Championnet, mercredi 10 janvier 2001
Nous sommes arrivés à l’heure pour le mini-tennis. Ce matin, levé très tôt pour terminer mon texte sur Le sens de l’histoire, je rentre dans mon bureau avec mon café à la main sans allumer la lumière. Et je renverse mon café sur le clavier de l’Imac qui, du coup, ne fonctionne plus.
J’étais bien parti pourtant hier soir dans la relecture de ce texte, que j’ai suspendu à 18 h 45, pour aller 110, rue de Grenelle. Le moment mondain a succédé au moment d’écriture sans transition. Je n’ai pas eu le temps de me changer, ce qui me donnait un look «différent» des recteurs, inspecteurs généraux invités au Ministère. Mais j’étais là pour les Verts, et c’est normal d’être différent, quand on représente les écolos! Beaucoup de gens, dont un certain nombre de connaissances. J’ai pu échanger quelques mots avec Jack Lang qui était heureux d’apprendre qu’un étudiant de Reims (il y enseignait quand je faisais ma licence de droit) était devenu prof de fac. Mais c’est surtout avec Jean-Luc Mélenchon, secrétaire d’Etat à l’Enseignement professionnel, que j’ai pu parler de notre commission éducation. Il m’a dit que si nous l’invitions, il serait prêt à participer à l’une de nos réunions.
Échanges avec Renaud Fabre qui voudrait que je passe le voir à la présidence de Paris VIII. Avec lui, j’ai évoqué le centenaire de Lefebvre. Il a lu Logique formelle et logique dialectique (2e édition chez Anthropos). Il trouve bonne l’idée de le rééditer. J’ai également rencontré Noëlle Châtelet qui fut l’épouse de François, le philosophe, de 1964 à 1985. Elle est l’auteur de onze romans chez Stock, Gallimard. J’ai salué Francine Demichel. J’ai discuté avec Denis Huisman qui m’a proposé d’écrire un chapitre sur «Le marxisme français en philosophie», pour un ouvrage collectif qu’il coordonne chez Plon sur L’histoire de la philosophie française. Il m’a raconté tous les potins entourant l’aventure du Dictionnaire des philosophes. On a parlé des effets du livre de Jean-François Raguet sur les PUF. J’ai retrouvé quelques amis ayant des fonctions au ministère, dont Thierry Talon (qui fut chargé de cours à Paris VIII à la grande époque de Georges Lapassade). On a parlé de H. Lefebvre. Il a suivi ses cours à l’école pratique en 1968-1969! Je n’ai pas pu voir E. Morin qui était là. Bref, trois heures de contacts riches et cinq ou six coupes d’un excellent champagne. Le buffet était magnifique.
Dans le courrier classé hier, une lettre de Danielle Guiller me demandant une «commande éditoriale». Lui ai-je passé cette commande? Cette lettre, non datée, doit être de juin 1998. Est-ce le dernier contact que j’ai eu avec elle?
Il y a deux moments dans l’écriture d’un livre: celui où l’on façonne les briques, celui où l’on construit l’œuvre. La deuxième phase est celle où les choses s’agencent. On est obligé d’écrire des transitions. La logique du plan apparaît alors progressivement et conduit à refaire des morceaux nécessaires pour l’harmonie de l’ensemble. La relecture est longue. Elle doit être multiple et plurielle. A ce moment-là, on introduit des notes, des renvois qui valorisent le texte. Il faut savoir finir. Dans le journal, la construction est une ligne de production de brique. On escamote la seconde phase du travail.
Remi Hess
http://lesanalyseurs.over-blog.org