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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 09:33

III La vie politique

 

 

On considère généralement Vincennes comme une université particulièrement « politisée ». C'est un point de vue discutable, dans la phase actuelle de son évolution. Mais on peut partir d'une observation préalable : c'est une université « de gauche ». Ceci délimite un champ d'analyse : ce qui va se passer à l'intérieur de la minorité qui exerce une action politique - et syndicale - sur Vincennes est circonscrit à l'intérieur de ce champ. Il n'y a pas de tendance ouvertement manifestée. De plus, il s'est établi dès l'origine, à Vincennes, une ligne de clivage qui sépare deux forces particulièrement en équilibre aujourd'hui : les forces liées au PCF et à moindre degré au P.S., d'une part, et elles s'exercent à l'intérieur du Conseil de l'Université et des forces extérieures, assez fortement influencées, dans les premières années, par le gauchisme.

 

 

Autre remarque préalable : ceux qui participent explicitement à la vie politique et syndicale de Vincennes, -disons : les « activistes » - sont une minorité, minorité qui est loin d'atteindre les dix pour cent de l'ensemble de la population. Cela n'est pas un fait nouveau : on sait qu'en mai 1968, la participation des étudiants aux grandes manifestations de rue ne dépassait pas les dix pour cent.

 

 

Quelques Indices de participation (et d'abstention) :

 

 

-  Le grand Amphi de Vincennes (l'amphi I) contient 500 places assises. Les plus grandes Assemblées Générales, à la rentrée surtout, et en phase de crise, ne dépassent pas beaucoup cette capacité d'accueil : entre 500 et 800 au maximum de militants et surtout de plus en plus de spectateurs.

-  L'une des manifestations les plus importantes de Vincennes a été celle qui a suivi la publication d'un arrêté mettant en danger le statut acquis des étudiants non-bacheliers. L'estimation optimum était de 5000 étudiants pour 20 000 inscrits.

-  La participation aux élections universitaires pour le renouvellement du Conseil d'université est toujours très faible chez les étudiants (1000 à 1500), un peu moins faible chez les enseignants, où plus de la moitié ne vote pas.

-  En 1976 (avril-mai), il y a environ 200 vincennois (sur 30000 à la manifestation de soutien aux travailleurs immigrés habitant les foyers de la Sonacotra...

 

 

La vie politique de Vincennes va donc se jouer à l'intérieur d'une minorité comprenant :

-  des étudiants militants d'organisations diverses,

-  une minorité d'enseignants, surtout des chargés de cours dont 30 à 40 (sur 200 chargés de cours) se mobilisent, et des enseignants titulaires beaucoup moins nombreux,

-  cependant, on peut considérer comme « politique » l'activisme de ceux qui à Vincennes, participent aux commissions et les animent : cela fait autour de cent personnes (il y a donc absentéisme politique aux AG, manifs, comme il y a absentéisme pédagogique aux cours).

 

 

Un autre indice à considérer : pendant la grève d'avril-mai, et en période de grève en général, il reste cent à deux cents personnes actives, au niveau central des activités sur le campus, (on ne prend pas en compte ici les étudiants qui viennent « aux nouvelles » dans les AG de leurs départements ou qui traversent le campus, viennent au restaurant, jettent un coup d'oeil aux AG centrales.)

 

 

Dans cette minorité active, les étrangers sont majoritaires, alors qu'ils représentent par ailleurs un tiers de la population de Vincennes.

 

 

Cela ne signifie pas qu'une minorité fait la loi. Au contraire, la grève de mai a bien montré que cette grève reposait sur un consentement tacite, un large consensus.

 

 

De plus, il existe, à Vincennes un accord assez général sur des systèmes de normes et de valeurs sociales (contre la répression, contre le racisme...) pratiquement partagé à l'unanimité et qui peut fonctionner à tout instant.

 

 

Cela dit en préalable, on s'occupera surtout de la politique instituée telle qu'elle existe à Vincennes dans les organisations politiques et les syndicats.

 

 

A Vincennes, comme ailleurs en effet, la loi d'orientation a introduit une politisation au moins relative dans les universités en y créant de nouveaux enjeux (élections aux conseils, majorités syndicales). Un récent « Appel aux Universitaires » déplore cette politisation plus nocive, pour les signataires de cet Appel que les «désordres épisodiques», c'est-à-dire les crises à chaud. Naturellement, cet appel même est très politique. Il traduit la nostalgie d'une université paisible parce que soumise au silence et au pouvoir politique des anciens mandarins.

 

 

Il y a donc « politisation » quasi-officielle de quasi toutes les universités et bien entendu de Vincennes. Et quand une minorité forte refuse la politisation majoritaire, on crée une autre université, comme à Clermont-Ferrand, de bord opposé.

 

 

Georges Lapassade

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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