Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
Le rôle d'animateur
Quel rôle peut avoir un teamer dans le cadre d'une recherche ou d'une formation de groupe qui choisirait de se développer selon un modèle ou une forme d'animation herméneutique?
Le teamer est en général quelqu'un qui s'est engagé un jour dans le travail interculturel. Il a pu construire une connaissance, un savoir, peut-être même a-t-il pu accéder lui-même à une certaine sagesse, au moins à une certaine maturité. Il a donc acquis une certaine patience, un certain intérêt de recherche et il accepte le jeu de l'écoute et de la disponibilité...
Le teamer tente de comprendre l'espace et le temps dont dispose le groupe. Comment peut-il aider à la création de dispositifs permettant la plus large manifestation et socialisation des intérêts de recherche? Le teamer sait se contrôler pour ne pas contrôler les autres. Sa principale qualité est l'écoute compréhensive. Plutôt que d'interpréter les situations, les parler, les commenter, il s'exerce à poser de temps en temps des questions pertinentes qui obligent l'autre à parler, à se raconter au niveau de ses vrais intérêts de recherche.
L'animation herméneutique n'existe pas en soi. Elle ne peut pas se transmettre par des recettes. L'animateur ne vient pas avec une boîte à outils... Pourtant, apporter avec soi du matériel peut constituer une ressource pour le groupe. L'important est de ne mettre les outils à la disposition du groupe que si ceux-ci correspondent à une demande. Cette écoute de la demande exige une certaine appétence à la clinique (interprétation des symptômes qui s'expriment dans la situation du groupe).
La posture du teamer ne se différencie pas, fondamentalement, de celle des participants. Ils cherchent, ensemble, à s'exprimer, tour à tour, dans un cadre acceptable par l'autre, par les autres. Ils acceptent le principe d'une posture d'écoute sans jugement, même si la transgression de cette règle est fréquente...
Dans un groupe de 20 (entre 18 et 22 personnes), le travail en plénum peut être très favorable à une circulation maximum des interventions. En même temps, le poids du grand groupe peut freiner l'expression de certains. Le poids des traductions alourdit le climat des groupes multilingues. En même temps, plus le groupe est nombreux, plus la qualité du travail de traduction s'apprécie... Traduire dans un groupe est un art herméneutique complexe. Il faut essayer de faire comprendre au monolingue ce qui se dit. En même temps qu'il faut expliciter pour aider à la compréhension, il faut être concis pour ne pas freiner la dynamique de la pensée du groupe. Injonction paradoxale. Il faut à la fois tout dire et se taire. Les deux sont impossibles. L'entre-deux est donc un compromis provisoire... L'interprète, le traducteur choisit de dire quelque chose selon sa sensibilité clinique qu'il pense être utile au processus collectif... Le traducteur est donc un double herméneute ; au niveau du transfert des discours d'une langue à une autre, mais aussi au niveau de l'accompagnement des flux, des énergies individuelles et collectives. Tâche passionnante mais impossible que l'on pratique bien lorsque l'on est capté, pris par l'esprit du groupe, l'intuition de l'instant... Dans le meilleur des cas, la traduction est une manière de partager et de faire partager une hystérie collective.
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
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