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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 07:41
L'analyse institutionnelle et la santé comme manifestations de la communauté (3)

Santé et éducation populaire

La dénomination « favela » est déjà chargée du poids de l'histoire et son emploi par les habitants du Parque Royal arrive à des moments bien particuliers. En général, ils n'aiment pas cette dénomination qui, selon eux, servait et sert aujourd'hui encore à ratifier la ségrégation, l'apartheid social en vigueur dans notre pays, contre lesquels ils se révoltent, n'acceptant pas d'être appelés « favelados ». Il s'agit d'une rhétorique, d'une idéologie, qui persiste toujours de nos jours à Rio de Janeiro où les favelas comptent déjà derrière elles 107 ans d'existence et de résistance (Zaluar, et Alvito, 1998). De plus, les plans de « nettoyage » de la ville, décidés par l'Etat, ratifient cette idéologie ségrégationniste.


Pendant ma permanence au Parque Royal, j'ai compris que la dénomination « communauté » plutôt que «favela», choisie par ses habitants, était un mode de résister-résistance à ce contrôle-là. La communauté se réélabore dans l'espace urbain. J'emprunte une expression de Doimo (1995) : «La communauté est adoptée par le peuple » et réalise une production qui désigne un mode de regroupement social historiquement déterminé. Eder Sader (1988) situe ce changement vers 1975 pendant la période de la dictature au Brésil, où de nouveaux personnages sont entrés sur la scène des mouvements sociaux pour résister au pouvoir dictatorial.


Au Parque Royal, cette ségrégation commençait à prendre des proportions dans le domaine de la santé et remettait en cause le texte constitutionnel (10), chapitre santé, article 196, qui affirme la santé comme un droit pour tous et un devoir pour l'Etat de garantir un accès universel et égalitaire. Il est intéressant de remarquer aussi l’article 197 de ce texte, qui relève l'importance des actions des services publics de santé, et l'article 198 qui articule les actions et services de santé à un réseau hiérarchisé et divisé en régions, constituant un système unique pour lequel doivent être adoptées comme directives : la décentralisation, l'intégralité et la participation populaire (Levcovitz, 1997) (11).


A la fin des années 1980, le fait d'attribuer ces fonctions à l'Etat, c'était déclencher des conflits avec les conceptions idéologiques qui défendaient l'Etat minimum du projet néo-libéral. Ces tensions, qui tiennent du paradoxe, ont troublé ce panorama mis de biais. Les propositions réformistes de cette Constitution représentent les plus grandes garanties démocratiques et sociales qu'un texte constitutionnel brésilien n'ait jamais eu (Levcovitz, 1997 : 146). Ces réformes ont été remises en cause par l'adhésion du gouvernement brésilien et d'autres forces politiques, au « Consensus de Washington » (action de l'ensemble des organismes Internationaux : FMI, BID, BIRD) qui offrent un (receitudrio) livre d'ordonnances de recommandations (ou de pressions?) de « règlements structuraux » globaux, comme l'unique solution pour tous les pays du monde (Levcovitz, 1997 : 71 ; Silva Junior. 1998 : 65-67). Comme l'a écrit Levcovitz (1997), cette adoption détruit loi piliers de l'action sociale de l'Etat.

Par contre, cette non-acceptation d'être traités comme des « favelados » de la part des habitants du Parque Royal, nous l'avons remarqué, est présente dans leur quotidien où j'ai pu comprendre que la santé est historique. J'ai compris aussi que celle-ci ne peut pas être considérée seulement du point de vue de la rationalité médicale.


Ainsi, la problématique de la santé, - nous la comprenons en termes d'acteurs sociaux - en fait, il s'agit des modes de « faire santé » des acteurs sociaux. Le Parque Royal, le lieu, est un acteur social privilégié dans ce processus. Ce sont ces modes de «faire santé» que j'appelle Politiques Participatives de Santé.


Il faut remarquer que ce panorama, qui provoquait ces analyses-critiques en 1992, persiste. En 1997, Borja (2000 : 6) parle encore d'une conjoncture sanitaire qui faisait de l'AP3-l le second lieu de décès à Rio de Janeiro, et d'une non-intégration des actions du Secrétariat municipal de santé qui ne réussissait donc pas à faire face aux problèmes affrontés par la population. Sader (2003), dans ces analyses pour une Vengeance de l'histoire (le titre de son livre), insiste sur une politique qui pourrait faire face au néo-libéralisme, au Consensus de Washington.


(9) A la date où j'écris cet article : avril 2005.


(10) Brasil, Constituição Fédéral. Brasilia, 1988.


(11) L'universalité et l'égalité des droits trouvent leur expression dans des politiques sociales telles que celles du «Welfare State» en Europe (Levcovitz, 1997). Elles proposaient une réorganisation locale du Welfare MAIE avec la participation et le contrôle social de la Réforme Sanitaire Italienne (Levcovitz. 1997 : 130-131). Le processus de restructuration du Welfare State est traversé par la crise fiscale des années 1970 des économies développées, qui a de fortes répercussions sur les systèmes de sécurité sociale.

 

 

 

Lucia Ozorio

 

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

voir aussi : http://journalcommun.overblog.com 

 

et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

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