Le blog de Benyounès Bellagnech

Un journal institutionnel

En septembre 1984, j'ai eu l'idée de tenir un «journal institutionnel » qui pourrait constituer le texte de mon Rapport (final) de recherche.

A ce titre, il serait joint à l’ensemble du dossier qui sera transmis au Ministère à la fin de la recherche sur la première année à Paris VIII.

Voilà le contexte institutionnel de mon texte : à partir d'une « commande », je fais une recherche et je tiens le journal de cette recherche depuis la rentrée. J'essaie de décrire par des récits la mise en place progressive des nouveaux dispositifs de premier cycle dans notre université.

Je tente de décrire au jour le jour ce qui se passe dans la mise en place des premiers cycles, ou, du moins, ce que je perçois de ce qui s'y passe. C'est une vision «active » et située. Ce que je « vois » apparaît souvent comme l'effet d'activités : mon activité pédagogique du jeudi matin dans mes deux U.V. et la préparation de ces « enseignements » (l'un de radio, pour E.C.A., l'autre d'ethnologie pour une U.V. d'orientation en P.C.S.). Cette activité pédagogique n'est pas préformée au départ : elle se met en place lentement. Elle me conduit à des interventions, notamment pour la tentative de faire passer à l'antenne de notre radio locale F.M.R., installée dans la fac, les travaux des étudiants: une activité d'intervention dans les réunions comme celle de l'équipe pédagogique de la formation E.C.A., les réunions de gestion de l'ensemble des premiers cycles, celles de la Commission de pédagogie, parfois le Conseil d'Université où j'assiste comme observateur (dans notre Université, les « observateurs » peuvent intervenir au cours des réunions du Conseil, qui est ouvert au public).

Je n'ai aucun statut dans l'université autre que celui d'enseignant. Je ne suis ni membre du Conseil d'Université, ni représentant d'un département à la Commission pédagogique, ni responsable d'une formation de premier cycle.

Mais je vais un peu partout où je peux aller. Je me considère un peu, parfois, comme un « ethnologue » dont le terrain serait la « fac ». Mais je n'utilise pas des procédures établies d'enquête ethnographique.

Ma « méthode », ou ma « non-méthode », ou peut-être mon ethnométhode est une sorte de dérive continuelle dans notre établissement où je vais tous les jours, même les samedis et dimanches, pour utiliser à plein temps les machines à traitement de textes. Elles sont, depuis la rentrée, mon seul outil technique de travail et d'enregistrement de mon journal, que j'écris directement au clavier.

Ce que j'écris est influencé par l'analyse institutionnelle, la psychanalyse et l'ethnométhodologie.

Georges Lapassade

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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