Lucia Ozorio
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
commenter cet article …
Lucia Ozorio
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (5)
J'étais déjà au Parque Royal depuis un an. Plusieurs pratiques étaient en cours (14). Je me suis proposée avec un groupe formé d'environ une douzaine d'habitants, dont les alliances étaient chaque fois plus fortes, pour expérimenter des solutions singulières face aux problèmes.
Ces expérimentations ont commencé à produire des mouvements de mobilisation communautaire, produisant eux-mêmes des politiques participatives de santé. Nous nous étions engagés à participer aux activités proposées. Celles-ci se déroulaient sur deux jours à l'Association des Habitants.
Par contre, les alliances qui se fortifiaient ne garantissaient pas la présence constante des personnes. J'étais toujours là, à l'Association, à chercher à instituer un espace-temps d'analyses-actions sur la santé. Les habitants venaient d'une manière très irrégulière, mais ils venaient quand-même.
Nous avons tout de même pu construire des références pour le travail communautaire, c'est à dire les réunions du lundi et du jeudi après-midi, de quatorze heures et trente à dix-sept heures. Même si nous n'avions pas de sujets spécifiques à traiter, ce qui arrivait, l'espace de rencontre était là, essayant de construire un point de rencontre pour la santé du lieu. Il était évident, qu'à ce moment, plusieurs habitants ne montraient aucun intérêt pour connaître ce que nous faisions à l'Association des Habitants. Certes, cette distance avait des relations avec la manière dont l'Association, c'est-à-dire, ses représentants étaient vus par la communauté. Et les opinions divergeaient.
A chaque fois davantage, je me rendais compte que la représentation au Parque Royal était complexe. Dans l'histoire de l’assainissement de la Rue de la Rivière, Erô a signalé qu'il y avait un groupe communautaire qui «fazia o que a Associação não fazia », faisait ce que l'Association ne faisait pas » (Ozório, 2004 : 197). Elle critiquait le président à cette époque. Par contre, celui-ci montrait un intérêt réel à la participation effective des habitants, auxquels il reprochait constamment leur absentéisme, absence que critiquaient d'ailleurs aussi les présidents antérieurs. Mais, dans ces critiques, manquait l'analyse de leurs implications dans le processus. Les présidents de l'association en général, expliquaient l'absentéisme par un déficit d'intérêts de la part des habitants qui ne participaient que «... s'ils allaient gagner quelque chose » (Ozório, 2004 : 197), en se référant à quelque chose «... comme à un gâteau... » (Ozório, 2004 : 197). Ce discours, nous l'avons rencontré très souvent dans les lectures faites de l'absentéisme. Quelquefois, il m'était suggéré de promettre quelque chose aux habitants pour qu'ils participent à nos pratiques à l'Association.
Cette vision utilitariste de la participation s'est confirmée plusieurs fois. Cependant, la caricature qu'ils faisaient de la situation me gênait. Les contradictions « me crevaient les yeux ». La vie du lieu était encore pénible. Certains avaient besoin de « quelque chose ».
Les politiciens brésiliens considéraient les communautés pauvres comme une bergerie-réservoir de votes ; ce que Diniz (1992 : 130) et Segala, (1991 201) appellent «politique des communautés ». Cette politique vient du temps du «chaguisme» (1979), de l'époque du gouverneur Chagas Freitas, qui cherchait une articulation entre les chefs politiques des zones électorales et les groupes et organisations de ces zones d'influence. La manipulation de la précarité de leurs conditions de vie, et les possibles services à offrir, étaient des éléments de liaison entre ces politiciens et la population (Segala, 1991 ; 302).
Il me semblait qu'à partir d'une certaine dose d'autoritarisme de la part des leaders communautaires, les habitants répondaient avec une résistance passive sous la forme d'absentéisme à l'Association, On entendait souvent les leaders ou les ex-leaders «expliquer» les « conquêtes » de la communauté comme faisant partie uniquement de leur curriculum. La lutte communautaire, comme plusieurs histoires le confirment, était oubliée.
(14) Consultation sur ces pratiques : Projeto de Implantação do Núcleo Mèdico de Familia na Communidade do Parque Royal, Projet d’implantation du noyau Médecin de Famille dans la communauté du Parque Royal, Rio de Janeiro : Communauté Parque Royal et allii, 1993.
Lucia Ozorio
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
Invitation – présentation de livre et conférence
Le mythe de Cipango et la découverte du Japon
Les premiers textes, les premières cartes
par Michel Chandeigne
A l’occasion de la parution de l’ouvrage
La découverte du Japon 1543-1551 (éd. Chandeigne)
Le mardi 4 juin 2012 de 18 h à 20 h
Centre de la Fondation Calouste Gulbenkian – 39 bd de la Tour-Maubourg – 75007 Paris
Transmis par Leonore Bazinek
http://lesanalyseurs.over-blog.org
DE YVON QUINIOU :
Peux-tu transmettre cela à ton réseau? Merci d'avance, Yvon Quiniou.
Voilà :
Vient de paraître (mars 2013) : Yvon Quiniou, «Retour à Marx. Pour une société post-capitaliste », chez Buchet-Chastel.
« Une mise en valeur du communisme, tel qu’il n’a jamais existé », La Quinzaine littéraire.
ÉDITIONS BUCHET CHASTEL
Retour à Marx
Yvon Quiniou
Essai politique résolument engagé en faveur du communisme à partir de Marx, mais rigoureusement argumenté sur le plan théorique, cet ouvrage est également une intervention passionnée dans le débat idéologique actuel. Il est une mise en valeur du projet communiste, tel qu’il n’a jamais été réalisé. Il montre ce que ce projet a de moderne et en quoi il peut être une alternative crédible au capitalisme financiarisé qui risque de nous mener, de crise en crise, vers les pires des systèmes.
Yvon Quiniou est philosophe et a publié de nombreux ouvrages sur le matérialisme, la morale et la politique. Il a également publié Karl Marx au Cavalier Bleu en 2009. Membre des rédactions d’Actuel Marx et de La Pensée, il ne sépare pas son travail intellectuel d’un engagement dans le débat public. Depuis longtemps, il milite pour un communisme inspiré de Marx qui reste totalement à inventer.
Quelques sites qui en parlent :
http://www.franceculture.fr/oeuvre-retour-a-marx-de-yvon-quiniou
http://blogs.mediapart.fr/blog/ivan-lavallee/150413/retour-marx-ou-retour-de-la-pensee-marxiste
http://www.humanite.fr/tribunes/la-revolution-est-venir-517818
Transmis par Armand Ajzenberg
http://lesanalyseurs.over-blog.org
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (4)
En 1991, nous vivions au Parque Royal, avec la menace d'une épidémie de dengue et d'une épidémie de dengue hémorragique causée par le moustique transmetteur Aedis aegypti (Súmula 39, Radis, Ano VIII, Janeiro, 1991). J'utilise le terme « nous » fruit de mon implication, de mon désir d'intervenir dans cet état de choses, comme le dit Elaine, habitante du lieu. D'ailleurs, ce n'était pas la première fois qu'un moustique infestait la vie des habitants,
Cette même année, nous avons vécu une autre menace: celle du choléra. Les égouts à ciel ouvert, l'eau peu traitée ajoutée aux mauvaises conditions de santé et d'hygiène, contribuaient à la prolifération du choléra au Brésil (Súmula 41, Radis, Ano VIII,Abril, 1991).
La réalité sanitaire du Parque Royalne se différenciait pas beaucoup de celle du Brésil. Il y avait un constat d'incapacité des autorités publiques à enregistrer, à divulguer et à résoudre ces problèmes.
Ces menaces nous ont mobilisés pour agir face à ce problème.
Dans un écrit de cette époque, Almeida (1991) analyse les rapports entre le mouvement de la Réforme Sanitaire (12) et la prolifération des épidémies. Il a écrit que la Réforme minimise l’importance de la participation populaire dans la production d’une conscience sanitaire qui pourrait contribuer à la résolution de ces problèmesd'endémie. L'auteur remarque une crise d'effectivité de la Réforme Sanitaire et met en question la problématique de la participation populaire. Mais nous avions un Etat qui ne donnait pas la priorité à la santé, car les gouvernants étaient guidés par la logique de la dette extérieure et intérieure, de l'inflation, des lois du marché et de ses tourmentes et laissaient une marge tendancieuse de négociation, oubliant le Brésilien des couches moins favorisées (Valla, 1998).
Cette problématique de la participation populaire doit être analysée dans le contexte où elle apparaît. Dans ce sens, Valla (1998) montre bien les risques d'une participation populaire centralisée par les labyrinthes bureaucratiques, ou par les mains des techniciens. Dans cette problématique sont comprises les demandes de la population et les réponses que l'Etat lui donne, quand il les lui donne.
Maria Amélia, une habitante du Parque Royal avait l’habitude d'analyser la participation de la communauté traversée par l’urgence d'actions, en disant à plusieurs reprises : Nós não temos tempo a perder, nous n’avons pas de temps à perdre (Ozorio, 2004 : 196). Il est intéressant de rappeler que la distribution très inégale des revenus en vigueur dans le pays faisait résonance au Parque Royal où le revenu par tête représentait 0,25% du salaire minimum, qui à cette époque était de 80 dollars (13).
(12) La Réforme Sanitaire produite pendant la décennie 80 du XXème siècle, a pomme référence la VIIIe Conferência Nacional de Saúde (VIIIe Conférence Nationale de Santé) de 1986. Ses propositions ont fourni à l'Assemblée Nationale Constituante (ANL), des moyens pour la construction du nouveau système de santé garanti par la Constitution de 1988 (Levcovitz, 1997 : 83-106).
(13) Selon le recensement fait par la communauté. In : Projeto de Implantação do Núcleo Mèdico de Familia na Communidade do Parque Royal, Projet d’implantation du noyau Médecin de Famille dans la communauté du Parque Royal, Rio de Janeiro : Communauté Parque Royal et allii, 1993.
Lucia Ozorio
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
Ahmed Lamihi : Georges Lapassade ou la pédagogie de l'inachèvement
Publication des Dossiers pédagogiques, Tétouan, Maroc, 2013, 114p.
Cet ouvrage, cet itinéraire, est essentiellement consacré à la contribution de Georges Lapassade à l'élaboration du courant français d'analyse institutionnelle dont il a été l'un des principaux fondateurs. Mais il y est aussi question de ses recherches pédagogiques et ethnographiques et surtout de son intérêt théorique, qui le porte à présenter sous un jour nouveau son tout premier livre sur L'Entrée dans la vie et l'inachèvement de l'homme.
L'institution au sens actif du terme qui le préoccupe dans ses derniers travaux, n'est plus seulement celle de la société; c'est de plus en plus celle de l'homme même. c'est l'institution de sa propre identité.
Les entretiens que nous publions ici, tant par leur contenu thématique que par la forme d'un dialogue qui se construit continuellement dans un climat d'incertitude et d'inachèvement, sont l'expression vivante de cette recherche institutionnaliste.
AHMED LAMIHI, docteur de l'Université Paris -8, est professeur de Sciences de l'éducation à l'Ecole normale supérieure de Tétouan. Il prépare actuellement un ouvrage sur Les pédagogues institutionnels (à paraître en 2014).
http://lesanalyseurs.over-blog.org
Lucia Ozorio
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (2)
Mon travail de recherche, qui a des moments de recherche-action (6), se nourrit de questions posées par ce que j'appelle les Politiques Participatives de Santé, développées par les habitants du Parque Royal entre 1991 et 1999. Pour comprendre les luttes de la population dans la construction de ces politiques, je considère leur potentiel instituant, créateur face aux problèmes qu'elles doivent affronter, autant que les vicissitudes des médiations qui caractérisent leurs relations avec l'Etat, mais aussi avec d'autres acteurs, dévoilant, soit le caractère ambigu, soit le caractère institutionnalisé qu'elles adoptent en certaines conjonctures.
Par contre, par certains côtés, nous ne sommes pas loin des formes de travail de l'observation participante (7) chères à Georges Lapassade (1996). Il existe aussi une proximité de posture avec la démarche ethnologique de Gérard Althabe (2002) sur le terrain de Madagascar qui tente de comprendre la place que les habitants donnent à l'étranger dans les constructions symboliques.
Au début de mon travail sur le terrain, ma préoccupation était de rester discrète, de laisser parler les habitants. L'idée d'intervenir, puis d'écrire, est venue progressivement. L'idée de garder des traces des luttes, des initiatives des habitants s'est imposée progressivement à la communauté. La recherche, puis la thèse, répond à une sorte de demande de la communauté. C'est cette demande (que j'ai eu du mal à expliciter au départ), qui légitime ma recherche.
Ces politiques contribuent à la compréhension des démarches de la décentralisation, de la participation et du contrôle populaires prévus par le Système Unifié de Santé de l'Etat brésilien (SUS), légitimé par la Constitution du Brésil en 1988 (9).
Ces politiques racontent une histoire de la santé à Rio, celle du peuple du Parque Royal, au sens où je comprends l'histoire, c'est-à dire, la reconstruction d'un passé qui sert au combat.
La mondialisation est mise en question. L'Etat brésilien est surtout préoccupé d'inscrire le pays dans les pays en tête de développement. Mais cette centration sur certains critères internationaux se fait souvent au prix d'un abandon de secteurs entiers de la vie sociale nationale. La population se bat pour amener l’Etat à prendre en compte ses périphéries. Alors que l'on voyait se développer des politiques appelant au dépérissement de l'Etat au cœur de la centralité, le paradoxe des luttes du Parque Royal, c'est de demander davantage d'engagement de l'Etat dans le local.
Dans ce texte, nous allons considérer ces politiques comme des analyseurs des processus d'auto-éducation que les collectifs parviennent à se donner. On voit, à travers ces politiques, qu'en fait, tout un processus d'auto-formation reste une pratique actuelle. A côté de l'école, il existe une place, sur le terrain de l'éducation des adultes, pour une théorisation des actions ayant une force instituante. Les idées de Paulo Freire sur l'éducation contribuent à faire comprendre ces tonnes particulières de socialisation communautaire, ainsi que les interférences du chercheur ou du travailleur de santé dans ces formes - là.
Par rapport à ma boîte à outils, outils qui ont fonctionné pomme des repères clignotants, je peux dire que je les considère comme des repères théoriques qui se veulent opératoires dans une situation de recherche-action. Ces repères vont m'aider à comprendre la complexité de ce qui arrive sur le terrain, au fur et à mesure que le terrain va permettre la fonctionnalité ou non de ces repères.
Je vais les prendre dans la bibliothèque de l'archéologue, de l'anthropologue, de l'ethnologue, de l'analyse institutionnelle, de la littérature, de l'art, de la philosophie, de la psychanalyse, du mouvement de l'éducation populaire et santé. Cette bibliothèque peut également s'enrichir de celle du savoir populaire dont le quotidien est une ressource.
(6) La recherche-action, mode de recherche plus axée sur le terrain, considère l'implication du chercheur qui interfère dans le processus de changement social avec les autres acteurs sociaux. La recherche-action pose la problématique de la relation chercheur-sujet dans une situation de recherche, mais aussi dans une situation sociale. Relation triadique, qui met en œuvre les interférences entre les deux acteurs du processus et qui va s'organiser dans un troisième moment, celui de la singularité (Ozorio, 2004),
(7) L'observation participante, un mode de recherche aussi très axé sur le terrain, prend à l'ethnologie une perspective, un regard qualitatif, multiréférentiel. Elle considère la contiguïté, un critère de l'observation la plus fine, en privilégiant une vision métonymique de la connaissance à son premier stade. L'implication du chercheur est mise en cause d'une façon singulière par la « définition de la situation » par les acteurs sociaux qui participent du processus (Lapassade, 1996).
(8) Brasil, Constituição Federal Brasilia, 1988.
Lucia Ozorio
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (1)
Introduction
« Eu me intéresso pela saúde porque saúde é vida. Je m'intéresse à la santé parce que la santé, c'est la vie. » Jeanne, habitante du Parque Royal
« A saúde é muito importante. Quando a gente val festejar alguma coisa a gente fala : Saúde! ! !
La santé, c'est très important. Quand nous devons fêter quelque chose, nous disons : Santé!!!» Maria Amélia. habitante du Parque Royal
Ce texte porte sur la recherche que j'ai menée au Parque Royal (2) (Ozório, 2004). Cette recherche portait sur des Politiques Participatives de Santé, processus de construction collective de la santé. Le Parque Royal, une communauté située dans le quartier d'Ilha du Govemador, à Rio de Janeiro, Brésil, est l'un des acteurs fondamentaux de ce processus. Ma démarche répond à l'un de mes désirs, mais aussi aux désirs de ses habitants. Polaco et Santos, deux des leaders de la communauté, ont toujours exprimé le souhait que leurs luttes soient connues dans le monde. J'ai toujours compris ce désir comme une recherche d'ouverture au monde de la cause populaire.
Je tente de montrer comment cette communauté - terme que je préfère à celui de favela - comment cette communauté, qui compte environ huit mille habitants, s'organise pour vivre. Je me suis' d'ailleurs efforcée de restituer la parole des habitants, de montrer leurs logiques de réflexivité, de conserver le vécu, et de prendre en compte l'historicité qui traverse leurs pratiques, afin d'avoir accès à la santé.
Je suis restée au Parque Royal de 1991 à 1999. En 1997, l'endroit où est situé le Parque Royal était répertorié comme la deuxième zone de Rio de Janeiro où le taux de mortalité était le plus élevé (Borja, 2000).
La communauté du Parque Royal est le produit de migrations successives de populations diverses, dont certaines, originaires du nord-est brésilien, sont arrivées avec le rêve de la «grande ville, Rio ». L'Etat, la ville, cherchent à se désimpliquer du quotidien que vivent les habitants du Parque Royal. Ses habitants s'organisent donc pour obtenir l'eau, l'électricité, un minimum d'urbanisme (goudronnage des rues, ramassage des ordures...) et pour résoudre de nombreux problèmes, notamment ceux liés à l'éducation et à la santé. Dans les initiatives de la communauté, une dialectique centre et périphérie joue en permanence.
Mon détachement en tant que «personnel de santé» par l'hôpital Loreto, -qui relève du Secrétariat de la Santé de la municipalité de Rio de Janeiro-, est à l'origine de mon implication (3) dans ce quartier. J’exerce le métier de psychologue, coordinatrice de santé mentale dans cet hôpital. Je suis donc fonctionnaire de l'Etat. J’y pratiquais la socianalyse (4) en essayant d'appliquer une politique d’ouverture et donc d'intervention à l'intérieur et à l'extérieur de l’établissement. Je voulais d'autres destins pour la santé, autres que les murs des hôpitaux.
En 1996, nous étions à Rio de Janeiro dans une période pré-électorale. J'ai été licenciée de mon poste à l'hôpital à cause d'une crise que j'avais dû affronter dans ma lutte contre les politiques étatiques en vigueur. Les hommes d'Etat ne voulaient pas de moi au Parque Royal, ils préféraient quelqu'un qui serve leurs intérêts. Cette crise aété un analyseur de mon implication dans le rôle d'un fonctionnaire de l'Etat qui voulait intervenir dans les politiques étatiques en vigueur. En tant que psychologue/ coordinatrice de santé mentale, je m'étais donnée quelques attributions qui, pour unes, contribuaient à déranger ou à détruire la «santé» de l’hôpital et du Secrétariat de la Santé de la municipalité du Rio de Janeiro. Et les analyseurs (R. Lourau, 1978), ces ouvertures aux multiplicités, s'offraient à moi comme des vecteurs d'analyses multiples qui m'empêchaient d'oublier la politique du quotidien de la santé : ce terrain, - pour reprendre une terminologie de l’ethnographie-, propice à ce que l'on ait accès aux contradictions au sein des institutions (5).
Cette même année, il m'est apparu qu'un engagement dans une recherche universitaire pourrait m'aider à penser le travail d’intervention que je menais. René Lourau, qui venait alors assez souvent au Brésil, a accepté de suivre mon travail.
(1) Psychologue, chercheuse associée à Experice (Centre de recherche en éducation habilité. Paris 13-Paris 8 ; France) - Université Paris 8, France ; à l’ANEPS-RJ (Articulação Nacional de Movimentos e Práticas de Educação Popular e Sáude, Articulation Nationale de Mouvements et Pratiques de l’Education Populaire et Santé - Rio de Janeiro, Brésil.
(2) Il s’agit de la recherche sur laquelle j'ai écrit ma thèse de doctorat, soutenue en 2001 à l'Université de Paris 8 (Ozório, 2004). Dans ce texte, je m’inspire de cette thèse, à laquelle j'emprunte quelques parties.
(3) L’implication, qui se réfère à la nécessaire analyse de nous-mêmes impliqués dans le monde, est considérée par l’analyse institutionnelle comme un dispositif indispensable pour intervenir sur le terrain (Lourau, 1997, Lapassade, 1996).
(4) Socianalyse - mise en acte de l'AI dans le quotidien, soit d'un établissement, soit sur le terrain de recherche.
(5) Je considère la compréhension que l'analyse institutionnelle a de l'institution, comme du mouvement des forces sociales faisant et défaisant les formes sociales (R. Lourau, 1978 : 69).
Lucia Ozorio (1)
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org
Recherche-intervention : Un mode de recherche et d'agir dans la formation (5)
Nous ne pourrions affirmer ici que toutes les relations avec les stagiaires étaient « pacifiques » ou harmonieuses, comme déjà dit, puisque nous en comptons toujours une bonne douzaine par an qui sursautent encore quand ils sont sollicités en situation de classe.
Parce que nous ne les avons pas toujours trouvés disponibles (beaucoup se refusant même à bouger physiquement en comparaison avec le tout petit nombre qui « aide » spontanément), nous croyons que ces stagiaires ne sont presque jamais préparés et ne se machinent pas, suivant une expression chère à Guattari (op. cit., 1987), aux « pulsations politiques du désir » dont nous parle cet auteur. Nous demanderons donc à quoi sert ou à qui servent de telles « pratiques d'enseignement »?
En raison de ce qui est exposé, nous évaluons comme Rocha (op. cit., 2000) qu'il existe sûrement des tensions sur le terrain d'intervention - et dans la pratique d'intervention de l'enseignant en Psychologie - dans son interface avec l'éducation car, d'après nous, ce serait la formation académique même qui causerait des difficultés au développement de micro-politiques transformantes de la réalité éducationnelle, en empêchant de thématiser collectivement la vie quotidienne de l'école.
En fait, ce que nous pouvons inférer de l'attente du professionnel/apprenti (l’élève/stagiaire), c'est qu'il est imprégné d'innombrables intentions d'interventions qui, à notre avis, seraient un peu trop « sylvestres » en regard de ce qui devrait être exigé lors d'une formation académique : disons un peu trop... sauvages ! C'est sur ce point particulier que nous défendons une proposition de stage qui ne se contente pas d'offrir juste une «formation continue» (Candau, 2001) au niveau théorique, mais qui déploie ses pratiques comme un chemin vers une pratique effective enseignante, ne s'agissant pas de pratique enseignante future, comme il est souvent dit, mais plutôt d'agencements (collectifs) d'énonciation (Guattari, id.ib.,1991) ici et maintenant. Pourquoi pas ?
C'est parce que nous comprenons que l'enseignant en classe ne devrait pas être le seul à exercer l'entière (et recommandée) « liberté in catedra » contre lui et ses élèves-, que nous proposons ce travail, en notre nom, celui de nos élèves du Cours Normal et de nos professionnels/apprentis de l'Enseignement Supérieur. Sujeitos conectores (Barbier, 1977), qui, en dépit de tout, arrivent encore à se ivre des déconstructeurs de l'ennui et du malaise régnant dans les institutions éducatives.
Références bibliographiques
ALTOÉ, Sonia Elisabete (1980). Anàlise Institucional de uma instituiçâo para Crianças Excepcionais. Mémoire de D.E.A. Université Paris VIII, Paris.
BARBIER, René (1977). A Pesquisa-Ação na Instituição Educativa. Rio de Janeiro : Zahar Editores.
COIMBRA, Cecilia Ma Bouças (1990). A Divisão Social do Trabalho e os Especialismos Técnico-Cientificos. In : Revista do Departamento de Psicologia da UFF. Ano II, no 2. (pp.9-14). Rio de Janeiro : Universidade Fédéral Fluminense.
FOUCAULT, Michel (1990). Microflsica do Poder. Org. Roberto Machado.9 ed. Rio de Janeiro : Ed. Graal.
GUATTARI, Félix. (1987). Revolução Molecular : Pulsações Politicas do Desejo. Trad.Suely Rolnik 3 ed, São Paulo : Ed. Brasiliense.
ROCHA, Marisa Lopes et alii (2000), Educação em Tempo de Tédio ; um Desafio Micropolitico, In : Psicologia e Educação (pp. 185-205) São Paulo : Casa do Psicólogo.
Sonia Maria Pellegrini de Azeredo
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
voir aussi : http://journalcommun.overblog.com
et : http://lesanalyseurs.over-blog.org