Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
Comprendre l’autre
Au niveau personnel, la capacité à comprendre l'autre est un art qui pourrait s'évaluer à plusieurs stades d'approfondissement. Nous distinguerons trois niveaux: le travail interculturel, la science interculturelle, la sagesse.
Le travail interculturel suppose une observation méticuleuse des modes d'être au monde de l'autre. Cet être au monde s'inscrit, comme nous l'avons déjà évoqué, dans des moments. L'observateur a tendance à chercher, dans un premier temps, la reproduction de ses propres moments dans la vie de l'autre. Ce qui est une erreur méthodologique, mais en même temps un passage obligé.
Il faut passer du temps pour avoir l’insight, la perception organisatrice du moment de l'autre. Dès que l'on a construit cette perception, tout le social de l'autre s'organise soudainement...
Connaître plusieurs moments-clé d'une société aide à percevoir ultérieurement les autres moments de cette société.
On parvient au niveau de la science lorsque l'on est capable de réfléchir sur les liens qui rassemblent les moments d'une société. La connaissance du principe d'organisation, de production et de reproduction des moments passe par une bonne connaissance de l'espace et du temps (de l'historicité) de l'autre.
Cette science n'est donc pas une connaissance sur l'interculturel, mais une connaissance de l'interculturel. Le savoir sur est souvent l'objet de la transmission de la pédagogie traditionnelle. Le savoir sur peut s'organiser contre un savoir de. La force des détenteurs du savoir sur est souvent la maîtrise des mots, du langage et de la dialectique. Cette rhétorique se déploie souvent en ignorance du savoir de, ou même en guerre contre le savoir de.
Réconcilier les détenteurs du savoir de avec l'expression et la mise en forme orale ou écrite de leur connaissance est la vocation de l'animation herméneutique.
Le sage est celui qui, au-delà d'une bonne connaissance de l’interculturel, a conscience que son savoir ne peut être partagé. Il regarde le monde sans ambition d'enseigner... Parfois, le contexte est tel que sa sagesse est perçue et reconnue. Alors, à ce moment-là, il accepte de transmettre, de se raconter, de proposer des interprétations. Il sait que le interculturel n'est pas transmissible car ce n'est pas un savoir sur, mais un savoir de. Il est donc à construire et reconstruire continûment.
Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech
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