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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 15:25

b).- R. Lourau

 

R. Lourau met en exergue de son livre Implication/transduction (1), publié en 1997 (mais écrit entre juin 1993 et mai 1995), une citation du livre H. Lefebvre de 1961: "Les transductions théoriques et les transducteurs affectifs relèvent d'une même théorie". Le seul problème, pour nous qui connaissons l'œuvre d'H. Lefebvre, c'est que H. Lefebvre n'a jamais écrit cela. H. Lefebvre écrit: "Les transductions théoriques et les transducteurs effectifs (concret) relèvent d'une même théorie".

 

Si nous nous reportons au journal de recherche de R. Lourau, dans Implication/transduction, intitulé "Nipponites mirabilis, écriture diaristique" (p. 65 à 198), nous pouvons lire :

 

"Dimanche 10 octobre 1994

 

Alfredo venait de faire une deuxième découverte en relisant Critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre, tome 2, 1961. Quelques lignes sur la transduction. Il m'en a fait photocopie car naturellement je n'ai pas retrouvé mon exemplaire.

 

H.L dit en gros ce qu'il écrira dans l'intro de 1969 à LFLD. C'est un peu léger. L'intérêt est dans la place occupée par cette menue notation dans le chapitre consacré aux "instruments formels".

 

C'est après avoir parlé de l'hypothèse stratégique (120) et de la "création le l'objet" (par ex la construction d'une ville nouvelle). "Il ne s'agit plus du cas habituellement considéré, celui de l'observateur qui modifie l'observé ou qui fait lui-même partie de l'observable". C'est une "situation extrême" susceptible de "fonder une rationalité pratique large".

 

(121 et 122) "Transduction et transducteurs" commence par : "Les opérations classiques du raisonnement ne peuvent plus suffire". Au-delà de l'induction et de la déduction, la transduction "qui construit un objet virtuel à partir d'informations". Les autres caractéristiques sont très plates et je ne les mentionne pas.

 

H.L. introduit "transducteurs sociologiques" après "transducteurs psychologiques" des théoriciens de l'information (très vague référence, comme souvent chez H.L.).

 

Il finit par une phrase énigmatique : "Les transductions théoriques et les transducteurs affectifs (pratiques) relèvent d'une même théorie" — avec un renvoi en note sur Mandelbrojt (l'oncle, qu'il connaissait de l'auteur des fractales?): Lecture de l'expérience, PUF, 1955, p. 43 (donc l'oncle!) sur les transducteurs psychologiques (ajout à la frappe: quel beau titre, "Les transducteurs affectifs"; au moins à mettre en exergue de I/T).

 

R. Lourau s'installe dans son erreur de notation dans son entrée du

 

"Samedi 26 novembre 1994

 

Transducteurs affectifs (Mandelbrot, Lefebvre)".

 

Est-ce que la photocopie envoyée par Alfredo Martin était défectueuse? Je ne puis le dire. Cependant, on peut constater une erreur de copie non seulement d'effectif à affectif (ce qui, d'un point de vue interprétatif devrait offrir de nombreuses ouvertures à nos amis psychanalystes), mais encore du mot entre parenthèse (concret) qui devient (pratiques). Tout lecteur ami de R. Lourau se rappellera que ce dernier n'écrit pas son journal en ayant sous la main les ouvrages qu'il évoque. A l'image d'H. Lefebvre, il fait plus d'une citation de mémoire (il le précise à certains endroits de ses journaux).

 

Le jugement négatif sur Lefebvre ("C'est un peu léger") nous apparaît d'autant plus surprenant que dans l'ensemble de son journal, R. Lourau semble penser à Lefebvre constamment, et en bien. On a l'impression que l'affection qu'il porte à Henri, évite à René d'avoir à se confronter à la pensée de Lefebvre (2).

 

Le nom d'H. Lefebvre est cité très souvent avant la découverte de ce passage qui semble essentiel, car il aurait dû orienter R. Lourau dans une toute autre direction que celle qu'il a choisi. Nous tenterons de définir très précisément le hiatus qui existe entre Lefebvre et Lourau à propos de la transduction. Mais disons tout de suite que la transduction semble être chez Lefebvre une sorte de dépassement (Aufhebung)intuitif, (peut-être génial, prophétique, effet de transe) qui permet de dégager des possibles concrets. Chez R. Lourau, la transduction est presque synonyme de "pensée associative" à l'intérieur du continuum orinique(pour ce qui le concerne), et i peu plus général chez Simondon et Ravatin qu'il cite constamment.

 

Il nous semble important de proposer à notre lecteur quelques passages antérieurs de ce journal où R. Lourau cite H. Lefebvre. On va y trouver sa découverte de l'utilisation de la transduction dans la préface à Logique formelle et logique dialectique, de Lefebvre. Ce journal de recherche est en même temps un excellent exemple de "journal de lecture". Les chiffres entre parenthèses signalent les numéros des pages des ouvrages travaillés:

 

"Dimanche 3 octobre 1993

 

La vie quotidienne des dieux grecs,un peu décevant, se moque de Lefebvre, mais ignore la vraie question posée par H.L., des moments, de la nature qualitative de la temporalité (Hegel plus Bergson ? — ajout à la frappe).

 

(1) R. Lourau, Implication/transduction, Paris, Anthropos, 1997, 198 pages.

(2) Historiquement, cet évitement de la pensée d’H. Lefebvre, lorsqu’elle prenait un tour critique à son endroit, apparaît comme un continuum chez R. Lourau. Alors qu’H. Lefebvre fait une critique très développée du « principe d’équivalence », posé par R. Lourau en 1972 (200 pages dans De l’Etat, 4 vol, 1976-78), R. Lourau n’a jamais évoqué ces critiques, n’y a jamais répondu, se contentant de renvoyer de manière très générale à l’ouvrage d’H. Lefebvre dont le vol 3 était dédié à R. Lourau et R. Hess !

 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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