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17 avril 2011 7 17 /04 /avril /2011 10:12

1.3. Dialectique, esprit critique : analyse et raisonnement

 

Pourquoi la dialectique forme-t-elle l’esprit critique ? La distinction de la vérité est considérée comme moyen d’approfondir le sens des choses par la contradiction. Par exemple, Henri Lefebvre explique que l’homme a une pensée incomplète et il résout cette déficience en tentant de percevoir l’opposé de chaque déterminisme. Ainsi, il explique ses propos, en indiquant que deux vérités contraires peuvent coexister. Il détermine le sens exact réunissant ces deux vérités. Ainsi, cette méthode combat tout dogmatisme, en exprimant que les doctrines ne sont pas des vérités incontestables. C’est en pensant le relativisme dialectique, qu’il est possible d’envisager toute éventualité et de donner place à une pensée permettant d’admettre comme possible différents paramètres.

 

Il est vrai que celui qui énonce un dogme le prend pour absolu et réel. Pourtant, la place de la vérité est illusoire car « le philosophe peut se transporter d’un seul coup dans les choses elles-mêmes ; il peut rêver qu’il connaîtrait un pur esprit qui se transporterait dans ces choses. Mais ce n’est qu’une imagination et un rêve (H. Lefebvre, 1948²3b, p. 25) ». La vérité se découvre par le tâtonnement, à partir de notre propre expérience et de nos connaissances. Il faut savoir poser des hypothèses et déterminer leur possibilité : accepter les contradictions. La dialectique est la base de toute analyse, car sa méthode donne la potentialité d’examiner toutes les causes : si une réalité existe, son contraire aussi. Donc c’est se donner les moyens d’entrer et de développer le sens de l’esprit critique, pour penser toutes les alternatives et ne pas s’attacher à ses premières impressions. D’après H. Lefebvre, «toute discussion, tout effort pour avancer dans la connaissance, procèdent par confrontation de thèses opposées : le pour et le contre, le oui et le contre, le oui et le non, l’affirmation et la critique (H. Lefebvre, 1948²3b, p. 24) ».

 

D’autre part, il est important d’adjoindre la multiréférentialité des approches afin de projeter son esprit critique dans toutes les dimensions. Les cinq niveaux proposés par Jacques Ardoino sont donc complémentaires et indispensables lorsque l’analyse se confronte à la communauté. Cette posture de l’esprit critique se perfectionne par le savoir acquis, de là s’installe le doute fructueux (16) et m’alerte rapidement, pour signifier le moment du changement. La dialectique, quant à elle, définit les contradictions : « ce qui implique qu’il faut être extraordinairement critique. Il ne faut plus apprendre ou accepter quelque chose que vous ne voyiez pas clairement par vous-même et ne jamais se contenter de répéter ce qu’un autre a pu dire (Krishnamurti, 2006, p. 17)».

 

(16) Je reprends un concept de l’ethnométhodologie exprimant clairement l’idée de ce passage entre l’idée et l’action : « Le doute est un concept à part entière de l’ethnométhodologie. [...] Le doute ethnométhodologique à la différence du doute cartésien, qui précède l’action et la suspend provisoirement en attente du jugement, (à la limite faute de jugement, il n’y a pas d’action), est un doute n’entraînant pas l’immobilisme [...] Le doute ethnométhodologique n’anticipe pas l’action pour la paralyser, il se situe en épigraphe de l’action, il l’encadre, il l’accompagne (H. De Luze, 1997, p. 78) ».

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Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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