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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 10:09

I. De l’émergence du sujet à la question de recherche

1. L’émergence du sujet

En entrant en Licence de Sciences de l’éducation, il y a trois ans, j’avais peu d’idées quant aux choix des thématiques de l’institution, dans laquelle j’allais évoluer pendant plusieurs années. Le hasard me fit choisir certains livres plus que d’autres. C’est ainsi que j’ai lu Éducation et politique, puis Groupes, organisations, institutions. Ces deux auteurs, Jacques Ardoino et Georges Lapassade, m’ont alors conduite vers les prémices de mon orientation actuelle, en me faisant découvrir Karl Marx.

 

J’ignorais tout de l’oeuvre de K. Marx. Je désirais en apprendre davantage. C’est ainsi que j’osais poser ma première question à un professeur, Remi Hess. Je connaissais son rapport à Georges Lapassade, et il était, à mon sens, l’enseignant le plus à même de me guider dans mes premiers pas. Il m’orienta vers Le Marxisme, d’Henri Lefebvre.

 

Remi Hess devint finalement mon directeur en Master 1. En février 2009, il me proposa d’orienter ma recherche sur l’oeuvre d’Henri Lefebvre. Ce que j’acceptais avec plaisir. Depuis, j’ai réussi à obtenir et survoler l’ensemble de ses ouvrages, sans pour autant connaître encore l’ampleur de tous ses textes et articles divers, publiés, dans les revues. J’ai découvert les différentes facettes des recherches (2) et les directions entreprises par Henri Lefebvre, et je me suis demandée pourquoi avoir autant diversifié ses champs. Ainsi, l’étendue de son savoir m’a orienté vers une réflexion sur le sens de cette multitude d’objets étudiés et m’interpelle sur ce besoin de connaissance. Pourquoi apprendre toute sa vie ?

 

À travers les lectures, je prenais conscience de la faculté de pédagogue d’Henri Lefebvre. L’auteur me plaisait. Je poursuivais en lisant rapidement d’autres livres, tel Le droit à la ville (3). Mon objectif était de saisir le cheminement de la pensée de cet auteur. Je continuais mon approche de Marx et j’orientais aussi mes lectures vers les livres décrivant l’analyse de l’oeuvre de Marx. Après Le Marxisme, lu en licence, je découvrais Pour connaître la pensée de Marx, en master 1. Puis, je ressentais le besoin de mieux connaître l’auteur : Le temps des méprises (4), La révolution n’est plus ce qu’elle était (5), puis L’aventure du siècle écrit par Remi Hess en 1987, ont répondu à cette attente. Je fus vite conquise.

 

Ce mémoire s’est donc orienté vers un objet de recherche s’articulant autour d’un auteur (Henri Lefebvre), sa vie (comme modèle d’une éducation tout au long de la vie) et de son oeuvre (ses traces pour comprendre son processus de réalisation en tant qu’Homme total). Il doit me permettre d’introduire ce qui me semble une évidence, cependant encore non explicable. C’est-à-dire, saisir le sens que chacun donne à sa vie, par rapport aux savoirs. Henri Lefebvre traite, au travers de ses textes, de nombreux thèmes qui entrent en résonnance avec mes pensées. La recherche de la liberté, de la connaissance, de la conscience, de la morale, de l’état, de l’obligation… Ainsi, j’oriente mon cheminement en me posant les questions, par rapport à l’approche de son oeuvre. Pour moi, il incarne la mise en pratique d’une éducation tout au long de la vie. Cela fait écho avec une phrase si souvent citée par Remi Hess : l’oeuvre de l’homme, c’est lui-même. C’est ce leitmotiv, qui me pousse à construire ma recherche en définissant Henri Lefebvre comme l’un des précurseurs. Aussi, il me paraît évident d’introduire sa vision de l’Homme total comme une nouvelle vision de l’éducation.

 

Il y a ceux qui souhaitent apprendre toujours plus et ceux qui acceptent la vie telle qu’elle est.

Je m’interroge donc sur les raisons de non-satisfactions : quand, comment et pourquoi apprendre ? Ainsi, cette recherche se poursuit aujourd’hui, afin de saisir, chez cet auteur, ce qui fait de lui un pédagogue de l’éducation tout au long de la vie. Je le considère comme un éveilleur, il me donne des envies, des idées, de lire et de saisir un objet, puis l’autre. Henri Lefebvre est un passeur, il m’apporte son savoir. Il est un guide, il me désigne les chemins à prendre, il me conseille. À l’arrivée, je comprends enfin les raisons d’un tel détour. La diversité de ses oeuvres et sujets m’ouvrent au monde. Il est donc penseur tout au long de sa vie.

 

(2) Dans le chapitre de présentation d’Henri Lefebvre, j’explique les différents domaines dans lesquels il travaille. Cette analyse s’est faite suivant les ouvrages parus au cours de sa vie, ainsi que ses publications posthumes. Je remarque un classement possible, suivant plusieurs thématiques récurrentes dans chaque livre : Marx et le marxisme, le monde moderne et la vie quotidienne, l’urbain, l’évolution technique, la révolution, l’État, la logique, la dialectique, le capitalisme, l’art, l’Allemagne…

(3) Ce livre était épuisé. Il fallait le republier rapidement car Laurence Costes (en janvier 2009) venait de sortir un livre sur Lire le droit à la ville. Remi Hess et moi-même trouvions la conjoncture favorable pour le rééditer. La décision prise, le livre paru dans les librairies fin avril.

(4) Ce livre est une forme d’écriture autobiographique. Il est explicatif du mouvement pris par la société. Il retranscrit un entretien entre Henri Lefebvre et son interlocuteur qui restera anonyme dans ce livre. On découvre au travers de ce questionnement et des réponses, l’histoire de vie d’Henri Lefebvre car pour lui son vécu prend de l’importance dans l’interprétation qu’il fait de la société : « je puis dire que mon oeuvre, ma seule oeuvre, c’est ma vie, mon « vivre » (H. Lefebvre, 1975a, p. 12). La quatrième de couverture nous dit : « Un philosophe, un combat. Entre le stalinisme et les événements de Mai. Entre l’histoire et l’utopie. L’un des plus grands penseurs contemporains se penche sur son passé et sur son avenir. Il y découvre que, depuis le début de ce siècle, nous cultivons à loisir les méprises et les illusions ».

(5) Ce livre est un dialogue entre Henri Lefebvre et sa femme Catherine. Il est visionnaire et conduit vers les possibles. Il permet de comprendre la conception d’Henri Lefebvre par rapport à la science, la politique, la philosophie, « sur son opposition anti-stalinienne dans le Parti communisme, des métamorphosés de la Révolution, des archétypes du socialisme et des voies nouvelles, des compromis et des compromissions, de l’utopie concrète et des stratégies mondiales de la morale et de l’esprit politique » (Henri Lefebvre, 1978, 4ème de couverture).

 

Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

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