4. L’éducation tout au long de la vie (2)
La question du savoir prime dans toute nouvelle stratégie. Il faut comprendre que son évolution actuelle modifie les modes de transmissions. « Le savoir se développe rapidement, en une mutation constante ; cette évolution est surtout marquée par le passage d’un savoir objectif à un savoir subjectif, conçu comme construction personnelle et en même temps intensément social. Les stratégies d’éducation tout au long de la vie doivent être adaptées aux nouvelles structures du savoir et passer d’un savoir objectif à un savoir constructif, d’une société industrielle à une société éducative, de l’instruction à l’apprentissage personnel, de la communication à l’acquisition du savoir, et de la scolarité aux modes d’apprentissage non formels (article de K. Mac Grégor, corrd. J. Delors 2002, p. 18) ».
Entrer en relation avec le savoir, le sens qui est donné aujourd’hui à l’action d’apprendre. C’est davantage dans le sens de déterminer les facteurs utiles à la recherche de l’information, à son analyse pour la transformer quotidiennement en savoir. Or, l’apprenant doit aussi s’accorder avec les dimensions sociales, culturelles et éthiques de son apprentissage. Quels sont les outils actuels pour la mise en place de cette éducation tout au long de la vie ? Le procédé le plus en vogue est bien entendu la montée en puissance de l’informatique et de la place que prend aujourd’hui Internet. La difficulté c’est que tous les pays ne sont pas au même niveau de progrès technologiques. Pourtant les procédés d’étude à distance se généralisent dans de nombreux pays. Les universités s’ouvrent ainsi au mondial en se prêtant à ces nouveaux moyens de communication pour délivrer leurs cours. Cet enseignement gagne en richesse car l’étudiant travaille en autonomie et plus seulement à partir d’un savoir spécifique à un seul enseignement, mais diversifie ses sources de recherches.
Il y a une relation très forte entre l’éducation et le développement économique du pays. C’est pourquoi tous les pays s’intéressent à ce projet d’éducation tout au long de la vie pour procéder à la croissance de la société tout en élevant le niveau d’épanouissement de la personne. « Mais pour que l’éducation tout au long de la vie devienne un objectif véritablement commun, il faut qu’elle attire l’individu et qu’elle apparaisse comme une satisfaction en soi à mesure que les gens s’efforcent de s’améliorer et qu’ils voient dans l’acte d’apprendre une voie vers le bonheur et l’épanouissement, pas seulement un outil de développement (article de K. Mac Grégor, coord. J. Delors, 2002, p. 28) ».
De nombreuses réformes doivent permettent le changement de mentalité. L’action d’apprendre doit aussi s’inscrire dans un espace donné et s’intéresser à l’aspect historique et culturel du pays. Chaque nation a sa manière d’éduquer, donc chaque pays doit déterminer sa propre stratégie pour atteindre l’objectif d’une éducation à long terme. La promotion de ce paradigme est une des premières étapes, mais il faut aussi penser à la période transitoire qui se prépare. Aujourd’hui, c’est davantage dans l’enseignement supérieur et chez les adultes que se perçoivent des changements d’attitude. La population tend à se prendre en main pour entrer dans cette modification de l’apprentissage. Pourtant c’est davantage l’aspect de l’emploi qui entre en ligne de compte et surtout le fait de la concurrence importante pour trouver un poste qui devient déterminant. Donc, la recherche de la stabilisation de son niveau de vie prime sur l’épanouissement. L’échelle des besoins humains classe de toute façon ceux-ci et le développement personnel ne peut s’accomplir que lorsque les besoins physiologiques et la sécurité sont satisfaits.
Bien que l’idée de promulguer cette éducation tout au long de la vie soit excellente, il reste de nombreux problèmes à résoudre. Les stratégies doivent être graduelles pour permettre à tous d’entrer dans cette nouvelle conception de l’apprentissage sans heurt. Ainsi les critères de culture, d’histoire, de politique et d’économie de chaque pays sont des freins à l’expansion rapide du paradigme. Ainsi, bien que le processus de mise en oeuvre de cet engagement philosophique soit déjà engagé, la plupart des pays ont appliqué de façon fragmentaire les règles essentielles conduisant à une réforme profonde de l’éducation. L’éducation traditionnelle doit donner son accord pour devenir partenaire d’une éducation tout au long de la vie. Elle doit centrer son apprentissage sur un système permettant à tous d’accéder « aux trois dimensions de l’éducation : éthique et culturelle, scientifique et technologique, économique et sociale de façon qu’il puisse se découvrir, enrichir ses rapports avec les autres et acquérir les bases de la connaissance et du savoir-faire (article de K. Mac Grégor, coord. J. Delors, 2002, p. 14) ».
L’idée aussi est de réduire l’écart entre la théorie et la pratique. Il faut redonner sa part à l’enseignement professionnel et redonner du concret à une théorie trop souvent considérée comme abstraite. La division de toutes les possibilités de formation n’a pas permis jusqu’à aujourd’hui d’apporter des solutions permettant une harmonie dans l’enseignement. Ainsi, il est prévu dans les réformes de redonner la place à chaque système éducatif : l’école, l’entreprise et le centre de formation pour entrer dans une formation beaucoup plus globale. Faire bouger les grandes instances est la grande difficulté, que ce soit au niveau formel et non formel, le partenariat souhaitable n’est pas encore compris. « Pour atteindre les objectifs dans ce domaine, il faut des activités multiples dans les secteurs éducatifs formel et non formel, il faut revoir le contrat socio-éducatif sur lequel reposent les systèmes actuels, susciter la participation active des acteurs publics et non publics (article de K. Mac Grégor, coord. J. Delors, 2002, p. 14) ».
Ce travail de recherche autour de l’éducation tout au long de la vie est fait à partir de divers documents présentant cette théorie à partir des années 1970, puis dans son développement lors de la fin du XXe siècle. Le dernier document dont je dispose date de 2002. C’est le rapport de l’U.N.E.S.C.O.
Dans l’ensemble, des procédures sont mises en place dans de nombreux pays et d’importantes démarches sont effectuées autour du développement des technologies de l’information. Tous sont d’accord pour déterminer l’importance de l’informatique, d’Internet comme système permettant d’apprendre en autonomie et redonner à l’apprenant la possibilité de son libre arbitre dans son positionnement quant à la formation. Dans la plupart des pays, c’est l’intensification des enseignements à distance qui priment. L’université est le grand pourvoyeur de ce type d’enseignement ce qui est normal puisqu’il faut garantir une éducation de base pour apprendre à s’autoformer.
En 2001, Alain Bournazel écrit que la France est en retard dans ce processus de changement. « La rigidité des programmes actuels ne correspond pas à l’expression des nouveaux besoins. L’approche du savoir par un enseignant compartimenté à l’excès en disciplines, est la cause d’un décalage de plus en plus grand et de plus en plus fortement ressenti avec le monde extérieur et les préoccupations de la vie (A. Bournazel, 2001, p. 136) ». Pourtant, au regard de l’année 2010, de nombreuses réformes ont changé le paysage éducatif de la France. Le développement des apprentissages en alternance transforme des études professionnelles en études supérieures proposant à l’étudiant à la fois un enseignement théorique d’un niveau licence et master, avec un enseignement pratique en période d’apprentissage au sein de l’entreprise. Les universités ouvrent facilement leurs portes aux travailleurs pour leur offrir la possibilité de suivre des cours à distance ou bien en dispensant leurs cours sur une journée par semaine ou en cours du soir. Les aides financières et les droits des travailleurs à la formation continue offrent la possibilité aux salariés de résoudre les contraintes de coûts de la formation et de libérer du temps pour s’y consacrer. Quant à la clause de l’éducation de base préconisée par les organismes, il existe en France l’instauration d’un socle commun de connaissance définissant celui-ci selon sept piliers :
« Le « socle commun de connaissances et de compétences » présente ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire. Introduit dans la loi en 2005, il constitue l'ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d'individu et de futur citoyen. Un livret personnel de compétences permet de suivre la progression de l'élève. À compter de 2011, la maîtrise des sept compétences du socle est nécessaire pour obtenir le diplôme national du brevet (D.N.B.) » (138).
(138) http://www.education.gouv.fr/cid2770/le-socle-commun-de-connaissances-et-de-competences.html (consulté le 24/08/2010 14 h 02).
Sandrine Deulceux