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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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2 mars 2013 6 02 /03 /mars /2013 11:01

 

* * *

 

 

 

Guy m'accueillait chez lui.


À onze heures, j'arrêtais le dictaphone. Quelquefois il me de­mandait des nouvelles de mon fils. Je parlais de lui et de ma famille. Il me parlait de ses enfants, de ses petits-enfants et de sa famille.


Ni lui, ni moi ne ressentions le besoin d'allumer le dictaphone. La famille était présente dans nos rencontres. Sa trace est restée dans l'oralité qui ne demande pas aujourd'hui à être transcrite.

 


 

* * *

 

 

 

Guy m'accueillait chez lui. Il ne me demandait pas d'être com­me chez moi. Il me préparait du thé et je venais avec deux croissants et deux pains au chocolat. Nous conversions en marchant assis l'un en face de l'autre. Il arrivait que le téléphone sonne. Il allait répondre. J'arrêtais la marche du dictaphone. Il était chez lui et m'invitait à me sentir aussi bien que possible comme chez moi.

 


O peuples, faites attention à ceux qui vous disent de faire com­me chez vous. Si nous les prenions au mot, nous changerions tout chez eux. Cette formule de politesse doit se nourrir d'une vérita­ble invitation. Si je suis comme chez moi, je ne suis plus comme chez toi. Alors qui invite qui ? Qui reçoit qui ? Je préfère être chez toi en me sentant chez toi comme dans le lieu de mon désir d'un mieux-être.

 


La confidence est ce face-à-face narratif où l'autre s'épanche, se permet de donner devant toi les noms, de nommer et de méditer devant toi le sens d'un projet, l'inquiétude du présent, l'esquisse d'un possible avenir, la mise en vigilance à travers le choix de ses histoires intellectuelles pour un engagement commun dans l'aven­ture humaine.

 


J'annonce la personne, Guy devise du sujet. Guy énonce le collectif éducatif, je conjecture sur la communauté éducative. Nous échangeons sur l'aristocratie des savoirs, la démocratie implicative, l'autorité éducative, etc. Nous tâtonnons, nous essayons, nous re­culons, nous avançons.

 


 

 

Babillages ? Bégayer, finalement. Finalement nous ne faisons que cela. Guy parle de nos entretiens. « Dans nos sociétés, regarde le mépris que nous avons du bègue. Et pourtant ici je n'ai jamais fait que bégayer. Répéter, essayer une phrase qui s'arrête et qui m'oblige à revenir en arrière ». Babils certes mais graves, con­versations plutôt éducatives. Guy babille beaucoup, je babille de temps en temps. Il m'écoute, je l'écoute. Les chats sont chez eux et parfois un beau visage connu, en passant, nous salue.

 

 

 

 

* * *

 

 

 

 

Guy m'ouvre la porte, me salue. Je dépose les viennoiseries. Tels, dans une promenade nocturne avec Paul Valéry, nous nous asseyons devant le thé. J'ouvre mon cahier. J'allume le dictaphone et le voyage commence : « J'ai cinq enfants, c'est quelque chose de très important pour moi. En même temps, j'ai une vie plutôt plate... »

 

 

 

Augustin Mutuale

 

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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