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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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6 avril 2012 5 06 /04 /avril /2012 10:36

b) Le statut de l'analyste

 

Autre niveau de divergence entre l'analyse institutionnelle et la recherche-action, c'est le statut de l'"analyste". Dans toute recherche, les chercheurs ont plus de "savoir" que les autres participants. C'est le problème du chercheur-expert. La solution de ce problème de l'écart de connaissance entre les chercheurs et les autres participants n'est pas la même, dans la tradition de l'analyse institutionnelle et dans la tradition de la recherche-action. Nous poserons en effet l'hypothèse que l'analyse institutionnelle a ici trouvé une solution théorique et pratique, que les tenants de la recherche-action n'avaient pas appréhendée. Alors que chez les auteurs de la recherche-action, s'inscrivant dans une tradition de lecture de J. Habermas (1), on a l'impression que la communication n'est possible que dans l'ordre du discours rationnel - et cela dans une sorte d'espace protégé de tous conflits de pouvoir - (ils supposent alors que l'accès au logos est également partagé par tout acteur!), faisant l'impasse sur toute la partie irrationnelle du social, l'analyse institutionnelle tente d'articuler ce qui est de l'ordre du discours rationnel (logos) et ce qui est de l'ordre de l'irrationnel, du non inscrit dans des mots (pathos).

 

J. Habermas inscrit sa recherche dans une perspective autogestionnaire (comme l'analyse institutionnelle). Mais en même temps, en oubliant cette inégalité de départ entre tous les participants d'une recherche-action, inégalité qui se place justement dans l'accès au langage, il réinvente dans ce projet autogestionnaire une inégalité de position, une impossibilité de fait pour tous les acteurs d'avoir le même pouvoir d'interprétation et d'intervention. En dernière instance, celui qui détient les mots a toujours le dernier!

 

Comment se positionne l'analyse institutionnelle pour sortir de cette difficulté? Elle pose le principe que l'analyse n'est pas seulement de l'ordre du discours, mais peut fonctionner dans d'autres registres. Elle a inventé un rapport à l'objet, une méthode dans laquelle ce n'est pas l'analyste qui produit l'analyse mais le dispositif d'analyse. L'analyste ne pourra dans le meilleur des cas que penser le dispositif initial, le construire avec d'autres, mais ce qui en sortira ne pourra pas être l'objet de sa seule interprétation. Sur quoi repose ce rapport spécifique que l'analyse institutionnelle veut entretenir à son objet ? Sur deux concepts: l'analyseur et l'implication.

 

L'analyse institutionnelle est comme la recherche-action présente sur des lieux où émergent conflits, contradictions ou crises sociales, dans le micro­social ou même dans le macro-social. Mais le processus de la recherche ne passe, pas toujours par la participation directe des analystes.

 

(1) - Voir J. Habermas "Vorbereitende Bemerktingen zu einer Theorie der Kommunicativen Kompetenz", in J. Habermas et N. Luhmann, Theorie der Geselischeft oder Sozialtechnologie, Frankfort,1971, pp. 101-141. Voir également en français J. Habermas, Connaissance et Intérêt (préface de J.R. Ladmiral) Paris, Gallimard, 1976.

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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