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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 11:58

Chapitre 1

 

L'analyse institutionnelle aujourd’hui

 

1 - L'analyse institutionnelle, au sein des sciences de l’éducation en France

 

Le lecteur des ouvrages ou articles institutionnalistes constate qu'un tiers de leurs productions sont directement consacrées aux sciences de l'éducation. Leurs autres publications ont leur origine dans l'histoire, l'ethnométhodologie, l'anthropologie, la psychosociologie et la sociologie du savoir. Ces statistiques s'appliquaient déjà à l'ouvrage, paru en Allemagne en 1988. Un tel éventail peut étonner un lecteur qui ne connaît pas la situation disciplinaire française. Les sciences de l'éducation françaises n'ont pas du tout cette tradition d'autonomie que peut avoir la pédagogie scientifique allemande, qui a trouvé dans Herbart et Schleiermacher ses penseurs originaux dès le tout début du XIXe siècle. Les sciences de l'éducation françaises, elles, qui ont leur origine dans la tradition cartésienne et ont toujours gardé une direction très rationaliste, ont leur fondement dans le positivisme du XIXe siècle. Conséquence de cette origine, la première chaire de "science de l'éducation" ("science" au singulier) (1) a été donnée à Emile Durkheim, à la suite de H. Marrou et F. Buisson en 1905. E. Durkheim, qui a pu être considéré comme le père des sciences de l'éducation françaises, conçoit la science de l'éducation comme "sociologie de l'éducation". A cette science, E. Durkheim donne comme objectif de devenir l'outil grâce auquel la société va pouvoir préparer les conditions essentielles de son existence, en structurant et en formant ses enfants. La science de l'éducation était donc au début exclusivement sociologique et constituait la "théorie" d'une "socialisation méthodique de la jeune génération" (2).

 

Dans les années qui suivent, la science de l'éducation intègre d'autres disciplines : surtout la psychologie, mais aussi d'autres sciences humaines. La science de l'éducation devient tout doucement "sciences de l'éducation" (3)...  Aujourd'hui, on se trouve ainsi en face d'un conglomérat de sciences et disciplines diverses. La position multidisciplinaire des sciences de l'éducation et le manque d'intégration ou d'articulation entre disciplines a pour conséquence que les chercheurs qui travaillent sous l'étiquette des sciences de l'éducation aient leur origine disciplinaire dans plusieurs sciences et approchent leurs objets avec des philosophies et des méthodes très liées à leurs histoires personnelles... Cette atomisation disciplinaire a tendance à les pousser à une certaine forme d'individualisme méthodologique... Même la méthode des sciences sociales qui, à l'origine, était la référence commune de la discipline, a perdu aujourd'hui son exclusivité. Vu d'Allemagne, on a l'impression que les Français ont eu tendance, à l'origine, à ignorer la dimension philosophique des problèmes éducatifs, pour s'adonner exclusivement à l'étude des problèmes éducatifs sous un angle « objectif », c'est-à-dire quantitatif. Les sciences de l'éducation, même en intégrant à leur projet (sur le tard) la philosophie comme une science parmi d'autres, n'ont pu échapper à la dispersion. Ont-elles un paradigme unificateur ?

 

Cette forme d'éclectisme disciplinaire caractéristique des sciences de l'éducation françaises, avec une dominante sociologique, marque aussi l'AI. Si l'on cherche une correspondance entre la France et l'Allemagne, on dira que l'analyse institutionnelle joue un rôle de médiation dans la mesure où sa parenté avec la recherche-action (qui a sa place en Allemagne parmi les sciences pédagogiques) lui donne une fonction de médiation entre la théorie et la pratique de terrain dans le champ éducatif depuis les années 1970 (4).

 

(1) - M. Soëtard, "De la science aux sciences de l'éducation. France, où est ta pédagogie ?" Rassegna di Pedagogia, Pädagogische Umschau XLIII, n°4, oct.-déc. 1985, pp. 223-250.

 

(2) - E. Durkheim, Education etsociologie, Paris, PUF,1922, 5e édit. 1985, p. 51.

 

(3) Voir M. Debesse et G. Mialaret, Traité des sciences pédagogiques, 6 vol. Paris, PUF, 1969-1974.

 

(4) Voir particulièrement W. Klafki,"Handlungsforschung im Schulfeid", Zeitschrift für Pädagogik,vol. 19, 4, 1973, pp. 485-516. Cet article contient une très longue bibliographie sur l'état de la recherche-action sur le terrain éducatif.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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