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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 10:48

2 juillet

 

 

Hier soir, Frioux a mis fin à la réunion du Conseil d'Université après le rejet du projet de statuts, qui n'a pas obtenu les 2/3 des voix nécessaires pour être adopté. En levant la séance, Frioux a annoncé que c'était la dernière réunion de ce conseil. Le ministère va certainement nous doter de statuts « types » qui seront inspirés de ceux qu'on a refusés hier. Un nouveau conseil sera élu en octobre ou en novembre.

 

 

Avec ces « activités » de la journée, avec la rédaction continuée de mon Journal, mon travail pour le Que Sais Je ? est toujours en panne, pour le moment. Mais pas complètement quand même, car j'avais pris la précaution d'aller à la séance du conseil avec une provision de livres sur les drogues. J'écoutais les débats, encore plus ennuyeux que de coutume, selon ma technique de l'attention flottante, ce qui m'a permis d'avancer un peu dans mon travail sur les transes. Je ne vois rien à dire d'intéressant sur cette réunion, qui n'a probablement servi à rien. Je vais retranscrire ici, par contre, en place de ces statuts qu'on n'a pas votés, le résumé des lectures que j'ai faites pendant les débats.

 

 

Voici la classification des drogues proposées par Lewin en 1928. Il distingue :

 

-   les « euphorica » : l'opium et ses dérivés, notamment la morphine, l'héroïne, la cocaïne...

-   les «phantastica», qui constituent le groupe des «agents hallucinants » : peyotl, mescaline, chanvre indien, psilocybine, solanées (datura, jusquiame) à quoi l'on ajoute le L.S.D. et le S.T.P.

-   les « inebrianta » : alcool, chloroforme, éther, benzine, protoxyde d'azote.

-   les « hypnotica » : chloral, véronal, bromures, kawa-kawa...

-   les « excitantia » : café, caféine, thé, Kola, maté camphre et surtout les amphétamines.

 

La mescaline est l'alcaloïde du peyotl, qu'on trouve essentiellement au Mexique. La durée du « voyage » induit par une dose de 400 à 500 grammes de mescaline dure 5 à 8 heures.

 

Le chanvre indien comprend le hachisch, le chiras, le kif, la marijuana. Son produit actif est le canabinol.

 

La psilocybine est l'alcaloïde du champignon psilocybe, synthétisé en 1960.

 

Le hachisch aurait été introduit en France en 1782, par le naturaliste Sonnerat, de retour d'un voyage aux Indes. Mais on dit qu'il était déjà connu en Europe à ce moment-là. La première étude, justement célèbre, en la matière est celle que publia en 1845 le Dr Moreau, de Tours sous le titre « Du Hachisch et de l'aliénation mentale». Il décrit huit effets psychiques de « l'Herbe » : un état d'euphorie que certains assimilent au bonheur ; une excitation intellectuelle avec exagération des sentiments et à la limite avec dissociation mentale ; des modifications du temps vécu et de l'espace, une modification de la sensibilité auditive (acuité musicale notamment) ; des idées fixes ; une surexcitation de l'affectivité ; des impulsions souvent liées à la suggestion ; des illusions et des hallucinations. Cette transe comporte quatre périodes : l'excitation, les hallucinations, l'extase, le sommeil.

 

 

Baudelaire, qui participa aux expériences de Moreau de Tours, décrit en 1851 trois phases : « Vous avez entendu parler vaguement des merveilleux effets du hachisch... Cela suffit pour vous jeter dès le commencement dans un état anxieux... La plupart des novices, au premier degré d'initiation, se plaignent de la lenteur des effets ; ils les attendent avec une impatience puérile... «(Puis)» c'est d'abord une certaine hilarité, saugrenue, irrésistible, qui s'empare de vous... Les mots les plus simples, les idées les plus triviales, prennent une physionomie bizarre et nouvelle... »


« La seconde phase s'annonce par une sensation de fraîcheur aux extrémités, une grande faiblesse; vous avez, comme on dit, des mains de beurre... Les sens deviennent d'une finesse et d'une acuité extraordinaires. Les yeux percent l’infini. L’oreille perçoit les sons les plus insaisissables au milieu des bruits les plus aigus ».


 

« Les hallucinations commencent. Les objets extérieurs prennent  des  apparences  monstrueuses...   Puis  ils se déforment, se transforment, ils entrent dans votre être ou bien vous entrez en eux... Les sons ont une couleur, les couleurs ont une musique... Vous êtes assis et vous fumez ; vous croyez être assis dans votre pipe, et c'est vous que votre pipe fume ; c'est vous qui vous exhalez sous la forme de nuages bleuâtres... ». De temps en temps, la personnalité disparaît... Maintenant, vous planez dans l'azur du ciel immensément agrandi. Toute douleur a disparu... Tout à l'heure, l'idée du temps disparaîtra complètement...


 

« La troisième phase, séparée de la seconde par un redoublement de crise, une ivresse vertigineuse suivie d'un nouveau malaise, est quelque chose d'indescriptible. C'est ce que les Orientaux appellent le kief ; c'est le bonheur absolu. Ce n'est plus quelque chose de tourbillonnant et de tumultueux. C'est une béatitude calme et immobile. Tous les problèmes philosophiques sont résolus... L'homme est passé Dieu... »


 

« Quand, le lendemain matin, vous voyez le jour installé dans votre chambre, votre première sensation est un profond étonnement. Le temps avait complètement disparu. Tout à l'heure c'était la nuit, maintenant c'est le jour ».

 

 

 

Georges Lapassade


Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

voir : http://journalcommun.overblog.com

 

et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

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