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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 10:00

2.1.1.2. Le concept de moment

 

L’historicité est une succession de moments, elle forme une totalité. Elle se détermine comme finie dans une lecture du passé et infinie dans les perspectives à venir. Comment définir le début d’un moment, si ce n’est par «l’évènement » qui le produit ? C’est une forme d’ambiguïté, un fait remarquable qui le constitue.

 

Selon Remi Hess, la théorie des moments s’explique à la fois dans le temps et dans l’espace. Et, « pour entrer dans cette distinction, la langue allemande distingue deux genres au terme de « moment ». D’abord, le neutre : das Moment renvoie au latin momentum (poids) proche parent de movimentum (mouvement), c'est-à-dire facteur déterminant dans une dynamique. Par contre, au masculin, der Moment renvoie à une durée temporelle à confronter à la notion d’instant. Le moment est alors un espace-temps d’une certaine durée, d’une certaine épaisseur. Le moment historique est identifiable dans une dynamique temporelle. Le moment anthropologique sera davantage dans la spatialisation. Il apparaît alors comme le conçu d’une forme que l’on donne à un vécu qui se produit et se reproduit dans un même cadre physique et/ou matériel (R. Hess et K. Iliade, 2006, p. 79) ».

 

Selon Henri Lefebvre, le temps n’est pas linéaire, et qu’il n’y a pas toujours évolution. Le temps fléchit car il le pense en moment et que certains moment évoluent à différentes vitesse. Le moment se différencie alors par son intensité dans le vécu présent. De la sorte, « il se formerait donc à l’intérieur de chaque conscience individuelle ou sociale des durées intérieures à elles-mêmes pendant un certain laps de temps, se maintenant sans pour cela s’immobiliser ou se mettre hors du temps : le moment (H. Lefebvre, 19594, p. 226) ».

 

Ainsi, la structure de l’historicité est déterminée par ces deux formes. La phase régressive se définit en moments délimités par des bonds, des points de rupture et des débuts comme des fins. Il existe donc dans l’historicité à la fois la discontinuité d’Hegel et l’effet continu de la production de l’homme par la connaissance comme Marx le signifie. Puisque, dans le temps et dans le mouvement, les « savoirs » évoluent, se forment, se transforment et se mystifient aussi. Ainsi se détermine la conscience publique qui les intègre comme connaissance indiscutable.

 

Sandrine Deulceux

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20 avril 2011 3 20 /04 /avril /2011 16:50

2.1 Les différentes phases de cette méthode

 

2.1.1. La phase régressive

 

 

          Production de l'homme : mouvement

         ----------------------------------------------------

 

         fin/deb                   fin/deb              fin/deb

 

              ↓                                                        

 

( ...)  -------------------------------------------------------- ( ...)

              [ moment]    

                          ↑                              

            [         période         ] [      période      ] 

 

        ←---------------------------------------------------------

                                Historicité

 

 

 

 

             

2.1.1.1. L’historicité

 

L’histoire doit avoir un sens en rapport aux champs de l’économie, de la politique, de la religion, et de la technique. Le passé se lit car les faits ne peuvent plus être vécus. Donc, H. Lefebvre, se donne les moyens en allant à la rencontre de ces philosophes. À partir de leurs textes, il reconstitue la réalité des faits, en tenant compte du processus du mouvement social de l’homme pour aller vers une pensée plus significative. L’aliénation des hommes par les doctrines de l’époque augmente la difficulté de saisir chaque mode de raisonnement, et complexifie davantage la lecture du passé. C’est donc le moyen le plus sûr, car c’est dans les traces que l'expérience du vécu se situe. En effet, Henri Lefebvre se méfie de l’interprétation des historiens. Elle semble faussée par leur conscience personnelle des faits.

 

C’est pourquoi Henri Lefebvre attache une grande importance à l’historicité, à son rétablissement lors de la phase régressive. Le schéma (ci-dessus) représente les moments inscrits dans une période. Il globalise l’ensemble des particularités, d’une société à une époque donnée. Cependant, lorsque l’historicité se lit et s’étudie, c’est en rapport à un fait particulier, un moment précis. De la fin d’un moment, au début d’un autre, chacun d’eux se reproduit dans leur forme : de la naissance à leur mort. Comme l’exprime Nietzsche dans « le retour éternel : Que serait-ce si, de jour ou de nuit, un démon te suivait une fois dans la plus solitaire de tes solitudes et te disait : - Cette vie, telle que tu la vis actuellement, telle que tu l’as vécue, il faudra que tu la revives encore une fois, et une quantité innombrable de fois ; et il n’y aura en elle rien de nouveau, au contraire ! Il faut que chaque douleur et chaque joie, chaque pensée et chaque soupir, tout cela dans la même suite et le même ordre - et aussi cette araignée et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant et moi-même. L’éternel sablier de l’existence sera retourné toujours à nouveau - et toi avec lui, poussière des poussières ! (H. Lefebvre, 1939², p. 182) ».

 

Plusieurs philosophes présentent l’historicité de différentes manières. Selon Hegel, le concept représente d’une part la finitude. C’est-à-dire « détermination et limitation des processus, bornes inhérentes aux conditions de ce qui naît dans le mouvement»; la finalité comme « orientation, sens (double objectif et/ou subjectif), destination ou destin annoncé, devenir prévisible et cependant surprenant, en bref intelligibilité sur le regard du superficiel » ; la finition qui est « achèvement perfection selon le modèle de l’art (achèvement et perfection conforme à la « nature » ou à l’«essence » de la chose donc forme adéquate à son contenu (H. Lefebvre, 1970²c, p. 114) ». Pour Marx, l’historicité est l’histoire de l’évolution de l’homme, car l’homme construit son histoire par sa production. Ainsi, « l’histoire est l’histoire naturelle de l’homme », dit Marx, mais cette naissance est un dépassement, et un dépassement de plus en plus conscient. L’homme actif modifie la nature - autour de lui et en lui-même. Il crée sa propre nature en agissant sur la nature. Il se dépasse en la nature et la dépasse en lui. En la façonnant à ses besoins il se modifie dans son activité et se crée de nouveaux besoins. Il se forme et se saisit comme puissance en créant des objets, des « produits » ; Il progresse en résolvant activement les problèmes posés par sa propre action (H. Lefebvre, 19407, p. 114) ».

 

La production de l’homme crée le mouvement. Les changements s’inscrivent dans une contradiction, c’est le mouvement dialectique. Si l’on observe le concept d’historicité sous ces deux expressions, l’une crée le mouvement et l’autre la fixité. L’une exprime le cadre, la période, l’autre l’évolution. Cependant, en rapprochant cette observation de la phase régressive de la méthode, Henri Lefebvre donne une part de raison à ces deux philosophes : Hegel et Marx, car l’historicité, c’est des moments qui sont en mouvement.

 

Sandrine Deulceux

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 11:23

2. La méthode régressive progressive et la pensée transductive

 

Ce choix de la méthode régressive progressive, bien qu’elle soit d’une complexité certaine, est indispensable. Son appropriation est une étape importante pour affiner ma perception de l’œuvre d’Henri Lefebvre. Lors de la préparation de ma note de recherche, j’ai réalisé une première approche théorique ; maintenant, il me semble important de la mettre en pratique dans ce mémoire. Henri Lefebvre se défend d’en être l’auteur, il dit la reprendre de Karl Marx qui l’utilise comme méthode d’analyse et dit l’avoir découverte lors de sa lecture du Capital (17). Il s’est inspiré du matérialisme historique et dialectique pour fonder la méthode régressive progressive.

 

Cet apprentissage de la méthode s’est précisé lors de la lecture de Pascal, écrit par Henri Lefebvre en 1949. Dans ce livre, Henri Lefebvre expose la réalité de la situation de Pascal (18) et de sa contradiction avec la perception qu’en a la société (19). Puis dans un second temps, il exprime les moyens employés pour découvrir les pistes (20) prouvant son argumentation ; et pour finir, il décrit sa stratégie (21) conduisant à une autre considération de la condition de Pascal. J’ai pris conscience, alors, du sens exact de cette méthode et de la place qu’elle prendrait dans ma recherche. Par exemple, elle me permet de remonter le temps, et de mettre en parallèle des faits historiques avec des passages de l’oeuvre d’ H. Lefebvre. Comme il le signale, l’importance n’est pas de situer le contexte, mais de le comprendre et de saisir le sens exact de la conscience collective de l’époque. Donc, connaître le moment où tout bascule : le sens des choses disparaît et s’installent la scolastique et le déterminisme. Je pense aussi cette méthode comme moyen pour comprendre le cheminement d’Henri Lefebvre, et définir le sens réel de ses vérités énoncées. Je tente de suivre à mon tour les traces laissées dans ses livres, et je cherche l’origine de sa réflexion. En effet, l’absence d’Henri Lefebvre augmente la difficulté, il ne peut me contredire ou approuver mon raisonnement. Ainsi, par cette méthode, j’entre en résonnance avec sa pensée, et mes connaissances acquises sont alors en forte relation avec celle de l’auteur.

 

D’autres, avant moi, ont tenté de reprendre cette méthode et de l’appliquer comme moyen de reconstituer un processus de vie, de pensée, d’actions : c’est ainsi que Jean-Paul Sartre a écrit son livre sur Flaubert, L’idiot de la famille. Il me semble donc important à mon tour, de l’expérimenter, en l’appliquant dans l’analyse de mon parcours d’éducation tout au long de la vie. Mon objectif est d’explorer ma propre complexité et mon rapport aux autres, à l’institution et de poser mes perspectives d’avenir.

 

(17) « En décrivant ce qu’il appelle ma méthode réelle avec tant de justesse et, pour autant qu’entre en ligne de compte l’application que j’en ai faite personnellement, avec tant de bienveillance, qu’est-ce que donc que l’auteur a décrit, si ce n’est la méthode dialectique ? Certes, le mode d’exposition doit se distinguer formellement du mode d’investigation. À l’investigation de faire sienne la matière dans le détail, d’en analyser les diverses formes de développement et de découvrir leur lien intime. C’est seulement lorsque cette tâche est accomplie que le mouvement réel peut être exposé en conséquence. Si l’on y réussit et que la vie de la matière traitée se réfléchit alors idéellement, il peut sembler que l’on ait affaire à une construction a priori. […] (Livre I) (K. Marx, 1867, p.17) ». Henri Lefebvre cite aussi ce passage dans le livre écrit en 1963, Karl Marx, Oeuvres choisies 1, aux pages 124-133.

 

(18) « [...] ont dissimulé la vérité dramatique, à savoir que Pascal mourut désespéré, doublement ou triplement hérétique (fidéiste, janséniste, gallican, adversaire de l’infaillibilité du pape, etc. (H. Lefebvre, 1949b, pp. 7-8) ».

 

(19) « La présente étude échappe complètement à cette ambiance singulière, d’un autre âge, entretenue facticement par l’activité intéressée des apologistes et par les universitaires timorés. Aussi objectivement que possible - bien que prenant nettement position et parti dans les débats - elle tente de considérer le jansénisme, l’oeuvre de Pascal, et le Christianisme lui-même, comme des faits historiques dont il est possible dès maintenant d’arrêter les contours (H. Lefebvre, 1949b, pp. 8-9) ».

 

(20) « Dans le cadre de la vie sociale du XVIIe siècle, une première partie s’efforcera donc de définir les diverses tendances idéologiques, et notamment d’esquisser l’histoire politique jansénisme. Chemins faisant, elle amènera au jour les conflits cachés et profonds du « grand siècle », et décèlera l’influence de ses contradictions inavouées sur le style de cette époque, sur le « classicisme », sur la pensée et l’oeuvre de Pascal lui-même (H. Lefebvre, 1949b, p. 9)».

 

(21) « Ensuite, après avoir brièvement résumé la vie de Pascal et analysé en lui la conscience malheureuse, la conscience tragique de son époque, les autres parties de cette étude examineront son oeuvre scientifique, son oeuvre polémique, son oeuvre métaphysique, de façon à retrouver les détours de sa pensée et à montrer les raisons de son échec final (H. Lefebvre, 1949b, p. 9) ».

 

Sandrine Deulceux

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 09:46

Conclusion

 

En découvrant l’œuvre d’Henri Lefebvre, j’ai pris conscience du concept de dialectique. Il m’offre la possibilité d’atteindre ce sens aiguisé de la réflexion indispensable à la formation de l’esprit critique du chercheur. La dialectique est complémentaire de la méthode régressive progressive, car elle permet de discerner la contradiction dans le mouvement de la société et le moment où tout change.

 

J’ai souhaité induire un rapprochement entre le sens de la dialectique et le sens critique. Pour ma part, la méthode régressive progressive, travaille sur plusieurs niveaux et ne peut fonctionner que si l’auteur de la recherche s’appuie à la fois sur la dialectique pour déterminer la réelle contradiction, celle qui permet de produire le bond. Le relativisme prend place pour comprendre la réalité du moment et objectiver au mieux l’ensemble des faits découverts lors de la phase régressive. Être suffisamment critique permet d’objectiver au mieux pour penser la stratégie la plus viable et se pencher vers le futur pour dépasser le présent.

 

Sandrine Deulceux

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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 10:12

1.3. Dialectique, esprit critique : analyse et raisonnement

 

Pourquoi la dialectique forme-t-elle l’esprit critique ? La distinction de la vérité est considérée comme moyen d’approfondir le sens des choses par la contradiction. Par exemple, Henri Lefebvre explique que l’homme a une pensée incomplète et il résout cette déficience en tentant de percevoir l’opposé de chaque déterminisme. Ainsi, il explique ses propos, en indiquant que deux vérités contraires peuvent coexister. Il détermine le sens exact réunissant ces deux vérités. Ainsi, cette méthode combat tout dogmatisme, en exprimant que les doctrines ne sont pas des vérités incontestables. C’est en pensant le relativisme dialectique, qu’il est possible d’envisager toute éventualité et de donner place à une pensée permettant d’admettre comme possible différents paramètres.

 

Il est vrai que celui qui énonce un dogme le prend pour absolu et réel. Pourtant, la place de la vérité est illusoire car « le philosophe peut se transporter d’un seul coup dans les choses elles-mêmes ; il peut rêver qu’il connaîtrait un pur esprit qui se transporterait dans ces choses. Mais ce n’est qu’une imagination et un rêve (H. Lefebvre, 1948²3b, p. 25) ». La vérité se découvre par le tâtonnement, à partir de notre propre expérience et de nos connaissances. Il faut savoir poser des hypothèses et déterminer leur possibilité : accepter les contradictions. La dialectique est la base de toute analyse, car sa méthode donne la potentialité d’examiner toutes les causes : si une réalité existe, son contraire aussi. Donc c’est se donner les moyens d’entrer et de développer le sens de l’esprit critique, pour penser toutes les alternatives et ne pas s’attacher à ses premières impressions. D’après H. Lefebvre, «toute discussion, tout effort pour avancer dans la connaissance, procèdent par confrontation de thèses opposées : le pour et le contre, le oui et le contre, le oui et le non, l’affirmation et la critique (H. Lefebvre, 1948²3b, p. 24) ».

 

D’autre part, il est important d’adjoindre la multiréférentialité des approches afin de projeter son esprit critique dans toutes les dimensions. Les cinq niveaux proposés par Jacques Ardoino sont donc complémentaires et indispensables lorsque l’analyse se confronte à la communauté. Cette posture de l’esprit critique se perfectionne par le savoir acquis, de là s’installe le doute fructueux (16) et m’alerte rapidement, pour signifier le moment du changement. La dialectique, quant à elle, définit les contradictions : « ce qui implique qu’il faut être extraordinairement critique. Il ne faut plus apprendre ou accepter quelque chose que vous ne voyiez pas clairement par vous-même et ne jamais se contenter de répéter ce qu’un autre a pu dire (Krishnamurti, 2006, p. 17)».

 

(16) Je reprends un concept de l’ethnométhodologie exprimant clairement l’idée de ce passage entre l’idée et l’action : « Le doute est un concept à part entière de l’ethnométhodologie. [...] Le doute ethnométhodologique à la différence du doute cartésien, qui précède l’action et la suspend provisoirement en attente du jugement, (à la limite faute de jugement, il n’y a pas d’action), est un doute n’entraînant pas l’immobilisme [...] Le doute ethnométhodologique n’anticipe pas l’action pour la paralyser, il se situe en épigraphe de l’action, il l’encadre, il l’accompagne (H. De Luze, 1997, p. 78) ».

.

 

Sandrine Deulceux

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 10:05

1.2.2. Le relativisme

 

Penser le relativisme, ce n’est pas tant spécifier que toute vérité est acceptable, mais davantage d’entrer dans une pensée qui s’objective en rapport à des repères précis d’espace et de temps. C’est là que la relativité a sa place dans toute analyse critique. C’est donner un sens à la réflexion en considérant une ouverture d’esprit plus apte à comprendre les individus, les sociétés, les cultures et les lieux. Cette approche des sciences sociales est considérée par K. Marx comme plus judicieuse pour prendre en considération les faits sociaux.

 

Si je choisis d’inclure dans ce chapitre le relativisme, c’est qu’il m’a semblé que le lien était fort entre le relativisme temporel et le matérialisme historique. Tous deux considèrent le temps et l’époque comme révélateur de la réalité et de la vérité.

 

Le relativisme permet de remettre en cause le jugement et de considérer la valeur comme non absolue. Protagoras disait : « L’homme est à la mesure de toute chose (Platon, 431 av. JC. - éd. 1997, p. 61) ». La connaissance et les valeurs humaines sont relatives suivant l’éducation et la communauté. L’aspect subjectif des sciences humaines démontrent que toute pensée entre dans le mouvement et se modifie au cours du temps.

 

En travaillant à partir des oeuvres d’Henri Lefebvre et de K. Marx, j’ai pris en considération cette dimension supplémentaire à la construction de l’esprit critique, et à l’explication des contradictions. Le relativisme fait que l’évolution peut sembler profitable au départ. Les changements permettent l’accumulation d’effets contraires et de pensées différentes qui rendent relatif tout choix et toute disposition prise par d’autres générations.

 

Sandrine Deulceux

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 11:43

Chers amis et/ou compagnons de route, collègues, complices de formation, et autres pairs et compères…


Certains parmi vous ont suivi de près (parfois de très près), ou de très loin,  la mise en œuvre de mon travail autour de l’histoire de vie de Jacques Ardoino. J’ai le plaisir aujourd’hui de vous annoncer la publication de mon ouvrage à ce sujet, qui vient clore, après divers parcours, et détours (et plusieurs années de cheminements pluriels), un échange qui fut pour moi une nourriture insoupçonnée autant sur les plans de la pratique de l’entretien et de l’histoire de vie que sur ceux de l’écriture mais aussi concernant une philosophie de la vie que Jacques Ardoino a su si fortement promouvoir et au sujet de laquelle, je l’espère, il n’a pas fini de nous étonner.


Ci-joint la feuille de lancement de l’Harmattan.

Si par hasard vous souhaitiez vous procurer l’ouvrage, vous pouvez également me le faire savoir, afin que je vous en réserve un exemplaire avec les 30% de remise dont je bénéficie. Cela peut être ainsi en même temps une occasion pour nous voir… 
Amitiés
Christine

 

Vient de paraître

 

 

L’Harmattan

Édition -Diffusion

5-7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris

 

JACQUES ARDOINO

Entre éducation et dialectique un regard multiréférentiel

Christine Campini

Collection Histoire de vie et formation

ISBN : 978-2-296- 14034-9; 226 pages Prix éditeur : 21 €

 

Aborder un rivage, aborder une personne, c’est d’abord l’imaginer avant d’en avoir un premier aperçu, avec les lignes de sa silhouette, sa voix, les contrastes de sa nature, les ambiances…

Faire connaissance ça se fait dans la durée, « chemin faisant » dirait Jacques Ardoino. Cette même personne selon qu’on l’écoute telle qu’elle se raconte, telle qu’elle s’écrit ou telle qu’on l’interprète aura, pour un même trait, plusieurs éclairages… Ces allers et retours, réitérations, ou effets de zoom sur la vie d’un homme inscrit dans les sciences humaines comme psychosociologue, philosophe, spécialiste de l’Éducation, le lecteur les retrouvera ici comme autant de variantes sur un même thème par la construction même de ce récit en diverses parties : l’une inscrite dans la linéarité ; l’autre dans la réflexivité des regards ; ou encore dans le « duel » de nos rencontres et, enfin, à travers un jeu narratif, les métaphores d’un récit imaginé plus qu’imaginaire qui fait écho au poème abordé au départ.

Historienne de formation, Christine Campini, rédactrice, animatrice pour son association TRACE d’ateliers d’écriture et de récits de vie, poursuit des recherches à Paris XII en sciences de l’éducation.

 

SOMMAIRE

 

Préface par André de Peretti

Quand la poésie est préambule

 

I - Invitation aux voyages

Sur les quais

L’expédition : acteurs et commandes

Provisions et bagages théoriques…

Feuille de route

 

II - Sur les pas d’un héraut de la Complexité

Une enfance à l’abandon

Sa révolution copernicienne

Une double carrière

Ses duels…

 

III - Portrait kaléidoscope : un philosophe à l’oeuvre

L’entrée dans une pensée dialogique

L’éducateur entre magie et politique

Auteur, autorité, autorisation, autodidaxie ;

les attributs d’un self-made-man…

Philosophe maïeuticien

D’altérations en altérité

Sa relation aux mots écrit et dit le monde

Jeux de miroirs à facettes…

 

IV - L’aventure du « terrain ». Épreuves théorico-pratiques d’une excursion en Négatricité

Mes premiers pas

Mes obstacles et remèdes

Clinique du processus

Postures et attentes de Jacques Ardoino

Bribes d’échanges altérés : je, nous, il…

Quand acteur, auteur, lecteur s’impliquent

 

Pour ne pas conclure… ou comment interroger les fins (et faims) ?

Reconnaissances…

« Violence éthique » de la cohérence

Des limites du non-directif et de la maïeutique

Des dispositifs à adapter

 

Quand la fiction est épilogue, ou la métaphore d’un récit

Concert de subjectivité

Et l’histoire de vie devint biofiction…

 

Bibliographie

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 10:52

1.2. La place de la pensée critique

 

1.2.1. L’esprit critique

 

Le syntagme esprit critique s’explique par le sens donné au terme esprit, énonçant la qualité de l’intelligence, le sens de la réflexion et le principe de la pensée. Le terme esprit fait appel aussi à la réflexion, à la foi subjective dictée par la conscience et objective dirigée par le raisonnement. Le terme « critique » quant à lui vient du grec "kritikos ", qui exprime la capacité de jugement et de discernement. La fusion de ces deux termes, porte le sens d’avoir un esprit critique vers la capacité de raisonnement, de jugement. Elle amène la distinction de la différence, entre le bien du mal, le vrai du faux, en fournissant une argumentation objective.

 

L’esprit critique s’exprime par le doute, il faut savoir remettre en question la valeur des choses pour accéder à la connaissance profonde et déterminer une vérité objective. Les fondements constituants de la société sont remis en cause car leur légitimité d’hier ne peut se stabiliser et s’exprimer à l’identique dans le futur. La recherche de la vérité débute par cette phase de doute, elle se rencontre dans tout mode d’analyse critique, et permet de faire avancer la recherche.

 

Selon Henri Lefebvre, l’esprit critique ne peut se dissocier de l’esprit scientifique « il est nécessaire pour ne pas se satisfaire de l’acquis - pour ne pas confondre le familier avec le connu et pour ne pas croire que tout est déjà connu. Pour pressentir l’inconnu et ne pas le ramener à l’acquis, il faut déjà cette réelle liberté d’esprit, cette insatisfaction profonde de la pensée, qui se définit comme le contraire du pessimiste et du scepticisme, car elle comporte la confiance en la pensée (H. Lefebvre, 2002, p. 27) ».

 

Sandrine Deulceux

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 10:31

1.1.5. Mao Tse Toung

 

Mao comme Marx souhaite connaître le processus de développement des éléments et des phénomènes qui forment les forces en contradiction. Les faits sociaux qui apparaissent, sont souvent complexes car une multitude de contradictions s’accumulent. Pourtant ces contradictions ne sont pas toutes dominantes et une seule peut tout solutionner en étant dépassée, car elle détermine « l'existence et le développement des autres contradictions ou agissent sur eux (Mao Tse Toung, 1937, chap. VI) »15.

 

Par contre les modèles de contradictions principales ne se reproduisent à l’identique, car elles sont dépendantes du contexte en lui-même. De plus, elles peuvent se déplacer ou se relativiser suivant le plan où l’on se place et des développements précédents. Ainsi un système peut s’équilibrer et une contradiction dominante peut prendre la place de la secondaire.

 

L’important pour Mao est de réfléchir et de faire le bon choix car la résolution des oppressions ne peut se résoudre par une solution portée sur une contradiction secondaire. Il discute alors sur l’égalité des moyens à résoudre les contradictions. Pour lui, il y a des aspects principaux et secondaires de la contradiction, et il faut faire l’économie d’une trop grande diffusion de moyen en cas d’aspect non-dominant.

 

(15) Mao Tse Toung, On the contradiction, 1937, http://classiques.chez-alice.fr/mao/contradic5.html, (consulté le 30/04/2010 17 h 36).

 

Sandrine Deulceux

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 10:29

1.1.4. Henri Lefebvre

 

La prise de conscience des possibilités de la dialectique débute pour Henri Lefebvre par sa rencontre avec André Breton qui lui demande de lire l’oeuvre d’Hegel. Puis, son adhésion au Parti communisme en 1928, le conduit à se plonger dans les ouvrages de Marx. Il se dit marxiste car il tente non pas d’appliquer cette conception comme système, mais davantage comme une philosophie du monde en devenir. Henri Lefebvre a vécu deux guerres, l’une en tant qu’adolescent et la suivante dans la résistance. Son besoin à la fin de cette guerre, est de changer la vie ! La communauté de référence prend alors tout son sens. S’affilier permet de se donner de la force et du courage pour dire l’implicite dans l’explicite. L’école de référence facilite l’émergence de nouvelles idées et offre des apports qui complètent ou questionnent les allants-de-soi.

 

Cette description biographique présente Henri Lefebvre et son rapport à la dialectique. Comme ses prédécesseurs, Henri Lefebvre adapte le sens de la dialectique à ses recherches. Ses objectifs sont de développer et de démontrer la contradiction de l’homme dans la société. Son analyse se base sur la situation de l’homme technocrate, le cybernanthrope, l’homme unidimensionnel caractérisée par une spécialisation poussée. Son objectif est de dépasser ce processus de division par l’approche de l’Homme total comme homme multidimensionnel.

 

Dans cette visée, il applique les trois moments de la dialectique d’Hegel, il prolonge le sens de Marx par le dépassement, et déclare l’apogée lorsque l’homme atteindra le statut d’Homme total. Par contre, il découvre le résidu, comme élément disparate. Le résidu ne s’intègre dans aucune catégorie prévue par la normalité, n’adhère à aucun système, c’est un contre modèle. C’est une forme en mutation, l’avant-garde révélatrice de la transformation qui suit son cours, car l’objet porte en lui les éléments de ce qui l’a précédé et apporte avec lui les éléments qui le transformera.

 

Le matérialisme historique et dialectique est la base de toute réflexion. Henri Lefebvre suit la méthode de son maître. Elle se traduit au travers de ses recherches par un procédé nommé régressif progressif qui étudie l’objet en le considérant dans son contexte, se révélant dans une époque donnée et dans une société définie. La société se comprend dans son ensemble car les causes et leurs effets s’entremêlent avec d’autres causes et d’autres effets. Tous les phénomènes de changement appartiennent à une globalité. La société est en perpétuel mouvement. Le désir de l’homme le conduit vers la connaissance comme moyen d’atteindre davantage de liberté. Elle exprime que tout déterminisme engendre une forme de dogmatisme, qui n’est pas une fin en soi.

 

Ainsi, chaque évolution permet de graviter vers une nouvelle forme qui apporte son lot de contradiction. Le mouvement crée la régénération du semblable qui est pourtant différent de l’ancien et apporte de nouvelles contradictions à dépasser de nouveau. Ainsi, dans son livre : La conscience mystifiée, Henri Lefebvre démontre par son exemple son processus :

« Au cours du développement par exemple celui d’un corps vivant - l’état atteint un moment donné n’est pas brutalement supprimé par la vie. Certes, il disparaît, mais il reste quelque chose de lui dans les « moments » ultérieurs. L’enfant se retrouve dans l’adolescent, celui-ci dans l’homme. L’essentiel est gardé et emporté dans le mouvement, élevé au niveau supérieur. Chaque moment est à la fois condition, cause, antécédents, élément, aspect des moments ultérieurs et supérieurs du développement. Il reste présent et enveloppé - dépassé mais contenu, Les conflits et heurts internes ou externes, à un moment d’un être, l’empêchent de se stabiliser et provoquent le mouvement qui oblige à se développer, à dépasser ce moment. Les conflits disparaissent en étant résolus. Leur unité le moment reste enveloppée dans le devenir (H. Lefebvre, 19363, p. 36) ».

 

Contrairement à Hegel, Henri Lefebvre ne spécule pas. Il se projette dans l’avenir stratégiquement. Il propose le possible, et réfléchi dans un programme concret qui se détermine par l’analyse de la contradiction. Ainsi, les possibles existent et Henri Lefebvre prend la décision de les réaliser. La dernière phase de la dialectique est le dépassement : C’est la naissance du troisième terme comme construction d’une réalité meilleure. Notamment, cette loi dialectique se définit par la transformation de la quantité croissante de contradiction et de leur changement d’état en qualité réelle. Dans ce cas, le dépassement peut se traduire selon deux formes de mouvements : l’un au long terme : l’évolution et l’autre plus soudain et brusque : la révolution.

 

Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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