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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 11:22

1.1.3. Karl Marx

 

Bien que Marx étudie Hegel, et se base sur sa philosophie, il est clair que dans ses écrits, il critique l’essentiel de son oeuvre. Il dégage sa propre pensée divergente de celle de son maître.

 

Pour Marx, la dialectique est la représentation du mouvement infini produit par l’homme. L’homme se construit dans la contradiction car ce qu’il pense aujourd’hui, évoluera avec le temps. Sa philosophie le conduit à réfléchir sur la pensée de l’homme qui s’aliène, et perd son individualité par le processus de réification. Les contextes sociaux changent car l’homme se produit lui-même, construit sa propre conscience et répond à ses besoins propres en se réalisant par son activité. Il appartient à une société définie par son temps et son espace et se détermine donc en rapport à ses besoins sociaux. Pour Marx, l’homme tend toujours vers la réalisation de ses potentialités qui sont la source de sa libération car contrairement à Hegel : «Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, mais c’est au contraire leur être social qui détermine leur conscience (K. Marx, 1846 - éd. 1966, p. 37) ».

 

Pour Marx, le mouvement est sans fin, il n’y a aucune raison d’approuver une situation plus qu’une autre puisqu’elles sont dépendantes du contexte et de son historicité. L’histoire ne peut s’expliquer avec les mots d’aujourd’hui, donc il s’évertue à produire son analyse par le matérialisme historique et dialectique, permettant d’exprimer les événements selon les niveaux : économique, politique, intellectuel de l’époque qu’il perçoit dans les contradictions.

 

Marx comme Hegel utilise la dialectique comme une méthode d’analyse, elle est vectrice du raisonnement, et elle détermine un sens critique plus aiguisé. Ils développent ainsi leur propre argumentation. Par contre, Marx fonde ses recherches sur le fait que les hommes sont auteurs et acteurs de leur vie, et tente de découvrir comme Hegel l’essence de l’homme d’après l’existence des générations précédentes et de la conscience historique. Sa critique se base essentiellement sur le développement du système capitaliste et de sa contradiction avec la nature propre de l’homme. Celui-ci tente de se dépasser et de se produire par la recherche de sa propre individualité car l’homme se crée sa propre histoire : « tout ce qu’on appelle histoire universelle n’est rien d’autre que l’engendrement de l’homme par le travail humain, que le devenir de la nature pour l’homme ; il a donc la preuve évidente et irréfutable de son engendrement par lui-même, du processus de sa naissance (K. Marx, 1844 - éd. 1996, p. 156-157) ».

 

Sandrine Deulceux

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10 avril 2011 7 10 /04 /avril /2011 14:37

1.1.2. G. W. F. Hegel

 

Pour Hegel la dialectique évolue vers la phénoménologie de l’esprit. L’importance de l’interprétation des phénomènes de la pensée fait apparaître sa dialectique comme moyen d’obtention de la pensée pure. Il l’exprime comme une fin en soi, un savoir absolu qui serait sans aucune altération extérieure. Donc, sa méthode se déroule en trois moments : celui de l’identité de l’objet, de sa contradiction, puis, de la spéculation. Ces trois phases expriment : l’actuel qui est l’objet dans le présent, l’objet tel qu’il était dans le passé, et son évolution possible vers le futur. Ainsi, Hegel crée une nouveauté dans la dialectique. Elle s’exprime dans le troisième terme. Il se projette dans l’avenir en spéculant. Cette forme de spéculation présentée par Hegel, se définit par la liberté du sujet d’inventer son devenir, il tend vers l’abstraction qui devient alors une nouvelle détermination du pensant de l’être. La spéculation d’Hegel affirme que l’absolu existe, c’est un moment positivement-rationnel : « il réalise l’identité de l’identification du contenu alors pensable et de la différenciation de sa pensée même, alors comme telle réelle. Seul ce moment spéculatif assure l’unité du pensé et de l’être constitutive de la spéculation, miroir de soi pensant de l’être (B. Bourgeois, 2000, p. 59) ».

 

Quant à la contradiction, Hegel l’exprime par la négation de l’objet en lui même, cette négation démontre que l’objet disparaît dans sa forme suivante, puis s’oublie aussi par la réalisation de la prochaine forme qui se crée. Ainsi, dans une même analyse, nier une seconde fois permet de faire renaître l’état pur de l’objet. C’est la négation de la négation qui fait surgir une nouvelle réalité. Hegel ajoute à la dialectique, la logique comme science de l’Idée, il pénètre, alors, la totalité de la pensée de l’être et découvre l’Idée pure, sa raison tend vers le savoir absolu qui s’exprime alors, comme la fin du mouvement.

 

Sandrine Deulceux

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 10:06

1.1.1. Socrate et Platon

 

La dialectique est l’art du raisonnement et de la discussion. Dès Socrate, cet art permet d’accoucher d’un esprit, c’est la maïeutique. Socrate usait d’ironie en disant «je ne sais pas mais toi tu sais », il donnait ainsi la parole à ses disciples pour développer leur sens de la réflexion et du discernement, pour se diriger vers le monde des idées.

 

On pourrait donc situer la naissance de la dialectique vers le Ve siècle av. JC. Pourtant, la dialectique attribuée à Socrate s’inspire de la transmission orale propre à Zénon et Parménide qui, un siècle auparavant, a posé les principes de définir l’identité propre des choses et de leurs contradictions. Cependant, Socrate considère que l'expérience du vécu a toute son importance. Il démontre que l’évolution de l’objet dans le temps n’est pas fixe. Donc, il questionne ses disciples sur leurs opinions et parvient à distinguer la vérité en poussant chacun d’eux vers la contradiction. Ainsi, il élabore au cours de ses débats une théorie qui tente de cerner l’essence même de l’objet.

 

Quant à Platon, il s’intéresse davantage à la nature de l’être. Fidèle disciple de Socrate, il reprend sa méthode, tout en l’élevant à un degré supérieur, vers l’intimité de l’âme : « au-dessus de la science des mots, de la science des choses sensibles et trouver dans la raison seule son point d’appui, sa loi constante. La raison étudiée en elle-même fera paraître le fait fondamental qui la constitue, et auquel Platon a donné le nom de réminiscence (P-A-R. Janet, 1848, p. 37) ». Pourtant, il tend aussi à se saisir plus profondément d’Héraclite qui au VIIe siècle av. JC, tentait déjà d’exprimer un sens dialectique dans ses interprétations : « sa recherche d’un fondement unique du monde comme totalité, l’unité des contraires et l’écoulement des choses »(14).

 

Toutefois, l’ensemble de cette méthode reste commune aux deux philosophes. Tous deux respectent le même principe : l’homme oublie ce qu’il sait déjà. Socrate et Platon s’ingénient donc à faire renaître le savoir, la connaissance soit par la maïeutique ou la réminiscence. Sachant que cette dernière est l’art de faire renaître les souvenirs par la ressemblance ou la dissemblance des choses comme une forme de transduction.

 

(14) Isabelle Rivar, université Montréal, Héraclite,

http://cvm.qc.ca/encephi/CONTENU/PHILOSO/heracli.htm, (consulté le 27/04/2010 à 11 h 16).

 

Sandrine Deulceux

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 10:35

1.1. Les philosophes de la dialectique

L’approche étymologique du terme « dialectique », m’apprend qu’il prend naissance dans le sens grec de dialectika et dialectike en latin, qui signifie l’art de discuter. Ce terme appartient à la famille du mot lire. L’étude de ce mot, nous apporte la compréhension d’une démarche propre à la dialectique, exprimer dans les termes de : parcourir, ramasser, cueillir, choisir, mais aussi celui de discours et de logos qui montrent alors le sens du raisonnement appartenant à la dialectique.

 

Tel que le concédait Héraclite, la dialectique se transforme au gré du temps car elle est dans un écoulement perpétuel, prise dans le mouvement universel de la vie, car tout bon chercheur construit sa théorie en allant trouver dans chaque école de pensée, la clé utile pour dépasser et prolonger la théorie du maître. Il développe ainsi sa propre capacité à produire de nouvelles réalités.

 

Sandrine Deulceux

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 10:51

1. De la pensée dialectique à l’esprit critique

Dans ce chapitre sur la méthodologie, la dialectique agit sur ma réflexion et permet à l’esprit critique de surgir. J’acquiers un mode de discernement plus fin me permettant de juger, la part de vrai ou de faux, de bons ou de mauvais que me dicte ma conscience. L’art de la connaissance me semble indissociable du raisonnement. Pourtant, lors de cette démarche d’analyse, tout ne peut s’expliquer sans ajouter une part de relativisme. La relativité tient compte du résidu13, il existe en tant qu’élément différent non classifiable, il exprime une autre réalité.

Bien que la dialectique s’explique selon certaines règles précises, j’ai saisi une évolution. Elle s’est enrichie au cours du temps, notamment, par l’interprétation des hommes qui l’ont modifiée, adaptée selon leur pratique. Pourtant, deux facteurs essentiels sont toujours présents : l’identité et la contradiction comme révélateur d’une vérité universelle.

Henri Lefebvre est marxiste, il s’inspire essentiellement d’Hegel et de Marx, pour construire son raisonnement dialectique. Or, Hegel définit l’origine de ce concept chez Platon, mais Socrate en serait le précurseur. K. Marx quant à lui, perpétue la tradition d’Hegel tout en le contredisant sur certains faits. Quant à Mao Tse Toung, marxiste aussi, il maintient le sens donné par son maître, mais s’en distingue et l’approfondit en l’adaptant à son propre contexte.

Bien d’autres encore usent de la dialectique, comme Jean-Paul Sartre qui dans son livre La critique de la raison dialectique, l’exprime comme une méthode d’analyse sociologique. Or, je ne m’attarderais pas davantage sur ce thème. Mon objectif est de démontrer le continuum dans lequel Henri Lefebvre s’inscrit. Pourtant, je rajoute Mao Tse Toung, car mon intérêt est dicté par sa distinction de la contradiction principale et secondaire. Il m’offre une vision facilitant l’identification de la rupture essentielle qui s’inscrit par la révélation de la contradiction spécifique. Elle m’apporte le discernement et l’évolution vers un esprit plus critique. La dialectique permet de saisir l’essence du possible, encore imperceptible et en phase de se réaliser. Ainsi, la contradiction devient l’amorce de la compréhension et du raisonnement, la base de la logique dialectique parce qu’elle inspire la réflexion.

Dans un premier temps, j’aborderai une approche épistémologique du concept de dialectique, puis j’amorcerai ensuite mon explicitation vers la pensée critique comme moyen d’objectiver mon argumentation.

(13) Dans son livre Métaphilosophie, Henri Lefebvre donnent l’exemple de plusieurs résidus, qui est l’élément qui ne peut entrer dans l’ensemble prévue par la catégorie. Ainsi, chaque système qui constitue une catégorie rejette l’exception soit le résidu. Voici le tableau représentatif des résidus vu par Henri Lefebvre dans son livre.

 

Puissance

 

 

Résidu

 

 

La religion

 

 

La vitalité (naturelle, charnelle)

 

 

La philosophie

 

 

Le non-philosophique (le quotidien, le ludique)

 

 

Le politique

 

 

La vie privée (la privation de tout ce dont se saisit le politique)

 

 

L'État et l'étatique

 

 

Le singulier et les singularités. La liberté

 

 

La centralisation

 

 

Les décentralisations (ethniques, nationales, régionales, locales)

 

 

Les mathématiques (le nombre et la mesure)

 

 

Le drame

 

 

La structure

 

 

Le temps. L'histoire. Le mouvement dialectique. Le tragique

 

 

La technique et la technocratie

 

 

 

L' "insolite". L'imaginaire

 

 

La cybernétique

 

 

Le désir. La subjectivité

 

 

L'Art (devenu culture, nourriture pour la consommation de masse)

 

 

La « créativité ». Le style. (La maîtrise du quotidien et sa métamorphose.)

 

 

La bureaucratie

 

 

L'individuel

 

 

L'organisation

 

 

Le déviant. L'original. Les moments et situations

 

 

La raison et la rationalité (technique ou pragmatique)

 

 

L' « irrationnel ». Le naturel

 

 

L'adaptation. La notion de "normal"

 

 

Le caractère. Le non-mimétique

 

 

La mimèsis

 

 

La capacité poïétique

 

 

La langue et le discours

 

 

La parole. L'indicible et le non-dit

 

 

La signification (signe, signifiant, signifie)

 

 

L'insignifiant

 

 

Le danger nucléaire

 

 

L'état de survie. La vie possible par-delà les portes de la mort

 

 

Sandrine Deulceux

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6 avril 2011 3 06 /04 /avril /2011 10:31

I. De la dialectique à la méthode régressive progressive

 

Le choix de la méthode de recherche oriente celle-ci vers sa réussite ou bien sa perte. D’après Henri Lefebvre, « la méthode - nous l'avons constamment formulée, employée, définie par des règles pratiques. Et cependant, c'est seulement ici, dans le degré suprême d'objectivité et de vérité, du niveau de l'idée, qu'elle se légitime et se fonde. Elle se trouvait au début - elle se retrouve à la fin de la logique, mais approfondie, revenant en elle-même pour prendre conscience de tous ses moments et de tous ses aspects (H. Lefebvre, 1947a, p. 220)».

 

Henri Lefebvre me semble organisé. Bien qu’il réfute cette affirmation « lorsqu’il se confie (en 1985, entretien d’Henri Lefebvre avec René Lourau et Antoine Savoye), H. Lefebvre laisse entendre qu’il ne se trouve pas très « méthodique » dans sa manière de travailler. Il a l’impression d’avoir travailler dans l’improvisation perpétuelle (R. Hess, 1988, p. 10 et 179) ». Depuis 1940, Il a perfectionné la structure de sa méthode, en la spécifiant davantage au cours du temps : Ainsi, il écrit plusieurs livres qui exprimeront son besoin de confirmer la dialectique, et, celui de conserver une certaine logique pour objectiver ses arguments et son raisonnement. En 1939, Le matérialisme dialectique, explicite la méthode d’analyse de Marx et du rapport entre sa dialectique et celle d’Hegel. Il expose dans ce livre l’aspect de la contradiction et le mouvement provoqué par la production de l’homme. Puis, en 1947, il écrit Logique formelle et logique dialectique. Henri Lefebvre entreprend un travail approfondi permettant de mettre en exergue la relation entre la logique des sciences « dures » et la logique dialectique. Les mettre en concurrence, c’est créer un moyen de médiation et apporter davantage d’assurance de succès dans la recherche par leur complémentarité. En 1953, en tant que sociologue, il donne à lire (12) une approche synthétique de sa propre méthode, elle s’applique sur le fait sociologique du concept de l’urbain, comme nouveau mode de vie de la société. Puis, Au-delà du structuralisme, en 1971, Henri Lefebvre s’attache à dénoncer la fonction de système et le structuralisme. Il en démontre les contradictions qui se sont glissées au cours du temps dans leur définition, leur abstraction forte et l’aporie du sens.

 

Cette liste est non exhaustive, je pourrais citer d’autres livres et confirmer son approche méthodique des faits. Je termine en précisant, qu’il est aussi un homme de terrain : c’est par l’observation qu’il donnait sens à son travail. Chaque étape de sa vie l’a conduit vers des expériences diverses, des situations, des moments de sa vie, qui sont devenus objet de recherche. D’après René Lourau, « on est sociologue à plein temps ». Henri Lefebvre, est un scientifique à plein temps, pour qui toutes les sciences : (philosophie, sociologie, économie, politique, histoire…), sont indissociables.

 

La complexité de la méthodologie de recherche d’Henri Lefebvre m’a poussée vers sa mise en pratique, pour en comprendre le sens, en acquérir la connaissance par l'expérience. Bien qu’au départ, je souhaitais seulement m’attacher à la méthode régressive progressive, j’ai ressenti rapidement dans mes premières approches, l’importance de la dialectique. En effet, « la dialectique est centrale dans l’oeuvre d’H. Lefebvre. D’ailleurs la méthode régressive progressive en est l’une des formes (Deulceux S. et Hess R., 2009, p. 88) ».

 

(12) H. Lefebvre, « Perspectives de la sociologie rurale », Cahiers internationaux de sociologie, 1953, repris dans Du rural à l’urbain, 1970, p. 63 à 78.

 

Sandrine Deulceux

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 14:57

Bilan

 

Lorsque j’écris ce bilan sur l’émergence du sujet, il s’est passé en réalité plusieurs mois depuis son écriture. J’ai entre temps élaboré le plan de travail, évaluer les écueils, ou les éléments ne pouvant pas être établit et j’ai compris l’importance de la part de mon expérience dans la réalisation de cette recherche. Ainsi, dans une seconde partie ce mémoire, mon expérience de vie a pris place, et plus précisément mon évolution au sein de mes différentes formations. J’ai saisi dans mes choix de formations et mon cheminement personnel ce qui me construisait en tant qu’étudiante tout au long de la vie. Mon ambition qui s’est révélée aussi au cours de l’écriture de ce mémoire, était de mettre en correspondance mon vécu et celui d’Henri Lefebvre, et d’en comprendre les similitudes et dissemblances.

 

À ce jour, ce mémoire est en cours de réalisation, j’apprends chaque jour davantage et je perçois aussi la relation qui se pose comme une évidence que l’Homme total est un homme de l’éducation tout au long de la vie. Dans la troisième partie de ce mémoire, il me semble donc important de poser les termes de chaque théorie pour en déterminer la similitude.

 

J’écrivais, dans un des constats, que je souhaitais faire intervenir davantage mon expérience de praticienne, et de saisir le sens que mes élèves de BTS donnaient à une éducation tout au long de la vie. J’ai préféré travailler dans ce sens sur ma propre éducation pour comprendre quel processus poussait certains à quitter l’école en pensant ne plus rien avoir à apprendre.

 

Bien que ce bilan puisse s’écrire dans une conclusion générale, je pense que faire un point en cours d’écriture, me permet de saisir le processus de mon cheminement entre ce que je souhaitais réaliser au départ et ce qui se produit après un travail de recherche de quelques mois.

 

Sandrine Deulceux

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 08:11

(suite)

J’ai entrepris par la suite de définir mes implications, afin d’élaborer la question de recherche. J’ai tenté une nouvelle approche cernant précisément ma problématique à partir de constats établis autour de mes pratiques d’enseignante et d’étudiante.

Le premier de ces constats concerne les étudiants de BTS qui arrivent en fin de cursus. Bien qu’ils tentent en majorité de quitter le monde scolaire, en pensant quitter un monde de contraintes lié à l’obligation d’apprendre. Ils décident soit d’aller vers la vie active ou de changer de formation, car les savoirs fournis ne semblent pas répondre à leurs attentes. J’ai l’impression que l’école devient annihilatrice du désir d’apprendre. Elle a tendance à réduire leur fougue, leur motivation et l’implication personnelle pour tenter la découverte de savoirs nouveaux.

Le second, découle de mon expérience d’étudiante en me faisant m’interroger sur cet engouement à la reprise d’étude. En effet, l’éducation tout au long de la vie est un concept, qui fait parler de lui depuis 1972 (9) par Edgar Faure et repris en 1995 (10) par Jacques Delors. Les enquêtes nous montrent une recrudescence de la reprise d’études par les adultes, depuis la loi de 1971 qui inscrit l’organisation de la formation professionnelle continue dans le cadre de l'éducation permanente (11). Ceux qui, au temps de la scolarité obligatoire, ont quitté le monde scolaire plus ou moins rapidement, reviennent avec d’autres objectifs vers les formations pour adultes. Il semblerait qu’un cadre soit obligatoire pour que l’homme acquière le savoir. Pourtant, il devrait faire partie des nécessités courantes. Je m’interroge alors sur les formes que peut prendre cette éducation tout au long de la vie. Si une grande part de la population adulte entreprend à nouveaux des études, dans un but de professionnalisation, mon intérêt s’oriente principalement vers cette population étudiante qui apprend pour d’autres raisons. Et, je souhaite comprendre pourquoi certains qui sont parvenus à stabiliser leur vie professionnelle reprennent pourtant des études.

 

Ce troisième constat se définit à la suite de la lecture des livres d’Henri Lefebvre, pendant l’année 2009. Les thèmes abordés sont entrés en résonnance et ont éveillé mon besoin de connaissances. C’est pourquoi, j’ai perçu par ma confrontation à son oeuvre, un moyen de démontrer : en quoi Henri Lefebvre est un pédagogue de l’éducation tout au long de la vie ? Notamment, puisqu’il en fait lui-même l’expérience.

 

Ainsi, ma problématique s’élabore, à la suite des remarques précédentes, pour tenter de trouver les réponses à mon questionnement dans l’oeuvre d’Henri Lefebvre. Lorsque j’interprète ses ouvrages, je tente de faire émerger une théorie donnant sens à l’éducation tout au long de la vie. J’oriente, ainsi, ma recherche vers une redéfinition de l’Homme total, répondant à l’expression actuelle d’une société pédagogique et cognitive. Mon intention est de mettre en lien les concepts travaillés par cet auteur, comme celui de l’aliénation, du possible, de la conscience… au goût du jour, c'est-à-dire, suivant l’évolution des formes sociales du XXIe siècle.

 

Finalement, déterminer cette question de recherche, en la pensant la plus large possible, c’est créer une ouverture pour approfondir le sens de ce mémoire dans les différentes directions exposées ci-dessus, et tenter d’en saisir l’essentiel : comment le paradigme de l’éducation tout au long de la vie s’inscrit-il dans l’oeuvre d’Henri Lefebvre ? En quoi pouvons-nous dire qu’il est un des précurseurs ?

 

(9) En 1972, Edgar Faure, écrit un livre dans lequel il mentionne l’éducation tout au long de la vie et la construction de l’Homme total ou l’Homme complet.

(10) En 1995, Enseigner et apprendre vers la société cognitive. Dans le préambule de ce rapport il écrit : « La présentation de ce Livre blanc a été rappelée en vue du Conseil européen de Madrid dans les conclusions du Conseil européen de Cannes qui a souligné que « les politiques de formation et d'apprentissage, éléments fondamentaux pour l'amélioration de l'emploi et de la compétitivité, doivent être renforcées, et en particulier la formation continue ». En 1996, Jacques Delors écrit, L’éducation un trésor est caché dedans. C’est un rapport de l’UNESCO concernant la Commission internationale sur l’éducation pour le XXIe siècle.

(11) Loi du 16 juillet 1971, extrait de l’article 1 : « La formation professionnelle permanente constitue une obligation nationale. Elle comporte une formation initiale et des formations ultérieures destinées aux adultes et aux jeunes déjà engagés dans la vie active ou qui s'y engagent ».

 

Sandrine Deulceux

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3 avril 2011 7 03 /04 /avril /2011 11:00

2. De la problématique à la question de recherche

 

Mes premiers pas en tant qu’apprentie chercheuse furent complexes. Je me suis questionnée sur le sens à donner à ce travail, et sur la place de mon implication dans cette recherche. Puis, j’ai tenté d’élaborer ma question de recherche en tenant compte des différentes dimensions dues aux communautés de référence dans lesquelles je souhaitais m’inscrire, de leur paradigme et de leur méthodologie de travail :

- le laboratoire Experice et l’éducation tout au long de la vie ;

- la posture clinique et les processus d’analyse de la personne et de la société ;

- le rôle d’Henri Lefebvre comme passeur, de sa méthode, et des valeurs multiréférentielles.

 

Puis, je me suis inquiétée de l’impact que devrait avoir ce mémoire : quelle utilité ? Qui pourrait-il concerner ? Vers quelle finalité devait-il aboutir ? Mon objectif est de clarifier la place à donner à Henri Lefebvre au sein d’une éducation tout au long de la vie, et de démontrer les possibles qu’offre son oeuvre dans les recherches en sciences de l’éducation. À la suite de ces réflexions, différentes questions se sont posées pour conduire l’écriture d’une problématique, puis d’une question de recherche précise :

Est-ce que l’éducation tout au long de la vie est le début d’une nouvelle période, créatrice de l’homme des possibles ?

 

L’homme de demain, se prépare-t-il à un nouveau mode de vie, tel que l’auraient conçu Marx, Engels, Nietzsche, Lefebvre (6) et Hess ?

 

Pourra-t-il être, un monde d’oeuvres, de créations, tel qu’il fut pensé pour l’Homme total, comme le début de sa formation existentielle de l’homme ?

 

Il me fallait cibler davantage ma recherche et éviter les écueils d’un domaine trop vaste. Pourtant, je devais aussi déterminer cette question « juste ». En débutant cette recherche, je me suis donc contrainte à reprendre le « fil » qui orientait ma volonté de trouver des réponses. J’ai pensé aux possibilités données par mon cadre et mon environnement pour aller vers son but précis, dans une temporalité définie. Ma recherche pouvait prendre de nombreuses directions, car, chaque jour, de nouvelles idées germaient. Notamment, les trois qui vont suivre sont les prémices de mon cheminement actuel et celles qui m’ont permis de construire ma problématique.

 

La première découle d’une discussion avec Remi Hess, retranscrite dans mon journal de recherche (7) : en juin 2009, après les soutenances de master 1. Il expose les prémices de mon projet de recherche, l’éducation tout au long de la vie, dans une approche personnaliste, existentielle, en la différenciant d’un apprentissage pragmatique du domaine scolaire traditionnel. Comment se diriger vers une école humaniste, une école de la construction de la personne ? Ou bien est-ce que ce type d’école ne pourrait pas devenir le modèle de nos écoles futures, si elle n’existe pas déjà ? Remi Hess donne un sens particulier à l’éducation tout au long de la vie. Lorsqu’il précise qu’il n’adhère pas au sens de « [...] l’éducation permanente. Or, je me démarque de ce terme qui évoque pour moi la formation professionnelle, la formation en entreprise. Pour moi, l’éducation tout au long de la vie a une forte connotation existentielle (R. Hess, extrait du Journal des idées, 2009) ».

 

La seconde est en lien à la description de la personnalité de l’étudiant. Je l’ai découverte, lors de la retranscription du Journal des idées, de Remi Hess. Il écrit :

« La complicité que j’ai pu avoir avec Kareen, que j’ai fortement aujourd’hui avec Sandrine, c’est cette reconnaissance que j’ai par rapport à quelqu’un qui étudie pour étudier, sans penser immédiatement à la rentabilité du travail intellectuel. Celle-ci vient un jour, mais par surcroît. C’est là que j’ai ma place en formation d’adultes. Je n’ai pas envie de travailler avec quelqu’un pour lui avoir une promotion. Je veux le ou la former pour lui-même. J’étais d’accord avec Mao quand il a renvoyé les étudiants à la campagne. Je sais que, pour beaucoup, ce fut un massacre. Ils n’en sont pas revenus… On me dira que je suis élitiste. Non ! Je veux seulement des proches qui s’inscrivent dans la Bildung (8). Je n’ai pas envie de faire de l’insertion. Je crois que d’une certaine manière, j’en fais, mais au second degré (R. Hess, extrait du Journal des idées, 2009) ».

 

Et, cette dernière en relation avec ma pratique d’enseignante et d’étudiante, me permet de mieux saisir l’ensemble, pour entrer dans cette recherche et tenter d’aller jusqu’à la praxis. Il pourrait y avoir bien d’autres idées utiles pour me diriger vers ce «fil ». Cependant, je me garde de toutes les explorer pour suivre une seule problématique et m’y tenir. Ainsi, à partir de ces différents moments qui organisent ma vie, j’explicite ce cheminement de recherche qui me guide dans l’écriture de ce mémoire.

 

(6) « En certains moments privilégiés de lucidité ou d'action, un nombre de plus en plus grand d'individus peuvent participer à la science, à la puissance (technique) sur la nature, à la puissance politique (organisation, État, vie politique). Ces individus, exceptionnellement, arrivent à penser à l'échelle de l'Homme total - à l'échelle des Possibles. Mais pour ces individus eux-mêmes, en dehors des mouvements privilégiés, la masse des instants reste à un niveau incroyablement inférieur. Le contraste entre le possible et le réel, ce contraste historique et social, se transfère donc à l'« intérieur » des individus les mieux doués ; il y devient conflit plus ou moins conscient entre la théorie et la pratique, entre le rêve et la réalité ; et ce conflit est cause d'inquiétude et d'angoisse, comme toute contradiction irrésolue ou paraissant insoluble (H. Lefebvre, 1947²b, p. 262) ».

(7) Lors de mon travail de retranscription des journaux de Remi Hess, j’ai découvert ce passage dans son Journal des idées 2, je me suis permis de le retranscrire dans mon journal de recherche car il était en lien avec celle-ci.

(8) La Bildung, est un processus de découverte de son être subjectif, tel que nous pourrions l’assimiler à la conscience (Hegel), l’esprit, l’énergie interne (Rogers), dans la recherche de la construction de l’homme total (Marx). La bildung n’apparaît pas à tous, elle fait partie d’un processus de formation et d’autoformation. En 1994, Fabre explique bildung par la représentation de « Bild » : l’image, « Vorbild » le modèle, et « Nachbild » l’invitation. Ce qui comprend les sens de « form », la forme, de « Kultur » la culture et « d’aufklaërung » les lumières. L’origine de la bildung se situe dans la mystique médiévale où l’homme porte dans son âme l’image « Bild » Dieu, suivant laquelle il a été créé et qu’il doit développer. Pascal Galvani l’explicite aussi, comme un travail sur soi, une culture de ses talents pour son perfectionnement propre. Elle vise à faire de l’individualité une totalité harmonieuse, totalité qui reste liée pour chacun à son style particulier. (P. Galvani, 1997, p. 22). « Pour les penseurs des lumières allemandes (Lessing, Herder, Humbolt, Schiller, Goethe), la bildung est le mouvement de formation de soi par lequel l’être propre et unique que constitue tout homme fait advenir les dispositions qui sont les siennes et participe ainsi à l’accomplissement de l’humain comme valeur universelle. [...] une pratique de l’éducation de soi (C. Delory Momberger, 2003, p. 18) ».

 

Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 10:17

Bonjour à tous

 

Le troisième volet de notre série consacrée aux Évadés du bocal, diffusé vendredi 1er avril de 11h30 à 13h sur Radio libertaire, est maintenant en ligne sur le site de zones d'attraction : 

http://www.zonesdattraction.org/spip.php?article82

Ce moment de radio participe, hors-les-murs, au festival qui a lieu au Lieu-Dit, 6 rue Sorbier- 75020 Paris, jusqu'au 3 avril.

Un mois de débats, projections, concerts, expositions, performances ... pour penser l'hospitalité pour la folie dans la cité.

Avec Utopsy, le collectif des 39, le collectif Pounchd, Zones d'attraction, le théâtre du reflet, le Centre Artaud, des soignants, des patients, des artistes, et le tout-venant qui se rendra dans ce lieu pour y laisser vagabonder ses yeux et ses oreilles.

Pour accéder au programme des évadés: http://lesevadesdubocal.canalblog.com/ ou zonesdattraction.org (Rubrique Rencontres).

 

Zones d’attraction est une émission consacrée aux pensées critiques. Oui, «Zones », car il s’agira, en compagnie d’un ou plusieurs invités, également de chroniques de notre cru, de faire zoner les concepts.

« Attraction » : car nous irons là où notre flânerie nous portera : philosophie, littérature, psychanalyse, pédagogies alternatives, édition indépendante, analyse institutionnelle...


Notre émission se voudra une sorte de laboratoire où laisser la voix et la voie libres aux formes de résistances qui agitent aujourd’hui l’institué, déstabilisent les discours dominants qui se présentent à nous comme vérités.

Espace d’interrogation des pratiques, que celles-ci soient théoriques, sociales ou politiques, et vigilance toujours quant à la congruence entre théories et pratiques. Faire danser ensemble les hétérogènes. Interférences, confrontation, transversalité et ironie en guise de sol. Pour de nouvelles constellations.


Retrouvez l'ensemble de nos émissions en accès libre sur le site


ZONES D'ATTRACTION

Une émission présentée par Charlotte Hess et Valentin Schaepelynck

sur RADIO LIBERTAIRE (89.4)

Le vendredi de 11h30 à 13h (tous les 15 jours).

 

Contact radio:radio@zonesdattraction.org


Ecoute en différé:www.zonesdattraction.org - Rubrique Symphilosophie
www.zonesdattraction.org, rubrique SYMPHILOSOPHIE

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