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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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10 janvier 2014 5 10 /01 /janvier /2014 09:18

 

Une autre façon de faire écho à ces questions consiste à interroger l’analogie, voire le glissement, que l’on peut déceler dans les « naissances » de l’AI (voire dans le propre travail de VS), entre les différentes institutions concernées (essentiellement les institutions asilaire et scolaire, mais aussi le champ politique). Ces institutions, de même que les phénomènes de groupe ou les relations de pouvoir et les dispositifs qui permettent de les analyser et de les mettre au jour, sont envisagés de manière transversale (cf. le concept de transversalité cher à Guattari), voire en termes de manifestations d’un même État inconscient, selon le terme de R. Lourau. Perspective sans aucun doute heuristique, mais qui, pour autant, risque de conduire à minorer la spécificité et « l’objet » propres à chacune de ces institutions (l’accueil et le soin pour l’institution clinique, la transmission de savoirs et de pratiques culturelles pour l’école), à dissoudre les questions spécifiques qu’elles ont à affronter – et ce que l’on pourrait nommer « l’effectuation d’un projet intérieurement normé » pour reprendre une formulation utilisée par G. Canguilhem à propos de l’histoire des sciences dans une discussion critique du concept d’episteme de M. Foucault – dans la question des relations de pouvoir ou des rapports sociaux de domination. VS rappelle opportunément les controverses des années 1960-70 dans le domaine de la santé mentale et les positions de « défense de la clinique » (au double sens de ce terme) qui étaient celles de Jean Oury, à l’encontre de certains courants et préconisations de « l’anti-psychiatrie », voire de certaines positions de Guattari lui-même, et son refus (qui était également celui de Tosquelles) de ne pas réduire la maladie mentale à un effet de l’oppression et de la domination sociales, de ne pas dissoudre donc l’espace-temps de la clinique dans celui du politique, tout en maintenant l’institution clinique ouverte au questionnement émanant de l’extérieur. Il semble que ce soit le même type de controverse qui, concernant l’institution scolaire, oppose Fernand Oury et Raymond Fonvielle, le premier étant soucieux de préserver l’institution scolaire (et les dispositifs tels que le conseil) comme espaces et dispositifs de symbolisation spécifiques, irréductibles, eux aussi, aux rapports de domination. On regrette que VS n’ait pas approfondi autant cette discussion concernant la pédagogie institutionnelle qu’il l’a fait concernant la psychothérapie institutionnelle. Au-delà de cela, ne serait-il pas intéressant de considérer les institutions concernées par la naissance et le développement de l’AI, non pas seulement dans leur dimension commune ou transversale, mais également dans leur spécificité et normativité propres (au sens de Canguilhem), comme étant non seulement des espaces-temps saisis par les rapports de pouvoir et de domination, mais aussi comme des espaces-temps où peuvent se développer des pouvoirs d’action et de pensée sur le monde, et d’élaboration de formes de vie développant les possibles du réel ? Ou encore de mieux penser les rapports entre, d’une part, les institutions (les groupes, par exemple) ou les dispositifs mis en œuvre par l’AI, et que celle-ci peut avoir tendance à penser comme étant à eux-mêmes leur propre ou comme indifférents à la normativité propre à chaque institution (la clinique, l’école) et, d’autre part, cette spécificité et cette normativité propres, et donc de spécifier plus avant le type d’AI dont seraient redevables l’école, la clinique, la formation d’adultes… Pour dire les choses encore en d’autres termes, la focalisation sur la mise au jour et le dévoilement des enjeux et relations de pouvoir qui se nouent dans le fonctionnement des institutions objets de l’AI ne risque-t-elle pas de conduire celle-ci à dissoudre dans cette dimension politique les questions spécifiques aux problèmes et à la normativité propres à chacune de ces institutions, et à adopter ainsi une position symétrique et spéculaire, de la posture scientiste discutée chez Althusser, auquel on peut reprocher de rabattre le politique sur le scientifique ou l’épistémologique, en ayant tendance, à l’inverse, à dissoudre la composante normative (au sens de Canguilhem) des activités et des institutions humaines dans les seules relations de pouvoir ou rapports de domination, voire à faire de l’AI, certes « une maïeutique sociale critique », mais habitée de manière plus ou moins explicite par une tentation ou une posture subjectiviste et idéaliste ?

 

(...)

 

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