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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 16:46

Biographies interculturelles d’institutionnalistes

 

Tentons d'illustrer ces idées en montrant les appartenances disciplinaires, les terrains sur lesquels se sont engagés les institutionnalistes, leurs objets, et la manière dont ces terrains et ces objets furent l'occasion de constructions transversales avec différents pays. Examinons d'abord quelques figures françaises du mouvement, et voyons ensuite quelques profils d'Institutionnalistes d'autres pays, pour montrer leur ancrage dans l'international et aussi dans une pensée de l'interculturel plus quotidien (identité sexuelle, générationnelle, institutionnelle).

 

a) Quelques figures françaises du mouvement institutionnaliste

 

Les Béarnais

 

Quatre Institutionnalistes de la première génération sont issus du Béarn (Georges Lapassade, René Lourau, Gérard Althabe, Henri Lefebvre), région dont furent issus d'autres intellectuels français de cette génération (Roland Barthes, Pierre Bourdieu, par exemple).

 

Chez ces personnes, l'origine provinciale (appartenance forte) fut doublée d'une tension d'appartenance de classe: G. Althabe, R. Lourau sont d'origine très modeste. Il faut «monter à Paris» pour fuir un milieu social d'origine sans perspective d'établissement. Pour «faire carrière», il faut devenir instituteur (G. Lapassade, R. Lourau), passer des concours. Souvent, l'Institutionnaliste sera le seul de sa famille à faire une carrière intellectuelle, les autres membres de la fratrie restant au pays.

 

Georges Lapassade

 

Ainsi, G. Lapassade, né en 1924, devient d'abord instituteur, poursuit des études de philosophie. Il se déplace d'abord à Montpellier, puis vient à Paris où il vit l'existentialisme au Quartier Latin, se lie avec Merleau-Ponty, fait, sur le conseil de Jacques Lacan, avec Jean Laplanche, une psychanalyse pour intégrer son homosexualité. Il est l'auteur d'une thèse sur L'entrée dans la vie, essai sur l'inachèvement de l'homme (1962), dans laquelle il déconstruit le «mythe de l'adulte». Il invente l'analyse institutionnelle, comme mouvement autonome, en relation avec Félix Guattari et quelques autres psychothérapeutes ou pédagogues. Ayant été «possédé» et «exorcisé» dans son enfance, il découvre très tôt l'ethnologie exotique des phénomènes de transe, autre forme de la microsociologie. Cette découverte le conduit à beaucoup voyager dans des cultures différentes (Tunisie, Maroc, Brésil, Italie du Sud, notamment) (1). A côté de nombreux travaux sur l'autogestion pédagogique, la socianalyse, la théorie des groupes, G. Lapassade construit une théorie de la dissociation, qui, dans le prolongement de sa lecture de Pierre Janet, lui fait voir les phénomènes de dissociation comme une ressource, plutôt que comme une pathologie. Il réinvestit cette recherche dans la compréhension de l'adolescence qui l'a toujours concernée.

 

René Lourau

 

René Lourau (1933-2000), bon élève, devient instituteur. Il passe le concours d'entrée à l'école normale supérieure en lettres, monte à Paris. Professeur de lycée, il lit La somme et le reste d'Henri Lefebvre. Il s'inscrit d'abord avec ce philosophe pour une thèse sur le surréalisme, puis au contact de G. Lapassade, opte pour la sociologie. Dans le prolongement des recherches d'Henri Lefebvre sur l'organisation politique et l'Etat (2), il a développé une forme macrosociologique de l'analyse institutionnelle (3). Sur ce terrain, il a rencontré les préoccupations de chercheurs latino-américains. Il a collaboré avec des chercheurs argentins, brésiliens (4), mexicains, etc. Il développe une théorie de l'implication qui veut rendre compte des surdéterminations de la position du chercheur dans le choix ses objets de recherche, et surtout dans les produits de sa recherche. Cette exploration se fait à partir de l'écriture de journaux de recherche. La théorie de l'implication se prolonge d'une exploration de la logique transductive, qui apparaît comme une autre logique que la logique hypothético-déductive.

 

(1) G. Lapassade, Le bordel andalou, Paris, L'herne, 1971, L'arpenteur, Paris, épi, 1971, trad, allemand. Le livre fou, Paris, épi, 1971. Les chevaux du diable, Paris, Jean-Pierre Delarge, 1974. Essai sur la transe, Paris, éditions universitaires, 1976. Joyeux
tropiques
, Paris, Stock, 1978. L'autobiographe, 1980, nouvelle édition Vauchrétien, Ivan Davy, 1997. Gens de l'ombre, Paris, Anthropos, 1982. Les états modifiés de conscience,

Paris, PUF, 1987. La transe, Paris, PUF, 1989.

 

(2) H. Lefebvre, De l'Etat, Paris, 10/18,4 tomes, 1976-78.

 

(3) R. Lourau, L'analyse institutionnelle, Paris, Minuit, 1970, et surtout L'Etat inconscient, Paris, Minuit, 1978.

 

(4) R. Hess, Le voyage à Rio, sur les traces de René Lourau, Paris, Téraèdre, 2003.

 

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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