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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 19:45

2.1.3.2. Un possible en devenir

 

« Philosophiquement, le devenir reste énigmatique. Et le temps ? - Dieu ? Devant Dieu ? Hors Dieu ? Le divin lui-même ? Les théologiens hésitèrent. Et pourquoi l'apparition et la disparition (de ceci ou de cela) ? Pourquoi la naissance, la croissance, la dégradation, le vieillissement, la mort ? Qu'en ont dit les philosophes, depuis Héraclite ? La plupart ont éludé la question du Temps au profit de l'immuable - sainte - éternelle Vérité, de l'Être, du Réel défini et définitif (H. Lefebvre, 1986a, p 40) ».

 

Bien que le devenir reste une énigme, un ensemble de questions ne se pose plus réellement. L’ère de la modernité a créé l’entendement et la raison a évolué vers un objectivisme. Les perspectives restent illusoires car les modèles d’hier ne préviennent en rien ceux de demain. L’imagination bien que fertile reste limitée.

 

« Le possible a parfois stimulé l'imagination des écrivains. Ils ont rêvé ; ils ont «anticipé ». Et qu'ont-ils imaginé ? Des palais fabuleux, des édifices, des cités de plaisirs, des randonnées cosmiques. Combien ont cherché à se représenter ce que deviendrait la vie quotidienne, si elle se trouvait peu à peu haussée au niveau de ce que permettent la technique moderne et la science ? Si la richesse et la puissance ne se trouvaient plus hors de la communauté ? Si les excroissances monstrueuses, l'art pour l'art, la pensée pour la pensée, la puissance pour la puissance sur les hommes disparaissaient ? (H. Lefebvre, 1947²b, p. 261) ».

 

Les perspectives se définissent selon une stratégie pour le devenir de l’homme dans un avenir proche ou lointain et la relation entre tous ces éléments détermine son processus. Chaque notion, afin de spécifier celle du possible au plus juste, demande d’aller vers la saisie du concret, de connaître les drames et les indications exprimant les actes tels qu’ils se sont réalisés par le passé. « La démarche intellectuelle liée à ces opérations, qui les codifie, ou qui les appuie méthodiquement, a été nommée : transduction (H. Lefebvre, 1968²a, p. 130) » (33). C’est le passé qui oriente le présent et qui permet à la pensée d’imaginer le futur.

 

Henri Lefebvre développe sa théorie en dénonçant le sens contradictoire du devenir. Dans un contexte relativisme, il présente le devenir comme un moment de transition illimité. Puis dans un contexte de périodisation le devenir devient provisoire et réversible. Qu’est-ce que le devenir ? Il ne se visualise que dans le renversement de l’histoire. Le présent se modifie lentement, et le devenir passe pour inaperçu. C’est dans le passé, que nous nous apercevons du bond, du changement, il prend de l’épaisseur. Le devenir se construit dans et par le passé.

 

Le continuum du concept de devenir se définit selon Hegel et Marx dans une différence de posture. L’un le définit comme une fin : achèvement (Hegel), et l’autre, par le mouvement : maturation (Marx). Hegel considère que tout devenir aura une fin et Marx que l’homme se produit chaque fois dans une suite de moment infini. Pourtant ces deux philosophes se rejoignent dans le sens où le devenir est un processus d’accomplissement, une étape constructive vers un autre avenir (34).

 

« Les possibilités relèvent d'un double examen : scientifique (projet et projection, variantes des projets, prévisions) et imaginaire (à la limite : la science-fiction). Pourquoi l'imaginaire entraînerait-il seulement hors du réel au lieu de féconder la réalité ? Lorsqu'il y a perte de la pensée dans et par l'imaginaire, c'est que cet imaginaire est manipulé. L'imaginaire est aussi un fait social. Les spécialistes ne réclament-ils pas l'intervention de l'imagination et de l'imaginaire lorsqu'ils acclament « l'homme de synthèse », quand ils sont disposés à recevoir le « nexialiste » (35) ou le « généraliste ? (H. Lefebvre, 1968²a, p. 132) ».

 

L’imagination qui semble être l’un des moyens de créer le possible dépend aussi de la conscience de l’humain et de son intuition propre. L’ensemble des phénomènes qui produisent le possible dépendent de l’intensité et du pouvoir de l’imagination des uns sur les autres. Le possible s’inverse alors, sort de sa virtualité pour devenir réalité.

 

(33) La démarche transductive est explicitée dans le chapitre nommé la place de la pensée transductive chapitre 2.2.

 

(34) J’ai ajouté le terme autre à avenir, car l’avenir, c’est demain. Pourtant, rien ne précise dans ce terme que l’avenir sera différent. L’idée de devenir offre la possibilité de transformation de l’avenir.

 

(35) « Le nexialisme ? C’est l’expression d’un totalisme appliqué […] l’intégration de plusieurs sciences ; […] tel était exactement le but du nexialisme. […] À l’Institut nexialiste, on enseigne que derrière les éléments généraux de chaque science, il existe un lien inextricable entre cette science et toutes les autres. (Van Vogt, La faune de l’espace, pp. 55,57 et 66) ».

http://revel.unice.fr/cycnos/document.html?id=544 (consulté le 02/05/2009).

 

Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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