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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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29 janvier 2013 2 29 /01 /janvier /2013 11:07

7 juillet

 

 

Je travaille, depuis vendredi dernier, au montage de mes textes pour Anthropos, dont je reçois ce matin une lettre m'invitant à rédiger « un résumé succinct en six lignes comportant si possible, les mots clé de l'ouvrage», ainsi qu'un « résumé en 15 lignes destiné à la quatrième de couverture ».

 

 

Il s'agit de l'ouvrage déjà déposé sous le titre : « Les chemins de l'analyse », que je souhaite maintenant remplacer par mon Journal. Nous n'avons pas encore négocié ce changement de programme, je compte le faire jeudi matin si je peux, dans les jours prochains, passer à l'imprimante mon montage, tiré selon les normes de l'édition. J'aurais réalisé ainsi l'idée, qui intéresse beaucoup Remi et Guigou, de « fabriquer soi-même ses livres ».

 


J'ai appris à utiliser la machine à traitement de textes, cette année, pour être en mesure de sortir le «tapuscrit» de mon Que Sais-Je ?. C'était mon premier projet, et j'en suis venu à bout vendredi, du moins pour la première version de l'ouvrage. Mais j'ai passé plus de temps sur mon Journal, et comme j'ai utilisé le même moyen matériel sans l'avoir prévu au départ tout à fait, il est maintenant possible de travailler ce journal en vue de son édition.

 


J'ai dû rechercher dans le désordre de mes disquettes les transcriptions de mes rêves et de mes « transes ». Je n'ai pas tout retrouvé, en particulier le rêve du château gothique.

 


J'aimerais terminer maintenant par une sorte de bilan de l'année qui prendrait pour thème celui que je m'étais donné au départ : la mise en place, dans notre université, de la « réforme » du premier cycle.

 


Et immédiatement, les difficultés semblent s'accumuler.


 

Je dois aussitôt préciser, d'abord, que cette « réforme » n'en était pas une. Le mot qui convient, pour rappeler, les intentions des gouvernants, est « rénovation » ; c'est celui qui est utilisé dans les textes. La «réforme Savary» se présente en son ensemble, finalement, comme une rénovation de la Loi qu’Edgar Faure fît adopter après mai 68. On a « rénové » l'organisation du conseil de l'Université, des UEF qui deviennent des UFR...

 

 

A Paris VIII, on croyait à la réforme. On a donc «inventé» des DEUGS qui n'ont pas été acceptés. On a imaginé qu'on pouvait tout faire, ou à peu près, et pousser loin l'innovation. On n'a pas voulu voir que les anciens DEUGS étaient maintenus. On   a   mal interprété l'idée des « formations » qui regroupent ces DEUGS dans des ensembles très larges : un ensemble pour les lettres, un autre pour les sciences, - je n'ai pas regardé exactement. On a compliqué le système du premier cycle et confondu les dispositifs institutionnels.

 

 

Nous ne sommes pas encore sortis de ces erreurs,- il s'en faut de beaucoup !-, et les étudiants s'y perdent. Mais pour qu'on en convienne, il faudra attendre longtemps : quand il y aura eu beaucoup de gâchis, parce que des étudiants n'auront pas acquis les UV nécessaires pour obtenir leur DEUG, quand on aura entendu beaucoup de protestations et constaté beaucoup d'abandons, on commencera peut-être, à y réfléchir.

 


A cela s'ajoutait la tradition vincennoise d'une licence obtenue sur la base de « 30 UV » sans passer par l'étape du DEUG. A partir de 1974, on avait trouvé un compromis et installé plus ou moins des DEUGS qu'on appelait des « équivalents DEUGS » pour les délivrer aux non-bacheliers.

 

 

Mais la « culture » du DEUG, sa tradition ne s'est jamais installée vraiment à Vincennes, de sorte qu'il y a eu cette année, dans notre fac, une assez grande confusion : en réalité, quand on croyait installer une réforme, on installait les DEUGS, tels qu'ils auraient dû fonctionner depuis maintenant dix ans.

 


Cette installation des DEUGS, accompagnée de leur rénovation, est d'ailleurs très loin d'être achevée. Elle est plus ou moins réalisée ici et là, comme en psychologie, où c'était fait déjà : mais, du coup, le projet des « Pratiques cliniques et sociales» est mort ; il reste un DEUG de psychologie rénové, et à peu près installé, après beaucoup de malentendus et de péripéties.

 


Mon journal, pris dans sa totalité, raconte au jour le jour cette « mise en place » de la « réforme », ainsi que ma participation à ce travail d'institution.

 


Les gens, parce qu'ils sont spontanément « analystes de sens commun » dans l'établissement quand ils s'intéressent à ce qui s'y passe, voient bien qu'on n'est pas encore sortis de l'auberge, loin de là :

-  Tu dis que la brochure de premier cycle est très bien faite, me dit Marie-Christine, mais pour la comprendre...

-  Je dis simplement que Maryle y a beaucoup travaillé, mais elle a fait avec ce qu'on voulait bien lui donner, et tu sais bien qu’ici, les responsables des DEUGS ne savent pas toujours ce qu’est un DEUG.

 

 

Cette situation présente quand même un intérêt réel que Francine se plait à souligner : il existe, à Paris VIII ; plusieurs manières assez différentes de préparer un même DEUG. On prépare le DEUG de sociologie dans trois formations de premier cycle, avec trois équipes assez différentes ; le quatrième projet, celui du DEUG de sociologie spécialisé en sociologie clinique, pour PCS, a été éliminé après l'intervention du département de sociologie au conseil, grâce à la confusion qui régnait en permanence dans ce conseil. Maintenant il est mort, et je ne le pleurerai pas.

 

 

 

Georges Lapassade


Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

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28 janvier 2013 1 28 /01 /janvier /2013 14:23

 

20 h 15

 

 

Je crie partout, depuis la fin de l'après-midi que j'ai terminé mon Que Sais-Je ? En réalité, il n'est pas achevé vraiment : j'ai seulement tiré 130 pages de textes, pour me rassurer : je veux aller aux PUF la semaine prochaine et apporter cette première version.

 

 

« OB » (l'expérience du « hors-corps ») est une notion parapsychologique, liée à la bilocation, ainsi qu'à l'idée que je pourrais voir ce qui se passe dans la pièce à côté, ou voir mon corps d'un point de vue réellement extérieur à lui.

 

 

Comment faire alors si je veux traiter l'OB comme un fait psychologique seulement ? Chercher un nouveau nom ? Lequel ? Je pense à un chapitre sur les transes de type hallucinatoire, auto-induites, mais telles que le sujet croit à la réalité de son imagerie.

 

 

 

Georges Lapassade


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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 11:40

4 juillet

 

 

Je me demande comment on peut analyser des institutions, même « externes », quand on fait de la socianalyse, avec, pour hypothèse « théorique » de départ un schéma politico-persécutif jamais interrogé, accepté comme allant de soi avec son arrière-fond, «révolutionnaire ».

 

 

J'ai revu Mme K., nouvelle responsable du DEUG de psycho (je voulais écrire PCS, mais c'est « DEUG de psycho » qui est venu dans mes doigts). J'ai compris que le « module » de sociologie clinique n'avait aucune chance d'être accepté, ni peut-être celui du travail social.

 

 

Il n'est pas impossible que le présent Journal soit publié chez Anthropos à la place de mon recueil d'articles. Mais c'est encore à négocier. En ce cas, je devrai apporter un tirage soigné, la semaine prochaine, à l'éditeur. J'ai promis aussi d'apporter aux PUF la première version de mon Que sais-je ? J'aurai beaucoup de travail, ces jours prochains, pour préparer ces deux éditions.

 

 

 

Georges Lapassade


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26 janvier 2013 6 26 /01 /janvier /2013 11:27

 

3 juillet

 

 

Je m'occupe de mes UV pour l'an prochain : comme cette année au premier semestre, j'animerai deux ateliers « radio » le jeudi matin, pour le DEUG des communications. J'ai l'accord de Dany qui sera à la régie avec Gaby, son frère. Puis j'ai accompagné Gaby à la caisse, où il a retiré son mandat des « TUC ».

 

 

Georges Lapassade


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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 10:48

2 juillet

 

 

Hier soir, Frioux a mis fin à la réunion du Conseil d'Université après le rejet du projet de statuts, qui n'a pas obtenu les 2/3 des voix nécessaires pour être adopté. En levant la séance, Frioux a annoncé que c'était la dernière réunion de ce conseil. Le ministère va certainement nous doter de statuts « types » qui seront inspirés de ceux qu'on a refusés hier. Un nouveau conseil sera élu en octobre ou en novembre.

 

 

Avec ces « activités » de la journée, avec la rédaction continuée de mon Journal, mon travail pour le Que Sais Je ? est toujours en panne, pour le moment. Mais pas complètement quand même, car j'avais pris la précaution d'aller à la séance du conseil avec une provision de livres sur les drogues. J'écoutais les débats, encore plus ennuyeux que de coutume, selon ma technique de l'attention flottante, ce qui m'a permis d'avancer un peu dans mon travail sur les transes. Je ne vois rien à dire d'intéressant sur cette réunion, qui n'a probablement servi à rien. Je vais retranscrire ici, par contre, en place de ces statuts qu'on n'a pas votés, le résumé des lectures que j'ai faites pendant les débats.

 

 

Voici la classification des drogues proposées par Lewin en 1928. Il distingue :

 

-   les « euphorica » : l'opium et ses dérivés, notamment la morphine, l'héroïne, la cocaïne...

-   les «phantastica», qui constituent le groupe des «agents hallucinants » : peyotl, mescaline, chanvre indien, psilocybine, solanées (datura, jusquiame) à quoi l'on ajoute le L.S.D. et le S.T.P.

-   les « inebrianta » : alcool, chloroforme, éther, benzine, protoxyde d'azote.

-   les « hypnotica » : chloral, véronal, bromures, kawa-kawa...

-   les « excitantia » : café, caféine, thé, Kola, maté camphre et surtout les amphétamines.

 

La mescaline est l'alcaloïde du peyotl, qu'on trouve essentiellement au Mexique. La durée du « voyage » induit par une dose de 400 à 500 grammes de mescaline dure 5 à 8 heures.

 

Le chanvre indien comprend le hachisch, le chiras, le kif, la marijuana. Son produit actif est le canabinol.

 

La psilocybine est l'alcaloïde du champignon psilocybe, synthétisé en 1960.

 

Le hachisch aurait été introduit en France en 1782, par le naturaliste Sonnerat, de retour d'un voyage aux Indes. Mais on dit qu'il était déjà connu en Europe à ce moment-là. La première étude, justement célèbre, en la matière est celle que publia en 1845 le Dr Moreau, de Tours sous le titre « Du Hachisch et de l'aliénation mentale». Il décrit huit effets psychiques de « l'Herbe » : un état d'euphorie que certains assimilent au bonheur ; une excitation intellectuelle avec exagération des sentiments et à la limite avec dissociation mentale ; des modifications du temps vécu et de l'espace, une modification de la sensibilité auditive (acuité musicale notamment) ; des idées fixes ; une surexcitation de l'affectivité ; des impulsions souvent liées à la suggestion ; des illusions et des hallucinations. Cette transe comporte quatre périodes : l'excitation, les hallucinations, l'extase, le sommeil.

 

 

Baudelaire, qui participa aux expériences de Moreau de Tours, décrit en 1851 trois phases : « Vous avez entendu parler vaguement des merveilleux effets du hachisch... Cela suffit pour vous jeter dès le commencement dans un état anxieux... La plupart des novices, au premier degré d'initiation, se plaignent de la lenteur des effets ; ils les attendent avec une impatience puérile... «(Puis)» c'est d'abord une certaine hilarité, saugrenue, irrésistible, qui s'empare de vous... Les mots les plus simples, les idées les plus triviales, prennent une physionomie bizarre et nouvelle... »


« La seconde phase s'annonce par une sensation de fraîcheur aux extrémités, une grande faiblesse; vous avez, comme on dit, des mains de beurre... Les sens deviennent d'une finesse et d'une acuité extraordinaires. Les yeux percent l’infini. L’oreille perçoit les sons les plus insaisissables au milieu des bruits les plus aigus ».


 

« Les hallucinations commencent. Les objets extérieurs prennent  des  apparences  monstrueuses...   Puis  ils se déforment, se transforment, ils entrent dans votre être ou bien vous entrez en eux... Les sons ont une couleur, les couleurs ont une musique... Vous êtes assis et vous fumez ; vous croyez être assis dans votre pipe, et c'est vous que votre pipe fume ; c'est vous qui vous exhalez sous la forme de nuages bleuâtres... ». De temps en temps, la personnalité disparaît... Maintenant, vous planez dans l'azur du ciel immensément agrandi. Toute douleur a disparu... Tout à l'heure, l'idée du temps disparaîtra complètement...


 

« La troisième phase, séparée de la seconde par un redoublement de crise, une ivresse vertigineuse suivie d'un nouveau malaise, est quelque chose d'indescriptible. C'est ce que les Orientaux appellent le kief ; c'est le bonheur absolu. Ce n'est plus quelque chose de tourbillonnant et de tumultueux. C'est une béatitude calme et immobile. Tous les problèmes philosophiques sont résolus... L'homme est passé Dieu... »


 

« Quand, le lendemain matin, vous voyez le jour installé dans votre chambre, votre première sensation est un profond étonnement. Le temps avait complètement disparu. Tout à l'heure c'était la nuit, maintenant c'est le jour ».

 

 

 

Georges Lapassade


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24 janvier 2013 4 24 /01 /janvier /2013 09:49

26 juin

 

 

Depuis 10 heures, ce matin, j'ai passé toute la journée à m'occuper de formation des maîtres,- des EN, de l'IFEF: ce matin, avec une AG de bilan des stages de sensibilisation aux métiers de l'enseignement,- puis l'après midi, à la réunion avec l'équipe de recherche de Livry-Gargan.

 

 

A mon arrivée à l'amphi 2, ce matin, j'ai trouvé Patrick, Jacques, Abdelatif et Odile en conciliabule à la chaire, tandis que les étudiants attendaient tranquillement des informations. Le problème qui agitait l'équipe des quatre était de décider un barème d'évaluation pour ceux qui avaient effectué un stage de 8 jours dans une école et participé au week-end de préparation, et puis pour deux qui avaient fait seulement le stage. J'ai tranché en décidant que la validation serait globale et ne devrait se faire que l'an prochain, à la fin de cette formation et pas maintenant, pas cette année. Et que la validation pourrait prendre la forme d'une attestation de stage, et non d'une attribution de 4 UV.

 

 

J'ai demandé alors qu'on apporte la circulaire de février 84, qui précise les formes d'organisation de ces stages. Ce texte est très clair. Il annonce d'abord que cette PP aux métiers de l'enseignement comporte trois « parties» :

 

 

-  un stage dit de « sensibilisation », qui doit se faire au cours de la première année du DEUG (quel que soit ce DEUG) ;

-  un stage « en situation éducative », la deuxième année ;

-  des « modules » portant sur la psychologie de l'enfant et sur les institutions scolaires.

 

 

Suivent des précisions sur le «stage de sensibilisation». Une seconde partie de la circulaire indique la possibilité (ou l'obligation ?) pour les profs d'EN de faire 25% de leur service à l'Université.

 

 

Georges Lapassade


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23 janvier 2013 3 23 /01 /janvier /2013 10:22

24 juin

 

 

La nuit dernière, j'ai fait un rêve connecté à mon travail pour le Que Sais Je ? Je devais préparer la couverture d'une brochure sur les transes et je demandais à A. de m'aider ; mais il n'y était pas disposé. Je ne crois pas avoir noté de rêve.

 

 

Si, dans les jours prochains, je ne trouve pas un nouveau souffle, je crois que mon travail pour le Que Sais Je ? sera encore une fois en panne, je ne sais exactement pourquoi. Hier soir, je suis arrivé, à une sorte d'écœurement au moment où j'abordais le dernier chapitre du livre de Suzan Blackmore sur les OBE qui, pourtant, devrait me convenir parfaitement, puisque j'y trouve l'esquisse de tout ce que je voudrais exprimer : la gloire des ASC, la réduction de la vieille parapsychologie à la nouvelle « psychologie de la conscience ».

 

 

Je dois m'habituer à écrire « transe », presque systématiquement, pour ASC, comme le propose G. Rouget, en précisant que le cœur de mon ouvrage sera une analyse du vécu et des cultures.

 

 

J'ai l'impression, peut-être fallacieuse, de me trouver maintenant assez proche du but. J'aurai bientôt écrit assez de pages pour remplir mon Que Sais Je ? Le problème sera alors de les assembler dans un ordre logique. C'est l'ordre qui vient toujours à la fin.

 

 

 

Georges Lapassade


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22 janvier 2013 2 22 /01 /janvier /2013 10:11

23 juin

 

 

Hier soir, Yves me parlait de l'ethnométhodologie, et il a bien vu que je ne l'écoutais pas très attentivement. Je l'avais pourtant averti que j'étais fatigué. Mais :

 

 

- Si je te parlais de Christiane D., m'a-t-il dit alors, un peu agacé peut-être, tu te réveillerais aussitôt. Au fond, c'est l'institution qui t'intéresse !

 

 

J'ai protesté, mais pour la forme seulement. Je ne lui ai pas dit que mon intérêt pour la vie quotidienne de notre institution pouvait relever aussi d'une démarche ethnométhodologique combinée avec d'autres. Et que la tâche n'était pas seulement de participer aux anecdotes de tous les jours, aux réunions, à l'administration, aux intrigues des clans, mais aussi, et en même temps, de chercher à définir une méthode pour traiter ce terrain «institutionnel ».

 

 

Or, cette année, précisément, je me suis intéressé à l'ethnométhodologie sous cet angle là, mais pas pour y chercher une nouvelle « philosophie ». Mais Yves, et il n'est certainement pas seul, ne voyait pas le rapport entre mon activité institutionnelle dans la fac et les «leçons » de Garfinkel. Pourtant, nous avions décidé avec lui, au cours d'une réunion précédente, que le numéro de la revue Pratiques de formation sur l'ethnométhodologie, dont il a la charge, porterait sur des enquêtes.

 

 

 

Je suis très intéressé par le livre de Patricia Garfiels sur la créativité onirique. J'ai lu, page 37 de la traduction française, ceci : « Une confrontation réussie avec un ennemi onirique effrayant, qui nous donne le sentiment de pouvoir résoudre nos problèmes, nous encouragera à avoir d'autres rêves de ce type ». Et j'ai pensé alors à mes rêves de l'hiver, quand j'avais des difficultés avec les dirigeants de notre UER de psychologie, pour la mise en place du DEUG. Ces rêves m'aidaient à «travailler » l'institution, en me travaillant.

 

 

Un peu plus loin dans la page 37 : « Nous pouvons constamment nous encourager à rêver, du sujet qui nous intéresse et obtenir des rêves s'y rapportant ».

 

 

Ces passages sont extraits d'un chapitre sur les «rêves culturels » des Amérindiens. Comme les Grecs de l'Antiquité, ils apprennent à diriger leurs rêves en fonction de certaines normes et techniques propres à leur culture. L'auteur montre que nous avons perdu, si nous les avons possédées un jour, les techniques sociales de travail avec les rêves ; elle propose de les retrouver et de les utiliser.

 

 

Or, c'est un peu ce que j'ai fait cette année et j'avais l'impression, ce faisant, de mettre au point une technique d'analyse institutionnelle de mes implications dans le jeu de la fac et dans l'action de tous les jours. De la notion, proposée par des auteurs américains des «rêves culturels », je passe à celle de « rêves institutionnels » : ce seraient des rêves qui trouveraient leur place dans le travail de l'analyse interne, comme j'ai essayé de le faire.

 

 

 

Ce petit colloque intérieur sur l'usage des rêves dans l'analyse institutionnelle est peut-être un moyen pour faire se rejoindre mes deux activités intellectuelles jusqu'ici disjointes : mon travail sur l'institution, d'une part, et d'autre part mon travail sur les nouvelles approches de la « conscience ».

 

 

 

Georges Lapassade


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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 10:55

20 juin

 

 

J'ai remarqué depuis déjà quelques jours que je ne travaille plus sur (avec) mes rêves depuis que mon Journal des DEUGS s'est arrêté,- ce qui semble indiquer que les deux analyses,- de mes actions, et de mes transes -, étaient profondément liées. J'ai pourtant rêvé, cette nuit, je me souviens que ces rêves étaient intéressants et liés, je crois, à ma vie actuelle dans la fac.

 

 

Je relis mon Journal entre septembre et décembre 84 ; il règne un certain gâchis dû à mon inexpérience de la machine à traitement de texte à ce moment là, mais aussi aux diverses « copies » et manipulations qui furent ensuite opérées à partir des originaux. Il m'aura fallu cette année universitaire pour commencer à voir comment je devrais maintenant, avec encore un effort, procéder pour éviter ces écueils.

 

 

J'ai assisté pour quelques instants seulement, hier, aux travaux de la commission, des statuts. Il y a là des gens qui s'étonnent, soit de ne pas m'y voir, soit de mon silence ; mais je ne vois pas l'intérêt d'y intervenir dans une discussion qui porte essentiellement sur la répartition des sièges dans les prochains conseils de l'Université, les modes de scrutin. J'y vais juste pour me tenir au courant. Le tout sera voté le lundi 1er juillet en conseil et devrait prendre effet à la rentrée d'octobre, inch Allah !

 

 

Il n'y a plus de spécialisation « en Sciences de l'éducation » au DEUG rénové de psychologie, version «PCS ». L'UER de psychologie gère entièrement ce DEUG, et c'est bien ce que je voulais il y a un an déjà, en juin 84 : j'avais compris que l'équipe « instituante » de cette formation PCS était incohérente. La seule solution était alors, malheureusement, de persuader les psychologues d'organiser leur DEUG en le rénovant plutôt que de lutter pour maintenir la confusion et l'intrigue permanente dans cette formation. Cet hiver, je voulais alors que notre département de l'éducation soit partout présent dans les premiers cycles comme «fournisseur » de services, selon un modèle qui se voulait et se disait « québécois ». J'ai maintenant abandonné cette utopie.

 

 

J’ai écrit, hier, aux chercheurs de l'ATP « Transitions ». Je les relance en leur annonçant notre intention de consacrer un numéro spécial à « l'entrée dans la vie universitaire ».

 

 

Dans notre Université, la complexité institutionnelle, la confusion, le laisser aller, le quasi-boycott par ceux qui devraient la faire fonctionner, sont si grands que les étudiants, lorsqu'on les interroge, ne parlent de rien d'autre que de cette confusion. La difficulté de faire l'insertion institutionnelle dans ce labyrinthe cache le reste. L'étudiant doit faire d'énormes efforts pour ne pas sombrer. Et il n'est pas au bout de ses peines car l'an prochain, lorsqu'il va peut-être demander « son DEUG », il découvrira qu'il manque telle ou telle UV, qu'il n'avait pas compris qu'elle était obligatoire.

 

 

L'étudiant est dans l'obligation permanente d'enquêter sur l'institution pour la connaître «à toutes fins pratiques», pour y faire son « affiliation » (acquisition du langage commun de l'organisation, avec son vocabulaire de formations, DEUGS, pré requis, etc.). S'il n'enquête pas, il ne pourra pas survivre dans le système. Il faudrait trouver une forme d'analyse permettant de voir comment les étudiants font leur insertion activement, par des pratiques de tous les jours. Comment par ces pratiques (se renseigner, chercher les failles du système, savoir quelles normes vont lui permettre de «passer», de réussir dans le système, ce qui est plus important que d'apprendre  des  contenus)  se  fait  l'apprentissage de l'institution.

 

 

Georges Lapassade


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20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 11:57

17 heures

 

 

J'ai rencontré Yves, avec ses disciples, à la cafétéria, après la réunion que je venais de quitter. Il m'a demandé d'examiner un problème administratif de ses étudiants: ils n'arrivaient pas à obtenir, disaient-ils, les formulaires d’inscription en maîtrise. Une étudiante ajoutait que l'une de ses amies attendait depuis maintenant deux ans la délivrance de son diplôme...

 

 

Nous sommes allés aussitôt, sur ma proposition, au bureau du chef de la scolarité. Lui présentant le problème des étudiants de Lecerf,- qui se tenait, lui, en retrait, comme indifférent, j'ai eu certainement le tort de rapporter ce que me disait un étudiant l'autre jour : qu'au bureau des maîtrises on aurait dit : « les formulaires manquent parce qu'il n'y a plus d’argent pour les reproduire ! ». Naturellement, au téléphone, le service des maîtrises a nié cette « information ».

 

 

- En réalité, nous a dit C, on a retiré les formulaires qui étaient disposés sur la porte de ce bureau parce que les étudiants en prenaient trop et les jetaient ensuite dans les poubelles... Quant au retard pour la délivrance des diplômes, c'est exact, mais nous manquons de personnel et nous avons 15 ans de retard, car jusqu'ici, les étudiants ne demandaient pas leurs diplômes. Mais j'ai demandé un personnel supplémentaire, à cet effet...

 

 

-   Et vous pensez que vous l'obtiendrez, après le rapport de la cour des comptes ?

 

 

-   J'ai contrôlé, m'a répondu C. ; mon personnel fait son service. D'ailleurs, nous sommes en train de réorganiser, c'est en bonne voie.

 

 

Je me suis souvenu alors de « l'affaire N. ». Mme N. était chef de service quand je m'occupais de l'AES. J'avais rencontré des difficultés du même genre :

 

 

- Mme N. ? m'avait dit le vice-président de l'époque. Mais chacun sait qu'elle est plus souvent chez le coiffeur que dans son bureau !

 

 

J'avais fait état de cette réflexion devant le conseil de l'université, dont j'étais membre. Le Président de l'Université, à l'issue d'une grève du service de la scolarité contre moi, m'avait adressé une lettre «d'avertissement » et l'avait « versée à mon dossier ». Or, il était lui-même convaincu que le vice-président disait vrai. Mais, probablement pour des raisons politiciennes,- pour conserver un soutien syndical -, il avait fait la part du feu et s'était retourné contre moi.

 

 

Ce matin, je suis allé de bonne heure au cabinet du Président dans l'intention de faire parvenir par son secrétariat un message à Alain C. : je voulais lui rappeler la réunion pour le numéro de Pratiques de Formation sur l'ethnométhodologie en évitant d'entrer dans le bureau présidentiel (je ne savais pas qu'ils étaient en réunion publique du bureau élargi). Le secrétariat était vide :

 

 

- Alors, tu viens fliquer Elsa ?, m'a dit l'amie de Mme N. (elle se souvient toujours de l'Affaire qui nous opposa). Elle disait ainsi parce que je cherchais quelqu'un pour transmettre mon message. C'est ce que j'ai répondu, mais ce faisant, je donnais visiblement l'impression de me défendre, et par conséquent d'être coupable. C'est seulement plus tard, trop tard, que j'ai pensé à la réplique qui aurait convenu dans cette situation :

- Mais non, chère amie, je ne suis pas l'Inspecteur de la Cour des comptes !

 

 

Tout le monde, dans notre établissement, connaît le rapport de la Cour des comptes sur les personnels des Universités, en particulier la notre. Y faire allusion eût été comme une petite revanche, définitive, sur cette affaire N. où C, je viens de retrouver son prénom, joua un rôle très actif.

 

 

Elle n'a pas désarmé. La prochaine fois, je ne laisserai pas passer l'occasion de lui citer la Cour des comptes.

 

 

On peut considérer que la séance du bureau élargi, ce matin, autour de l'informatisation de la fac, était aussi une séance collective d'analyse institutionnelle. Mais j'ai procédé à une sorte de « synthèse » quand j'ai proposé qu'on informatise, avec des terminaux, les 9 UFR.

 

 

Ceci pose un problème de méthodologie. Si je maintiens que sont analystes de l'institution ceux qui, y travaillant, doivent réfléchir à ce qui s'y passe, comme cela se faisait ce matin, je dois aussi constater que j'exprime cette analyse au second degré quand je propose une « synthèse » comme ce matin, à partir de ma position de membre errant dans l'institution (je n'étais pas convoqué à cette séance de travail).

 

 

Georges Lapassade


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