Rachid Assebab
Fama ou Rivière humaine
Editeur Slaiki Frères, Tanger 2011, 120 pages
Ainsi, comme une petite rivière nourrie par des affluents, les Subsahariens s’acheminent, obstinément, vers leur point de chute en empruntant le même parcours insoupçonné et étrange que prend le fleuve du Nil, depuis le fin fond de l’Afrique jusqu’à la Méditerranée, faisant fi des pays et des frontières humaines.
Dans sa route, longue, secrète, tortueuse, ce fleuve humain traversera le désert en croisant d’autres affluents de misère qui viendront le dévier, le ramifier ou le gonfler au point de le rendre un torrent qui gronde.
Mais, pour traverser ce désert, il faut avoir le courage de comprendre que l’on n’a plus le choix, qu’on est désormais poussés par la même force qui entraîne une rivière vers l’embouchure, et d’admettre que ce passage obligé, loin d’être ce lieu doré, évocateur, celui qu’on vante dans les pages de magazines, est plutôt un purgatoire de la pire espèce. En plus de l’absence d’eau, de nourriture, d’abri, de repères, il faut tout craindre de cet océan de sable embrasé. Ici, tous les éléments naturels deviennent l’ennemi de l’homme, s’entraident même pour être plus efficaces. Quand on sort de ce désert, c’est comme si on sortait après un accouchement difficile du ventre de sa mère, vivant.
Rachid Assabab est enseignant de français au lycée au Maroc
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