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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 15:42

Vendredi 23 mars 2007, 9 heures 05,

 

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Patrice Ville. Il faut que je lui écrive un petit mot. Ce 23 mars est une date historique pour moi en tant que Marocain. Il coïncide avec la date de naissance de Patrice et c’est pour cela qu’elle ne m’échappe guère. C’est une bonne transition pour revenir à Remi Hess. En effet, Lucette Colin a eu la gentillesse de nous inviter à l’anniversaire de Remi dimanche 25 février. L’anniversaire de cette année a un goût particulier et ce jour-là est l’aboutissement d’un processus. Je résume : Jean-Luc Richelle écrit un texte sur Remi Hess, rappelant sa rencontre avec lui et ses livres lus. Je reçois ce texte, Bernadette le corrige et le diffuse. Remi Hess m’écrit, me disant que j’aurais pu moi-même écrire ce texte. Kareen propose de faire un numéro de revue sur Remi, je lui suggère de le coordonner. M. Daoud publie un article dans un quotidien algérien, que je diffuse immédiatement après l’avoir reçu. Remi en prend connaissance, alors qu’il est en tournée en Amérique latine. Nous nous voyons en octobre. Remi me dit que Daoud coordonne un livre et me suggère d’y contribuer. Je devais reprendre mes activités à la fac, après une année d’absence physique, mais pas mentale. Ce fut un peu difficile, d’où mon retard pour la remise de l’article. D’ailleurs, le retard a parfois des aspects positifs. Remi me relance alors que le livre est sur le point d’être terminé. Je me rends compte concrètement de la commande comme étant accoucheuse de l’écriture. Le premier livre est fait et le deuxième est en cours de préparation. J’ai envie de contribuer au deuxième ouvrage !

 

Avec Augustin, nous avons animé un entretien collectif qui est en cours de transcription. Il sera publié dans le numéro 12 des IrrAIductibles. Ainsi, malgré mes déboires de santé, j’ai assuré une certaine présence dans ce moment historique.

 

Ce jour de 25 février 2007, je retiens quelque chose de l’intervention de Christian Verrier – avec lequel j’ai discuté et dont j’ai salué le livre Poser le sac. Je lui ai exprimé mes félicitations. Il me dit que le journal est à la disposition de ceux qui voudraient le lire – Il a dit avoir décidé de reprendre la lecture critique de l’œuvre de Remi Hess. C’est rare, voire même exceptionnel d’entendre cela de la bouche d’un universitaire vis-à-vis d’un collègue et en face d’un parterre d’universitaires. La règle dans ce milieu est de ne pas se lire les uns les autres. Le contraire serait édifiant, c’est à dire si les universitaires se lisaient les uns les autres, le débat serait d’une richesse indescriptible et attrayante autant à l’intérieur, profs et étudiants, qu’à l’extérieur, lecteurs et éditions. Christian parle de lecture critique. J’espère qu’il aura la même conception que moi de la critique. Pour ce faire, il doit avoir une culture philosophique. C’est le fondement même de toute pensée critique. La critique pour moi est une reprise totale d’une œuvre d’un auteur ou d’une époque. C’est une destruction, une dissection, c’est un dépouillement… qui doivent précéder une reconstruction. Ce n’est pas un rétablissement et encore moins une rénovation. Les exemples de la critique telle que je la conçois sont rares dans l’histoire de la pensée humaine (Platon, Descartes, Kant, Hegel, Marx, Nietzsche et Kierkegaard…).

 

Entamer la critique d’un auteur se fait d’abord par la lecture de ce qu’il écrit. Connaître cet auteur est un plus, mais pas fondamental. S’accrocher au texte et en être subjugué est une étape importante dans toute démarche critique. Autre chose à ne pas négliger et qui consiste à inscrire ce même texte dans une dialectique, c’est à dire le défendre dans un combat dur parfois. J’en ai fait et j’en fais encore l’expérience de cette lutte concernant les écrits de Remi.

 

Voici donc quelques éléments essentiels à la critique. Il faut du temps, de la patience, du contact comme du recul pour toute entreprise critique. L’auteur, c’est ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il écrit et c’est aussi un style.

 

Ce journal se termine alors que je n’ai pas encore écrit un mot sur Remi Hess, Le journal des moments, section 2, journaux de voyage, Vol 1 La découverte de l’Amérique Tome 1, Les Etats-Unis  (1). Livre auquel j’ai consacré un week-end de ce mois de mars. Lu et annoté, je dois donc entamer le second journal de lecture par cet ouvrage. 

 

(1) Remi Hess, Le journal des moments, section 2, journaux de voyage, Vol 1 La découverte de l’Amérique Tome 1, Les Etats-Unis, Presse Universitaire de Sainte Gemme, coll « Journal des moments et moment du Journal, 2006, 220p.

 

Benyounès Bellagnech

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27 mars 2011 7 27 /03 /mars /2011 10:56

Jeudi 22 mars 2007, 9 heures 20,

 

Réveillé à cinq heures. Je prends ma tension. J’en suis déçu, car j’ai toujours 18, c’est très élevé selon les médecins. Pourtant, la veille et suite à la prescription du cardiologue, la tension avait sensiblement baissé. Je prends les médicaments : cinq types de comprimés. Je prends mon petit déjeuner et entame la lecture de la Phénoménologie de l’esprit de Hegel. J’en suis à la préface.

 

Sept heures, tout le monde est réveillé. Nous préparons le départ de Solène en classe de neige à Arêches. Nous l’accompagnons Place de la mairie. Départ vers 8 heures 30. La séparation avec Solène, sept ans, est difficile. Nous partageons ce sentiment avec tous les parents. Les mamans n’arrivent pas à retenir leurs larmes. Je pense que les pères sont aussi touchés, mais n’ont pas le courage de l’exprimer. En ce qui me concerne, les larmes de Solène au moment de la séparation ont été suffisantes. Il ne fallait pas que j’en rajoute.

 

Retour à la maison. Il fait très froid aujourd’hui. Je bois un café chaud. Je me reprends la tension. Cela baisse.

 

Choisir entre la poursuite de la lecture et l’écriture, j’opte pour la seconde solution.

En écrivant, je m’interroge sur le corps malade, la lecture et l’écriture. Comment je fais… je dois impérativement reprendre mon journal sur la santé.

 

J’ai envie de dire : Je ferme la parenthèse de cette matinée et je passe à autre chose, à quoi ? Dans le diarisme, on constate l’interférence des sujets. Dans le cas présent, me concernant, j’écris plusieurs journaux thématiques. L’avantage de cette démarche réside dans la construction d’un texte cohérent sur une thématique spécifique et dans le cas de ce journal, il s’agit de noter mes lectures. Mais il se trouve que parfois on est pris dans des situations (impliqué dirait Lourau) et ces situations interfèrent avec des situations différentes. Cela induit un mélange des genres.

 

Le cas de ce matin est très parlant. Comment vivre l’instant d’une séparation de deux semaines avec ma fille qui de surcroît voyage loin. Certes, son voyage est encadré par l’école et la municipalité. C’est son deuxième voyage, mais cela est insuffisant pour dissiper toutes les appréhensions que l’on ressent dans ce genre d’événement qui intervient dans une vie de famille extrêmement sédentarisée ! Ce départ était prévu, organisé et préparé depuis bien longtemps. Toutefois, l’instant est vécu comme une perturbation. Cela crée une déstabilisation dans les habitudes normées et non pas normalisées.

 

Sous le titre de la vie quotidienne, on peut mettre des situations, des événements, des habitudes, des normes, des trucs spectaculaires, des hasards… etc. Par exemple, hier Yann-Elias a trouvé un test politique sur Internet (interruption de quelques minutes). Il faut répondre à des questions d’ordre politique, économique, sociale, environnementale, morale. L’internaute choisit parmi les réponses proposées. A la fin du questionnaire, le site donne le résultat sur le positionnement politique de l’internaute. Yann-Elias répond au test, cela lui plaît. Il me convainc de le faire, j’exécute. Ensuite, c’est Bernadette et Solène qui font la même chose. Solène a beaucoup de mal à s’exécuter, ne comprenant pas bien les questions. Résultats : Yann-Elias est proche du PS et des Verts. Moi, je suis classé anti-libéral et proche de quatre formations politiques de gauche : PC, Chevènement, les Verts et le Parti socialiste. Bernadette a été classée comme moi. Quant à Solène, elle s’est trouvée au centre gauche, proche de Bayrou. Yann-Elias la taquine, lui reprochant de se trouver proche de Bayrou. Elle s’en défend prétendant ne pas comprendre les questions. Ainsi, Yann-Elias aurait réussi à emballer toute la famille dans un jeu amusant !

 

Cet exemple est le type même de situation imprévue et inattendue. Peut-on le classer dans la vie quotidienne, que l’on croit réduite au manger, dormir, travailler, etc. La politique est oubliée, alors même qu’elle rentre au foyer par le biais d’internet et de la télévision. Certes, nous sommes en campagne électorale. Néanmoins, aucun de nous n’est engagé dans cette campagne.

 

Je crois qu’il s’agit davantage d’un moment que de la vie quotidienne. Ce moment prendra fin après les élections.

 

Cette remarque me conduit à distinguer entre la vie quotidienne d’une part, et le moment d’autre part. Remarque intéressante à reprendre dans le travail sur : la situation, l’événement, la circonstance, le moment et la vie quotidienne.

 

Hier, en écrivant ce journal, je me suis dit ou j’ai promis d’écrire sur deux livres. Le premier de Challaye, c’est fait. Je passe au second.

 

Dans le processus de mes lectures, la publication d’un livre par Remi Hess est à chaque fois un événement. Que le livre soit écrit par sa plume, en collaboration avec d’autres ou tout simplement en tant qu’éditeur. Quelque soit le livre venant de sa part, je sens qu’il m’est destiné en tant que lecteur. C’est la magie ou l’alchimie de la connaissance d’un écrivain. Je ne veux pas dire par là qu’il suffit de connaître un auteur pour l’apprécier. J’apprécie bien d’autres auteurs que je n’ai jamais connu : Artaud, Genet, Maupassant, Proust, Victor Hugo… et j’en passe et des meilleurs. Mes relations avec Remi Hess sont particulières. Il m’arrive de penser à lui très souvent, que ce soit en écrivant, en allant à la fac, en réfléchissant à d’autres thèmes ; tels que l’amitié, la fidélité, le militantisme, la carrière professionnelle, l’édition, la lecture, l’écriture, la pédagogie, la famille, le quotidien, le voyage, le mondial, l’AI, le politique, la philosophie, la sociologie, l’éducation… etc. Bref, il occupe une grande partie de mon univers. Ainsi, j’essaie d’être l’un de ses lecteurs privilégiés. Je n’y parviens pas souvent, car parfois je me sens enfermé et entouré par des gens qui se disent proches de lui, mais qui ne le lisent pas ou très peu. Ainsi, le regard que je porte sur lui est singulier, il m’est propre. J’en ai fait l’expérience au début de ma réflexion sur le rapport entre le maître et le disciple. Cela m’a valu beaucoup de reproches de la part des gens proches de moi ou non. Certes, la posture, les positions, le travail colossal de Remi ne laissent pas indifférent. C’est lui qui a dit que lorsque l’on se trouve sans ennemi, il faut aller à la terrasse d’un café, s’asseoir, compter les passants jusqu’à dix et dire que le dixième est mon ennemi. L’ennemi vous fait réagir et réfléchir, n’est-ce pas ? J’ajoute à cela que parfois, on n’a pas besoin de chercher un ennemi, c’est lui l’ennemi qui vient vers vous. J’en ai fait l’expérience et je m’attends de temps à autre, à avoir en face de moi l’ennemi. Cela n’empêche pas la surprise, mais il faut faire avec les ennemis que l’on mérite.

 

Benyounès Bellagnech

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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 15:42

Mercredi 21 mars 2007, 9 heures 15,

 

Afin d’éviter l’erreur commise auparavant consistant à passer d’une lecture à une autre, d’un livre à l’autre en oubliant ou en reportant aux calanques grecques l’écriture qui constitue une trace réelle attestant une vraie lecture de l’ouvrage, je décide ce matin de revenir à deux ouvrages lus.

 

De l’ouvrage, Un livre noir du colonialisme, je retiens l’écriture diaristique. Il n’est pas mentionné explicitement que Félicien Challaye écrivait des journaux. Cependant, plusieurs de ses textes sont écrits sous cette forme. L’une des caractéristiques du diarisme réside dans la précision des lieux, des noms, des chiffres et des faits. Ceci est dû aux voyages effectués par l’auteur en Afrique et en Asie. Il prend le temps d’observer, d’écouter, d’interroger et de décrire tout cela en même temps. J’ai l’impression de temps en temps d’avoir affaire au journal de voyage. Les faits qui l’ont marqué (esclavage, torture, travail forcé…) sont décrits avec précision. Ces mêmes faits l’ont transformé. D’une conscience passive d’un jeune philosophe, il est devenu acteur et militant contre la guerre (à l’origine de tous les maux) et pour la paix. En ce sens, il est plus engagé que Michel Leiris, au point d’être accusé de collaborationniste car il s’est opposé à toutes les guerres, y compris contre l’Allemagne nazie et les guerres de libération.

 

L’ouvrage contient des textes et des témoignages d’intellectuels de renom qui lui ont exprimé leur sympathie.

 

La conclusion du livre, de la plume de l’éditeur, reprend le débat actuel des historiens sur le colonialisme et souligne que Félicien Challaye est occulté par ces mêmes historiens, pour des raisons idéologiques relevant du « colonialisme moderne ». En effet, « Un premier fait, incontestable, c’est que le régime colonial est né de la guerre » p 136 et « La colonisation est née de la guerre. C’est à dire qu’elle a pour origine un crime et une folie » p 137. Autrement-dit les guerres contemporaines reproduisent différemment la colonisation sous d’autres formes. Ceci les historiens ne le perçoivent pas du fait de l’absence de la vision historique qu’ils ont du passé. Michel Leiris souligne quelque part dans son livre les points communs entre l’esclavage, le travail forcé et l’exploitation du prolétariat en Europe : Nous sommes au premier tiers du vingtième siècle. F. Challaye ne va pas si loin. Néanmoins sa lutte pour la paix dans le monde. « Il y a une solidarité de toutes les causes justes et humaines ; en luttant pour l’une d’elles, c’est toutes les autres aussi qu’on fait progresser », écrit-il page 39.

 

C’est un livre utile au débat actuel sur les immigrés, les tirailleurs et leurs enfants, la résistance et la guerre… Son auteur décrit des situations au début du 20ème siècle. Ce 21ème siècle mérite aussi des auteurs et des témoignages de ce genre.

 

Benyounès Bellagnech

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 13:23

Mardi 20 mars 2007, 9 heures 20,

 

Enfin, je termine ce matin la lecture de Un livre noir du colonialisme, souvenirs de la colonisation, de Félicien Challaye, (1), livre offert par l’éditeur à la suite d’une discussion sur l’écriture et l’édition lors d’un repas en 2003. Ouvrage lu dans le cadre de la préparation du numéro 11 de la revue Les IrrAIductibles. Il est vrai que dès le début de la préparation de ce numéro, je me suis interrogé à plusieurs reprises sur ma contribution à ce numéro. Que puis-je écrire, moi qui suis africain d’origine, mais vivant en France ? Quel est mon regard porté sur l’Afrique ? Embarras et hésitation sur ma position de chercheur, militant ou simple spectateur !

 

Ma réflexion dès le début a porté sur mon passé et mon vécu au Maroc. Hormis les combats pour la libération du néocolonialisme, j’ai assisté sans y participer réellement au débat théorique, politique et idéologique sur la scène africaine dans les années soixante-dix. Ce débat se résume à l’indépendance et à l’après indépendance. Mais, pourquoi faire. La réponse à cette question a été occultée et les intellectuels se sont contentés ou se sont arrêtés à la question de qui sommes-nous (Marocains, Arabes, Africains, pro-européens…). Abdelkebir Khatibi propose une double critique qui signifie la critique du moi (marocain) et la critique de l’autre qui est l’Occident. Abdellah Laraoui adopte l’historicisme, ce qui veut dire ne pas brûler les étapes et laisser émerger historiquement les forces sociales qui assureront le progrès. Mohamed El Jabiri prône une lecture critique de la tradition (Al Tourath) avant d’affronter la modernité… Lorsque j’ai traduit le livre sur la pensée philosophique au Maroc, j’en ai fait un commentaire avançant ma position à l’époque (les années 80).

 

La déception politique m’a conduit à creuser la question sans pour autant trouver des pistes de réponses. C’est la rencontre avec l’analyse institutionnelle qui va me permettre de poser la question autrement ; c’est à dire commencer à m’interroger sur moi-même, mon vécu, mes expériences, mes origines, mes appartenances et enfin la provenance de mes idées, bref mes implications.

 

La préparation de ce numéro de revue a été l’occasion pour moi de reprendre cette thématique. Ceci a coïncidé avec d’une part, avec mon travail de recherche sur la dialectique et particulièrement chez Hegel, et d’autre part avec ma connaissance des travaux de Gérard Althabe, grâce à Remi Hess, qui a aussi écrit des journaux sur Mayotte et la Réunion. Les travaux de Georges Lapassade ont été déterminants dans le bouleversement de mon approche sur la question africaine.

 

J’ai beaucoup hésité avant d’écrire en pensant à un article qui serait intitulé « Ma part universelle de l’africanité ». Titre qui m’ouvre des portes d’entrée multiples pour introduire la singularité, la particularité et l’universalité. Il se trouve que je suis confronté à Georges Lapassade qui ne voit que l’ethnographie comme approche possible de la question africaine. La lecture de L’Afrique fantôme de Michel Leiris, ainsi que de Félicien Challaye confortent en partie la position de Georges Lapassade. La lecture également de son livre Etudes mogadoriennes conforte sa position.

 

J’en déduis, sur le plan méthodologique, que l’approche ethnographique reste une voie primordiale pour parvenir à une connaissance concrète d’une réalité, que celle-ci soit vécue ou perçue. Cependant, Gérard Althabe, effectuant une grande partie de sa carrière de chercheur sur le terrain africain, s’est trouvé confronté à l’implication du chercheur dans ou en lien avec son terrain. Par conséquent, il devait affronter la bureaucratie coloniale et l’idéologie sur laquelle elle repose. Le livre fait avec Remi Hess en témoigne.

 

(1) Félicien Challaye, Un livre noir du colonialisme, souvenirs de la colonisation, Ed. Les nuits rouges, 2003, 216 pages.

 

Benyounès Bellagnech

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 10:55

Mardi 13 mars 2007, 9 heures 35,

 

Il m’arrive parfois de me poser la question sur les conditions de la lecture. Que ces conditions soient favorables et propices à tout type de lecture, la satisfaction pousse à s’abstenir d’émettre des doutes, de s’interroger sur les raisons et les finalités de la lecture. En revanche, lorsque la lecture est suspendue, reportée, interrompue ou carrément abandonnée, la question sur les conditions s’impose à moi. Le bruit de l’extérieur : travaux sur le chantier à proximité, sollicitations des enfants, dispute ou malentendu du couple, la télévision ou la radio, tâches ménagères ou encore des problèmes de santé… Si l’un de ces facteurs intervient au cours de la lecture, celle-ci est perturbée.

 

Cette pensée est survenue ce week-end. Pourtant j’ai beaucoup lu.

 

Achevé ce matin la lecture de L’Afrique fantôme de Michel Leiris. Lecture pénible, mais relativement rapide car mue par l’éditorial qui m’attend.

« 25 août.

Amertume. Ressentiment contre l’ethnographie, qui fait prendre cette position si inhumaine d’observation, dans des circonstances où il faudrait s’abandonner ». p 433. L’auteur fait allusion à une fête et souligne ici l’ambivalence et la confusion dans laquelle se trouve l’observateur.

 

J’en termine avec cette note p 653.

« 5 avril (p 268, par.1).

En fait, « l’examen de mes raisons de voyager, de mes raisons d’écrire » n’intervient guère dans ce livre, qui reste essentiellement éphémérides ou notes d’agenda. A l’époque où je l’écrivais, le peu d’introspection qu’il contient me semblait certainement plus considérable qu’à le relire aujourd’hui : cela représentait en effet ce qui, de mes diverses notations (choses vues, renseignements recueillis, incidents, rêves ou réflexions) étant le moins mécanique, bénéficiait à mes propres yeux d’un éclairage privilégié ».

 

Qu’est-ce qu’un ethnographe ? A quelle commande répond-t-il ? Qui finance et comment est financé sa mission ? Quel type de document doit-il produire ? Pour quelle information ? La lecture du journal de M. Leiris sous-tend ces interrogations, sans y répondre. En tout cas, je ne l’ai pas lu dans cette perspective. J’aurais probablement l’occasion d’y revenir. Hanté ou pressé par l’éditorial de la revue Les IrrAIductibles, j’ai laissé de côté ces questions en suspens, bien qu’elles soient pertinentes pour le lecteur-chercheur. C’est une lecture utile et pragmatique.

 

Je ne dispose pas d’assez de temps pour écrire à propos du journal de Remi Hess sur l’Amérique. J’y reviendrai plus tard. Je dois me préparer pour aller à la fac.

 

Benyounès Bellagnech

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23 mars 2011 3 23 /03 /mars /2011 11:04

Mardi 28 février 2007, 8 heures 55

 

Levé à cinq heures et demie ce matin. Je prends les médicaments avec le café ; mesure la tension qui ne bouge pas de 18-9. Je continue la lecture de L’Afrique fantôme. Ce journal est resté dans la chambre à coucher, autre lieu de travail. Ne voulant pas déranger Bernadette qui se couche très tard, je décide de trouver le moyen de marquer les pages qui m’intéressent, afin de les reprendre plus tard dans ce cahier.

 

J’égare la page où l’auteur évoque André Gide, ou plutôt l’un de ses journaux.

 

« Relu le livre de Seabrook (Les secrets de la jungle, Paris, 1931) qui, tout compte fait, n’est pas si mal. Les inexactitudes (erreurs, lacunes ou enjolivures) y fourmillent, mais elles sont compensées par un réel humour. L’ouvrage est même dans l’ensemble, d’une fantaisie assez brillante et la partie consacrée à la Côte d’Ivoire (région que je ne connais pas) peut sembler convaincante. Je lis en tout cas avec plaisir ce livre, le seul que nous ayons dans notre bibliothèque… » p 251.

 

Tout en rédigeant son journal, M. Leiris théorise de temps à autre cette pratique du diarisme. « Je ne relate guère, certes, comme péripétie de ce voyage que celles où j’ai été personnellement engagé. Je ne raconte que les événements auxquels j’ai moi-même assisté. Je décris peu, je note des détails qu’il est loisible à chacun de déclarer déplacés ou futiles. J’en néglige d’autres, qu’on peut juger plus importants. Je n’ai pour ainsi dire rien fait, après coup, pour corriger ce qu’il y a là de trop individuel. Mais ce, afin de parvenir au maximum de vérité, car rien n’est vrai que le concret. C’est en poussant à l’extrême le particulier que, bien souvent, on touche au général ; en exhibant le coefficient personnel au grand jour qu’on permet le calcul de l’erreur ; en portant la subjectivité à son comble qu’on obtient l’objectivité ». p 264.

 

Ce paragraphe choisi parmi d’autres en tant qu’exemple de la réflexion que mène l’auteur sur son journal. Ceci m’incite à feuilleter ce journal – le mien - en m’interrogeant sur sa pertinence et son utilité ! Bien qu’il soit un journal de lecture, sa relecture m’apporte à chaque fois quelque chose que je n’arrive pas à décrire. Bon, je continue à lire.

 

Benyounès Bellagnech

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 11:49

Mardi 27 février 2007, 10 heures 10,

 

Livre emprunté par Bernadette à la bibliothèque municipale d’Orly. Entamé sa lecture samedi. Puisque je ne peux pas l’utiliser à ma guise en soulignant ce qui m’intéresse ou ce que je dois reprendre à mon compte, je suis obligé d’accompagner le livre avec l’écriture du journal.

 

Il s’agit de Michel Leiris, L’Afrique fantôme (1). J’inscris l’ouvrage dans la catégorie des gros livres. Il est du même volume que L’histoire de la folie. Certes plus facile à lire, mais très utile. Je dois le terminer rapidement pour voir ce je peux en tirer pour l’éditorial du numéro 11 de la revue Les IrrAIductibles.

 

J’en suis à la page 199 où l’auteur écrit : « Quel bon bain, dont j’étais depuis longtemps privé ». (Parlant du courrier). Zette m’envoie la fameuse pince à épiler (remplaçante de celle que j’avais égarée) et l’article de Seabrook paru dans Vu sur les Habé. Je ne découvre que peu de points communs entre ce qu’il dit et la réalité ».

 

Dans les pages précédentes, il évoque une discussion sur le journal, disant que l’un de ses interlocuteurs ne trouve aucun intérêt à écrire le journal et que lui par contre y voit non seulement l’utilité, mais la nécessité pour décrire la réalité.

 

(1) Michel Leiris, L’Afrique fantôme, Paris, Rééd Gallimard, 1988, 660 pages.

 

Benyounès Bellagnech

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20 mars 2011 7 20 /03 /mars /2011 11:57

Vendredi 23 février 2007, 11 heures 10,

 

Après avoir terminé Les mots et les choses de Foucault, j’attaque son autre ouvrage célèbre Histoire de la folie à l’âge classique (1). C’est un gros pavé, difficile à lire entièrement, très utile aux psychologues. Ce n’est pas ma posture de lecture. Comme (Solène m’interrompt en me demandant de lui chercher un jouet qu’elle n’arrive pas à atteindre) le précédent ouvrage, celui-ci a été lu en tant que livre épistémologique, car la rareté d’approches épistémologiques en sciences humaines et sociales, m’oblige parfois à revenir aux classiques, si tant que Michel Foucault en soit un.

 

Il faut être un peu fou pour écrire un livre pareil. L’auteur y cherche la vérité de l’homme qu’il va tuer dans les mots et les choses. Toutefois, il accomplit un travail considérable en s’attaquant à l’histoire de la folie en Occident. C’est en répondant à la question du fou dans l’histoire qu’on peut comprendre l’homme actuel. Méthode régressive, progressive. N’est-ce pas.

 

Le fou, le malade, l’hôpital, les institutions, la morale et la politique, sont les thèmes qui reviennent souvent tout au long de l’ouvrage. Après l’avoir lu, je change mon regard sur les hôpitaux et les autres institutions de soin. Les grands hôpitaux parisiens, dont l’architecture ancienne m’impressionne, ont pris un autre sens pour moi.

 

Michel Foucault, influencé par le thème complexe par essence qu’il traite, évite de parler des pouvoirs, sauf parfois par nécessité alors qu’on sait qu’il est le penseur des pouvoirs par excellence.

 

L’œuvre de Foucault participe à ma formation et fait partie de la communauté de mes références. L’histoire de la folie est l’histoire de tous. La folie, la psychiatrie et les institutions aussi bien décrites dans cet ouvrage, n’auront plus de secret pour celui qui se donne la peine de lire cet ouvrage. Il ne s’agit pas seulement du passé, mais aussi du présent.

 

Rares sont les livres qu’une fois lus occupent une place, dans votre vie, incontournable et vous accompagnent dans le quotidien. L’histoire de la folie fait partie de ces livres.

 

Avant le 14 février, jour de mon rendez-vous à l’hôpital Henri Mondor à Créteil, j’ai lu d’autres livres ou fragments dont je n’ai pas rendu compte. Je songe à Michel Authier et Pierre Levy, Les arbres de connaissance (2). Livre relu avec autant de plaisir, car il traite des connaissances d’une manière très concrète. Les dispositifs mis en place socialement permettent à tout un chacun, non seulement de mettre ses connaissances en valeur, mais aussi de les partager avec les autres.

 

Dans ma réflexion sur le compte-rendu, je dois citer cet ouvrage.

 

Je n’ai pas non plus parlé de Michel Onfray, La puissance d’exister  (3). Livre que j’ai lu d’un trait, car je me trouve en phase avec cet auteur qui traite de la philosophie comme mode d’existence.

 

L’université populaire créée par lui est une réussite et un modèle du genre : accès libre et gratuit pour tous, aucune exigence, entrée libre à la philosophie, débat sans limite, ni tabou. Mon seul reproche à cette expérience est la domination du cours magistral dans le dispositif ; ce qui limite la participation des auditeurs à la réflexion collective. En tout cas, l’expérience est nettement mieux que celle du collège international de philosophie initié par Jacques Derrida.

 

Le souvenir que j’ai gardé de cette lecture, qui date de Noël dernier, est la première partie traitant de la biographie d’Onfray. Lorsque j’en ai entamé la lecture, j’ai cru que l’ouvrage serait centré sur la biographie, mais l’auteur ne lui consacre que la première parie. Dans le reste de l’ouvrage, il aborde des questions philosophiques. Il n’en demeure pas moins que le livre est agréable à lire et à relire par thème ou par chapitre. Onfray appelle à la relecture d’Henri Lefebvre entre autres !

 

(1) Michel Foucault, Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Gallimard, 1972, 600 p.

(2) Michel Authier et Pierre Levy, Les arbres de connaissance, Paris, La Découverte, Coll. « Poche », 1999, 200 pages.

(3) Michel Onfray, La puissance d’exister, Paris, Ed Bernard Grasset, 2006, 230 pages.

 

Benyounès Bellagnech

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19 mars 2011 6 19 /03 /mars /2011 12:21

Samedi 27 janvier 2007, 10 heures 12,              

 

« On dira donc qu’il y a « science humaine non pas partout où il est question de l’homme, mais partout où on analyse, dans la dimension propre à l’inconscient, des normes, des règles, des ensembles signifiants qui dévoilent à la conscience les conditions de ses formes et de ses contenus. Parler de « sciences de l’homme » dans tout autre cas, c’est pur et simple abus de langage ». M.F.  p. 376.

 

« La culture occidentale a constitué, sous le nom d’homme, un être qui, par un seul et même jeu de raisons, doit être domaine positif du savoir et ne peut pas être objet de science ». p 378.

 

Benyounès Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 09:30

Vendredi 25 janvier 2007, 11 heures 35

 

« Mais la fin de la métaphysique n’est que la face négative d’un événement beaucoup plus complexe qui s’est produit dans la pensée occidentale. Cet événement, c’est l’apparition de l’homme ». (Michel Foucault, Les mots et les choses, p 328).

 

Samedi 27 janvier 2007, 10 heures 12,              

 

« On dira donc qu’il y a « science humaine non pas partout où il est question de l’homme, mais partout où on analyse, dans la dimension propre à l’inconscient, des normes, des règles, des ensembles signifiants qui dévoilent à la conscience les conditions de ses formes et de ses contenus. Parler de « sciences de l’homme » dans tout autre cas, c’est pur et simple abus de langage ». M.F.  p. 376.

 

« La culture occidentale a constitué, sous le nom d’homme, un être qui, par un seul et même jeu de raisons, doit être domaine positif du savoir et ne peut pas être objet de science ». p 378.

 

Benyounès Bellagnech

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