l'indispensable lecture critique de la réalité. Donner la parole au peuple, établir le dialogue existentiel à travers la parole est une façon d'exprimer et d’élaborer le monde. D'ailleurs, son oeuvre veut construire un processus éducatif qui donne des outils à l'homme pour la transformation sociale.

De toute façon, Paulo Freire admet des fragilités dans ses premiers écrits. En effet, il dit que son oeuvre passe par « …une longue et lente évolution… » (C.Beisegel, 1989 : 22). Mais il comprend sa pratique comme dialectique dans laquelle le peuple assume son rôle de transformation dans le processus historique. Dans cette oeuvre, il commence à systématiser une pédagogie en rupture totale avec l'enseignement traditionnel.

Paulo parlait du « difficile apprentissage de nommer le monde », en montrant que dans le processus éducatif, il faut considérer une solidarité entre langage-pensée et réalité. La parole, à travers le dialogue, est praxis : elle transforme les choses. Il est intéressant de remarquer qu'il parlait d'apprentissage. L'homme apprend à réaliser sa liberté, à réaliser son projet historique.

Lúcia Ozório

Socianalyste, Professeur-chercheuse à l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro

[1] "… de um lado, a inexperiência democrática…"(P. Freire, 2001:26)

[2] "…de outro lado, a emersão do povo na vida nacional, provocada pela industrialização." (P. Freire, 2001:26)

[3] "…vital à democracia…". (P. Freire, 2001:31)

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15 juin 2015 1 15 /06 /juin /2015 08:41

Il faut tenir compte des expériences qui ont un rapport avec la culture du peuple. L'expérience prend la place qu'elle a dans la pratique sociale à travers la relation dialogique.

L'auteur veut intervenir dans l'assistentialisme, une version de l'autoritarisme brésilien dans l'éducation. Avec le dialogue, il cherche que l'homme ait « …une posture consciemment critique devant ses problèmes et ceux de la communauté » ( P. Freire, 2001:16)[1]. Pour accéder à la compréhension de cette posture, Paulo Freire parle d'un « mouvement » ( P. Freire, 2001 : 116) qui va de la conscience intransitive à la conscience transitive critique. La genèse de ces concepts est transversalisée par l'actualité et la réalité brésilienne de l'époque, d’où le titre de l’œuvre. La pensée de Paulo Freire s’est enrichie à la suite de différentes expériences de travail avec des ouvriers, d’abord dans la communauté urbaine de Recife, puis dans d’autres centres brésiliens, et ce pendant environ une dizaine d’années. Alors, nous pouvons parler d'une genèse sociale qui transversalise la genèse théorique de ces concepts.

Sa thèse a été faite dans un moment où le pacte populiste initié par Getúlio Vargas a été rétabli par le gouvernement Juscelino Kubistchek de Oliveira dont le vice-président était Jango Goulart (1956-1961), dans une coalition des partis PTB (Partido trabalhista Brasileiro, Parti Travailliste Brésilien) et PSD (Partido Social Democrático, Parti Social Démocratique). Le premier parti présentait des tendances gauchistes et le second attirait l'attention des votes conservateurs.

Il s'agit d'un moment historique assez contradictoire traversé par de fortes tendances de conciliation avec plusieurs intérêts étatiques dans le pays. Le nationalisme du président Vargas, dont le suicide a accentué une crise politico-institutionnelle, ne répondait pas aux intérêts des représentants du capital. Par contre, la servitude de Carlos Lacerda, - principal opposant à Vargas-, aux intérêts des Etats Unis, qui voulaient faire de l'Amérique Latine leur satellite, était connue de tous.

Paulo Freire se trouvait à l’époque à Recife, Etat qui avait un gouverneur de tendance gauchiste, Miguel Arraes, qui voulait renforcer les bases populaires, les mouvements sociaux. L'auteur affirmait à Recife, pas seulement sur le plan des idées, mais aussi sur le plan des pratiques, une éducation qui voulait la transformation sociale. Son concept de conscience transitive critique affirme l'importance de la relation dialogique qui va donner un support à l'action.

En faisant une analyse de ce moment, Paulo Freire dit : « Ce qui nous intéresse directement est l'analyse de notre actualité, (…) de ce que nous pouvons nommer antinomie fondamentale de notre actualité (…) et la « position » de notre agir éducatif face à cette antinomie fondamentale ». (P. Freire, 2001: 26)[2]

[1] "… uma postura conscientemente crítica diante de seus problemas e dos da comunidade." ( P. Freire, 2001:16)

[2] O que nos importa diretamente é a análise (…) do que chamamos de antinomia fundamental de nossa atualidade, (…) e a "posição" que deve assumir o nosso agir educativo face a esta mesma antinomia fundamental. (P. Freire, 2001:26)

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14 juin 2015 7 14 /06 /juin /2015 07:58

L'article de Paulo Rosas parle du moment de la fin de la décade 1950 et du début de la suivante, jusqu'en 1964, où la dictature s'est installée au Brésil mettant fin à, - comme le dit l'auteur, à Recife ( capitale de Pernambuco), où Paulo Freire vivait à cette époque, - une des plus riches expériences de la participation populaire dans la construction de la culture. Il s'agit de l'époque pendant laquelle Miguel Arraes a été maire de Recife en 1959 et gouverneur de l'Etat de Pernambuco en 1963. C’est à cette période que le Movimento de Cultura Popular, Mouvement de Culture Populaire ( MCP) a pris de l’ampleur.

Paulo Freire, en 1959, se préparait à concourir pour la Chaire de l'Histoire et Philosophie de l'Éducation à l'Ecole des Beaux-Arts de Pernambuco, concours pour lequel il a présenté sa thèse Educação e Atualidade Brasileira, Education et Actualité Brésilienne. Il a obtenu la seconde classification, avec un sujet qui traitait de la problématique de l'éducation brésilienne à cette époque, transversalisée par le poids de l'autoritarisme, mais aussi par des mouvements sociaux qui auraient pu contribuer à la construction d'un savoir démocratique. Selon Rosas, le travail qui avait obtenu la première classification avait comme sujet la contribution philosophique et historique du peuple hébreu pour une théorie de la formation humaine.

Malgré cet « échec », comme le nomme Rosas, avec la préparation de cette thèse, Paulo Freire a eu l'opportunité de systématiser et d’organiser ses idées, idées qui prennent en compte les influences de l'éducateur brésilien Anísio Teixeira qui a, à son tour, travaillé avec les contributions de John Dewey. Le français Jacques Maritain, qui vivait aux Etats Unis, et les intellectuels de l'Instituto Superior de Estudos Brasileiros, l'Institut Supérieur d'Etudes Brésiliens (Iseb) ont aussi inspiré la pensée freireènne[1].

Par contre, après cet « échec », Paulo Freire s’est mis à travailler avec le Mouvement de Culture Populaire (MPC). Et Rosas se demande si Paulo Freire se serait exilé et si toute son oeuvre pédagogique aurait existé s’il avait réussi le concours.

Educação e Atualidade Brasileira, Education et Actualité Brésilienne

Ce travail de Paulo Freire comporte une introduction suivie de trois parties, une conclusion et deux annexes.

Paulo présente sa conception de l'homme comme être transitif, comme il dit, «éminemment relationnel »[2] ( P. Freire, 2001:10). Cette compréhension de l'homme comme être actif, ouvert aux transformations, va servir de base à sa pédagogie libertaire. Dans sa critique à la verticalité, à l'autoritarisme de l’éducation brésilienne sont présentes les idées d'Anísio Teixeira, un éducateur qui pense que, pour qu'on puisse réaliser un projet éducatif, il faut d’abord considérer le local, le régional oubliés par le centralisme de l'éducation au Brésil.

Paulo Freire propose la décentralisation, en donnant une importance particulière à l'expérience, matrice du « …savoir démocratique » (P. Freire, 2001:15)[3].


[1] Sur la contextualisation théorique de l’œuvre de Paulo Freire, il y a le livre de Rui Beisiegel Política e educação popular: A teoria e a prática de Paulo Freire no Brasil. São Paulo:Ática, 1989.

[2] "…eminentemente relacional."( P. Freire, 2001:10)

[3] "…Saber democrático."( P. Freire, 2001:15)

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13 juin 2015 6 13 /06 /juin /2015 09:31

Ozório, Lúcia - Compte rendu du livre Educação e Atualidade Brasileira (Education et Actualité Brésilienne), de Paulo Freire, édité par Cortez et par l'Institut Paulo Freire en 2001 Revue Les IrrAIductibles. Revue Interculturelle et planétaire d´analyse institutionnelle. França- Saint-Denis:Université Paris 8, Département des Sciences de l´Éducation- v.no.4, 2003

Compte rendu du livre Educação e Atualidade Brasileira (Education et Actualité Brésilienne), de Paulo Freire, édité par Cortez et par l'Institut Paulo Freire en 2001

Cortez Editora et l'Institut Paulo Freire publient en 2001, au Brésil, le travail Educação e Atualidade Brasileira (Education et Actualité Brésilienne), écrit en 1959 par le pédagogue Paulo Freire, comme "Tese de Concurso para a Cadeira de História e Filosofia da Educação na Escola de Belas-Artes de Pernambuco", Thèse du Concours pour la Chaire de l'Histoire et Philosophie de l'Éducation à l'École des Beaux-Arts de Pernambuco. Le livre de Paulo Reglus Neves Freire paraît sous le titre Educação e Atualidade Brasileira, Education et Actualité Brésilienne.

Les fondateurs et les responsables de l'Institut Paulo Freire, en publiant ce travail longtemps après la mort de Paulo Freire, prennent, selon eux, en compte le principe freireèn suivant qui considérait qu'« …il n'existe pas un texte sans contexte ». C’est ainsi, qu’outre la thèse de Paulo Freire, ils ont inclus dans le livre une contextualisation de la période de la production de cette oeuvre, c’est à dire la fin de la décennie de 1950, et ce à travers l'article Paulo Freire e o Pacto Populista, Paulo Freire et le Pacte Populiste de José Eustáquio Romão. Ils y ont inclus aussi les témoignages de l'éducateur Paulo Rosas qui a partagé les premiers moments de la production théorique et des pratiques de Paulo Freire, ainsi que celui de Cristina H. Freire, sa fille.

La contextualisation de cette œuvre, comme le dit J. E. Romão, permet qu'on récupère la situation politico-sociale de la fin de la décade 1950 et celle de la décade 1960, soit au niveau international, soit au niveau du Brésil de cette époque. En ce qui concerne la situation brésilienne, un intérêt particulier a été porté au Nord Est du pays, où se trouve l'Etat de Pernambuco qui avait à l’époque pour gouverneur Miguel Arraes, région où les intellectuels et militants pensaient qu'il pourrait se produire des mouvements semblables à la récente Révolution Cubaine.

Dans cette œuvre, nous avons accès à la pensée freireènne qui, selon Romão, s'élabore, en suivant le rythme de la re-création. Dans son article, J. E. Romão parle d'un mode paradigmatique de penser, de Paulo Freire, un mode singulier de raisonner et de lire la réalité dans lequel les concepts, les idées développées gagnent toujours une nouvelle connotation. C’est ainsi que la lecture de la Pédagogie de l'Opprimé, oeuvre majeure parmi plus vingt-cinq livres traduits en plusieurs langues, est enrichie avec les analyses faites dans Educação e Atualidade Brasileira qui par la suite seront enrichies avec les oeuvres freireènnes postérieures.

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