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Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.

Michel Lobrot : Le groupe face à l'institution (2)

 

Avant d’apparaitre comme faible, c'est-à-dire comme elle est fondamentalement, l’institution apparaît comme toute-puissante. C’est l’apparence qu’elle présente et le savoir humain fonctionne d’abord à partir des apparences.


Quand les sciences, au sens moderne du mot, apparaissent au 19ème siècle et qu’elles se penchent sur l’humain après s’être penché sur la nature, elles rencontrent aussi les sociétés. Celles-ci présentent d’emblée leur face institutionnelle, qui semble tellement évidente qu’elle sert à les désigner. On va donc, après avoir inventé la sociologie, désigner les sociétés à partir de leurs  moyens institutionnels. On aura la société religieuse, la plus étudiée, qui se définit par la Religion, la société politique qui se définit par le Pouvoir, la société juridique qui se définit par le Droit, etc. On ne se préoccupe pas de savoir quel est le rapport entre l’individu concret, vivant, agissant avec ces entités. Il faudra attendre la psychologie sociale, an 20ème siècle, pour se poser ce genre de question.


Ceux qu’on peut considérer comme les premiers sociologues, nés au milieu du 19ème siècle (Emile Durkheim, 1858 ;  Ferdinand Tönies,1855 ; Max Weber, 1864 ; Vilfredo Pareto, 1848) sont surtout préoccupés de mettre en lumière les articulations de l’institution et spécialement la cassure, au sein de l’institution, entre une zone rationnelle, construite, organisée et une zone affective, « inconsciente », instinctive. C’est l’opposition entre la gemeinschaft et la geselschaft, de Tonnies, entre les formes logiques et non logiques chez Pareto, entre  le pouvoir organisé et le pouvoir charismatique chez Weber. Et certes l’opposition entre ces formes institutionnelles, par exemple entre la famille et l’Etat, est capitale, du point de vue du fonctionnement institutionnel. Cependant, elle ne permet pas de distinguer l’institution de ce qui est non-institutionnel, ce que fera, par contre, une distinction qui a pris le premier plan aujourd’hui entre l’autonome et le non-autonome ou entre l’auto-déterminé et l’hétéro-déterminé (Voir l’idée d’autodétermination de R.Rayan et E.Dulci,  2002).


 

La vision des auteurs précédents peut servir à comprendre l’institution. Par contre la vision de Durkheim de sociétés coupées radicalement des individus, à cause d’une conscience collective et d’un fonctionnement collectif indépendants d’eux ne le permet plus. L’idée que les individus, dans une société, restent extérieurs aux institutions, sous prétexte que le tout est supérieur aux parties et ne se ramène pas à elles, est simplement une erreur. Le «  tout » auquel pense alors Durkheim possède des parties qui ne l’engendrent pas, qui sont passives et inertes par rapport à lui, qui se contentent donc de « supporter » le tout, comme sont les parties d’une image dans une vision gestaltiste. Tel n’est pas le cas des individus dans une société. Ce sont eux qui fabriquent et conçoivent la société, qui la maintiennent dans l’existence et la transforment, même dans une société esclavagiste. Ils sont donc en position de surplomb vis à vie de la société. Ils sont non seulement des parties de la société mais aussi des fondateurs, des « origines », tous quels qu’ils soient.

 

(...) 

 

Michel Lobrot

httpp://lesanalyseurs.over-blog.org

http://journalcommun.overblog.com/

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