Premier commentaire :
Les distinctions que Michel Lobrot propose sont, à mon avis, tout à fait pertinentes : ce sont les hommes qui forment les autres hommes - et j'ajoute, eux-mêmes. Pour rester bref - ce que Michel Lobrot souligne est moins une critique que plutôt une précision.
Mes recherches sur la métaphore de la translatio imperii m'ont fait prendre conscience qu'il y a d'autres approches à la formation des collectivités face auxquelles l'analyse institutionnelle reste tout à fait impuissante. Par conséquent - et encore en prenant un raccourci, à déployer ailleurs - pour qu'il y ait institution, il faut des hommes formés d'une certaine manière.
P.S. Problématique à considérer en période électorale : quel concept de collectivité sous-tend les différents programmes proposés par les candidats ?
Cordialement, Leonore Bazinek.
Un commentaire vient d'être posté par Luc Desdoigts
Et le bas de la page de ce post nous proposait par hasard ce jour-là cette conclusion:
"Votre Permis Retiré ?
Annulation ou Suspension Récupérez votre permis de conduire !"
Cela me semblait, en effet, une conclusion de circonstance.
Message
A qui répond Michel Lobrot ?
Bonjour,
Suite à la mise en ligne aujourd'hui de la réponse de Michel Lobrot à une réaction au texte de lui récemment publiée sur ce blog, je suis intéressé, si possible, pour prendre connaissance de cette réaction institutionnaliste - et que sauf erreur de ma part vous n'avez pas publié sur le blog.
Vous remerciant,
Bien Cordialement,
Jérémy P. (Etudiant à Paris 8)
Cher ami,
Enfin des réactions par rapport aux critiques que je fais à l’analyse institutionnelle…
Bien sur que l’analyse institutionnelle ne peut pas se réduire à la posture rogérienne ou à la mienne. Ceci est vrai par définition. Tout le problème est de savoir ce qui peut faire changer les individus, car finalement, qu’on le veuille ou non il faut atteindre les individus, que ce soit au travers de l’institution ou autrement. Or, ce que je prétends et qui ne peut être résolu par des discours mais seulement par l’observation est que les individus ne sont pas atteints par les institutions, même si celles-ci changent. Je veux dire qu’ils ne sont pas atteints dans leur idées, leurs convictions, leurs croyances, etc. Ils sont touchés bien sûr, mais non changés. Par exemple Remi Hess ne parle que de Lourau, Lapassade, Henri Lefebvre parce que c’est eux qui l’ont formé. Ce ne sont pas des institutions mais des hommes. Je suis sûr qu’il en est de même pour toi comme pour moi. Je n’affirme pas que les institutions n’ont aucun effet ni aucune action ce qui serait absurde. Mais je prétends que les institutions ne forment pas les hommes. Ceux-ci sont formés par d’autres hommes, qui sont ou non dans des institutions. Voilà ma position, qui est forte. Ceci dit je ne crois pas que l’action politique ou institutionnelle soit inutile….
Bien amicalement,
M.Lobrot
En réponse à la demande de lecteurs du blog et en raison de l'épuisement de l'ouvrage que l'on ne peut trouver en librairie, nous avons décidé en accord avec les auteurs de mettre en ligne cet ouvrage, afin de le rendre accessible.
Gaby Weigand et Remi Hess
Analyse institutionnelle et pédagogie
Fragments pour une nouvelle théorie
L'analyse institutionnelle est un mouvement théorique, né en 1965, qui s'est diffusé dans de nombreux pays. Ce mouvement a fait le tour du monde. En Algérie, il n'est pas inconnu, puisque plusieurs théoriciens de l'analyse institutionnelle sont venus, à des périodes diverses, présenter leurs recherches. De plus, plusieurs chercheurs algériens ont fait leurs doctorats avec des directeurs de thèse français, se réclamant de l'analyse institutionnelle : R. Hess, G. Lapassade, M. Lobrot, R. Lourau.
Ce mouvement, dont les prémices remontent aux années 1936-1945 en France, n'est pas seulement français. Il a de forts ancrages en Europe, mais aussi en Amérique latine. Au Maghreb, des chercheurs algériens ou marocains ont fait avancer des recherches dans cette direction. Le livre que l'on va lire est important : c'est la première fois qu'une présentation de l'analyse institutionnelle fait l'objet d'une approche interculturelle. Les auteurs ont décidé de travailler en groupe " binational ". Ils destinaient cette présentation à leurs étudiants français et allemands, mais Mohamed Daoud leur fait prendre conscience que ce livre intéressera les étudiants algériens. Ils acceptent de l'éditer en Algérie.
Cet ouvrage est préfacé par Mohamed Daoud. Il propose de situer l'analyse institutionnelle et la pédagogie par rapport au mouvement biographique.
Les auteurs :
Gabriele WEIGAND est actuellement titulaire d'une chaire de philosophie et pédagogie à l'Université de Karlsruhe.
Remi HESS est professeur en anthropologie de l'éducation à l'Université de Paris 8 (Saint-Denis).
Mohamed Daoud est maître de conférence à l'Université de Constantine.
SOMMAIRE :
Préface de Mohamed Daoud: L'analyse institutionnelle, la pédagogie et le mouvement biographique.
Introduction
Chapitre 1 : L'analyse institutionnelle aujourd'hui
Chapitre 2 : Les origines philosophiques de l'analyse institutionnelle
Chapitre 3 : L'identité de l'analyse institutionnelle
Chapitre 4 : La psychothérapie institutionnelle
Chapitre 5 : Analyse institutionnelle et recherche-action
Chapitre 6 : Des mots de l'analyse institutionnelle
Chapitre 7: L'écriture impliquée : le journal
Chapitre 8 : Les autres formes d'écriture biographique
Chapitre 9 : Une autre logique
Chapitre 10 : Analyse institutionnelle et approche interculturelle
Chapitre 11 : L'animation herméneutique des groupes interculturels
Annexes :
Les protagonistes de l'analyse institutionnelle
Eléments pour une bibliographie de l'analyse institutionnelle.
(1) Beaucoup de personnages jouent un rôle dans l'histoire de notre mouvement. Pour les situer, lorsque leurs noms apparaissent nous invitons le lecteur à se reporter à notre annexe: "Les protagonistes de l'analyse institutionnelle".
Http://lesanalyseurs.over-blog.org
Après avoir lu le texte mis en ligne le 5 février 2012, Valentin Schaepelynck nous a demandé de préciser que le séminaire n'était pas le sien, mais celui celui coordonné par Luca Paltrieneri et Giuseppe Bianco, "Archives de la philosophie française " ? http://www.ciepfc.fr/spip.php?article206
Il a lieu les vendredis, 17h-20h, Salle séminaires, dép. de Philosophie, 1er étage du Pavillon Pasteur, École normale supérieure.
sous la direction de Giuseppe Bianco (University of Warwick) et Luca Paltrinieri (ENS Lyon)
Séminaire Althusser-Lapassade
Réaction de Michel Lobrot
Hier, vendredi 3 Février 2012, j’ai été au séminaire de Valentin Schaepelynck à l’Ecole Normale Supérieure. Il s’agit d’une étude sur les rapports entre Althusser et Lapassade dans les années soixante du 20ème siècle…
A nouveau j’ai pris conscience de la proximité entre les deux théoriciens, que j’ai bien connus : Althusser et Lapassade….
Cependant à l’époque où se situe le conférencier, dans les années 63-64, Lapassade adhère totalement au message léwinien et reproche à Althusser de se contredire, en pratiquant une pédagogie magistrale, tout en contestant l’Autorité régnante. Althusser lui répond en invoquant la valeur d’une méthode d’après lui efficace, qui ne peut être mise en question par une réflexion qui se situe à un tout autre niveau. L’enseignement ne serait donc, d’après lui, qu’un instrument utile, ce qui est typiquement une position que je qualifierais de « chosiste », en reprenant un terme de Bergson. Cela veut dire qu’un rapport humain fonctionne comme une « chose » et non comme un échange de subjectivités. Critique, à mon sens, tout à fait valable, encore aujourd’hui.
Cependant, quelques années après, dans les années 70, Lapassade développe toute une théorie de l’Institution, qui, d’après moi, tombe dans le « chosisme » qu’il reprochait à Althusser. D’après cette théorie, l’institution serait à détruire la plupart du temps, pour être remplacée par l’Autogestion. Mais elle serait en tout état de cause, totalitaire. Cela veut dire que les individus qui en font partie sont totalement formés, déterminés par elle, ne lui échappant en aucune manière. Cela veut dire, dans la pratique, que si l’on veut changer les gens, il faut commencer par changer les institutions. Toute autre méthode est illusoire.
Cette argumentation, qu’il m’oppose sans cesse, à moi qui prétend changer les individus dans les institutions actuelles est, à mon avis un « cercle vicieux » et surtout contraire à toutes les expériences de changement dans l’Histoire.
Elle est vicieuse, car comment changer l’institution, telle qu’elle est actuellement, sans passer par les gens ? L’action politique, qu’il préconise, n’est pas une machine de guerre anonyme et non humaine….
Mais surtout l’étude de l’histoire montre que constamment les révolutionnaires et ceux qui ont fait changer les choses ont été formés dans l’état antérieur, qu’ils ont ensuite contribué à détruire et qui n’aurait pas dû normalement leur permettre simplement d’exister. Par exemple les révolutionnaires de 89 sont nés pour la plupart dans les années 1740-1770, sous le régime de la Monarchie absolue, qui contrôlait tout jusqu’au moindre détail. Comment ont-ils pu concevoir, imaginer, vouloir un autre état de choses, eux qui n’avaient comme maîtres que des monarchistes convaincus ?
La réponse est évidente et doit servir de modèle. C’est qu’un régime quelconque, aussi totalitaire soit-il, ne couvre jamais toutes les pensées, volontés, sentiments, actions des gens qui en font partie, car ceux-ci ne sont pas la résultante mécanique de forces abstraites en jeu dans la société (position durkheimienne), mais sont la résultante de situations singulières, où interviennent des positions minoritaires (Moscovici), où des positions opposées se neutralisent, où des situations nouvelles émergent. Cela veut dire qu’il faut abandonner une vision durkeimienne comme celle de la « conscience collective » totalitaire, pour adopter une vision interactionniste, qui fait sa place aux subjectivités et à leurs relations.
Lapassade, heureusement, ne s’est pas cantonné dans ces réflexions « chosistes » et dépassées. Il a fait une oeuvre littéraire d’un intérêt considérable, a contribué à réhabiliter la transe, a pratiqué une pédagogie de choc et enfin s’est démarqué nettement, in fine, de «l’Analyse institutionnelle ». Il faut le suivre jusqu’au bout et ne pas prendre qu’une partie de son message, qu’il a développé dans une période de transition où son génie n’était pas encore complètement achevé.
Michel Lobrot
http://lesanalyseurs.over-blog.org
Séminaire Althusser-Lapassade
Réaction de Michel Lobrot
Hier, vendredi 3 Février 2012, j’ai été au séminaire de Valentin Schaepelynck à l’Ecole Normale Supérieure. Il s’agit d’une étude sur les rapports entre Althusser et Lapassade dans les années soixante du 20ème siècle…
A nouveau j’ai pris conscience de la proximité entre les deux théoriciens, que j’ai bien connus : Althusser et Lapassade….
Cependant à l’époque où se situe le conférencier, dans les années 63-64, Lapassade adhère totalement au message léwinien et reproche à Althusser de se contredire, en pratiquant une pédagogie magistrale, tout en contestant l’Autorité régnante. Althusser lui répond en invoquant la valeur d’une méthode d’après lui efficace, qui ne peut être mise en question par une réflexion qui se situe à un tout autre niveau. L’enseignement ne serait donc, d’après lui, qu’un instrument utile, ce qui est typiquement une position que je qualifierais de « chosiste », en reprenant un terme de Bergson. Cela veut dire qu’un rapport humain fonctionne comme une « chose » et non comme un échange de subjectivités. Critique, à mon sens, tout à fait valable, encore aujourd’hui.
Cependant, quelques années après, dans les années 70, Lapassade développe toute une théorie de l’Institution, qui, d’après moi, tombe dans le « chosisme » qu’il reprochait à Althusser. D’après cette théorie, l’institution serait à détruire la plupart du temps, pour être remplacée par l’Autogestion. Mais elle serait en tout état de cause, totalitaire. Cela veut dire que les individus qui en font partie sont totalement formés, déterminés par elle, ne lui échappant en aucune manière. Cela veut dire, dans la pratique, que si l’on veut changer les gens, il faut commencer par changer les institutions. Toute autre méthode est illusoire.
Cette argumentation, qu’il m’oppose sans cesse, à moi qui prétend changer les individus dans les institutions actuelles est, à mon avis un « cercle vicieux » et surtout contraire à toutes les expériences de changement dans l’Histoire.
Elle est vicieuse, car comment changer l’institution, telle qu’elle est actuellement, sans passer par les gens ? L’action politique, qu’il préconise, n’est pas une machine de guerre anonyme et non humaine….
Mais surtout l’étude de l’histoire montre que constamment les révolutionnaires et ceux qui ont fait changer les choses ont été formés dans l’état antérieur, qu’ils ont ensuite contribué à détruire et qui n’aurait pas dû normalement leur permettre simplement d’exister. Par exemple les révolutionnaires de 89 sont nés pour la plupart dans les années 1740-1770, sous le régime de la Monarchie absolue, qui contrôlait tout jusqu’au moindre détail. Comment ont-ils pu concevoir, imaginer, vouloir un autre état de choses, eux qui n’avaient comme maîtres que des monarchistes convaincus ?
La réponse est évidente et doit servir de modèle. C’est qu’un régime quelconque, aussi totalitaire soit-il, ne couvre jamais toutes les pensées, volontés, sentiments, actions des gens qui en font partie, car ceux-ci ne sont pas la résultante mécanique de forces abstraites en jeu dans la société (position durkheimienne), mais sont la résultante de situations singulières, où interviennent des positions minoritaires (Moscovici), où des positions opposées se neutralisent, où des situations nouvelles émergent. Cela veut dire qu’il faut abandonner une vision durkeimienne comme celle de la « conscience collective » totalitaire, pour adopter une vision interactionniste, qui fait sa place aux subjectivités et à leurs relations.
Lapassade, heureusement, ne s’est pas cantonné dans ces réflexions « chosistes » et dépassées. Il a fait une oeuvre littéraire d’un intérêt considérable, a contribué à réhabiliter la transe, a pratiqué une pédagogie de choc et enfin s’est démarqué nettement, in fine, de «l’Analyse institutionnelle ». Il faut le suivre jusqu’au bout et ne pas prendre qu’une partie de son message, qu’il a développé dans une période de transition où son génie n’était pas encore complètement achevé.
Michel Lobrot
http://lesanalyseurs.over-blog.org
L’an trois des analyseurs
Début 2011, je saute l’an deux des analyseurs pour des raisons diverses dont la principale réside dans l’état d’esprit où je me trouvais. Un sentiment de l’inutilité du discours, tout type de discours y compris celui de la fête de l’anniversaire du blog. Outre le refus des échanges habituels des politesses et des vœux de fin d’année et les non réponses aux différents messages reçus en ce début d’année, qui sont restés dans les oubliettes avec les conséquences que l’on sait et notamment celle qui consiste à se couper du monde, de l’entourage voire même des amis.
Suite à un échange de courrier avec Lucia Ozorio, celle-ci qualifie mon état de mélancolique, alors que moi je n’y voyais qu’un état de dépression passagère. C’est grave docteur ! Certes, je vis dans un pays champion du monde du pessimisme, champion devant des pays en guerre depuis une dizaine d’années comme l’Afghanistan, l’Iraq ou la Somalie, selon des experts. Je ne sais pas comment ils ont procédé pour aboutir à ce résultat, en tout cas, paradoxalement, ce constat peut me soulager pour un temps et éviter que l’état d’esprit malade ne devienne chronique. Etre pessimiste parmi des millions de pessimistes vous éloigne de la solitude et de l’isolement vis-à-vis de vos semblables même si ceux-ci n’admettent pas que l’on soit leurs semblables.
Quelques mois auparavant, lors d’une rencontre à Paris avec un ancien camarade de passage dans la capitale, lequel est bien informé sur la situation au pays d’origine, nous avions échangé nos points de vue sur la situation et conclu sur le constat suivant : L’espoir est en Amérique latine où même des mouvements que l’on qualifierait dans le jargon politique occidental d’extrême gauche accèdent au pouvoir par la voie démocratique et réussissent à transformer leurs pays, Lula, les Tupamaros ou Morales alors que chez nous nos mouvements subissent des échecs dont on n’arrive pas à déterminer les causes. Il y a de quoi nous enfoncer dans le pessimisme profond, n’est-ce pas !
Heureusement que cette chute de la singularité dans l’introspection subjective ne dure pas longtemps car le vent de l’histoire universelle va faire son œuvre de négation et de dépassement. En 1815, Hegel, fin connaisseur de l’histoire de son temps et notamment de la révolution française, dit - en voyant Napoléon sur son cheval conquérant l’Allemagne -, qu’il avait vu l’esprit de la liberté sur un cheval. Moi, je dis que j’ai vu l’esprit de la liberté sur les écrans de télé traversant le monde arabe. Le peuple est entré dans le moment révolutionnaire. La révolution, selon Henri Lefebvre, est une métamorphose. Cette définition me convient car elle exprime avec précision le sentiment que j’ai pu avoir depuis ce début janvier 2011. L’espoir renaît, toutes les aspirations redeviennent légitimes. Ainsi je rentre dans une transe interminable à la recherche d’informations et en remémorant les chansons révolutionnaires et les poèmes qui furent la médiation de notre formation à l’espoir révolutionnaire depuis une quarantaine d’années. Le bonheur fut aussi grand lorsque l’on entendait ces chants et ces poèmes entonnés par la jeunesse dans les rues du Caire, de Tunis ou d’Aden, alors qu’il n’y a pas si longtemps, on croyait que la culture révolutionnaire n’était qu’un luxe réservé à une certaine élite intellectuelle.
Le temps de l’analyse, des bilans et interprétations diverses et multiples, n’est pas encore venu. Contentons nous de savourer ce moment de la révolution arabe et de contempler cette métamorphose du monde et de l’être arabe. Cette année 2011 ne peut que si bien commencer. Situé un peu loin géographiquement de là où l’histoire se déroule, le blog suit sa voie, je ne fais que de rares commentaires, contrairement à mon souhait le plus grand, qui est d’être sur place dans n’importe quelle ville arabe et d’écrire un journal sur ce qui se passe réellement.
Autre heureux événement, qui est de l’ordre de la micropolitique (Félix Guattari), est la reprise tard dans l’année des activités des irrAIductibles. Ce blog est né suite à la crise des irrAIductibles, pour combler un vide très mal vécu, car cette aventure collective nous confortait dans la lutte idéologique et politique contre toutes les formes d’asservissement de la pédagogie et de la recherche par des forces obscures que l’analyse institutionnelle pourrait analyser et combattre à la fois.
Ma situation ne me permet pas d’être présent en permanence à toutes les actions, mais je considère ce blog « lesanalyseurs » comme irrAIductible hors les murs et comme un partenaire du groupe qui reprend le flambeau de cet acte politique que pose l’analyse institutionnelle.
Selon les normes de la plateforme du blog, quelques 900 articles publiés, 130 000 pages vues par 22 000 visiteurs. Les statistiques n’ont que la valeur qu’on leur attribue, mais je considère que les collaborateurs, les lecteurs et les visiteurs occasionnels ont le droit d’être informés sur la nature du support avec lequel ils communiquent leurs idées.
A l’origine, ce blog se voulait une aventure collective et à l’occasion de ce troisième anniversaire, je tiens à saluer tous les contributeurs, dont la liste s’allonge au jour le jour et que je ne peux pas citer tous au risque d’en oublier quelques uns.
Le premier article du blog a été publié le 11 janvier 2009. A l’époque, Bernard Jabin m’a fait remarquer, que c’était l’anniversaire de la mort de René Lourau. Le courant de l’analyse institutionnelle a perdu d’autres figures Georges Lapassade, Raymond Fonvieille…mais leur œuvre est toujours présente à nous comme source d’inspiration.
En cette fin d’année 2011, j’ai perdu Rachid Ben Allal, un jeune ami irrAIductible et lecteur assidu du blog. La dernière fois que je l’avais rencontré, - car il était aussi proche localement, nous nous n’étions pas vus depuis longtemps -, il m’avait dit avoir l’impression de me voir tous les jours à travers le blog ! Il nous a quittés, alors que son épouse Nadia attendait un bébé, mais il n’a pas eu le temps de voir son fils venir au monde. C’est à sa mémoire et à sa famille que je dédie cet article.
Mercredi 11 janvier 2012
Benyounès Bellagnech
http://lesanalyseurs.over-blog.org
Voici ce que Georges LAPASSADE aurait aimé organiser... et qu'aurait aimé René LOURAU...
http://www.classicalarchives.com/feature/dont_miss_this.html
(envoyé par Bernard Jabin)
Projet de journées d’études sur le thème
« recherche et action sociale »
1er et 2 avril 2011
Version au 25/01/11
Proposé par des doctorants, et étudiants en Master, en Sciences de l’éducation de Paris 8.
Initiateurs du projet : Martine Bodineau, Sabra Binous, Delphine Leroy
Equipe participant à l’organisation : Alain Massias, Jeremy Konan, Estelle Sengmany
1) Le propos des journées
La place du chercheur dans la société ?
L’utilité sociale de la recherche : production de connaissance pour qui ?
« […] la recherche-action débouche sur une nouvelle posture et une nouvelle inscription du chercheur dans la société, par la reconnaissance d’une compétence à la recherche de praticiens du social. » Barbier René, La Recherche Action, Anthropos, 1996, p.7.
° La recherche apporte-t-elle des moyens d’action ?
- Peut-elle s’inscrire (ou comment s’inscrit-elle) dans une commande sociale ?
- Peut-elle apporter des moyens d’action collective (citoyenne, militante) ?
° La place des citoyens,
dans les dispositifs de recherche, d’intervention,
dans la résolution des situations sociales qui les concernent.
° Notre position (implication) de chercheur-citoyen [= une position qui fait débat]
- En quoi la recherche questionne-t-elle notre position de citoyen ?
- En quoi nous donne-t-elle des outils au service de nos engagements ?
(conception de la recherche = recherche impliquée).
° En quoi consiste la pratique de la recherche, la « posture » de recherche ? Que font les chercheurs concrètement ? En quoi leur activité peut-elle être utile aux acteurs sociaux ? (L’usage de la théorie).
2) Le principe
° Questionnement des chercheurs sur leurs pratiques (pratique sociale comme n’importe quelle autre activité).
- Ce questionnement peut se partager, dans un dialogue avec les autres acteurs sociaux
- Il peut se transposer pour les autres acteurs vis-à-vis de leurs propres pratiques.
Les chercheurs disposent d’outils pour exprimer et élaborer ces questionnements : ces outils peuvent être utilement mis à profit par les acteurs de terrain (postulat).
° Les journées d’études proposent un dialogue entre chercheurs, acteurs institutionnels ou associatifs, élus, citoyens, en s’appuyant sur des expériences de recherche ou d’interventions de terrain. Elles prévoient l’intervention des chercheurs, commanditaires et acteurs, impliqués dans ces expériences.
Expériences présentées
- Formation-action : enquête sur la vie d’un quartier de la Porte d’Orléans, réalisée par un groupe d’étudiants en Sciences de l’éducation de P8 - pour le compte de la RIVP (Régie Immobilière de la ville de Paris). Dirigée par Patrice Ville (professeur) et Martine Bodineau (doctorante).
- Intervention socianalytique:démarche participative, « Les futurs du 3ème », impliquant des habitants et élus du 3ème arrondissement de Paris. Dirigée par Christiane Gilon (sociologue et élue du 3ième), assistée de Sabra Binous (doctorante P8).
-Travail participatif à Mantes la Jolie [à préciser]. Dirigée par Sabra Binous (doctorante P8).
- Initiative de quartier : organisation d’une manifestation artistique « Dédaldilo » par des habitants du quartier Basilique de Saint-Denis, en collaboration avec une équipe d’artistes professionnels.
Mise en œuvre par des associations d’habitants et soutenue par la démarche-quartier centre-ville et différents acteurs institutionnels de la ville de Saint-Denis. Direction de projet : Martine Bodineau (sociologue, responsable d’une association d’habitants, doctorante P8).
3) La forme et les thèmes des journées
° Trois Tables rondes composées chacune d’intervenants représentant les différentes « catégories » de participants.
° Une question par table ronde. Prise de parole des 3 à 4 intervenants, durant 15mn chacun. Débat avec la salle mené par un animateur.
° Des « intermèdes » ponctueront les débats, sous forme d’exposés très courts, de lectures, ou d’interventions artistiques.
Pré-programme
Formulation provisoire des questions, et intervenants pressentis. [Les intervenants indiqués n’ont pas tous fait l’objet d’une sollicitation formelle.]
1) La commande sociale : comment la recherche s’inscrit-elle dans les enjeux sociaux ?
La Recherche est-elle capable d’apporter des réponses en termes de moyens d’action ? La commande institutionnelle est-elle une consécration de la recherche ou l’enferme-t-elle dans une fonction utilitaire ?
Quelle exploitation des résultats : quel usage, pour qui ? Sont-ils restitués aux personnes qui font « l’objet » des recherches ? Comment faire en sorte que les usagers soient eux-mêmes commanditaires des recherches ?
Animateur et intervenants : Patrice Ville, professeur P8
- Un représentant de la RIVP (Régie Immobilière de la Ville de Paris) : commanditaire d’une étude portant sur un groupe d’immeubles du quartier de la Porte d’Orléans.
- Christiane Gilon, sociologue et élue de Paris 3ème : dispositif participatif « Les futurs du 3ème ».
- Martine Bodineau, sociologue, doctorante P8 : études réalisées dans différentes situations de commande. (Paris, Porte d’Orléans, 2010. Saint-Denis, étude « Le petit Commerce », 2008 et « La propreté des espaces publics », 2005).
- Sylvie Labas, libraire, Librairie Folie d’Encre à Saint-Denis : commanditaire d’une étude sur « Le petit commerce » à Saint-Denis.
2) Patriciens-chercheurs, citoyens-chercheurs: qu’est-ce qui caractérise la « posture » du chercheur ?
Dans quelles conditions les acteurs sociaux (professionnels ou militants) peuvent-ils en faire l’apprentissage et la mettre en pratique dans l’exercice de leurs activités ? Dans quelle mesure cette « posture » modifie-t-elle les pratiques ?
Animateur et intervenants : Jean-Louis Legrand, professeur P8
- S. Binous, doctorante P8: expérience participative (à préciser)
- Un habitant Paris 3ème: membre de la démarche « Les Futurs du 3ème ».
- Un intervenant : membre de l’université populaire de P8
- Un stagiaire ou enseignant de la formation permanente de P8 (Master « Chef de projet informatique »).
3) Compétence sociale : experts du « dedans » ou du « dehors », qui est compétent ? Collaboration ou conflit de pouvoir ?
Quelle prise en compte de la compétence sociale des usagers et citoyens ? « L’objectivité », qualité accordée aux « intervenants extérieurs », n’est-elle pas un frein à la compréhension des réalités vécues ? A quelle condition les chercheurs et les acteurs peuvent-ils revendiquer leur « implication » en tant que source de connaissance ?
Animateur et intervenants : Remi Hess, professeur P8
- Directrice de quartier centre-ville de St-Denis : accompagnement de l’initiative des habitants du quartier Basilique de Saint-Denis (organisation d’une manifestation artistique « Dédaldilo »).
- Un habitant du quartier de la Porte d’Orléans : participant de l’enquête réalisée pour le compte de la RIVP.
- Delphine Leroy, enseignante, doctorante P8 : « Recherche et implication »
- Luigi Gino Flora, concepteur de programmes d'éducation pour la santé, conférencier, doctorant P8 : « La compétence des usagers, l’exemple des patients experts ».
Chers amis
Voilà l'adresse du site du Symposium d´Analyse Institucional´ à l´Université Celso Lisboa, Rio.
Endereço do site : https://sites.google.com/site/institucionalanalise/
Je vous embrasse
Lucia Ozorio
Symposium d'analyse institutionnelle
Chers amis
Je vous envoie le folder du symposium que nous avons organisé à l´Université à Rio il y a deux jours.. Un beau processus d‘autogestion nous a invité à faire attention aux analyseurs qui nous empêchaient de travailler en commun. Les centres ont bougé, des profs. et des étudiants de plusieurs universités sont venus. Beaucoup de travaux ont été présentés.
Les étudiants de l´université Celso Lisboa ont présenté des pièces de théâtre où la problématique institutionnaliste était présente. Dans l’une d’elles, ils ont discuté le contrôle qui existe dans les facs.- par rapport à l´analyse institutionnelle, non présente dans tous les curriculums de facs. à Rio. Imaginez - la à Paris 8!!! En les aidant à l´écrire, j´ai suggéré que le personnage qui faisait l´AI récite un beau poème de Cora Coralina, la femme que vous pouvez voir dans le folder. Cette femme a une vie extraordinaire et est devenue poète à 92 ans.
Dans ce poème, Cora Coralina - l´AI , parle de sa multiplicité, de ses divers visages-femme du peuple.
Les étudiants ont eu l´idée d´une AI - poème. Au début, ils avaient choisi de Fernando Pessoa, un poème dense. Après une discussion collective, ils ont tous été d´accord sur un poème de Cora Coralina. C´est cela le texte de l´AI : un poème de Cora Coralina. Nous avons eu une AI dans un tribunal où les personnages étaient : le biopouvoir, la loi, le commun, le désir, le corps vibrátil - corps qui vibre et l´AI.
Tout un processus est en cours. Les IrrAIductibles étaient présents dans les discussions, dans l´histoire de l´AI que nous avons racontée. Quelques profs. qui ont eu leurs travaux publiés soit dans la revue Les IrrAIductibles, soit dans le livre L´Histoire de l´Analyse Institutionnelle, publié dans la collection Transductions coordonnée par Benyounès Bellagnech étaient là : Sonia Pellegrini, Sonia Altoé. Quelques profs. m´ont demandé des nouvelles des IrrAIductibles.
Et le Colloque sur René Lourau que nous avons combiné ? Nous pouvons le faire vers fin juin.
Dans notre Symposium, les travaux-photos de René Lourau, Georges Lapassade, Patrice Ville, Benyounès Bellagnech étaient là. Nos photos - de moi, Marlène, Léonore, Georges, Mostafa, Aziz, Juss ..................... en salle A428 étaient là.
Je vous embrasse.
Lúcia Ozorio