2.1.1.2. Le concept de moment
L’historicité est une succession de moments, elle forme une totalité. Elle se détermine comme finie dans une lecture du passé et infinie dans les perspectives à venir. Comment définir le début d’un moment, si ce n’est par «l’évènement » qui le produit ? C’est une forme d’ambiguïté, un fait remarquable qui le constitue.
Selon Remi Hess, la théorie des moments s’explique à la fois dans le temps et dans l’espace. Et, « pour entrer dans cette distinction, la langue allemande distingue deux genres au terme de « moment ». D’abord, le neutre : das Moment renvoie au latin momentum (poids) proche parent de movimentum (mouvement), c'est-à-dire facteur déterminant dans une dynamique. Par contre, au masculin, der Moment renvoie à une durée temporelle à confronter à la notion d’instant. Le moment est alors un espace-temps d’une certaine durée, d’une certaine épaisseur. Le moment historique est identifiable dans une dynamique temporelle. Le moment anthropologique sera davantage dans la spatialisation. Il apparaît alors comme le conçu d’une forme que l’on donne à un vécu qui se produit et se reproduit dans un même cadre physique et/ou matériel (R. Hess et K. Iliade, 2006, p. 79) ».
Selon Henri Lefebvre, le temps n’est pas linéaire, et qu’il n’y a pas toujours évolution. Le temps fléchit car il le pense en moment et que certains moment évoluent à différentes vitesse. Le moment se différencie alors par son intensité dans le vécu présent. De la sorte, « il se formerait donc à l’intérieur de chaque conscience individuelle ou sociale des durées intérieures à elles-mêmes pendant un certain laps de temps, se maintenant sans pour cela s’immobiliser ou se mettre hors du temps : le moment (H. Lefebvre, 19594, p. 226) ».
Ainsi, la structure de l’historicité est déterminée par ces deux formes. La phase régressive se définit en moments délimités par des bonds, des points de rupture et des débuts comme des fins. Il existe donc dans l’historicité à la fois la discontinuité d’Hegel et l’effet continu de la production de l’homme par la connaissance comme Marx le signifie. Puisque, dans le temps et dans le mouvement, les « savoirs » évoluent, se forment, se transforment et se mystifient aussi. Ainsi se détermine la conscience publique qui les intègre comme connaissance indiscutable.
Sandrine Deulceux
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