Vendredi 13 octobre 2006, 10 heures 50
Depuis mon retour à la fac début septembre, les vendredis sont rythmés par la douche, la préparation des affaires pour la réunion de l’après-midi, repas, train et métro pour l’aller-retour. Je ne dispose pas de temps pour lire et écrire. Les réunions deviennent productives et le travail collectif se met en place petit à petit. Satisfaction et pas de regrets.
Cependant, ce matin, j’ai une trentaine de minutes devant moi et je tiens à écrire.
Hier, après avoir terminé la lecture de L’interculturation du monde, j’ai décidé de lire : Frédéric Le Play, L’organisation du travail (1), 8ème édition, Anthropos, 2006, 400 p.
L’exemplaire que je veux lire a une histoire. Il y a 15 jours, Remi Hess est passé à une réunion des IrrAIductibles et a fait un bref exposé sur son voyage en août-septembre au Brésil. Il a dit un mot sur le livre en question ici, l’a posé sur la table pour être vu et feuilleté par les participants à la réunion. Avant de partir, Remi a dit : « Je le donne à Benyounès ». A la fin de la réunion, je mets le livre dans mon cartable. Je ne pouvais pas le lire immédiatement, car j’avais un programme de lecture, mais en me rappelant cette petite histoire, je me suis dit que si Remi me donne le livre, c’est parce qu’il veut et sait que je le lirai. C’est pour cette raison que j’ai décidé de le lire.
La présentation signée Remi et Gaby est intéressante. Elle traite de l’expérience de Ligoure et de la place tenue par Le Play en tant que trace et œuvre dans l’histoire référentielle de l’AI. Jusque là, il n’y a rien à dire. Toutefois et après avoir commencé à lire le livre, je me suis senti embarrassé. J’en suis à la page 35 et ce que je viens de dire me met hors de moi. Je me trouve en face d’un mec qui veut établir une science sociale sur la base du bien et du mal. Deux notions métaphysiques qui dans l’abstrait ne veulent rien dire, mais notre auteur les fait parler dans les faits observés ou représentés. Plus j’avance dans la lecture et plus je me sens mal à l’aise, dérangé, et je commence à m’interroger sur cette lecture bouleversante. Comme par hasard, le soir, je regarde à la télé un reportage sur la guerre en Tchétchénie, un autre sur le conflit israëlo-palestinien et un troisième sur l’exécution de Frances, une jeune Américaine condamnée à mort sans parler de la polémique sur un rapport médical anglais qui évoque 600000 morts en Iraq depuis l’invasion de ce pays par les Etats-Unis en mars 2003.
Si j’ajoute à cela les remarques apportées par Marlène sur le texte de Laurent dans la matinée et l’accident mortel devant l’école de Solène à la sortie des enfants vers 16 heures 30 et le bruit qui court parmi les parents, les élèves et les enseignants. La coupe est pleine. J’arrête.
(1) Frédéric Le Play, L’organisation du travail, 8ème édition, Anthropos, 2006, 400 p.
Benyounès Bellagnech
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