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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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5 juin 2013 3 05 /06 /juin /2013 08:49
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (6)

La tradition autoritaire de la société brésilienne et sa crise de représentation avait ses reproductions au Parque Royal, et alimentait certainement une forme de narcissisme de ses leaders. Celle-ci, loin de favoriser la création collective de vie, va distancier ces leaders d'une posture politique alternative aux institutions existantes. Cette réalité m'a fait comprendre que les obstacles personnels des hommes et des femmes, qui veulent participer à un processus de changement, méritent une analyse plus approfondie de leurs implications.

Plusieurs pratiques développées pourraient être comprises comme des réponses collectives aux demandes du terrain. Dans une assemblée générale réalisée à cette époque, les discussions sur la dengue et le choléra présentaient des analyses critiques, reliées aux problèmes sanitaires du Brésil. Il y avait une certaine responsabilisation du gouvernement par « ... cet état de choses », comme le soulignait Elaine.

Dans les discussions, une impatience pointait fréquemment face aux réponses insatisfaisantes des autorités, par rapport à des problèmes existants depuis bien des années.
Le choléra et la dengue, problèmes endémiques au Brésil, nécessitent des gouvernements qu'ils déploient des efforts pour lutter contre. Face au manque de réponse devant ces problèmes, la population apporte des réponses qui peuvent favoriser la compréhension de la participation populaire dans ces situations sociales.

Au Parque Royal, face à l'absence de solutions de la part de l'Etat permettant de résoudre ces problèmes, la population cherche et des réponses. Les gouvernements brésiliens ont coutume de demander à la population la résolution de ses problèmes. Par contre, ils lui donnent des moyens précaires pour qu'elle puisse les résoudre. 

Le Parque Royal connaît bien ces histoires, ces mesures palliatives. Par exemple, les égouts installés par les habitants, mais fournis par le gouvernement, au bout de très peu de temps, ont commencé à créer des problèmes, liés à la mauvaise qualité et à l’inadéquation du matériel fourni.

L'initiative, que devrait prendre le gouvernement, est transférée à la population laquelle, cependant, bien souvent, ne répond pas à ces « stimulations » gouvernementales. En effet, on ne tient pas compte des conditions de vie précaires de ces populations, de leurs revenus qui sont parmi les plus bas du monde. Cette participation considérée comme insuffisante est interprétée, par le pouvoir institué, comme un manque d'initiative. Valla nomme ce phénomène « la culpabilisation de la victime » (Valla, 1998 : 7-18).

Dans ces réunions comme dans bien d'autres, moi, comme d’autres professionnels de santé, qui étions invités, nous donnions des « éclaircissements » sur les sujets en discussion, mais dont nous savions qu'ils ne toucheraient pas la complexité du problème. La tension de la rencontre du savoir scientifique et du savoir populaire, était constamment présente. Nous, les professionnels de santé, étions face à des situations montrant notre distance par rapport à la réalité avec laquelle nous travaillions. Il fallait faire des échanges avec le savoir populaire. A plusieurs reprises, les pratiques inventives et rusées, dont parle Michel de Certeau (1983), présentaient un art de la classe populaire qui apportait beaucoup de sens à la santé et nous montrait à nous, professionnels de la santé, nos limites.

 

 

Lucia Ozorio

 

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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4 juin 2013 2 04 /06 /juin /2013 09:57

L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (5)

 

 

J'étais déjà au Parque Royal depuis un an. Plusieurs pratiques étaient en cours (14). Je me suis proposée avec un groupe formé d'environ une douzaine d'habitants, dont les alliances étaient chaque fois plus fortes, pour expérimenter des solutions singulières face aux problèmes.

 

 

Ces expérimentations ont commencé à produire des mouvements de mobilisation communautaire, produisant eux-mêmes des politiques participatives de santé. Nous nous étions engagés à participer aux activités proposées. Celles-ci se déroulaient sur deux jours à l'Association des Habitants.

 


Par contre, les alliances qui se fortifiaient ne garantissaient pas la présence constante des personnes. J'étais toujours là, à l'Association, à chercher à instituer un espace-temps d'analyses-actions sur la santé. Les habitants venaient d'une manière très irrégulière, mais ils venaient quand-même.

 

 

Nous avons tout de même pu construire des références pour le travail communautaire, c'est à dire les réunions du lundi et du jeudi après-midi, de quatorze heures et trente à dix-sept heures. Même si nous n'avions pas de sujets spécifiques à traiter, ce qui arrivait, l'espace de rencontre était là, essayant de construire un point de rencontre pour la santé du lieu. Il était évident, qu'à ce moment, plusieurs habitants ne montraient aucun intérêt pour connaître ce que nous faisions à l'Association des Habitants. Certes, cette distance avait des relations avec la manière dont l'Association, c'est-à-dire, ses représentants étaient vus par la communauté. Et les opinions divergeaient.

 

 

A chaque fois davantage, je me rendais compte que la représentation au Parque Royal était complexe. Dans l'histoire de l’assainissement de la Rue de la Rivière, Erô a signalé qu'il y avait un groupe communautaire qui «fazia o que a Associação não fazia », faisait ce que l'Association ne faisait pas » (Ozório, 2004 : 197). Elle critiquait le président à cette époque. Par contre, celui-ci montrait un intérêt réel à la participation effective des habitants, auxquels il reprochait constamment leur absentéisme, absence que critiquaient d'ailleurs aussi les présidents antérieurs. Mais, dans ces critiques, manquait l'analyse de leurs implications dans le processus. Les présidents de l'association en général, expliquaient l'absentéisme par un déficit d'intérêts de la part des habitants qui ne participaient que «... s'ils allaient gagner quelque chose » (Ozório, 2004 : 197), en se référant à quelque chose «... comme à un gâteau... » (Ozório, 2004 : 197). Ce discours, nous l'avons rencontré très souvent dans les lectures faites de l'absentéisme. Quelquefois, il m'était suggéré de promettre quelque chose aux habitants pour qu'ils participent à nos pratiques à l'Association.

 

 

Cette vision utilitariste de la participation s'est confirmée plusieurs fois. Cependant, la caricature qu'ils faisaient de la situation me gênait. Les contradictions « me crevaient les yeux ». La vie du lieu était encore pénible. Certains avaient besoin de « quelque chose ».

 

 

Les politiciens brésiliens considéraient les communautés pauvres comme une bergerie-réservoir de votes ; ce que Diniz (1992 : 130) et Segala, (1991 201) appellent «politique des communautés ». Cette politique vient du temps du «chaguisme» (1979), de l'époque du gouverneur Chagas Freitas, qui cherchait une articulation entre les chefs politiques des zones électorales et les groupes et organisations de ces zones d'influence. La manipulation de la précarité de leurs conditions de vie, et les possibles services à offrir, étaient des éléments de liaison entre ces politiciens et la population (Segala, 1991 ; 302).

 

 

Il me semblait qu'à partir d'une certaine dose d'autoritarisme de la part des leaders communautaires, les habitants répondaient avec une résistance passive sous la forme d'absentéisme à l'Association, On entendait souvent les leaders ou les ex-leaders «expliquer» les « conquêtes » de la communauté comme faisant partie uniquement de leur curriculum. La lutte communautaire, comme plusieurs histoires le confirment, était oubliée.

 

 

(14) Consultation sur ces pratiques : Projeto de Implantação do Núcleo Mèdico de Familia na Communidade do Parque Royal, Projet d’implantation du noyau Médecin de Famille dans la communauté du Parque Royal, Rio de Janeiro : Communauté Parque Royal et allii, 1993.

 

 

Lucia Ozorio

 

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 09:55

 

Invitation – présentation de livre et conférence

 


 

Le mythe de Cipango et la découverte du Japon

 

 
Les premiers textes, les premières cartes

 


 
par Michel Chandeigne

 



A l’occasion de la parution de l’ouvrage

 

La découverte du Japon 1543-1551 (éd. Chandeigne)
 


 

Le mardi 4 juin 2012 de 18 h à 20 h

 


 

Centre de la Fondation Calouste Gulbenkian – 39 bd de la Tour-Maubourg – 75007 Paris

 

 

 

Transmis par Leonore Bazinek

 

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 09:33

 

DE  YVON QUINIOU :


Peux-tu transmettre cela à ton réseau? Merci d'avance, Yvon Quiniou.



Voilà : 
Vient de paraître (mars 2013) : Yvon Quiniou, «Retour à Marx. Pour une société post-capitaliste », chez Buchet-Chastel.

 

« Une mise en valeur du communisme, tel qu’il n’a jamais existé », La Quinzaine littéraire.

 


ÉDITIONS BUCHET CHASTEL


Retour à Marx


Yvon Quiniou

 


Essai politique résolument engagé en faveur du communisme à partir de Marx, mais rigoureusement argumenté sur le plan théorique, cet ouvrage est également une intervention passionnée dans le débat idéologique actuel. Il est une mise en valeur du projet communiste, tel qu’il n’a jamais été réalisé. Il montre ce que ce projet a de moderne et en quoi il peut être une alternative crédible au capitalisme financiarisé qui risque de nous mener, de crise en crise, vers les pires des systèmes.


Yvon Quiniou est philosophe et a publié de nombreux ouvrages sur le matérialisme, la morale et la politique. Il a également publié Karl Marx au Cavalier Bleu en 2009. Membre des rédactions d’Actuel Marx et de La Pensée, il ne sépare pas son travail intellectuel d’un engagement dans le débat public. Depuis longtemps, il milite pour un communisme inspiré de Marx qui reste totalement à inventer.



Quelques sites qui en parlent :



http://www.franceculture.fr/oeuvre-retour-a-marx-de-yvon-quiniou

http://blogs.mediapart.fr/blog/ivan-lavallee/150413/retour-marx-ou-retour-de-la-pensee-marxiste

http://www.humanite.fr/tribunes/la-revolution-est-venir-517818

 

 

Transmis par Armand Ajzenberg

 

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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 11:07

 

L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (4)

 

 

En 1991, nous vivions au Parque Royal, avec la menace d'une épidémie de dengue et d'une épidémie de dengue hémorragique causée par le moustique transmetteur Aedis aegypti (Súmula 39, Radis, Ano VIII, Janeiro, 1991). J'utilise le terme « nous » fruit de mon implication, de mon désir d'intervenir dans cet état de choses, comme le dit Elaine, habitante du lieu. D'ailleurs, ce n'était pas la première fois qu'un moustique infestait la vie des habitants,

 

 

Cette même année, nous avons vécu une autre menace: celle du choléra. Les égouts à ciel ouvert, l'eau peu traitée ajoutée aux mauvaises conditions de santé et d'hygiène, contribuaient à la prolifération du choléra au Brésil (Súmula 41, Radis, Ano VIII,Abril, 1991). 

 

 

 

La réalité sanitaire du Parque Royalne se différenciait pas beaucoup de celle du Brésil. Il y avait un constat d'incapacité des autorités publiques à enregistrer, à divulguer et à résoudre ces problèmes.

 

 

Ces menaces nous ont mobilisés pour agir face à ce problème.

 

 

Dans un écrit de cette époque, Almeida (1991) analyse les rapports entre le mouvement de la Réforme Sanitaire (12) et la prolifération des épidémies. Il a écrit que la Réforme minimise l’importance de la participation populaire dans la production d’une conscience sanitaire qui pourrait contribuer à la résolution de ces problèmesd'endémie. L'auteur remarque une crise d'effectivité de la Réforme Sanitaire et met en question la problématique de la participation populaire. Mais nous avions un Etat qui ne donnait pas la priorité à la santé, car les gouvernants étaient guidés par la logique de la dette extérieure et intérieure, de l'inflation, des lois du marché et de ses tourmentes et laissaient une marge tendancieuse de négociation, oubliant le Brésilien des couches moins favorisées (Valla, 1998). 

 

 

Cette problématique de la participation populaire doit être analysée dans le contexte où elle apparaît. Dans ce sens, Valla (1998) montre bien les risques d'une participation populaire centralisée par les labyrinthes bureaucratiques, ou par les mains des techniciens. Dans cette problématique sont comprises les demandes de la population et les réponses que l'Etat lui donne, quand il les lui donne.

 

 

Maria Amélia, une habitante du Parque Royal avait l’habitude d'analyser la participation de la communauté traversée par l’urgence d'actions, en disant à plusieurs reprises : Nós não temos tempo a perder, nous n’avons pas de temps à perdre (Ozorio, 2004 : 196). Il est intéressant de rappeler que la distribution très inégale des revenus en vigueur dans le pays faisait résonance au Parque Royal où le revenu par tête représentait 0,25% du salaire minimum, qui à cette époque était de 80 dollars (13).

 

 

(12) La Réforme Sanitaire produite pendant la décennie 80 du XXème siècle, a pomme référence la VIIIe Conferência Nacional de Saúde (VIIIe Conférence Nationale de Santé) de 1986. Ses propositions ont fourni à l'Assemblée Nationale Constituante (ANL), des moyens pour la construction du nouveau système de santé garanti par la Constitution de 1988 (Levcovitz, 1997 : 83-106).

 

 

(13) Selon le recensement fait par la communauté. In : Projeto de Implantação do Núcleo Mèdico de Familia na Communidade do Parque Royal, Projet d’implantation du noyau Médecin de Famille dans la communauté du Parque Royal, Rio de Janeiro : Communauté Parque Royal et allii, 1993.

 

 

Lucia Ozorio

 

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 13:49

 

 

Ahmed Lamihi : Georges Lapassade ou la pédagogie de l'inachèvement

Publication des Dossiers pédagogiques, Tétouan, Maroc, 2013, 114p.

 

 

Cet ouvrage, cet itinéraire, est essentiellement consacré à la contribution de Georges Lapassade à l'élaboration du courant français d'analyse institutionnelle dont il a été l'un des principaux fondateurs. Mais il y est aussi question de ses recherches pédagogiques et ethnographiques et surtout de son intérêt théorique, qui le porte à présenter sous un jour nouveau son tout premier livre sur L'Entrée dans la vie et l'inachèvement de l'homme.

 

 

L'institution au sens actif du terme qui le préoccupe dans ses derniers travaux, n'est plus seulement celle de la société; c'est de plus en plus celle de l'homme même. c'est l'institution de sa propre identité.

 

 

Les entretiens que nous publions ici, tant par leur contenu thématique que par la forme d'un dialogue qui se construit continuellement dans un climat d'incertitude et d'inachèvement, sont l'expression vivante de cette recherche institutionnaliste.

 

 

AHMED LAMIHI, docteur de l'Université Paris -8, est professeur de Sciences de l'éducation à l'Ecole normale supérieure de Tétouan. Il prépare actuellement un ouvrage sur Les pédagogues institutionnels (à paraître en 2014).

 


 

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 07:41
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (3)

Santé et éducation populaire

La dénomination « favela » est déjà chargée du poids de l'histoire et son emploi par les habitants du Parque Royal arrive à des moments bien particuliers. En général, ils n'aiment pas cette dénomination qui, selon eux, servait et sert aujourd'hui encore à ratifier la ségrégation, l'apartheid social en vigueur dans notre pays, contre lesquels ils se révoltent, n'acceptant pas d'être appelés « favelados ». Il s'agit d'une rhétorique, d'une idéologie, qui persiste toujours de nos jours à Rio de Janeiro où les favelas comptent déjà derrière elles 107 ans d'existence et de résistance (Zaluar, et Alvito, 1998). De plus, les plans de « nettoyage » de la ville, décidés par l'Etat, ratifient cette idéologie ségrégationniste.


Pendant ma permanence au Parque Royal, j'ai compris que la dénomination « communauté » plutôt que «favela», choisie par ses habitants, était un mode de résister-résistance à ce contrôle-là. La communauté se réélabore dans l'espace urbain. J'emprunte une expression de Doimo (1995) : «La communauté est adoptée par le peuple » et réalise une production qui désigne un mode de regroupement social historiquement déterminé. Eder Sader (1988) situe ce changement vers 1975 pendant la période de la dictature au Brésil, où de nouveaux personnages sont entrés sur la scène des mouvements sociaux pour résister au pouvoir dictatorial.


Au Parque Royal, cette ségrégation commençait à prendre des proportions dans le domaine de la santé et remettait en cause le texte constitutionnel (10), chapitre santé, article 196, qui affirme la santé comme un droit pour tous et un devoir pour l'Etat de garantir un accès universel et égalitaire. Il est intéressant de remarquer aussi l’article 197 de ce texte, qui relève l'importance des actions des services publics de santé, et l'article 198 qui articule les actions et services de santé à un réseau hiérarchisé et divisé en régions, constituant un système unique pour lequel doivent être adoptées comme directives : la décentralisation, l'intégralité et la participation populaire (Levcovitz, 1997) (11).


A la fin des années 1980, le fait d'attribuer ces fonctions à l'Etat, c'était déclencher des conflits avec les conceptions idéologiques qui défendaient l'Etat minimum du projet néo-libéral. Ces tensions, qui tiennent du paradoxe, ont troublé ce panorama mis de biais. Les propositions réformistes de cette Constitution représentent les plus grandes garanties démocratiques et sociales qu'un texte constitutionnel brésilien n'ait jamais eu (Levcovitz, 1997 : 146). Ces réformes ont été remises en cause par l'adhésion du gouvernement brésilien et d'autres forces politiques, au « Consensus de Washington » (action de l'ensemble des organismes Internationaux : FMI, BID, BIRD) qui offrent un (receitudrio) livre d'ordonnances de recommandations (ou de pressions?) de « règlements structuraux » globaux, comme l'unique solution pour tous les pays du monde (Levcovitz, 1997 : 71 ; Silva Junior. 1998 : 65-67). Comme l'a écrit Levcovitz (1997), cette adoption détruit loi piliers de l'action sociale de l'Etat.

Par contre, cette non-acceptation d'être traités comme des « favelados » de la part des habitants du Parque Royal, nous l'avons remarqué, est présente dans leur quotidien où j'ai pu comprendre que la santé est historique. J'ai compris aussi que celle-ci ne peut pas être considérée seulement du point de vue de la rationalité médicale.


Ainsi, la problématique de la santé, - nous la comprenons en termes d'acteurs sociaux - en fait, il s'agit des modes de « faire santé » des acteurs sociaux. Le Parque Royal, le lieu, est un acteur social privilégié dans ce processus. Ce sont ces modes de «faire santé» que j'appelle Politiques Participatives de Santé.


Il faut remarquer que ce panorama, qui provoquait ces analyses-critiques en 1992, persiste. En 1997, Borja (2000 : 6) parle encore d'une conjoncture sanitaire qui faisait de l'AP3-l le second lieu de décès à Rio de Janeiro, et d'une non-intégration des actions du Secrétariat municipal de santé qui ne réussissait donc pas à faire face aux problèmes affrontés par la population. Sader (2003), dans ces analyses pour une Vengeance de l'histoire (le titre de son livre), insiste sur une politique qui pourrait faire face au néo-libéralisme, au Consensus de Washington.


(9) A la date où j'écris cet article : avril 2005.


(10) Brasil, Constituição Fédéral. Brasilia, 1988.


(11) L'universalité et l'égalité des droits trouvent leur expression dans des politiques sociales telles que celles du «Welfare State» en Europe (Levcovitz, 1997). Elles proposaient une réorganisation locale du Welfare MAIE avec la participation et le contrôle social de la Réforme Sanitaire Italienne (Levcovitz. 1997 : 130-131). Le processus de restructuration du Welfare State est traversé par la crise fiscale des années 1970 des économies développées, qui a de fortes répercussions sur les systèmes de sécurité sociale.

 

 

 

Lucia Ozorio

 

 

 

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30 mai 2013 4 30 /05 /mai /2013 14:33

 

L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (2)

 

 

Mon travail de recherche, qui a des moments de recherche-action (6), se nourrit de questions posées par ce que j'appelle les Politiques Participatives de Santé, développées par les habitants du Parque Royal entre 1991 et 1999. Pour comprendre les luttes de la population dans la construction de ces politiques, je considère leur potentiel instituant, créateur face aux problèmes qu'elles doivent affronter, autant que les vicissitudes des médiations qui caractérisent leurs relations avec l'Etat, mais aussi avec d'autres acteurs, dévoilant, soit le caractère ambigu, soit le caractère institutionnalisé qu'elles adoptent en certaines conjonctures.

 

 

Par contre, par certains côtés, nous ne sommes pas loin des formes de travail de l'observation participante (7) chères à Georges Lapassade (1996). Il existe aussi une proximité de posture avec la démarche ethnologique de Gérard Althabe (2002) sur le terrain de Madagascar qui tente de comprendre la place que les habitants donnent à l'étranger dans les constructions symboliques.

 

 

Au début de mon travail sur le terrain, ma préoccupation était de rester discrète, de laisser parler les habitants. L'idée d'intervenir, puis d'écrire, est venue progressivement. L'idée de garder des traces des luttes, des initiatives des habitants s'est imposée progressivement à la communauté. La recherche, puis la thèse, répond à une sorte de demande de la communauté. C'est cette demande (que j'ai eu du mal à expliciter au départ), qui légitime ma recherche.

 

 

Ces politiques contribuent à la compréhension des démarches de la décentralisation, de la participation et du contrôle populaires prévus par le Système Unifié de Santé de l'Etat brésilien (SUS), légitimé par la Constitution du Brésil en 1988 (9).

 

 

Ces politiques racontent une histoire de la santé à Rio, celle du peuple du Parque Royal, au sens où je comprends l'histoire, c'est-à dire, la reconstruction d'un passé qui sert au combat.

 

 

La mondialisation est mise en question. L'Etat brésilien est surtout préoccupé d'inscrire le pays dans les pays en tête de développement. Mais cette centration sur certains critères internationaux se fait souvent au prix d'un abandon de secteurs entiers de la vie sociale nationale. La population se bat pour amener l’Etat à prendre en compte ses périphéries. Alors que l'on voyait se développer des politiques appelant au dépérissement de l'Etat au cœur de la centralité, le paradoxe des luttes du Parque Royal, c'est de demander davantage d'engagement de l'Etat dans le local.

 

 

Dans ce texte, nous allons considérer ces politiques comme des analyseurs des processus d'auto-éducation que les collectifs parviennent à se donner. On voit, à travers ces politiques, qu'en fait, tout un processus d'auto-formation reste une pratique actuelle. A côté de l'école, il existe une place, sur le terrain de l'éducation des adultes, pour une théorisation des actions ayant une force instituante. Les idées de Paulo Freire sur l'éducation contribuent à faire comprendre ces tonnes particulières de socialisation communautaire, ainsi que les interférences du chercheur ou du travailleur de santé dans ces formes - là.

 

 

Par rapport à ma boîte à outils, outils qui ont fonctionné pomme des repères clignotants, je peux dire que je les considère comme des repères théoriques qui se veulent opératoires dans une situation de recherche-action. Ces repères vont m'aider à comprendre la complexité de ce qui arrive sur le terrain, au fur et à mesure que le terrain va permettre la fonctionnalité ou non de ces repères.

 

 

Je vais les prendre dans la bibliothèque de l'archéologue, de l'anthropologue, de l'ethnologue, de l'analyse institutionnelle, de la littérature, de l'art, de la philosophie, de la psychanalyse, du mouvement de l'éducation populaire et santé. Cette bibliothèque peut également s'enrichir de celle du savoir populaire dont le quotidien est une ressource.

 

 

 

(6) La recherche-action, mode de recherche plus axée sur le terrain, considère l'implication du chercheur qui interfère dans le processus de changement social avec les autres acteurs sociaux. La recherche-action pose la problématique de la relation chercheur-sujet dans une situation de recherche, mais aussi dans une situation sociale. Relation triadique, qui met en œuvre les interférences entre les deux acteurs du processus et qui va s'organiser dans un troisième moment, celui de la singularité (Ozorio, 2004),

 

 

(7) L'observation participante, un mode de recherche aussi très axé sur le terrain, prend à l'ethnologie une perspective, un regard qualitatif, multiréférentiel. Elle considère la contiguïté, un critère de l'observation la plus fine, en privilégiant une vision métonymique de la connaissance à son premier stade. L'implication du chercheur est mise en cause d'une façon singulière par la « définition de la situation » par les acteurs sociaux qui participent du processus (Lapassade, 1996).

 

 

(8) Brasil, Constituição Federal Brasilia, 1988.

 

 

 

Lucia Ozorio

 

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 11:00

L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (1)

 

 

Introduction

 

 

« Eu me intéresso pela saúde porque saúde é vida. Je m'intéresse à la santé parce que la santé, c'est la vie. » Jeanne, habitante du Parque Royal

 

 

«  A saúde é muito importante. Quando a gente val festejar alguma coisa a gente fala : Saúde! ! !

La santé, c'est très important. Quand nous devons fêter quelque chose, nous disons : Santé!!!» Maria Amélia. habitante du Parque Royal

 

 

 

Ce texte porte sur la recherche que j'ai menée au Parque Royal (2) (Ozório, 2004). Cette recherche portait sur des Politiques Participatives de Santé, processus de construction collective de la santé. Le Parque Royal, une communauté située dans le quartier d'Ilha du Govemador, à Rio de Janeiro, Brésil, est l'un des acteurs fondamentaux de ce processus. Ma démarche répond à l'un de mes désirs, mais aussi aux désirs de ses habitants. Polaco et Santos, deux des leaders de la communauté, ont toujours exprimé le souhait que leurs luttes soient connues dans le monde. J'ai toujours compris ce désir comme une recherche d'ouverture au monde de la cause populaire.

 

 

Je tente de montrer comment cette communauté - terme que je préfère à celui de favela - comment cette communauté, qui compte environ huit mille habitants, s'organise pour vivre. Je me suis' d'ailleurs efforcée de restituer la parole des habitants, de montrer leurs logiques de réflexivité, de conserver le vécu, et de prendre en compte l'historicité qui traverse leurs pratiques, afin d'avoir accès à la santé.

 

 

Je suis restée au Parque Royal de 1991 à 1999. En 1997, l'endroit où est situé le Parque Royal était répertorié comme la deuxième zone de Rio de Janeiro où le taux de mortalité était le plus élevé (Borja, 2000).

 

 

La communauté du Parque Royal est le produit de migrations successives de populations diverses, dont certaines, originaires du nord-est brésilien, sont arrivées avec le rêve de la «grande ville, Rio ». L'Etat, la ville, cherchent à se désimpliquer du quotidien que vivent les habitants du Parque Royal. Ses habitants s'organisent donc pour obtenir l'eau, l'électricité, un minimum d'urbanisme (goudronnage des rues, ramassage des ordures...) et pour résoudre de nombreux problèmes, notamment ceux liés à l'éducation et à la santé. Dans les initiatives de la communauté, une dialectique centre et périphérie joue en permanence.

 

 

Mon détachement en tant que «personnel de santé» par l'hôpital Loreto, -qui relève du Secrétariat de la Santé de la municipalité de Rio de Janeiro-, est à l'origine de mon implication (3) dans ce quartier. J’exerce le métier de psychologue, coordinatrice de santé mentale dans cet hôpital. Je suis donc fonctionnaire de l'Etat. J’y pratiquais la socianalyse (4) en essayant d'appliquer une politique d’ouverture et donc d'intervention à l'intérieur et à l'extérieur de l’établissement. Je voulais d'autres destins pour la santé, autres que les murs des hôpitaux.

 

 

En 1996, nous étions à Rio de Janeiro dans une période pré-électorale. J'ai été licenciée de mon poste à l'hôpital à cause d'une crise que j'avais dû affronter dans ma lutte contre les politiques étatiques en vigueur. Les hommes d'Etat ne voulaient pas de moi au Parque Royal, ils préféraient quelqu'un qui serve leurs intérêts. Cette crise aété un analyseur de mon implication dans le rôle d'un fonctionnaire de l'Etat qui voulait intervenir dans les politiques étatiques en vigueur. En tant que psychologue/ coordinatrice de santé mentale, je m'étais donnée quelques attributions qui, pour unes, contribuaient à déranger ou à détruire la «santé» de l’hôpital et du Secrétariat de la Santé de la municipalité du Rio de Janeiro. Et les analyseurs (R. Lourau, 1978), ces ouvertures aux multiplicités, s'offraient à moi comme des vecteurs d'analyses multiples qui m'empêchaient d'oublier la politique du quotidien de la santé : ce   terrain,   -   pour  reprendre  une  terminologie de l’ethnographie-, propice à ce que l'on ait accès aux contradictions au sein des institutions (5).


Cette même année, il m'est apparu qu'un engagement dans une recherche universitaire pourrait m'aider à penser le travail d’intervention que je menais. René Lourau, qui venait alors assez souvent au Brésil, a accepté de suivre mon travail.

 

 

(1) Psychologue, chercheuse associée à Experice (Centre de recherche en éducation habilité. Paris 13-Paris 8 ; France) - Université Paris 8, France ; à l’ANEPS-RJ (Articulação Nacional de Movimentos e Práticas de Educação Popular e Sáude, Articulation Nationale de Mouvements et Pratiques de l’Education Populaire et Santé - Rio de Janeiro, Brésil.


(2) Il s’agit de la recherche sur laquelle j'ai écrit ma thèse de doctorat, soutenue en 2001 à l'Université de Paris 8 (Ozório, 2004). Dans ce texte, je m’inspire de cette thèse, à laquelle j'emprunte quelques parties.


(3) L’implication, qui se réfère à la nécessaire analyse de nous-mêmes impliqués dans le monde, est considérée par l’analyse institutionnelle comme un dispositif indispensable pour intervenir sur le terrain (Lourau, 1997, Lapassade, 1996).


(4) Socianalyse - mise en acte de l'AI dans le quotidien, soit d'un établissement, soit sur le terrain de recherche.


(5) Je considère la compréhension que l'analyse institutionnelle a de l'institution, comme du mouvement des forces sociales faisant et défaisant les formes sociales (R. Lourau, 1978 : 69).

 

 

 

Lucia Ozorio (1)

 

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 09:45

 

Recherche-intervention : Un mode de recherche et d'agir dans la formation (5) 

 

 

Nous ne pourrions affirmer ici que toutes les relations avec les stagiaires étaient « pacifiques » ou harmonieuses, comme déjà dit, puisque nous en comptons toujours une bonne douzaine par an qui sursautent encore quand ils sont sollicités en situation de classe.

 

 

Parce que nous ne les avons pas toujours trouvés disponibles (beaucoup se refusant même à bouger physiquement en comparaison avec le tout petit nombre qui « aide » spontanément), nous croyons que ces stagiaires ne sont presque jamais préparés et ne se machinent pas, suivant une expression chère à Guattari (op. cit., 1987), aux « pulsations politiques du désir » dont nous parle cet auteur. Nous demanderons donc à quoi sert ou à qui servent de telles « pratiques d'enseignement »?

 

 

En raison de ce qui est exposé, nous évaluons comme Rocha (op. cit., 2000) qu'il existe sûrement des tensions sur le terrain d'intervention - et dans la pratique d'intervention de l'enseignant en Psychologie - dans son interface avec l'éducation car, d'après nous, ce serait la formation académique même qui causerait des difficultés au développement de micro-politiques transformantes de la réalité éducationnelle, en empêchant de thématiser collectivement la vie quotidienne de l'école.

 

 

En fait, ce que nous pouvons inférer de l'attente du professionnel/apprenti (l’élève/stagiaire), c'est qu'il est imprégné d'innombrables intentions d'interventions qui, à notre avis, seraient un peu trop « sylvestres » en regard de ce qui devrait être exigé lors d'une formation académique : disons un peu trop... sauvages ! C'est sur ce point particulier que nous défendons une proposition de stage qui ne se contente pas d'offrir juste une «formation continue» (Candau, 2001) au niveau théorique, mais qui déploie ses pratiques comme un chemin vers une pratique effective enseignante, ne s'agissant pas de pratique enseignante future, comme il est souvent dit, mais plutôt d'agencements (collectifs) d'énonciation (Guattari, id.ib.,1991) ici et maintenant. Pourquoi pas ?

 

 

C'est parce que nous comprenons que l'enseignant en classe ne devrait pas être le seul à exercer l'entière (et recommandée) « liberté in catedra » contre lui et ses élèves-, que nous proposons ce travail, en notre nom, celui de nos élèves du Cours Normal et de nos professionnels/apprentis de l'Enseignement Supérieur.  Sujeitos conectores (Barbier, 1977), qui, en dépit de tout, arrivent encore à se ivre des déconstructeurs de l'ennui et du malaise régnant dans les institutions éducatives.

 

 

 

Références bibliographiques

 

ALTOÉ, Sonia Elisabete (1980). Anàlise Institucional de uma instituiçâo para Crianças Excepcionais. Mémoire de D.E.A. Université Paris VIII, Paris.

BARBIER, René (1977). A Pesquisa-Ação na Instituição Educativa. Rio de Janeiro : Zahar Editores.

BARTHES, Roland (1989). Aula. Trad. de Leyla Perrone-Moisés. Ed.98765. São Paulo : Cultrix.
CANDAU, Vera Maria et alii (org.)(2001). Formação Continuada dos Professores.Tendências   Atuais. In CANDAU, V.Ma. Magistério.Construção Cotidiana (pp51-68). Rio de Janeiro : Vozes.

COIMBRA, Cecilia Ma Bouças (1990). A Divisão Social do Trabalho e os Especialismos Técnico-Cientificos. In : Revista do Departamento de Psicologia da UFF. Ano II, no 2. (pp.9-14). Rio de Janeiro : Universidade Fédéral Fluminense.

FOUCAULT, Michel (1990). Microflsica do Poder. Org. Roberto Machado.9 ed. Rio de Janeiro : Ed. Graal.

FUGANTl, Luiz Antônio (1990). Saúde, Desejo e Pensamento In : LANCETTI, Antonio (org.) Saudel Loucura (pp 19-81 ) Sâo Paulo : Ed.Hucitec.

GUATTARI, Félix. (1987). Revolução Molecular : Pulsações Politicas do Desejo. Trad.Suely Rolnik 3 ed, São Paulo : Ed. Brasiliense.

LOURAU, René (1993). René Lourau na UERJ : Análise Institucional e Práticas de Pesquisa. Rio de Janeiro : UERJ.

ROCHA, Marisa Lopes et alii (2000), Educação em Tempo de Tédio ; um Desafio Micropolitico, In : Psicologia e Educação (pp. 185-205) São Paulo : Casa do Psicólogo.

RODRIGUES, Heliana de Barros Conde et alii (Orgs.) (1992). Grupos e Instituições em Análise. Rio de Janeiro : Ed. Rosa dos Tempos.

 

 

Sonia Maria Pellegrini de Azeredo

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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