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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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10 juillet 2014 4 10 /07 /juillet /2014 11:32

 

Rapport moral et financier 2013 de L’AMAP

Perspectives 2014

(L’assemblée générale annuelle s’est tenue le 28/02/2014)

 

 

L’AMAP est née en 2005 dans le prolongement des activités du Centre Interculturel de Vincennes de l’Université de Paris 8 (CIVD) qui célébrera son 30ème anniversaire en 2014.

Les deux associations travaillent en étroite collaboration.

 

Depuis lors se sont constituées des associations selon les mêmes objectifs : L'AMAP-Chili (2007), L'AMAP-Suisse (2008), L'AMAP-Haïti (2009), L’AMAP-Togo en 2010, INTERCULTURA (Association d’études interculturelles appliquées) en Colombie, L’AMAP- Sénégal début d’année 2013.

 

L’AMAP travaille en partenariat avec plusieurs associations ou institutions : en France, le Centre Interculturel de Vincennes à Saint-Denis (CIVD), l’association Mouvement Amérique Française et l’Université de Paris 8, en Grèce, l’université de Patras, en Italie, l’université de Pavie et Centro educazione ai Media, Ukraine, Espagne, en Italie, Scuola Universitaria Professionale della Svizzera Italiana. en Angleterre, King’s College, en Pologne, Artits’Association de Warnia et Marury, en Roumanie, Université Vasile Alecsandri de Bacau, en Suède, l’Université d’Uppsala, au Portugal, Centro de Formação de Escolas do Concelho de Almada, en Suisse, la SUPSI, France,

 

L'AMAP compte actuellement 393 adhérents, 29 pays y sont représentés. Elle possède un site officiel amitie-peuples.net. Elle est présente sur Facebook, kaleco.eu et valinfo.org

 

 

Rapport d'activités 2013

 

Algérie

 

Un ouvrage collectif sur la pédagogie de projet et l'enseignement du berbère que L’AMAP a soutenu financièrement, est paru en décembre 2013 aux éditions de L'Odyssée de Tizi Ouzou De la pédagogie de projet et de l'enseignement de la langue amazighe en Kabylie. Il a été réalisé par nos amis des associations d'études et de recherches pédagogiques berbères de Bejaia et de Tizi Ouzou qui se sont lancés dans des projets de formation à la pédagogie de projet pour des enseignants de berbère et des recherches pédagogiques depuis quelques années (2007).

 

Brésil

 

Activités et recherches à la bibliothèque de Mangueira présentées par Lucia Ozorio, correspondante de l’AMAP au Brésil

 

1--‐ Activités de 2013 réalisées à la Bibliothèque Publique de Mangueira.

Cette bibliothèque est une bibliothèque d´une communauté pauvre de la ville de Rio de Janeiro où nous avons déjà réalisé en 2013 l´exposition IMAGES – HISTOIRES ORALES DE VIE DE MANGUEIRA, en commémoration des dix ans de la recherche que nous réalisons avec la communauté de Mangueira. En tant qu’analyseur de la discrimination et des inégalités sociales vécues par les communautés pauvres à Rio de Janeiro elle rend compte de sa précarité.

2--‐ En 2013, à partir des réunions avec des membres de la Bibliothèque Publique de Mangueira nous avons établi une programmation d´activités pour l’année 2014.

 

- Incitation à la participation de la communauté, dans la bibliothèque, à travers quelques activités.

- Revitalisation de la bibliothèque – contact avec plusieurs secteurs de la société

- Revitalisation de groupes avec les femmes âgées de la communauté de Mangueira.

- Atelier de photographies

- Création d´espaces de débats, réunions, séminaires

- Contact avec les écoles autour de Mangueira pour établir avec elles une programmation dans le but de réaliser des recherches :Perspective de la recherche biographique et ses dialogues avec la formation. Histoires de vies dans l´école.

- Campagne pour l´acquisition de livres

 

Chili

Carlos Moya, président de L’AMAP Chili (le rapport ne nous est pas parvenu à ce jour)

 

Colombie

 

Marcos Gonzales, Président d’Intercultura

INTERCULTURA (Association d’études interculturelles appliquées) fait partie du réseau L’AMAP

Les activités INTERCULTURA en 2013 ont été mises au point avec des enfants et de jeunes étudiants à Bogotá et avaient comme objectif central la construction d'espaces de tolérance par la connaissance de l'histoire des fêtes de la ville. A été utilisé comme matériau le livre Cérémoniales, fêtes et nation

(cf. INTERCULTURA 2012).

 

Le projet a consisté en la mise en oeuvre d'une proposition pédagogique basée sur des théories et des recherches sur la relation entre la fête et le carnaval, y compris des éléments de la fête tels que le rythme, la musique, les sons, les costumes, les décors, le chant, la scénographie, la mise en scène, les drames, la lumière, la couleur, le goût, la plastique, les interactions humaines. L'objectif du projet est de susciter la tolérance par la connaissance historique de la fête á Bogotá.

La proposition est destinée aux enfants de la maternelle, 1ère et 2ème (1ère année scolaire) et 3 ° et 4 ° (la 2ème année scolaire) des écoles de Bogotá. En somme, il s´agit de propose une nouvelle voie pour transmettre aux enfants la joie et la construction de quelque chose d'aussi important que la tendresse et les valeurs de tolérance.

 

France

 

Christiana Charalampopoulou (conseillère à L’AMAP en lien avec le CIVD)

 

1. Le festival interculturel du CIVD, en partenariat avec L’AMAP, s’est déroulé à l’Université de Vincennes-Saint-Denis du 16 au 18 avril 2013. Y ont participé des cinéastes, musiciens, chanteurs, jongleurs, comédiens. Au programme des concerts, pièces de théâtre, expositions de photos, peintures, sculptures, poterie…, des projections de films avec débats, des danses du monde, un tournoi d’échecs, des défilés de mode, un stand « les délices du monde ». Une braderie solidaire a été organisée pour soutenir financièrement le projet Togo à Kouvé.

Coordinateurs : Eleni Karachontziti (présidente), Irène Aurora Paci, Julie Servel, Synthia Myrassou, Patricia Sainten, Simon Weinspach.

 

2. Le CIVD, L'AMAP, l'union d'associations chiliennes en France ont organisé un hommage à

Salvador Allende, 40 ans après, à l'université Paris 8, le 19 septembre 2013.

 

 

Grèce

 

Yorgos Stamelos/Vice-Président de L’AMAP, correspondant pour la Grèce.

ERASMUS PROGRAMME et ERASMUS Placement 2012-2014

Depuis trois ans une coopération est en cours entre L’AMAP et l’Université de Patras, dans le cadre d’Erasmus Placement, programme européen favorise la première expérience professionnelle (stage) de jeunes gens qui finissent ou ont déjà terminé leurs études.

Les projets de L’AMAP donnent l’occasion aux stagiaires de participer à leur préparation et à leur réalisation dans un contexte international, voire interculturel. L’Université de Patras porte un intérêt particulier aux projets réalisés au Togo qui donnent une excellente expérience à ses stagiaires. La durée du stage est de trois mois.

 

Haïti

 

Pamela Célestin, présidente de L’AMAP Haïti

Depuis début 2013, projet de lecture avec les enfants extrêmement pauvres du pays.

LAMAP-Haiti a actuellement en préparation une exposition sur le séisme – une exposition de peinture représentative de scènes du séisme – qui sera organisée dans deux lieux différents de la capitale, sur le thème : Déconstruction et reconstruction du pays : un travail de mémoire pour repenser les manières d'être et de faire afin de rendre possible la reconstruction du pays. L'exposition a eu lieu le samedi 11 et le dimanche 12 janvier 2014 - dans les hauteurs de Pétion-ville - et dans un quartier populaire de Peguy-Ville.

 

Panama

 

Ricardo Escobar

Le bureau de l'AMAP a désigné Ricardo Escobar comme chargé de mission pour la réalisation du PROJET D’AIDE À L’ÉCOLE DE ARMILA POUR LA PROTECTION DES TORTUES MARINES à Kuna Yala (Panama) – Présentation, Vidéo.

 

Sénégal

 

Assane Diakhaté, président de L’AMAP-Sénégal

L’AMAP-Sénégal a été officialisée le 11 juillet 2012, par la tenue de sa première assemblée générale constitutive. La demande de reconnaissance a été déposée à la sous-préfecture de Darou Mousty, lieu où L’AMAP, en collaboration avec le CIVD, et le Foyer des jeunes de Darou Mousty, a déjà mis en place une bibliothèque.

L’AMAP Sénégal envisage de créer une médiathèque, de réaliser des activités telles que l’organisation de colloques et la formation à la recherche action en partenariat avec les universités et d’autres associations.

 

Suisse

 

Francesca Machado, présidente de L’AMAP Suisse

Elle a participé au 6ème Colloque d'Animation Socioculturelle à Paris, du 29 au 31 octobre 2013. Elle a eu ainsi l'occasion de rencontrer des membres de L'AMAP France.

Le projet "Rishow" (cf Rapport 2012) continue. Les activités 2013 (http://www.rishow.ch/2-focusgroup-24-10-13/ ) ont consisté en trois rencontres en soirées (mai, juin, octobre), et un événement final le 7 décembre destiné à promouvoir l’idée d’une Maison des cultures et du temps libre.

 

 

 

Togo

 

Eleni Karachontziti, présidente du CIVD et coordinatrice du projet pour la France

Matthieu Awonongbadje, président de L’AMAP-Togo, coordonnateur pour le Togo.

 

1. A l’instar de ce qui a été réalisé à Akoumapé depuis un certain nombre d’années, initié par le CIVD – en partenariat avec L’AMAP-Togo – un projet s’est réalisé à Kouvé, animé par une équipe pluriculturelle de 6 étudiants de Paris 8 de diverses disciplines (sociologie, sciences de l’éducation, info-com, psychologie) et d’étudiants de l'Université de Lomé en liaison avec des jeunes de Kouvé (7).

 

Cette mission a été lancée en partenariat avec L’AMAP-France : reboisement du village, sensibilisation au développement durable, et aux nouveaux enjeux qui se posent. Sont organisés des ateliers autour de l'écologie et des jeux de groupes avec les jeunes, des ateliers théâtre, de peinture, des projections de films etc. (voir le blog du projet: http://morgadocynthia.wix.com/enu-mama-culture.

 

 

Transmis par Annie Couëdel

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9 juillet 2014 3 09 /07 /juillet /2014 16:16

 

Aux amis de L'AMAP

 

Chers adhérents, chers sympathisants de L’AMAP,


 
Nous vous joignons le rapport d’activités ainsi que le bilan financier pour l’année 2013. 


A fin mai 2014, nos finances sont au plus bas niveau, proche de zéro.

 

Si nous souhaitons poursuivre nos actions (projet Kuna au Panama, projet Wirikuta au Mexique, Dékonou Partage au Togo *, Bouquin 30ème CIVD et autres) il s’avère urgent de faire rentrer les cotisations, susciter des adhésions et dons qui nous font défaut.


 
Montant adhésion : 20 euros

Montant cotisation : 20 euros (5 euros à défaut de revenu)

Les dons sont illimités !!


 
Vous pouvez soit envoyer un chèque au siège de l’association (L’AMAP c/o Annie Couëdel, 8 rue Sedaine, 75.011 Paris), soit, et en particulier si vous ne résidez pas en France, utiliser paypal en vous rendant sur le site de L’AMAP : 
http://amitie-peuples.net 


Interculturellement vôtre

Claudine Crenn, trésorière

Maurice Courtois, secrétaire général


 
 
*Montage de Daniel Sandoval Eunu Mama Gododo (14mn42) sur la rencontre 2013 au Togo 

à ne pas rater :

http://youtu.be/88jZgsnXQw4

 

Pour les projets Panama, Mexique et autres cf. ‘perspectives 2014’ dans le rapport d’activités 2013 joint.

 

 

Transmis par Annie Couëdel

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7 juillet 2014 1 07 /07 /juillet /2014 10:33

 

Lúcia Ozório

 

PENSER LES PÉRIPHÉRIES

UNE EXPÉRIENCE

BRÉSILIENNE

 

 Paris, Ed L'Harmattan, coll. "Recherches Amériques Latines", 2014.

 

Pour un nouveau type de politique publique de construction du commun

 

Préface de Benyounès Bellagnech


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Couverture : Constructions à Parque Royal

 

 

 

PENSER LES PÉRIPHÉRIES UNE EXPÉRIENCE BRÉSILIENNE

 

Pour un nouveau type de politique publique de construction du commun

 

 

« Les favelas dont tout le monde se fait une idée, synonyme de pauvreté, de mal logement et de misère généralisée, ont dans cet ouvrage une traduction réelle, concrète et positive, représentée par la Communauté du Parque Royal. Par le biais de cet ouvrage, le lecteur se familiarise avec les habitants de cette favela, avec leur mode de vie, leur histoire, leur rêve, leur peine et leur joie et surtout avec leur mode d’action, social et politique, sur le plan de l’éducation, de la santé et de l’habitat.

 

[...] Il faut souligner que Lúcia Ozório est en contact permanent avec la communauté du Parque Royal depuis plus de dix ans. Elle réussit ainsi à réaliser un des objectifs de l’analyse institutionnelle qui tend, entre autres, à ce que l’analyse soit faite et généralisée par les acteurs sociaux, en l’occurrence par les habitants des favelas.

 

D’autres approches sont à l’oeuvre dans ce livre telles que l’interculturel, les récits de vie, la narration, l’autogestion et la réflexion qui rejoignent dialectiquement l’action des habitants des favelas. Les étudiants, les chercheurs, les intellectuels, les curieux et les professionnels de santé, de l’urbanisme… trouveront là des outils pour approfondir la connaissance des périphéries.

L’un des souhaits des habitants du Parque Royal est que leur vie et leur histoire soient connues partout. Cet ouvrage est un support permettant de transmettre ce message d’espoir et de le faire connaître aux autres mondes des favelas ou à leurs équivalents dans des pays autres que le Brésil. »

(extraits de la préface de Benyounès Bellagnech)

 

 

Lúcia OZÓRIO, docteur en sciences de l´Éducation, professeur, psychanalyste, socianalyste, chercheuse associée aux laboratoires EXPERICE (Universités Paris 8 et Paris 13) et LIPIS (Université PUC), Rio de Janeiro, Brésil.

Membre du Groupe de Travail de psychologie communautaire d´ANPEPP (Association Nationale de Recherche-master, doctorat et post-doctorat en psychologie communautaire).

 

 

Transmis par Lucia Ozorio

 

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

http://journalcommun.overblog.com/

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 20:42

 

Holocausto Brasiliero (3)

 

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Est-il possible de poursuivre l’État pour l’holocauste brésilien ? À cette question posée, sur le site Afropress, Daniela Arbex répond :

 

« Je perçois un mouvement qui gagne en dynamique, qui prend forme au sein des organisations des droits humains qui cherchent à établir les responsabilités. Cette mission ne consiste pas juste à chercher les responsabilités d’État. Oui, parce que en dehors des officiels gouvernants (28 à cette époque), il y a aussi la responsabilité des membres de famille qui ont abandonné les leurs, les directeurs qui sont passés dans l’hôpital, les employés. Cette omission est collective. Ils étaient à la garde de l’État, et il a une grande responsabilité, mais cette expérience est de l’ordre d’une responsabilité collective. Ce que je constate, c’est que des familles engagent des poursuites contre l’État ».

 

  Afropress : l’État peut-il toujours être tenu pour responsable ?

 

 Daniela Arbex : « l’État a pris note. En 1961, Janio Quadros, président à l’époque, a déclaré publiquement qu’il donnerait des fonds pour aider l’hôpital financièrement pour qu’il puisse remplir sa mission ».

  Rien de tel en France. Il y eut 76 000 morts dans les hôpitaux psychiatriques sous le régime de Vichy, morts de faim, de froid et des maladies qui s’ensuivent. Comme à la Colônia au Brésil. À la sortie du livre d’une historienne pour qui Pétain, Laval, Darlan, bref l’État français d’alors, n’y étaient pour rien. « Le régime de Vichy est enfin innocenté d’avoir programmé un génocide »s’écria Rivarol, reprenant le compte rendu d’une autre historienne dans Le Monde. Toute la presse nationale applaudit, de L’Humanité à Rivarol donc, en passant bien sûr par Le Monde,Le Figaro, Libération, L’Express, etc., etc… et fait toujours silence sur les thèses opposées à celle de l’historienne. Sauf La Marseillaise qui, il y a peu, a consacré une page à L’abandon à la mort… de 76 000 fous par le régime de Vichy (L’Harmattan, nov. 2012).

  Question responsabilités, comme au Brésil, en France aussi les culpabilités sont collectives. Ce qui jusque-là avait été un peu mis sous le boisseau. Certains, on l’a vu, ne voulant  pas impliquer le régime de Vichy, d’autres ne voulant impliquer ni Vichy ni l’institution psychiatrique en l’affaire. Sauf Lucien Bonnafé. Pour lui, les responsabilités étaient partagées : 51 % pour Vichy, 49 % pour l’institution psychiatrique disait-il en forme de boutade, voulant marquer la responsabilité principale du régime de Pétain.

  Personnellement, il me semble que mettre des pourcentages est de nature à jeter le trouble dans l’analyse. Mon point de vue est qu’il est quelques hôpitaux psychiatrique où on a fait beaucoup pour limiter la mortalité, par exemple à Saint-Alban où résistaient Bonnafé, Tosquelles et Balvet. Il est des hôpitaux où des psychiatres ont essayé de faire quelque chose, sans y parvenir, comme à Montdevergues-les-Roses. Il en est d’autres où c’est la lâcheté qui a dominé.

  En 1987, quand Max Lafont publia son livre qui brisa le « silence » et que le 10 juin Le Monde publia un article, d’une psychiatre (la Dr Escoffier-Lambiotte), article sans nuances certes mais qui reprenait des éléments du livre de Max Lafont, et qui mit le feu aux poudres dans le monde psychiatrique.

 

 Exemples, puisés dans l’article :

 « Un unique médecin, le Docteur Requet, à qui l’on doit ce témoignage sur l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Bron, près de Lyon, avait sous sa “garde”, avec l’aide d’un unique interne, 800 malades […]

 Ici, “les patients mangeaient toute l’herbe, pissenlits, trèfle ou plantain, qu’ils pouvaient arracher entre les pavés de la  cour”.

 Là, on se disputait les coquilles d’œufs de noix. Certains malades sont enfermés au moment des maigres “repas”, car ils se jettent sur les portions des autres et les attaquent sauvagement. […]

 L’hôpital psychiatrique du Vinatier  disposait, comme d’autres, en France, du plus grand domaine agricole de la région. […] Les hommes et les femmes mouraient de faim dans le même temps où […] le domaine appartenant à l’hôpital vendait à l’extérieur ses porcs, ses veaux, ses poulets, ses œufs et son lait ».

  Ces horreurs n’étaient donc pas réservées qu’au Brésil.

  Et la Dr Escoffier-Lambiotte continue : « La situation inspirait de la part des psychiatres et des soignants non de la révolte, l’indignation, les protestations, le désespoir, les démarches régionales ou nationales que l’on imaginerait, mais… des thèses ou des articles sur les mécanismes de la faim ou de l’œdème de dénutrition, sur “l’appétit exacerbé des aliénés (sic), sur l’origine exacte, physico-chimique, de la mort par cachexie. La preuve de cet “appétit exacerbé”, propre à la pathologie mentale, était donné par le fait que nombre de patients en étaient arrivés à manger tous les détritus qu’ils rencontraient ».

  Outré, un psychiatre, Charles Brisset, s’adressa alors, le 29 juin 1987, à Tosquelles, Balvet et Bonnafé : « Le livre de Max Lafont et surtout l’exploitation qui en  a été faite créent dans la psychiatrie un grand malaise. A-t-on le droit de jeter sur tous les psychiatres qui étaient dans les Asiles pendant la guerre, le regard dénonciateur indiqué avec un zeste de prudence dans le livre, mais affirmé sans aucune réserve (à partir du livre) dans les articles du Monde repris dans toute la presse ? ».

  Faut-il rappeler que sous l’Occupation allemande, la France avait fait retour à la dictature (les pleins pouvoirs à un Maréchal) et que sur les questions de libertés, des droits de l’homme, mais aussi du regard jeté sur les fous, le retour renvoyait à un âge antérieur. Et on voudrait que ce recul en matière de civilisation ait épargné en France les hôpitaux psychiatriques et leurs personnels ! Là, comme au Brésil, « la culpabilité est collective ».

 

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 Question d’Afropress : « Comment se fait-il que le régime militaire utilisa cette expérience ?

 Daniela Arbex : « La dictature utilisa l’hôpital parce que c’est là que les activistes politiques étaient envoyés. 5 000 patients, une réelle masse humaine. À cette période, l’hôpital était une zone fermée. Personne de la presse n’y entrait. En 1979, Iran Firmino, de l’État de Minas Gerais, mis sur le devant de la scène l’histoire de la Colônia. Mon livre et les articles, ce n’était jamais une histoire racontée à travers les yeux des survivants, mais par ceux des journalistes. Il est important de briser le silence et de demander à la société : quel genre de société voulons-nous construire ?

  Propos qui rejoint celui de Lucien Bonnafé, cité par la Dr Escoffier-Lambiotte en conclusion de son article : « Sur tout cela a régné une grande conspiration du silence sur le sens de laquelle je ne cesse de demander éperdument que l’on s’interroge ».

 

  Une vidéo parmi d’autres :

 http://www.youtube.com/watch?v=1xBQr5zFAHs

 

 

 QUELQUES MOTS SUR DANIELA ARBEX :

 C’est une journaliste qui a 18 ans de carrière. Elle est reporter spéciale du journal Tribuna de Minas. Elle a reçu, en 2013, pour son reportage « Un holocauste brésilien », le Prix Esso du Journalisme. Prix qu’elle avait déjà reçu auparavant pour d’autres reportages, en 2 000 et 2 002. C’est le plus prestigieux prix de la presse brésilienne. L’équivalent du Prix Albert Londres en France ou du Prix Pulitzer aux Etats-Unis.

 

 Sources :

 Bien sûr Holocausto Brasileiro, Tribuna de Minas.

 Les sites en français : Books, African History-Histoire Africaine, La Tchipie (site Caribbean).

 Les sites brésiliens : Otempo, La Parola, Obvious, Vice Media.

 

 Remerciements :

 Remerciements à Rafael, un ami sociologue brésilien. C’est par lui que cette histoire m’est parvenue, il y a un an environ. Ensuite, il me fit parvenir le livre de Daniel Arbex.

 « Bon, autre chose. Je veux te dire que récemment est paru un livre sur le même sujet que tu travailles en France. Il s’agit d’un hôpital à Barbacena, dans le Minas Gerais, où sont morts environ 60 000 malades mentaux et prisonniers qui ont été arrêté comme malades mentaux. Ce sont des histoires qui ont besoin d'être racontées. Ci-après le lien avec le site d’un journal de São Paulo traitant du livre » :

 http://www1.folha.uol.com.br/livrariadafolha/2013/06/1290146-holocausto-brasileiro-resgata-historia-de-60-mil-mortos-em-hospicio-mineiro.shtml

 Rafael Padua

 

 Information :

 Le 22 juillet 2013, j’ai reçu ce courrier :

 

 Holocauste brésilienne 

 Paulo Schmidt 

 editorial@geracaoeditorial.com.br,editorschmidt editorschmidt@gmail.com

A

Ajzenberg Ajzenberg@aol.com

  Cher Armand,

 Je suis editeur chez Geração, la maison d’editión qui a publié le livre Holocauste brésilienne, de Daniela Arbex. Votre intérêt pour cette oeuvre tellement importante nous rend très heureux, et nous sommes prêts à négocier les droits de publication avec votre maison d’editión en France.

 J’espère avoir bientôt de vos nouvelles.

 Cordialement.

 

 S’il se trouve un éditeur parmi les lecteurs de ce billet et que ce dernier l’a intéressé, et s’il a envie de prendre le risque de publier le livre de Daniela Arbex, à lui de jouer et de prendre contact avec Paulo Schmidt.

 

Si vous estimez que ce texte mérite une publicité plus grande, pourquoi ne pas reprendre l’information et la publier, un moment, sur votre propre site ou blog.

 

 

ARMAND AJZENBERG

 

 

http://lesanalyseurs.over-blog.org

 

 

 

 

http://journalcommun.overblog.com/

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3 juillet 2014 4 03 /07 /juillet /2014 10:44

 

Holocausto Brasiliero (suite)

 

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Le livre de Daniela Arbex, Holocausto Brasileiro, fournit un compte rendu impressionnant de la vie quotidienne vécue par les internés. Les souris pullulaient et buvaient les mêmes eaux usées, voire, l’urine, que celles des patients. Dans les nuits glaciales de la région de la Serra de Montiqueira, beaucoup dormaient, nus, dehors sur l’herbe pour économiser de l’espace. Mais il y a encore plus révoltant. Si entre 1969 et 1980 on comptait en moyenne seize décès par jour, et que disparaissaient ainsi des individus sans valeur, leurs cadavres cependant, eux, rapportaient de l’argent.

 « Ce que nous ne savions pas et que nous avons mis à jour avec l’aide du Museu da Loucura, est que 1853 corps ont été vendu à 17 écoles médicales du pays pour la somme moyenne de 50 Cruzeriros (une ancienne monnaie). Ceci représente un total de 250 000 dollars américains […] De janvier à juin d’une année par exemple, l’Université Fédérale de Minas Gerais a reçu 76 “pièces”, comme on appelait les corps ». La référence au mot “pièce” est la même que celle donnée aux africains mis en esclavage à leur arrivée dans les ports brésiliens.

 

  Autre exemple signalé par Daniela : entre les 4 et 19 novembre 1970, 45 cadavres ont été négociés pour 2250 cruzeiros. En une décennie a-t-elle calculée, la vente de cadavres a atteint la somme de 600 000 dollars. Sans compter le commerce des os et des organes.

 

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Interrogée sur l’attitude du gouvernement de Minas Gerais, après la publication par Tribuna de Minas de la série de reportages ayant conduit à la publication de son livre, Daniela Arbex indique : « C’est une histoire qu’on ne peut plus nier. D’abord parce qu’elle est très bien documentée. Les images de Luiz Alfredo sont la preuve de ce  qui s’est passé. Si elles n’existaient pas, il aurait été peut-être difficile de convaincre aujourd’hui, malgré les témoignages recueillis et malgré une bonne documentation. Les images donnent beaucoup de force au livre ».

 

 Effectivement : « Le choc des images, le poids des mots ». Il faut remarquer qu’en France, s’agissant de l’abandon à la mort des fous sous le régime de Vichy, l’absence de photos (sauf une, voir le billet précédent) fait argument pour taire « la chose ».

 

 Interrogée quant aux responsabilités de l’holocauste brésilien, Daniela répond : « La culpabilité est collective. Ces atrocités n’ont pas posé question à ce moment là. Au début du 20e siècle, il y avait un mouvement, une théorie eugéniste de nettoyage social accepté dans tout le Brésil ».

 

  Mais il n’y avait pas qu’au Brésil. En France aussi l’eugénisme était à l’honneur. Volontaire, certes, disait-on. En 1936, sous le Front populaire, on pouvait lire ceci à propos de prophylaxie mentale par l’eugénisme volontaire : « La commission de surveillance des Asiles publics d’aliénés de la Seine , dans sa séance du 8 juillet 1936 a adopté, sur proposition de M. Eugène RAIGA, l’importante motion suivante » :

 « Considérant que le nombre des aliénés augmente dans des proportions alarmantes, qu’il n’est pas douteux que l’hérédité soit l’une des causes principales de cette déplorable progression, et estimant qu’il appartient aux Pouvoirs publics de prendre d’urgence des mesures tendant à préserver l’avenir de la race française, a l’honneur de demander à M. le ministre de la Santé publique de rechercher les moyens de faire pénétrer dans les familles françaises, en vue d’encourager la pratique de l’eugénisme volontaire, la notion de l’hérédité propagatrice des maladies mentales ». Alexis Carrel n’était pas loin. Ces gens étaient-ils les mieux préparés, quelques années plus tard, à résister à l’abandon à la mort des malades mentaux sous le régime de Vichy ?

 

 Mais retournons au Brésil.

 

À la question posée par le site CartaCapital, quelle est l’histoire de l’asile ?

 Daniela répond : « L’hôpital a été créé en 1903 par le gouvernement de l’État pour répondre à la maladie mentale. Des documents de 1914 montrent la surpopulation et des administrateurs se plaignant des conditions d’accueil des patients arrivant dans des wagons bondés. Ainsi, dès le début la Colônia ne pouvait remplir sa fonction de re-socialiser et rencontrer les patients. Sept patients sur dix ne souffraient pas d’une maladie mentale. Nous pouvons dire que les patients, qui ne répondaient pas aux normes sociales en vigueur, étaient de ceux dérangeant le pouvoir : alcooliques, militants noirs, pauvres ou politiques. Colônia est devenu ainsi un lieu de ségrégation locale… » […] Beaucoup des admissions ont été faites par des délégués des administrations. La jeune fille qui a perdu sa virginité  avant le mariage et envoyé à l’hospice par son père. Surtout, les médecins étaient rares sur le site jusque dans les années 50. Les employés embauchés comme gardiens y suffisaient. Si une cuisinière pouvait être transformé en infirmière, pourquoi embaucher d’autres personnes ayant des qualifications plus élevées ? Il n’y avait pas de soins médicaux, et Colônia était un dépôt pour personnes humaines ».

 

  Pourquoi ces violations n’ont-elles pas été remises en cause ? 16 morts par jour, c’était une chose naturelle ?

 « À cette époque, au début du 20e siècle, il y avait une théorie eugéniste de nettoyage social accepté dans tout le Brésil, qui en fait existe peut être encore aujourd’hui. Il y avait encore l’acceptation du fait que certaines vies valent moins que d’autres, parce que ces vies n’étaient pas considérées comme des personnes. Ces gens étaient l’écume sociale, la racaille dont il fallait nettoyer la société. L’éthique n’existait pas, de sorte que ces abus ont perduré aussi longtemps. Il y avait déshumanisation.

 

  Le scénario que vous décrivez rappelle les prisons d’aujourd’hui. Êtes-vous d’accord avec la comparaison ?

 « La Société admet encore que certaines vies valent moins que d’autres. Donc, si un méchant meurt, c’est un de moins de ceux qui méritent la peine de mort. Tous ces meurtres, depuis la prison de Carandiru à Sao Paulo à celle de Chatuba à Rio, sont de nouveaux noms pour de vieilles façons d’exterminer. Les meurtres de masse se produisent encore, et nous semblons ne pas les voir ».

 

  Le massacre de Carandiru s’est produit le 2 octobre 1992. 111 prisonniers furent tués à la suite d’une rébellion.

 

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(...)

 

ARMAND AJZENBERG

 

 

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 17:45

 

Holocausto Brasiliero

 

 Non, ce ne sont pas des survivants d’Auschwitz ni des rescapés, après la seconde guerre mondiale, de l’hôpital psychiatrique de Clermont-de-l’Oise, mais quelques survivants des 60 000 morts de ce qu’une journaliste a nommé « un holocauste brésilien ».

 

 

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 Une grande enquête dénonce les conditions de vie à Colônia, le plus grand asile psychiatrique du Brésil, où périrent plus de 60 000 personnes, pour la plupart enfermées là sans raison médicale. Les images et l’histoire que vous allez découvrir vous évoqueront certainement les images des camps de la mort nazis.

 Le compte rendu du livre par Books éditions, le seul en France à ce jour et à ma connaissance, d’un ouvrage qui a été pendant six semaines un best-seller au Brésil commence ainsi :

 « “La folie ne tue pas”, lit-on en ouverture du livre d’enquête que vient de publier la journaliste Daniela Arbex. “Du moins pas à Barbacena”, une petite ville de l’État du Minas Gerais, à quelque 300 kilomètres au nord de Rio de Janeiro, où fut inauguré au début du XXe siècle le plus grand asile psychiatrique du pays : Colônia. Les 60 000 personnes qui perdirent la vie dans ce sombre hospice entre 1903 et le début des années 1980 – dont “70 % ne souffraient d’aucune maladie mentale”, écrit Daniela Arbex – succombèrent à la faim, au froid, à la pneumonie, aux électrochocs, au manque de soins ou encore à la torture ». En fait, le génocide (60 000 morts), qui a surtout concerné les noirs et les pauvres, s’est exercé entre 1930 et 1980, soit 1200 morts par an pendant 50 ans. L’établissement comptait, en 1960, 5 000 patients.

  Pour avoir un élément de comparaison, prenons Clermont-de-l’Oise (voir le billet précédent) : en 1940 il y avait 5 153 patients dans cet établissement. Sous le régime de Vichy il y eut 3 536 morts de 1941 à 1944, soit une moyenne annuelle de 884 morts. Si cela avait duré 50 ans, comme à Colônia, et qu’il n’y ai pas eu une diminution dans les admissions, cela aurait conduit à 44 200 morts. À Colônia, entre 1969 et 1980, on comptait en moyenne seize décès par jour. Calculez la moyenne annuelle !

  


 En 2009, la journaliste achevait un entretien avec un psychiatre, Juiz de Fora, quand celui-ci lui montra un livre : Colônia où figurait des photos prises dans les années 60 par le photographe Luiz Alfredo dans l’asile psychiatrique en question. « Dès le début, j’étais sûr de voir un camp de concentration » dit Daniela. Elle décida alors de retracer dans le journal où elle travaillait, Tribuna de Minas, dans une série de reportages intitulée Holocausto Brasileiro, l’histoire, des victimes de l’institution.

 

 « Les patients étaient amenés à Colônia dans des wagons à marchandises. Quand ils arrivaient là, ils avaient la tête rasée, étaient en uniforme et on leur avait confisqué leur identité, pareillement à ce qui s’est passé dans les camps de concentration » explique-t-elle.

 

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Daniela avoue que dans son immersion en un univers aussi lourd, les histoires les plus difficiles à entendre étaient celles des patientes enceintes à qui on arrachait les enfants à leur naissance. « Je venais d’accoucher et allaitait encore quand j’ai commencé les entretiens. À entendre leurs témoignages, je comprends pourquoi elles sont devenus folles ».

 

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 Bébés gardés dans des crèches à l’intérieur de Colônia. Photo Jairo Toledo

 

 Une des raisons pour laquelle Daniela Arbex a écrit son livre, c’est dit-elle le fait que sa génération ne connaissait pas cette Histoire longue de 50 ans. Mais plus largement, « Il s’est avéré que le Brésil n’était pas au courant » ajoute-elle. Une situation pas très différente à celle régnant en France encore aujourd’hui à propos de l’abandon à la mort de 76 000 fous sous le régime de Vichy pendant l’occupation allemande. Au Brésil comme en France, il y avait la volonté d’abandonner ou de se débarrasser des êtres considérés comme socialement inutiles.

  Si pendant des dizaines d’années, à Colônia, des milliers de malades mentaux y furent internés de force, beaucoup le furent sans diagnostic précis. Il s’agissait aussi d’épileptiques, d’alcooliques, de prostituées, de filles enceintes de leurs employeurs, de femmes répudiées par leurs maris, de femmes ayant perdu leur virginité avant le mariage… « Les personnes les plus violentées étaient noires. Dans ma recherche, je n’ai pas compté le nombre de patients blanc ou noir, je ne pouvais avoir ces données, mais la quasi-totalité des victimes de l’holocauste étaient assurément noires. La seule chose qui différenciait les image faites à “Colônia” de celles des camps de concentration Nazis en Allemagne était précisément la couleur » dit Daniela. En France également il s’agissait de « la volonté du gouvernement de Vichy de se débarrasser des fardeaux inutiles » (Rita Thalmann, voir http://blogs.mediapart.fr/edition/les-invites-de-mediapart/article/220813/en-memoire-de-rita-thalmann).

  

 

Si en France, en 1987, le livre de Max Lafont –L’extermination douce – fut une révélation pour beaucoup, il n’atteignit jamais, dans le grand public, le succès de celui de Daniela au Brésil. Cependant, si ce dernier fut là-bas un best-seller, chez nous il ne parvint pas à la notoriété. Rien dans Le Monde, qui se prétend pourtant « journal de référence » et qui a un correspondant permanent au Brésil. Rien dans Libérationou au Figaro. Rien dans L’Humanité. Rien chez les autres non plus.

 Rien encore à France culture où Emmanuel Laurentin tient une excellente émission quotidienne, La fabrique de l’Histoire, où pourtant chaque semaine sont traquées les nouveautés éditoriales et du Net. Silence radio partout.

 

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  On les comprend. Comment parler d’un tel drame historique qui s’est passé de l’autre côté de l’océan tout en continuant à faire silence sur celui ayant eu lieu chez nous sous le régime de Pétain, Laval, Darlan…

 

  Daniela a raison de qualifier d’holocauste, de génocide ce qui s’est passé au Brésil, comme termes de comparaison avec une histoire  pas encore trop éloignée chez nous, en Europe. Dommage qu’elle ignore, dans cette comparaison, le gazage de 50 000 fous et la continuation de cette extermination, de 50 000 à 70 000 autres martyrs, par d’autres moyens en Allemagne sous Hitler. Dommage qu’elle ignore, dans cette comparaison, l’abandon à la mort, en France sous le régime de Vichy, des 76 000 malades mentaux : par la faim, le froid et des maladies qui s’en sont suivi, comme au Brésil. Les comparaisons n’auraient pas été moins judicieuses que celle faites avec la Shoah.

 

(...)

 

ARMAND AJZENBERG

 

 

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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 18:08

 

Le choc des images, le poids des mots

 

fous Clermont-de-lOise a la Liberation

 

Non, ce ne sont pas des survivants d'Auschwitz mais des rescapés, après la seconde guerre mondiale, de l'hôpital psychiatrique de Clermont-de-l'Oise.

 

 « Nous vivions dans une ambiance de camp de la mort »

Dr Requet, Psychiatre alors au Vinatier

Cette photo figure dans le rapport de la direction de l’hôpital de Clermont-de-l’Oise, en 1945, où il est précisé que l’état squelettique des malades ici représentés n’est pas exceptionnel. On comparera avec la photo suivante prise à la Libération au camp nazi de Majdanek, près de Lublin en Pologne.

 À Clermont-de-l’Oise, de 1940 à 1944 inclus : 3 536 morts

   Soit en 1939 :    5,8 % de l’effectif de l’année

1941 : 26,6 %

1942 : 19,9 %

1943 : 15,0 %

1944 : 19,3 %

 Au Vinatier (Lyon), de 1940 à 1944 inclus : 3 227 morts 

Etc., etc. En tout : 76 000 morts dans les hôpitaux psychiatriques de France

-  Soit près de 70 % des malades mentaux alors internés.

- Soit 1,81 morts par « extermination douce » pour 1 000 habitants (en Allemagne, en comparaison, il y eut 1,85 morts par « extermination dure » pour 1 000 habitants).

- Si les nazis n’avaient pas exigés la livraison en Allemagne des juifs de France,

- Mais que ceux-ci aient été internés dans des Pithiviers et des Beaune-la-Rolande,

- Qu’il y ait eu 150 000 juifs d’internés au lieu de 76 000 de déportés, confiance en la France et en Pétain oblige,

- Étant nourris et traités identiquement aux fous internés, il y aurait eu 100 000 juifs de France morts de faim en France, au lieu de 76 000 exterminés en Allemagne.


 

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NON, CE NE SONT PAS DES SURVIVANTS DE CLERMONT-DE-L’OISE

MAIS DES RESCAPÉS DU CAMP DE MAJDANEK (POLOGNE) 

« De loin, les camps pouvaient ressembler à des maisons de fous »

Henri Michel, historien.

 

C'est Henri Michel qui prit, en 1955, l'initiative de commander àAlain Resnais la réalisation du célèbre film sur le système concentrationnaire nazi, mais aussi sur celui de l’État français d’alors, Nuit et brouillard, dont il fut le conseiller historique.

« Ici l’on vit ici l’on meurt à petit feu

On appelle cela l’exécution lente

Une part de nos cœurs y périt peu à peu. »

Aragon

 

NON, CE NE SONT PAS DES JUIFS PÉNETRANT DANS UNE CHAMBRE À GAZ, À AUSCHWITZ

 

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MAIS UNE PUB NAZIE JUSTIFIANT LE TRAITEMENT DES FOUS ALLEMANDS DANS DES CHAMBRES À GAZ (OPÉRATION T4)

 « Une conception morale et religieuse de la vie exige la prévention d'une descendance héréditairement malade »

Source : USHMM

 « Le gouvernement allemand a pris des mesures énergiques contre la propagation des individus défectueux, des malades mentaux et des criminels. La solution idéale serait la suppression de chacun de ces individus aussitôt qu’il s’est montré dangereux.Alexis Carrel, préface à l’édition allemande de L’homme, cet inconnu, 1936. C’était avant l’opération T4. Message, on l’a vu, reçu 5/5 par Hitler.

 « Un effort naïf est fait par les nations civilisées pour la conservation d’êtres inutiles et nuisibles. Les anormaux empêchent le développement des normaux. Il est nécessaire de regarder ce problème en face. Pourquoi la société ne disposerait-elle pas des criminels et des aliénés d’une façon plus économique ?[…] Le conditionnement des criminels les moins dangereux par le fouet, ou par quelque autre moyen scientifique, suivi d’un court séjour à l’hôpital, suffirait probablement à assurer l’ordre. Quant aux autres, ceux qui ont tué, qui ont volé à main armée, qui ont enlevé des enfants, qui ont dépouillé les pauvres, qui ont gravement trompé la confiance du public, un établissement euthanasique, pourvu de gaz appropriés, permettrait d’en disposer de façon humaine et économique. Le même traitement ne serait-il pas applicable aux fous qui ont commis des actes criminels ? Il ne faut pas hésiter à ordonner la société moderne par rapport à l’individu sain. »

                                                                               Alexis Carrel,L’homme, cet inconnu, 1935

 

 

- Carrel, complice d’Hitler ?

- Il reste une rue Alexis-Carrel à Meaux (77), ville dont Jean-François Copé est Maire !

 

 

 

NON, CE NE SONT PAS DES RESCAPÉS D’AUSCHWITZ

 

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Mais, à gauche, en 1945 à Bergen-Belsen : un enfant juif survivant

Et, à droite, en 1994 au Rwanda : un enfant Tutsi survivant

 

L’abandon à la mort des fous, la Shoah, l’extermination des plus faibles, le génocide Rwandais ont un point commun : une idéologie qui intervient avec la force d’un fait concret. Si l’idéologie peut être entendu comme un ensemble de représentations du monde et des rapports sociaux répondant à des intérêts dominants, la conduite des sociétés à l’égard de ceux qu’elles regardent comme différents ou faibles est révélatrice de l’état de leurs civilisation en chaque moment de leur histoire. Idéologies, politiques, pratiques sociales (et psychiatriques) se retrouvent ainsi dans un ensemble cohérent caractérisant la structure d’une société où l’abandon à la mort des malades mentaux, en 1940, rejoint les procédures d’ « effacement » des juifs, des Tziganes et d’autres catégories de personnes placées en dehors ou en deçà des normes par l’État français à la même époque, comme elle rejoint aussi celles ayant conduit au génocide des Tutsi en 1994. Dans lequel l’État français actuel nie toute responsabilité.

 

 S’agissant des malades mentaux internés pendant le seconde Guerre Mondiale, certains et certaines nient qu’ils y ait eu non-assistance à personnes en danger, ou abandon à la mort des malades mentaux par L’État français d’alors. POURTANT :


 - 3 mars 1942, circulaire No 39 (Direction de la Santé, 2e bureau) :« Dans les conditions actuelles, il est difficile de faire obtenir à ces malades (mentaux) un supplément à la ration qui leur est octroyée, supplément qui ne pourrait être prélevé que sur les denrées déjà trop parcimonieusement attribuées aux éléments actifs de la population, en particulier aux enfants et aux travailleurs. […] Pour le Secrétaire d’État : Le Secrétaire général de la Santé : L. Aublant »


 - mai 1942, courrier, retrouvé par l’historien Samuel Odier, émanant d’un Directeur régional de la Santé et de l’Assistance (Secrétariat d’État à la Santé, XXe région) :  « Demandez à vos médecins de désigner les bénéficiaires par classement basé sur la distinction ci-après : les malades récupérables, c’est-à-dire ceux qui, par un traitement approprié et séjour de courte durée dans votre hôpital pourront être rendus à la liberté et reprendre leur place dans la société et leur activité antérieure : ce sont ceux-là qu’il convient de réalimenter ».


 - 4 décembre 1942, circulaire No 186 : « Le Secrétaire d’État à la Santé à MM. les Directeurs régionaux de la Santé et de l’Assistance. J’ai l’honneur de vous faire connaître que les démarches effectuées depuis plusieurs mois auprès du Secrétaire d’État à l’Agriculture et au Ravitaillement en vue de l’attribution supplémentaire de denrées contingentées aux malades internés dans les hôpitaux psychiatriques viennent d’aboutir. M. le Ministre, Secrétaire d’État à l’Agriculture, m’informe, en effet, qu’il se propose d’allouer aux internés les suppléments prévus pour les cantines d’usines et restaurants à prix réduit et le régime de suralimentation à 25 % de leurs effectifs. […] Pour le Secrétaire d’État : Le Conseiller d’État, Secrétaire général. Dr Aublant »


 « Un surprenant revirement de Vichy ». C’est ainsi que Mme von Bueltzingsloewen, historienne, qualifie la circulaire du 4 décembre 1942. Pour elle la nomination, le 11 septembre 1942, de Max Bonnafous à la tête du ministère de l’Agriculture et du Ravitaillement a constitué (au bout de plusieurs mois) le facteur déterminant du « miracle ». Ce qui lui permet, alors que les deux tiers des condamnés par la famine sont à cette date déjà morts, d’absoudre le régime de Vichy de toute responsabilité dans l’hécatombe.


 L’avis du psychiatre et historien Michel Caire à ce sujet (il s’agit de quelques éléments de la critique faites par lui deL’abandon à la mort… de 76 000 fous par le régime de Vichy, L’Harmattan, nov. 2012) : « La circulaire du 4 décembre 1942 du Secrétaire d'État à la Famille et à la Santé, dite « Circulaire Bonnafous » qui a incontestablement permis une amélioration de la situation en accordant "l'attribution supplémentaire de denrées contingentées aux malades internés dans les hôpitaux psychiatriques" est considérée par l'auteur (A. Ajzenberg) comme "probablement politicienne et non humanitaire" (p.47), si tant est que l'on ne puisse imaginer "un brusque accès d'humanisme" d'un "ministre collaborationniste, par ailleurs solidaire de toutes les déportations de juifs vers les camps de la mort" (p.53).

Cette circulaire "tardive, décalée, insuffisante et en partie inefficace" (p.73) et au mieux "un accident, une péripétie, un miracle" (p.80) aurait été destinée, propose A. Ajzenberg, moins à satisfaire les psychiatres qui avaient réclamé cette mesure, que "la bonne conscience de quelques personnalités" (p.72) comme Heuyer.


L'auteur discute aussi le rôle possible d'Hélène Bonnafous, fille du grand aliéniste Paul Sérieux et elle-même médecin du cadre des hôpitaux psychiatriques, dont l'intervention auprès de son époux Max, Secrétaire d'État à l'Agriculture et au Ravitaillement aurait pu être à l'origine de cette circulaire. Mais cette hypothèse n'a jamais été prouvée, écrit à juste titre Ajzenberg (p.76), et d'autant plus douteuse, précise-t-il, que la psychiatre et le ministre étaient alors déjà séparés.


Préférée à la « fable Bonnafous », « l'hypothèse Heuyer » fait l'objet d'un développement intéressant (pp.81-99). A. Ajzenberg nous rappelle que le président Laval avait commandité auprès de son ministre de la santé Raymond Grasset la création d'un « Conseil technique de l'enfance déficiente et en danger moral », où siégeront Louis Le Guillant, médecin directeur de l'hôpital de La Charité, Jean Dublineau et Georges Heuyer, qui tous trois réclamèrent par ailleurs des mesures pour sauver les malades des hôpitaux psychiatriques. L'auteur postule que ces trois importantes personnalités purent, avant même la mise en place de ce Conseil (25 juillet 1943) faire des démarches auprès de l'autorité centrale : Heuyer lui-même "fréquenta Vichy dès 1941" (p.83). Laval, tenant à ce projet, aurait ainsi par intérêt, "nécessité politique" oblige, accordé ces suppléments alimentaires.


Nous avions nous-mêmes suggéré le rôle possible des psychiatres membres du Conseil Supérieur de l'Assistance de France, avec les docteurs Georges Demay, Paul Gouriou, Charles Perrens et Jean Lauzier notamment (voir sur ce site : Pages d'histoires : Sous l'Occupation : Hécatombe par carence -http://psychiatrie.histoire.free.fr/). Il pourrait être intéressant par ailleurs d'étudier celui de la Société de médecine légale, qui tint sans discontinuer ses séances sous l'Occupation, comme le fit la Société médico-psychologique… ».

 

Si vous estimez que ce billet mérite une plus grande visibilité sur Mediapart, pourquoi ne pas démultiplier l’information et le publier, un moment, sur votre propre blog ? Cela viendra en appui à l’Appel pour la création d’un Mémorial en hommage aux victimes handicapées exterminées par le régime Nazi ou condamnées à mourir par celui de Vichy. Appel signé par plus de 48 000 personnes et actuellement entre les mains du Président de la République. Appel qu’on peut encore signer :


www.change.org/MemorialVictimesHandicap

 

 

 

ARMAND AJZENBERG

 

 

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30 juin 2014 1 30 /06 /juin /2014 14:20

 

Power and Democracy: the many voices of Oral History. XVIII IOHA Conference. 9 – 12 of July 2014. Barcelona, Spain

 

 

La fuerza de la democracia, así como la de la resistencia con la que se ha encontrado, han impulsado proyectos sobre historia oral en todo el mundo. Las entrevistas con los defensores del cambio han complementado y suplantado los archivos de los regímenes desacreditados. Las historias orales han documentado trastornos sociales y políticos, los movimientos de reforma y sus reacciones. La historia oral ha puesto de manifiesto los efectos de las relaciones de poder que existen entre los ciudadanos y sus gobiernos, entre los trabajadores y los empleadores, los estudiantes y profesores, y los distintos niveles dentro de las instituciones, las comunidades y las familias.

 

Como una herramienta democrática, los registros de historia oral y la preservación de los recuerdos, las percepciones y las voces de las personas y grupos de todos los niveles y en todas las actividades, pero todo ello plantea preguntas acerca de qué hacer con estas entrevistas y la forma de compartirlas con las personas y las comunidades que reflejan. Poder y democracia será el tema del encuentro de la IOHAen Barcelona, con los siguientes subtemas:

 

  • Archivos, Fuentes Orales y Memoria
  • El poder en las relaciones humanas
  • La democracia como un instrumento político
  • Fuentes Orales y Patrimonio Cultural
  • Nuevas vías para compartir nuestro diálogo con el público

 

Voir ou mirar :

http://www.ub.edu/historiaoral.barcelona2014/

 


 

Programme : Programa

 

http://www.ub.edu/historiaoral.barcelona2014/pdf/programa01.pdf

 

 

 

Horaires : Horario

 

http://www.ub.edu/historiaoral.barcelona2014/pdf/masterclass.pdf

 

 

 

Transmis par Lucia Ozorio

 

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29 juin 2014 7 29 /06 /juin /2014 13:33

 

Power and Democracy: the many voices of Oral History. XVIII IOHA Conference. 9 – 12 of July 2014. Barcelona, Spain

 

 

The force of democracy as well as the resistance it has met have prompted oral history projects around the world. Interviews with advocates of change have supplemented and supplanted archives of discredited regimes. Oral histories have documented social and political upheavals, reform movements and reactions. Oral history have revealed the effects of power relationships that exist between citizens and their governments, workers and employers, students and teachers, and the layers within institutions, communities and families.


 

As a democratic tool, oral history records and preserves the memories, perceptions, and voices of individuals and groups at all levels and in all endeavors, but that raises questions about what to do with these interviews and how to share them with the people and communities they reflect. Power and democracy will be the theme of the IOHA’s meeting in Barcelona, with the sub-themes:


  • Archives, Oral Sources and Remembrance
  • Power in Human Relations
  • Democracy as a Political Tool
  • Oral Sources and Cultural Heritage
  • New Ways to Share Our Dialogue with the Public

 

 

Voir ou see :

http://www.ub.edu/historiaoral.barcelona2014/


 

Programme : Schedule

http://www.ub.edu/historiaoral.barcelona2014/pdf/programa01.pdf

 

Horaires : Master Classes

http://www.ub.edu/historiaoral.barcelona2014/pdf/masterclass.pdf

 

 

 

Transmis par Lucia Ozorio

 

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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 15:24

 

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FRANÇOIS HOLLANDE, ALERTÉ, VA RÉPONDRE

 

C'est fait, vos signatures pour la création d'un mémorial en hommage aux victimes handicapées exterminées par le régime Nazi ou condamnées à mourir par celui de Vichy sont maintenant entre les mains du Président François Hollande.

 

Ce mercredi 16 avril, j'ai rencontré trois de ses conseillers pour leur remettre notre Appel www.change.org/MemorialVictimesHandicap

et leur accueil a été encourageant.

 

Ils ont été impressionnés par vos 45.000 signatures et je peux d'ores et déjà vous dire que les échanges sur la possible création de ce mémorial sont positifs.

 

Mais rien n'est encore joué…

 

Charles Gardou, Professeur à l'Université Lumière Lyon 2

 

Pour lire la suite : http://blogs.mediapart.fr/blog/armand-ajzenberg

 

 

 

ARMAND AJZENBERG

 

 

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