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Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.

R. Hess, G. Weigand : Analyse institutionnelle et pédagogie rééd en ligne (26)

L'instituant ordinaire

 

La psychothérapie institutionnelle tente alors de recréer à l'intérieur de l'hôpital des espaces de responsabilisation, des espaces où chacun peut être sujet d'une charge. On multiplie les "institutions internes". Si on n'a pas de pouvoir sur les institutions externes (le statut du médecin, la loi gérant les attributions hospitalières), par contre on a la possibilité de créer ou de dissoudre les institutions internes : le club d'ergothérapie, le bar, les clubs de sport, l'atelier cuisine, etc. Ces institutions sont gérées au niveau d'une assemblée générale, d'un collectif, d'un conseil qui se réunit et qui évalue le travail de chaque espace, tant au niveau de son efficacité fonctionnelle que thérapeutique. De cette expérience dans laquelle chacun est impliqué à plusieurs niveaux (personnel et organisationnel, notamment), des concepts émergent. Une théorie se produit à partir du mouvement de la pratique, ce que Georges Lapassade a pu nommer / 'instituant ordinaire.

 

La psychothérapie institutionnelle a produit quelques concepts : institutions internes, institutions externes, groupes objets et groupes sujets, l'analyseur. Cette théorie amorcée par François Tosquelles dans les années 1950, ainsi que par l'équipe de psychiatres de Saint Alban se développe fortement dans les années 1960, à la Borde, sous l'impulsion de Jean Oury et de Félix Guattari.

 

Un aspect qui peut expliquer l'autre rapport à la différence qui s'est créé à Saint-Alban est l'aventure vécue par François Tosquelles lui-même. Médecin psychiatre espagnol, engagé du côté de la Révolution espagnole, il se trouve obligé d'émigrer après l'échec de la Guerre d'Espagne. Il est accueilli à Saint-Alban par des amis médecins, qui sont engagés politiquement à gauche, comme lui (ils sont proches du parti communiste). Son diplôme n'est pas reconnu en France. On lui donne alors un poste d'administratif dans l'hôpital ou de plongeur à la cuisine (nous ne connaissons pas les détails de l'histoire). Mais en même temps, on a conscience que, si l'institution externe ne reconnaît pas les titres du personnage, à l'intérieur, on sait qu'il est un grand thérapeute. Pour gérer cette contradiction, et en attendant qu'il repasse ses diplômes en France (ah les équivalences!), on lui dit qu'il a un rôle thérapeutique. Du coup, on découvre que la thérapie est un processus collectif. Le cuisinier, la femme de ménage peuvent intervenir dans le suivi des malades. Cette situation particulière change le rapport médecin/malade. Même les malades peuvent être thérapeutes pour leurs collèges ! On joue tous, à tour de rôle, différentes fonctions les uns pour les autres. A un moment ou à un autre, on devient un intervenant interne...

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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