Lundi 3 novembre 2008,
Nietzsche invite le voyageur à sortir et à venir pour lui parler, lui donner un masque, un autre masque. Cet appel renvoie au style d’Ainsi parlait Zarathoustra avec l’introduction du masque, ce qui est nouveau dans le texte nietzschéen.
«Les hommes foncièrement tristes se trahissent quand ils sont heureux; ils ont une façon de se saisir du bonheur; comme s’ils voulaient l’écraser et l’étouffer, par jalousie, ils ne savant que trop, hélas! Qu’il leur échappera»p278.
Dans cette neuvième partie de l’ouvrage, je retrouve le style du «gai savoir», d’où la difficulté de résumer les maximes. On a l’impression que Nietzsche passe vite d’un thème à l’autre. Au lecteur de recoller les morceaux et d’en faire des propos organisés sur des thèmes graduels.
«Il me loue, donc il me donne raison : cette ânerie nous gâte la moitié de la vie, à nous solitaires, car elle permet aux ânes de se croire nos voisins et nos amis»p295.
«Les plus grands événements, les plus grandes pensées (…) sont ce que l’on comprend le plus tard»p296. Nietzsche donne l’exemple de l’étoile la plus lointaine, elle n’est considérée que lorsqu’elle se rapproche de nous. Ceci lui permet de parler de la nécessité de la hiérarchie pour les esprits comme pour les étoiles.
«L’âme aristocratique a le respect de soi»p297. L’enthousiasme est une vertu de l’esprit, il est aussi l’esprit même si on essaie de le cacher.
Le solitaire est plus intéressant que le philosophe. Ce matin, j’ai pensé au labyrinthe et plus exactement au carrefour des labyrinthes, titre d’un ouvrage de Castoriadis que j’ai souvent sous les yeux. Cette idée m’est venue, alors que je pensais à la mort, à celle de Georges Lapassade, d’Aziz Kharouni, et de René Lourau. Je me suis interrogé sur ce qu’il faut dire le 13 novembre, journée de commémoration consacrée à Georges Lapassade, si je décide d’y participer.
«Toute philosophie est une façade - tel est le jugement de solitaire. Il y a quelque chose d’arbitraire dans le fait qu’il s’est arrêté là, et qu’il a jeté là un regard en arrière et un regard à la ronde, qu’il a cessé de creuser, et a posé sa bêche. Il y a de la méfiance là-dessous! Toute philosophie dissimule une autre philosophie, toute opinion est une cachette, toute parole peut être un masque»p299.
L’homme est un animal complexe qui se distingue des autres animaux par sa ruse et son intelligence. Il crée la paix pour pouvoir jouir de son âme, mais la morale dérange cette paix et à sa place il faut mettre de l’art.
«Un philosophe, hélas! C’est un être qui souvent se fausse compagnie à lui-même, qui a souvent peur de soi, mais qui est trop curieux pour ne pas, chaque fois, revenir à lui-même»p300.
Contre toute pensée de la pitié, sauf celle de l’aristocratisation par goût de domination du maître.
Contre Hobbes et ceux qui sont contre le rire. Nietzsche se réfère aux dieux qui rient tout le temps, même lors des célébrations des rites sacrés.
Eloge de Dionysos et conclusion sur la vanité de l’écriture et de la pensée qui vieillit dès qu’elle est écrite.
Du haut des cimes : Postlude.
Benyounès Bellagnech
Mis en ligne par Bernadette Bellagnech
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