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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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18 janvier 2010 1 18 /01 /janvier /2010 16:16

Maria PAPANTONIOU

a le plaisir de vous inviter à la soutenance de sa thèse


le 28 janvier 2010 à 14h à Paris 8 salle A 1003

 



Titre

Éléments d'une Analyse Institutionnelle du Lycée Autogéré de Paris (LAP):
 réflexion théorique et recherche ethnographique

 



Jury :


Patrice Ville : MCF à Paris 8, docteur d'État, directeur de recherche


Constantin Xypas : professeur à l'Université Catholique de l'Ouest, rapporteur présent au jury.


Jacques Guigou : professeur émérite à l'Université de Montpellier 3, rapporteur éventuellement présent au jury


Patrick Boumard : professeur à la retraite de l'Université de Bretagne Occidentale


Remi Hess : professeur à Paris 8


Bernard Elman : cofondateur du LAP, expert du terrain.


 

Résumé de la thèse

 

Papantoniou Maria, «Éléments d’une Analyse Institutionnelle du Lycée Autogéré de Paris (LAP) : réflexion théorique et recherche ethnographique », thèse en Sciences de l’Éducation, Université Paris 8, directeur de recherche : Ville Patrice, janvier 2010.

 

La pratique de l’autogestion en milieu scolaire et ses incidences tant pédagogiques que politiques font l’objet de cette monographie du Lycée Autogéré de Paris (LAP). Dans la première partie, après une description des principes pédagogiques du LAP (libre fréquentation, gestion collective, évaluation collective associée au suivi personnalisé) et un examen des concepts d’institution et d’implication dans le cadre théorique de l’Analyse Institutionnelle, une définition du concept d’institution est recherchée. Selon cette définition, une dichotomie fondamentale existe au centre de chaque institution : l’école est une institution au centre de laquelle réside la séparation entre élèves et enseignants, ceux qui enseignent et ceux qui sont censés apprendre. L’institution de l’État est fondée sur la dichotomie entre la décision et l’application, entre ceux qui décident et ceux qui sont censés exécuter. L’autogestion représente quant à elle le travail collectif et permanent sur l’établissement de ces dichotomies. Les lignes de démarcation n’étant jamais étanches, les institutions évoluent au fur et à mesure que les dichotomies sont collectivement questionnées et retravaillées.

 

La partie conceptuelle de cette recherche se clôt par un examen des concepts d’implication et de contre-transfert institutionnel dans les champs de la pédagogie, de la psychanalyse et de la recherche. Ce travail aboutit à la proposition de deux schémas théoriques censés représenter, l’un l’observation dans les sciences de l’Homme, l’autre la recherche épistémologique et les relations didactiques. Si l’observation tient compte des capacités du sujet observé d’observer son observateur, cette observation peut être représentée par le schéma : observateur → (observateur ↔ observé). L’épistémologie et les relations didactiques sont quant à elles représentées par le schéma : observateur2 → (observateur2 ↔ observateur1 → (observateur1 ↔ observé)).

 

Dans la deuxième partie, une description des pratiques du LAP en tant que collectif autogéré et une comparaison de ces pratiques avec un certain nombre de pratiques de la Pédagogie Institutionnelle permettent de localiser les spécificités de la pédagogie autogestionnaire. Le concept de Travail d’institutionnalisation (TDI) est forgé pour décrire la manière particulière dont le LAP utilise l’institution en tant qu’outil pédagogique. Le TDI est un travail qui, mené collectivement, se présente comme un double travail, sur l’individuation du collectif, d’une part, et sur les institutions, d’autre part. Dans les collectifs autogérés, la réflexion collective autour de la mise en place des institutions internes et l’analyse des manières dont sont impliqués le collectif et son projet dans les enjeux des institutions externes représentent les deux facettes d’un travail collectif et permanent. Enfin, la pratique du TDI dans les collectifs représente une tentative de résistance au principe d’équivalence élargi et se rapproche du projet militant du courant de l’Analyse Institutionnelle ainsi que de ses propositions théoriques relatives à l’effet Elman.

 

Enfin, dans la troisième partie, l’examen de certaines caractéristiques du TDI montre que le lien entre l’analyse du «dedans» et celle du «dehors» du collectif présente des ressemblances avec le principe de complémentarité qui régit le lien entre explications psychologique et sociologique dans les sciences du comportement. C’est un argument sur lequel peut se fonder une théorie de l’individualité du collectif.

 

Une monographie d’élève complète le travail sur les particularités de la pédagogie autogestionnaire par un examen de ses manières d’aborder les élèves et le travail scolaire. Le schéma des relations didactiques élaboré dans la partie théorique permet de décrire les liens entre pratique de l’autogestion et conquête de l’autonomie individuelle au sein du LAP.

 

1. Au niveau de la relation de l’élève à son école et à sa scolarité, un chemin se dessine, passant par un certain nombre d’observations qui se succèdent et se complètent, et qui constituent finalement une relation didactique particulière, celle de la relation entre l’élève et le collectif qui l’accueille.

Cette relation peut être décrite schématiquement de la façon suivante :

collectif → (collectif ↔ milieu)  (autogestion : le collectif s’observe et observe son milieu)

+ (collectif → (collectif ↔ individu → (individu ↔ milieu)) (évaluation collective associée au suivi personnalisé : le collectif observe l’individu qui tente de s’insérer dans un milieu)

+ (individu → (individu ↔ collectif → (collectif ↔ milieu)) (observation de l’autogestion par l’individu : l’individu observe l’autogestion à laquelle il participe)

L’association de ces observations contribue à la conquête de l’autonomie individuelle :

→ individu → (individu ↔ milieu) (autonomie : l’individu tente de gérer sa vie tout comme le collectif gère son projet et son existence)

 

2. Au niveau de la relation de l’élève à son travail scolaire, l’autonomie est recherchée dans un schéma évaluatif en deux étapes :


professeur → (professeur ↔ élève → (élève ↔ travail scolaire))
(première étape de l’évaluation formative : le professeur observe et évalue l’élève et son travail)


puis :

élève → (élève ↔ professeur → (professeur ↔ travail scolaire)) (deuxième étape de l’évaluation formative : l’élève tente de s’approprier les outils évaluatifs et de travail de son professeur, les outils de la discipline étudiée)


Ce qui peut donner lieu à un rapport aux savoirs disciplinaires et au travail scolaire plus autonome, c’est-à-dire :

→ élève → (élève ↔ travail scolaire)

 

Malgré leur apparente complexité, ces schémas décrivent et explicitent la manière dont un collectif autogéré peut constituer un espace contenant et transitionnel. Ils ouvrent la voie à une topique du social incluant le collectif et questionnent les modes d’évaluation et de valorisation du travail.

 

En conclusion, cette monographie du LAP espère, par la proposition du concept de TDI qui se veut opératoire, contribuer à un renouvellement de l’appareillage conceptuel de l’Analyse Institutionnelle. En outre, l’approche adoptée, à la fois ethnographique, monographique et comparative, se veut une proposition méthodologique singulière et pertinente face à l’expérimentation sociale à laquelle elle est consacrée.

 

Le directeur de recherche

Patrice VILLE

http://lesanalyseurs.over-blog.org
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