Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
  • Contact

Recherche

24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 17:56

Pédagogie du possible*

 

Par Benyounès BELLAGNECH

 

 

RESUME

Selon Georges Lapassade, la pédagogie est une science des dispositifs ; la pédagogie institutionnelle vise l’autogestion, qui a pour but la désaliénation institutionnelle, la liberté et l’autonomie de l’individu comme celle du groupe. Né, dialectiquement et comme dépassement des contradictions, des conflits internes, mais aussi externes du courant de l’analyse institutionnelle à Paris 8, le mouvement des irrAIductibles s’inscrit dans la pédagogie institutionnelle. La pédagogie du possible en est une variable universitaire. La variable étant l’objet de la science, je me suis donc engagé dans une recherche action dans le cadre de la pédagogie du possible. Ce travail est une tentative d’élucidation des dispositifs de la pédagogie du possible appliquée par les pédagogues et les étudiants en tant qu’acteurs de l’expérience dans le cadre du mouvement des irrAIductibles.

La dialectique comme science des contradictions du réel, de la démarche méthodologique ainsi que du mode de représentation et d’exposition de la recherche action, est mise en œuvre dans cette thèse. L’histoire de vie, la pratique du journal, la méthode régressive progressive, l’observation participante engagée, ainsi que les principaux concepts de l’analyse institutionnelle, constituent la trame de ce travail, et ce dans le cadre d’une démarche à la fois individuelle et collective.

La métanalyse est une démarche globale qui permet au chercheur d’effectuer l’aller et retour  entre la pratique et la théorie, le terrain et sa conception, dans le temps et l’espace. C’est à la fois la somme et le reste de la recherche, dans une perspective multiréférentielle, multidimensionnelle, qui affronte la complexité de la pédagogie du possible, du probable et de l’impossible.

Ce travail de recherche est présenté en trois parties, précédées par une introduction dans laquelle je tente d’expliciter les concepts clés de cette recherche dont la dialectique, la pédagogie du possible et la métanalyse. En effet, la dialectique traverse le texte, à la fois en tant que méthode de recherche, mais aussi en tant que mode d’exposition de cette thèse. La pédagogie du possible englobe l’expérience pédagogique vécue et observée dans le cadre du mouvement des irrAIductibles, nom que porte la revue créée par ce groupe en 2002 à Paris 8, dont quatorze numéros sont déjà parus. Une autre série de publications a été produite dans la collection « Transductions » qui compte sept titres. Ces publications reflètent une partie du travail réalisé par le groupe d’analyse institutionnelle à Paris 8. La thèse relate les autres activités dont les séminaires, les réunions hebdomadaires, les colloques annuels et la liste Internet qui compte plus de trois cents personnes dans le monde.

Dans la première partie, j’aborde la problématique de l’implication en tentant de l’expliciter par mon histoire de vie, par mon parcours, qui m’ont conduit à choisir cette voie. L’accent est mis sur les institutions dont je suis le produit et l’observateur analyste dans une relation dialectique. Ainsi mes implications se déclinent dans le cadre libidinal, groupal, organisationnel et idéologique.

La deuxième partie est consacrée à mon entrée progressive dans la recherche, recherche qui remonte à mes débuts en tant qu’écolier, en passant par le collège, le lycée et l’université, sans oublier l’expérience militante qui s’inscrit en partie dans une recherche action non conscientisée. Ma rencontre avec l’analyse institutionnelle par le biais de ses grandes figures : René Lourau, Georges Lapassade, Raymond Fonvieille, Patrice Ville et Remi Hess, a été le déclencheur d’un processus de recherche. Cette thèse est une partie de la recherche menée depuis fin 1999, date de ma rencontre avec ce courant d’analyse institutionnelle. Mon directeur de recherche, Remi Hess, me conseille de travailler sur la dialectique, en tant que vision et méthode théorique et pratique. Je suspends le travail de recherche entamé auparavant et je mets en pratique son conseil.

Dans le même temps, une expérience instituante de la pédagogie du possible à Paris 8, qui prône l’articulation entre la théorie et la pratique, est mise en oeuvre ; cela devient mon terrain de recherche. Je participe activement aux travaux menés par mon équipe sur les plans pédagogique, de la recherche et au niveau institutionnel. Dans la troisième partie de ce travail, je décris et j’analyse ce que j’appelle la pédagogie du possible mise en pratique par le groupe des irrAIductibles.

La méthode régressive progressive, empruntée à Henri Lefebvre consiste à considérer l’ici et maintenant, à tenter de comprendre la genèse et l’évolution des phénomènes et à essayer d’envisager leur devenir. Cette méthode traverse le texte de la thèse. Les dispositifs pédagogiques et de recherche mis en place sont soumis régulièrement à l’évaluation, à l’analyse et à la remise en question permanente. La transversalité du groupe et les implications des individus qui participent à la pédagogie du possible sont également questionnées. La pratique du journal initiée par Remi Hess est érigée dans ce travail comme discipline à part entière. En effet, elle permet au chercheur d’être constamment au plus près de son terrain, de décrire et d’analyser, dans les détails, son objet. Ainsi le journal, sous différentes formes, comme outil de la recherche traverse cette thèse du début à la fin. D’autres outils sont aussi mis à contribution tels que le compte rendu, l’entretien non directif, la correspondance via Internet. L’ensemble de ces outils est mis en commun d’une manière autogérée permettant d’éviter l’isolement du chercheur et facilitant l’immersion dans le groupe et l’interaction en son sein.

La pédagogie du possible n’est pas une recette, elle est une construction collective. C’est une construction pratique au jour le jour dans des situations concrètes. Par conséquent, sa description et son analyse ne peuvent que suivre son déploiement et sa mise en œuvre. L’expérience décrite dans cette thèse permet par ailleurs une métanalyse ayant pour objectif une généralisation théorique non dogmatique sur d’autres terrains. L’adhésion de chercheurs et d’universitaires de plusieurs pays dans le monde est la preuve que la pédagogie du possible demeure une perspective viable et crédible. Ceci à  condition  qu’elle soit accompagnée d’une critique socio-historique remettant en question, d’une manière permanente, le possible, le probable et l’impossible. La conclusion de ma thèse se résume non pas dans cette critique, mais dans l’appel à la critique comme étape pouvant éventuellement intervenir ultérieurement. Le courant de l’analyse institutionnelle est fondé sur la critique permanente de la théorie et de la pratique ; la pédagogie du possible qui s’inscrit dans ce courant ne peut être qu’une pédagogie critique.                      

Benyounès Bellagnech
http://lesanalyseurs.over-blog.org/

 

 

 

Partager cet article
Repost0