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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 10:31

2.1.1.4. Les bonds et le dépassement

 

L’homme tend vers son dépassement, il entre dans un mouvement perpétuel le conduisant vers un souhait de répondre à ses besoins. Ce bond et le dépassement qu’il engendre, on pourrait l’assimiler à l’effet pygmalion (23), dans la volonté de l’homme d’aller vers la réalisation de ses intérêts. Le repère de l’origine d’un bond est à la fois la représentation d’une fin et d’un début. Bien qu’à première vue, sa découverte semble simple. La difficulté est de le saisir dans sa réalité. Pour ma part, j’explique ce bond par les tournants de vie. Dans l’autobiographie qui va suivre, il se positionne selon mes changements de posture dans mes projets de formation principalement. La nécessité qui l’engendre est toujours cette recherche d’une qualité indispensable à mon équilibre : l’indépendance. Cette volonté de l’atteindre semble s’endormir pendant la réalisation d’un moment, puis la contradiction s’installe à nouveau démontrant que cette situation actuelle est non conforme, à mes souhaits. Bien qu’il semble y avoir une période stagnante, la contradiction s’impose et engendre le mouvement et le besoin de dépasser cette situation : j’entre alors dans un nouveau moment.

 

D’après Henri Lefebvre, le bond est qualitatif, mais il se mesure quantitativement. Il se repère dans la discontinuité, car « lorsqu’une qualité est arrivée à sa limite immanente, pressée pour ainsi dire par le changement quantitatif. Pour comprendre ou prévoir le bond qualitatif il faut étudier le changement quantitatif et déterminer le point ou la ligne « nodale », où surgit la discontinuité (H. Lefebvre, 19407, p. 36) ».

 

La formation est le moyen de passer dans de nouveaux moments, certains s’épuisent totalement, et d’autres entrent en période de latence. Le savoir permet de penser l’avenir. Il construit l’idée, et le possible. Si l’on se réfère à l’apprentissage et l’acquisition de la connaissance, il faut comprendre ce processus dans le sens d’une spirale. Il provient de l’apport des savoirs qui est extérieur à soi et par retour sur soi, il devient sien, il s’acquiert ; la finalité est de l’approfondir en soi et de le transformer en connaissance : le bond se fait. La théorie des bonds s’explique par l’effet de dépassement : Henri Lefebvre l’explique comme : « mouvement de la pensée et de la société » : « le retour au-dessus du dépassé pour le dominer et l’approfondir, et l’élever de niveau en le délivrant de ses limites (de son unilatéralité) (H. Lefebvre, 1947a, p. 223) ».

 

Lors de ma rencontre avec l’oeuvre d’Henri Lefebvre, j’ai saisi dans le concept de l’Homme total le moyen de répondre à cette volonté que nous avons tous d’entrer dans un mouvement perpétuel pour changer la vie. Ainsi l’une des natures de l’homme est de se dépasser continuellement pour répondre à son attente d’une forme de vie idéale. La question qui se pose est de savoir si toute contradiction peut disparaître ? Et ainsi apporter le sens de l’harmonie chez chaque individu, pour la société et le monde. C’est là ce possible tant recherché, créateur de la fin de l’histoire (24). Ce possible de l’ordre de l’utopie préconise l’homme comme inachevé (25), il s’émancipe en dépassant chaque situation qui l’entraine vers un devenir meilleur. Ce processus s’explique par sa libération des moments négatifs et l’amène à découvrir d’autres moments, qui à leur tour produiront de nouvelles contradictions…

 

Il faut comprendre le changement comme une différence entre ce qui était et ce qui est ou ce qui sera. Il faut voir la différence comme dialectique dans le sens prévu par Hegel, c'est-à-dire le changement bien qu’il soit évident reproduit un processus identique dans la réalisation de ce dépassement. Si l’on compare l’évolution de la vie des hommes, il faut placer celle-ci dans une ascension de la forme d’une spirale, car l’homme ne souhaite pas reproduire les erreurs du passé, il construit l’avenir en s’appuyant sur son histoire et son expérience. Comme peut le signifier Héraclite, l’eau du fleuve s’écoule toujours dans le même lit, pourtant ce n’est plus la même eau.

 

(23) « Pygmalion était un roi légendaire de la mythologie grecque. Il était roi de Chypre. Sculpteur à ses heures, il tailla dans la pierre la statue d’une femme superbe et finit par en tomber amoureux. Il demanda donc à Aphrodite (la déesse de la beauté et de l’amour) de donner vie à la statue, ce qu’elle fit. Ensuite, il épousa sa propre sculpture devenue femme ».

http://www.reunion.iufm.fr/Dep/listeDep/exposes/effet%20pygmalion.pdf (consulté le 09/04/2010 à 10 h 01).

 

(24) Sachant que l’homme produit son histoire en se réalisant par son oeuvre, il intéressant de connaître le sens de cette fin de l’histoire, comme aboutissement de l’homme vers sa totalité.

 

(25) Pour George Lapassade, l’homme est un Être « à la fois biologiquement, psychologiquement et historiquement inachevé et inachevable (G. Lapassade, 1963, réed. 1997, Quatrième de couverture) ».

 

Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.overblog.org

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