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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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22 janvier 2010 5 22 /01 /janvier /2010 09:35

Tours, mercredi 27 septembre 2000, soutenance de thèse de Loïc Clavier, 14 h


Repas super avec Michel Lecointe, Jean Aubégny et Jean-Claude Sallaberry, les autres membres du jury, dans un restau traditionnel. On boit un excellent Saint-Nicolas de Bourgueil… et l'on cause de choses et d'autres. On évoque des collègues: Francis Imbert, J. Ardoino, Guy Berger, René Lourau, Georges Lapassade, Jacques Wittwer, Clanché. Michel Lecointe m'explique qu'il est fils de paysans. Il partage avec moi le respect pour l'éducation domestique. J'aime ce personnage, auteur de deux ouvrages chez Syros.


Jean Aubégny… C'est lui qui m'avait fait inviter à Tokyo en 1993. Nous avons travaillé ensemble dans les années 1985-88 avec Jacques-André Bizet. Il avait publié en 1982 un article sur Le lapsus des intellectuels dans les Cahiers pédagogiques, assez original qui avait d'abord été refusé par les Cahiers et qui avait finalement été pris, suite à une lettre de René Lourau disant qu'il se retrouvait pleinement dans ce texte!


Hier, rentrant de ma réunion OFAJ (où j'ai pris la décision de publier avec Gaby Weigand un ouvrage sur La dynamique des groupes sociaux réels), Lucette m'a fait entendre un message de Georges Lapassade m'annonçant qu'il se retirait de Pratiques de formation, parce que Ardoino refuse un texte de Gilles. Du coup, j'ai aussi envie de me retirer de ce numéro de revue. J'ai envie de prendre du champ. Jacques Ardoino et Nicole Meyer me demandent de rendre le dossier. Sans Lapassade, ce numéro perd son équilibre. En même temps, je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'essentiel dans le fait de publier un texte de Gilles. Pourquoi lui plutôt qu'un autre? Il préface un autre numéro sur Lourau. Pourquoi mettre son nom partout? Tant que l'usurpation de la place de responsable du LRAI n'aura pas été analysée, je ne reconnais pas Gilles comme le successeur de René… R. Lourau était un auteur. Il inscrivait l'AI dans un rayon de bibliothèque. Gilles, n'ayant publié aucun livre, doit d'abord devenir auteur avant de s'inscrire dans la filiation institutionnaliste. Que faire, dans les temps qui viennent, sinon écrire? Je ne vois plus d'autre tâche que de m'adonner au métier d'auteur… et de directeur de collection…Depuis plusieurs années, j'accumule des expériences de terrain. Il faut en faire un bilan, une analyse.


Jean Aubégny raconte son itinéraire de direction de recherche avec Loic Clavier… Combien de fois ai-je vécu cette situation de soutenance de thèse avec René Lourau? Partager un moment de travail avec des gens que l'on aime est vraiment une chance fantastique…


Je viens de faire mon numéro sur la thèse de Loic. C'est Michel Lecointe qui me suit… Mon idée sur ce travail, c'est que c'est un collage de plusieurs parties distinctes : histoire, cartographie conceptuelle, terrain, bibliographie et lexique. Beaucoup de choses, mais cela manque de mise en perspective, de dialectisation. Cela me fait penser qu'au-delà de courants théoriques comme la systémique ou l'A.I., il existe une autre possibilité : l'analyse régressive-progressive qui permet de penser ensemble l'étendue et la durée. Je dois souligner l'effort pour confronter systémique et institutionnalisme… mais là encore, c'est un peu de l'ordre du collage.


J'ai envie de quitter les Verts. Gaby Cohn-Bendit m'a longuement téléphoné cette semaine. Il a envie de quitter les Verts, car il a l'impression d'y perdre beaucoup de temps… L'échec des réformateurs du 18e, hier, me fait penser que, moi aussi, je devrais prendre quelques distances, question qui travaille aussi Philippe Thiéfaine.


Michel Lecointe, qui a écrit dans les années 1980 un ouvrage sur le militantisme, m'a fait remarquer que les Verts sont souvent des célibataires ou des gens fonctionnant comme des célibataires. Le parti est une machine à avaler le temps. Cette machine broie les personnes, organise des haines, du ressentiment. Cela fatigue, risque d’user. Il faut prendre les devants. Ne pas devenir un chronique du Parti… René Lourau aurait trouvé folle l'idée même d'adhérer au parti. Il est parti, avant que je ne lui annonce ma décision. Cela s'est fait dans ma tête en juin 1999, écrit en juillet, enregistré en septembre… et Lourau meurt en janvier 2000, sans que j'aie évoqué avec lui ce choix. En fait, je rentre chez les Verts avec le désir d'y vivre à la base, incognito… Cela ne marche pas. Très vite, je suis repéré… On m'invite à entrer à la commission nationale éducation. Je fais le voyage Paris-Munich… Les choses s'enchaînent très vite. Je rencontre de plus en plus de gens… On me propose de prendre la commission "éducation"… J'accepte. Dans le même temps, cette demande rencontre la haine du CNIR. On se bat contre mon élection… Pourquoi? On me reproche ma position sur les Sans-papiers. Je dois répondre en deux minutes… De toute façon, le procès est monté d'avance. Je suis balayé: 32 contre ; 28 pour. En juin, nouveau passage. Toujours un important groupe qui continue à voter contre moi… Pourquoi? Sinon que je défends Jacky Anding, contre la cuirasse Garel dans le 18°?


Je ne puis quitter mon appartement. Je viens de m'en porter acquéreur. J'y suis heureux. Je ne quitterai donc pas le 18ème. Les Verts du 18ème ne supportent pas mon rapport au monde. Je les agace. Ma liberté d'expression leur est insupportable. Du fait de l'importance du groupe local, chez les Verts, le fait d'être rejeté systématiquement et a priori rend le fait d'adhérer insupportable… La vie est impossible. En même temps, ma manière excessive d'entrer dans les choses fait que j'ai vécu ma surimplication dans le parti comme une dépendance… À quoi correspond, chez moi, cette adhésion? Quel manque cet activisme venait-il combler? Passer son temps en réunions, à long terme, n'a pas beaucoup de sens, surtout lorsqu'on a des idées à écrire, des doctorants à encadrer, un jardin à entretenir!


Remi Hess

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

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