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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 09:19

Vendredi 8 septembre 2000


J'ai constamment ce carnet dans mon sac. Je voudrais y écrire… En même temps, je suis sur d'autres choses. Cet été, j'ai tenté d'avancer mon livre La théorie des moments. C'est un livre à partir de Lefebvre, mais son écriture me renvoie souvent à Lourau…


Aujourd'hui, c'est l'incinération de Raymond Fonvieille… Je devais y aller, mais à 4 h 30 du matin, ma fille Hélène m'a téléphoné. Elle venait de perdre les eaux. J'ai été la conduire à la clinique, ou plutôt à l'Hôpital Lariboisière. J'attends. Je veux savoir. Aurai-je une petite fille ou un petit fils? Il est 17 h 30, et toujours rien.


Depuis hier, je me suis replongé dans les livres de Raymond Fonvieille. Il dit à plusieurs endroits que c'est moi qui l'a fait écrire. Hier, j'ai écrit un petit texte pour Le Monde. Est-il passé? Je n'ose pas descendre au rez-de-chaussée, et risquer ainsi de manquer le coup de fil d'Yves que j'attends avec de plus en plus d'impatience…


Ahmed Lamihi m'a demandé un article sur R. Fonvieille pour les Dossiers pédagogiques. Cela me stimule à relire intégralement son œuvre… C'est fantastique. Je suis vraiment heureux d'avoir édité deux de ses quatre ouvrages. J'ai eu la chance de rencontrer cet homme en 1974. C'est René Lourau qui avait joué le rôle de "go between", d'intermédiaire.


Je vais continuer ma lecture de Raymond… J'aborde l'année 1963 (Naissance de la pédagogie autogestionnaire). René Lourau va entrer en scène…


Lundi 18 septembre 2000, dans le métro


Suite à ma lecture des trois premiers livres de Raymond, j'ai écrit six pages sur lui pour Ahmed Lamihi. J'aurais voulu, encore, les développer. Mais j'ai fait circuler ces pages sur le Net… et plusieurs journaux militants m'ont demandé des textes : Le Monde libertaire, Le Nouvel éducateur (journal des Freinet) et un journal local (34)…


La petite annonce passée dans Le Monde m'a coûté 4400 francs. C'est davantage que je pouvais imaginer. Cela m'a mis dans le rouge au niveau de ma trésorerie. Lucette m'a aidé à payer mon tiers provisionnel.


Mes activités de journaliste ne m'ont pas permis d'approfondir ma lecture de Raymond. Ce qui est sûr, c'est que les institutionnalistes présents dans les Alpes ne m'ont pas donné de nouvelles. J'ignore toujours comment s'est passée la cérémonie. Je pense qu'ils sont abattus. Seul G. Lapassade a tenu à parler. Il m'a invité à déjeuner chez lui lundi dernier. J'avais signé avec lui l'article paru dans Le Monde du 9 septembre. Je suis content de ce texte, lu par beaucoup…


Cette agitation journalistique s'est augmentée d'un article sur les écoles Steiner paru dans Libé du lundi 11, faisant référence à mes propos pour défendre la pédagogie des écoles Steiner. Là encore, réactions. Les Verts soutiennent ma position (ou l'inverse).


Avec Lapassade, petite discussion sur l'état de l'AI. Georges pense que les UV proposées cette année sont de la ritournelle. Rien de nouveau dans les annonces d'enseignement. Georges m'a demandé comment je vois l'AI aujourd'hui, ce que j'y mets de neuf, etc. Je lui ai dit que j'avais découvert que R. Fonvieille me percevait comme un disciple à lui, en ce qui concerne le journal (il évoque souvent mon Lycée au jour le jour). Mais il précise que sa pratique à lui était restée cantonnée à la classe. Mon travail s'est élargi au niveau de l'établissement… Ce constat de Raymond date des années 1980. Aujourd'hui je me suis engagé chez les Verts, pour élargir l'intervention au niveau du politique. Agir avec des mouvements pédagogiques comme Déclic devient pour moi une priorité. Ce sont ces gens-là qui portent en eux l'avenir de l'AI. Obtenir de l'État la reconnaissance d'équipes pédagogiques, ayant de réels projets d'intervention, me semble ce qu'il faut faire aujourd'hui.


Au retour de l'OFAJ


Beaucoup de monde. Il m'est difficile d'écrire. La recherche, à l'OFAJ, traverse une crise institutionnelle importante. Spontanément, j'ai tendance à comparer cette situation à celle vécue par Raymond à l'IPN après 1969… où à celle que nous vivons dans l'AI. Plusieurs éléments interviennent dans les crises institutionnelles : l'affect (l'affrontement de personnes ou de groupes en fonction de leur âge), la rigueur idéologique ou politique qui s'autonomise par rapport aux finalités conscientes ou inconscientes, intériorisées par les anciens et contestées par les nouveaux, les choix financiers.


Ces jours-ci je me suis cassé une côte ; je me suis fait arracher une dent. Ma manière de vivre les crises : ne pas m'occuper de mon corps (soins dentaires particulièrement), ne pas ranger mes papiers, ne pas me faire payer.


La mort de René est survenue en pleine crise à Paris 8. Celle de Raymond survient juste avant la rentrée… Je sens qu'elle pèse sur mes réalités : mon rapport au rangement, à l'organisation du travail, à la qualité de mes relations avec mes étudiants, mes amis, ma famille.


Il me faut parvenir à vivre au jour le jour, en tentant de ne pas me laisser aller. Le tissu institutionnel dans lequel j'évolue me pose beaucoup de problèmes actuellement. Je n'en continue pas moins à être présent, efficace dans de nombreuses directions. Mais suis-je vraiment sujet de mon rapport au monde? Je vis, porté par le tissu institutionnel qui se rappelle à moi, constamment. Je réponds aux sollicitations, les coups de fil que je reçois, les mails (auxquels je réponds plus facilement qu'aux lettres) m'obligent à fonctionner, mais…


Aujourd'hui, je ressens le départ de Raymond Fonvielle comme quelque chose d'encore plus pesant que celui de René. Je me constitue comme l'ancien de l'AI. Je sens que je serais prêt à devenir le vieux du mouvement. Car, malgré son âge, Georges est plus jeune que moi, psychologiquement. Ce dont je prends conscience, c'est du poids de la temporalité.

 

J'entretiens des rapports réguliers avec Gaby Weigand. Nous nous écrivons. Nouvelle correspondance? Christine, comme Gaby, a écrit un texte sur Raymond Fonvielle. Où les publier?


Mardi 19 septembre 2000


Conseil d'UFR. Antoine est venu. Il était bien disposé.


J'ai parlé longuement de la coopération avec Mayotte. J'y pars le 8 octobre avec Lucette, dans 10 jours. C'est formidable pour nous de mettre en place ce dispositif. Il s'agit d'une forme nouvelle d'intervention institutionnelle.


Remi Hess

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

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