Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
  • Contact

Recherche

16 juin 2015 2 16 /06 /juin /2015 08:12

Paulo Freire remarque une antinomie qui se manifeste par « …d'un côté, l'inexpérience démocratique… » (P. Freire, 2001: 26)[1] effet de l'idéologie colonisatrice encore présente au Brésil et « …de l'autre côté, l'émergence du peuple dans la vie publique nationale, provoquée par l'industrialisation ».(P. Freire, 2001: 26)[2]. A travers l'action éducative, l'homme passe d'une position d'expectative, chère aux propositions assistentialistes en éducation, à la participation, en avançant d'une position d'intransitivité de la conscience vers la conscience transitive critique, processus favorisé par la relation dialogique qu'il va établir avec l'autre, avec ses circonstances. La pédagogie proposée par Paulo Freire vise un savoir démocratique, comme il dit, « …vital à la démocratie » (P. Freire, 2001: 31)[3].

Certains penseurs de gauche ont critiqué le travail de Paulo Freire, traversé selon eux par une certaine trace de naïveté, un certain optimisme démocratique. Comme dit Romão, cette naïveté provenait de la contradiction structurale du pacte populiste qui avait besoin de la participation populaire et en même temps, réglait, contrôlait cette participation. Il s'agissait d'une participation dans laquelle le peuple n'avait pas le droit à la parole. Mais, il me semble que Paulo, marxiste, s'était aperçu de cette contradiction quand il a proposé le concept de conscience transitive critique, à laquelle on accède à travers un processus, tout un mouvement, comme il disait, qui incluait l'indispensable lecture critique de la réalité. Donner la parole au peuple, établir le dialogue existentiel à travers la parole est une façon d'exprimer et d’élaborer le monde. D'ailleurs, son oeuvre veut construire un processus éducatif qui donne des outils à l'homme pour la transformation sociale.

De toute façon, Paulo Freire admet des fragilités dans ses premiers écrits. En effet, il dit que son oeuvre passe par « …une longue et lente évolution… » (C.Beisegel, 1989 : 22). Mais il comprend sa pratique comme dialectique dans laquelle le peuple assume son rôle de transformation dans le processus historique. Dans cette oeuvre, il commence à systématiser une pédagogie en rupture totale avec l'enseignement traditionnel.

Paulo parlait du « difficile apprentissage de nommer le monde », en montrant que dans le processus éducatif, il faut considérer une solidarité entre langage-pensée et réalité. La parole, à travers le dialogue, est praxis : elle transforme les choses. Il est intéressant de remarquer qu'il parlait d'apprentissage. L'homme apprend à réaliser sa liberté, à réaliser son projet historique.

Lúcia Ozório

Socianalyste, Professeur-chercheuse à l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro

[1] "… de um lado, a inexperiência democrática…"(P. Freire, 2001:26)

[2] "…de outro lado, a emersão do povo na vida nacional, provocada pela industrialização." (P. Freire, 2001:26)

[3] "…vital à democracia…". (P. Freire, 2001:31)

Partager cet article
Repost0

commentaires