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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 15:32

 

Chapitre 5 : de l'initiation au psychodrame p 96-111

 

Si Moreno se rapproche de Freud en cherchant dans l'enfant le secret de l'adulte, il s'en éloigne en célébrant l'enfant comme « le génie de la race ».

 

Il cherche à dégager dans un premier temps la spécificité de l'enfance. Cette spécificité c'est la spontanéité, celle qui prenant en compte l'inachèvement de la naissance, permet de riposter, de créer. Naître, c'est s'auto-créer. De cela découle une conception du normal et du pathologique.

 

Qu'est-ce qu'un homme sain? Est-ce celui qui est adapté? Pour Moreno et d'autres mais aussi pour Ganguilhem, l'homme sain est celui qui riposte face à la complexité, celui qui crée ses normes.

 

Cela me renvoie au livre de Cifali, lorsqu'elle évoque le recours aux descriptions de l'enfant qu'utilise les adultes pour tenter de le comprendre, et qui par ailleurs tentent de dégager les limites entre le normal et le pathologique.

 

Par ailleurs, je crois me souvenir que Ganguilhem a fortement inspiré Lapassade pour l'écriture de cet ouvrage et si je dois présenter l’œuvre il faudra que j'aille faire un tour de ce coté là. Ce rapport au normal/ à la norme semble être une des préoccupations de Lapassade. Au moment de l'écriture de ce livre, il était en analyse et selon Lobrot pour tenter de se défaire de son homosexualité, qui à l'époque, dans la classification psychiatrique, était vue comme une perversion.

 

Moreno présente l'inachèvement comme une qualité car il permet l'acculturation. Ne pouvant se développer seul, le nourrisson survit à l'aide du « placenta social » constitué de son entourage. C'est l'inachèvement qui est source de la culture, en obligeant l'homme à riposter, mais cet inachèvement est aussi source d'aliénation dans le sens où l'enfant doit composer avec la culture élaborée par ses prédécesseurs. Ce phénomène tend à nous faire perdre notre élan créateur qui est la caractéristique de l'espèce humaine.

 

D'un point de vue thérapeutique, Moreno en tire la conclusion que pour soigner, il faut retourner à l'enfance la maturité étant une réification. C'est par ce retour à l'enfance et à l'élan vital qui la caractérise que la personne peut se sortir des difficultés rencontrées.

 

J'ai regardé une séance de psychodrame de Moreno, lorsqu'il présentait sa pratique à la Salpétrière en 1955. (1) L'image et le son ne sont pas de très bonne qualité. C'est assez amusant, très théâtral. Il parle fort, en anglais, avec un accent. Il est très directif. A un moment, il hypnotise très rapidement une jeune femme, comme par magie et elle se remet à revivre un rêve. Cela m'a fait penser à l'intérêt que Lapassade aura plus tard pour les phénomènes de dissociation.

 

Il y a une similitude de point de vue avec Sartre sur ce sujet, pour lequel l'homme se définit par son projet, le dépassement d'une situation.

 

Moreno puise surtout dans les conceptions de Rousseau et de Bergson sur l'état de nature.

 

Ensuite Lapassade passe à l'examen d'un compte-rendu écrit d'un psychodrame mené par Moreno en 1939. Moreno dit que certaines personnes sont marquées par leur incapacité à finir quelque chose, à décider. Cela le renvoie à la position de Kierkegaard pour qui la maturité se définit par la capacité de choisir. En fait pour Moreno, le psychodrame permettrait d'entrer dans la vie adulte mais Lapassade se demande si en fait, ce n'est pas l'acceptation du changement que cela permet.

 

Il conclut par la constatation que Freud et Moreno présentent une position ambiguë quant à la question de la maturité qui serait d'être capable de surmonter les résidus de l'enfance. Ils n'arrivent pas à se dégager de la norme « adulte ». Lapassade précise qu'être inachevé ne veut pas dire ne pas se construire. (2)

 

Il pense que Moreno n'a pas été jusqu'au bout de sa réflexion et que finalement son idée est que l'homme est un adolescent permanent. Le psychodrame remplace les rites d'initiation.

 

 

(1) http://www.psynem.org/PedopsychiatriePsychanalyse/Dossiers/Psychodrame/index.htmconsulté le 19/02/2011

(2) p108

 

 

Hélène M.

 

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

http://journalcommun.overblog.com/

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commentaires

L
Il faut bien préciser les choses :c'est l'adulte qui se présente comme achevè alors qu'il est en réalité inachevé, n'ayant pas intégré les valeurs vitales de l'enfant. C'est l'enfant qui est achevé<br /> et qui mérite qu'on l'imite, non pas dans ses manques qui sont évidents mais dans sa dynamique. La poésie, selon Baudelaire c'est "l'enfance rerouvée".
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