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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 15:04

Les formes générales du journal

 

Sur le plan formel, le journal, comme toute écriture, permet la communication différée, entre le moment de l'écriture et le moment de la lecture. C'est aussi une œuvre qui se construit par accumulation. Quelles sont les formes communes à toutes ces formes particulières de journaux?

 

Le journal est tenu au jour le jour. On peut écrire le soir ce qui s'est passé dans la journée ou le lendemain ce qui s'est passé la veille. Mais globalement, contrairement à l'histoire de vie ou aux Mémoires, cette forme d'écrit personnel est inscrite dans le présent. Même avec un petit décalage, on écrit toujours au moment même, ou l’on vit ou où l’on pense. Ce n’est pas un écrit après coup, mais un écrit dans le coup. On accepte donc la spontanéité, éventuellement la force des sentiments, la partialité d'un jugement, bref, le manque de recul. C'est un point commun avec la correspondance. Quand on écrit une lettre, elle est inscrite dans le présent de l'écriture au même titre que le journal. La seule différence, c'est que, dans un premier temps, le journal est écrit pour soi, alors que la lettre a un destinataire bien ciblé, bien identifié.

 

L'auteur, le sujet du journal. L'auteur est le plus souvent une personne. Mais il peut être un collectif. Dans un hôpital, l'éphéméride est une forme d'écriture collective du journal. On tient à jour les informations concernant des malades d'un service : médicaments administrés, réactions, examens, diagnostics, etc. Tous les soignants contribuent à cette écriture. Un journal de classe peut être aussi une œuvre collective. On peut écrire un journal de voyage à plusieurs. L'écriture collective ("symphilosophique") des fragments de la revue Athenaum était une forme collective d'écriture philosophique à rapprocher du journal. Mais le plus souvent, le journal est écrit par une personne.

 

Destinataire. Dans un premier temps, on a vu que le journal est un écrit pour soi (individuel ou collectif), alors que la correspondance est un écrit pour l'autre. Cependant, on peut remarquer que le journal, même intime, est un écrit pour l'autre. En effet, même si je n'écris le journal que pour le relire moi-même, "Je est un autre" (Rimbaud) entre le moment de l'écriture et le moment de la lecture ou de la relecture. C'est même ce changement qui s'est opéré en moi que je mesure en relisant mon journal. Comme lorsque l'on regarde une photo de notre enfance, en même temps que l'on se reconnaît, en même temps on mesure combien on a changé.

 

Une écriture de fragments. L'écriture du vécu est toujours limitée. On ne peut pas rendre compte de façon exhaustive du quotidien. On pourrait écrire des centaines de pages sur une seule de ses journées, si l'on voulait être exhaustif, et rendre compte de tous les contextes du vécu. L'écriture du journal s'accepte donc comme fragmentaire. Chaque jour, le journal explore une ou deux dimensions du vécu. Plus le diariste centre ses observations sur un ou deux faits chaque jour, plus, sur le long terme, son travail est intéressant. En effet, le vécu se déploie sur plusieurs jours. Si vous avez centré votre écriture de la veille sur un autre thème, un fait qui vous travaille resurgit le lendemain Sur le plan de la logique dialectique (voir ce terme), même si le journal appelle surtout des notations singulières, le journal permet des notes à valeur universelle ou particulière. Il permet en restituant des souvenirs d'explorer le passé. Il montre le lien avec un vécu actuel. Il permet aussi d'explorer différentes dimensions de celui qui écrit.

 

Une écriture transversale. Le journal est une forme d'exploration transversale. Même centré sur un thème, sur une recherche, le journal n'interdit jamais des mises en perspective transversales. L'objet d'une notation du jour peut être une pensée, un sentiment, une émotion, la narration d'un événement, d'une conversation, d'une lecture, etc. De ce point de vue, le journal se donne des objets diversifiés dans des registres multiples. Il est donc divers par nature. Plus que tout autre forme d'écrit, il explore la complexité (voir ce terme) de l'être.

 

Durée. Le journal se développe sur la durée. Ou la durée n'est pas déterminée au départ (forme du "journal total" de certains journaux intimes), ou au contraire celle-ci est déterminée par un contexte : le temps d'un voyage, d'une recherche.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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