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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 09:50

 

3. Le château Hartheim à Mauthausen

 

 

Changeons de scénario et venons-en enfin au lieu des faits. A Mauthausen, en Autriche, est un très beau château de Renaissance. Il a été utilisé comme maison de soins pour les handicapés par des sœurs catholiques. En 1940, ces sœurs ont été congédiées et remplacées par des agents du régime hitlérien. Le château de Hartheim est alors devenu le premier camp d'extermination;[1] victimes ont été les handicapés du Reich, sur l'ordre personnel du Führer :

 

 

« La logique propre de l'euthanasie national-socialiste n'est pas [...] sans poser problème, tant les implications éthiques sont considérables. L'ordre d'exterminer les handicapés et les malades émane de la personne même d'Hitler, sur papier à entête privé, daté (sans doute antédaté) du 1er septembre 1939. A la différence de la Shoah, résultat de la conférence de Wannsee et, à ce titre, décision collective des chefs nazis, l'euthanasie repose sur un document écrit du seul Führer dont la responsabilité personnelle, voire sa culpabilité, découlent directement (si tant est que ce débat importe aujourd'hui). La date choisie est significative, car emblématique d'une autre déclaration de guerre, intérieure cette fois, contre les éléments de la prétendue race aryenne qui ne correspondraient pas aux normes et qu'il fallait combattre, puis éliminer, par analogie à la guerre contre les ennemis de l'extérieur. »

 

 

Et les auteurs continuent avec ce propos qui a retenu mon attention et qui est concrètement  l’origine de l’article présent :

 

 

 « L'Histoire retiendra que, le jour même où Hitler entraîne l'Allemagne nazie dans la Seconde Guerre Mondiale, il élabore aussi les bases d'une gigantesque machinerie d'extermination qui, quelques années plus tard, sera mise au service de la Shoah. Or, cet ordre d'extermination n'est pas encore dirigé contre les Juifs, mais contre des Allemands du Reich, dont le seul tort (est-ce vraiment le mot ?) est de ne pas correspondre aux normes de force et de vitalité véhiculées par l'idéologie nazie. L'unicité de la date montre aussi comment est à l'œuvre, dès le début, le système nazi, dans sa cohérence et sa logique implacable, dont sortira trois ans plus tard, la nébuleuse des camps d'extermination à l'Est. » (Winkler/Bessone:2005, 34)

 

 

Winkler et Bessone soulignent que les futurs dirigeants des camps d'extermination ont été formés à Hartheim. Aussi, il est important de souligner que les national-socialistes n'ont pas remplacé tout le personnel de Hartheim, ce qui pose déjà un premier problème. Le deuxième problème est du même ordre : tout le personnel nouvellement  affecté ne pouvait pas avoir été formé par le régime hitlérien, au pouvoir seulement depuis sept ans (et l'Anschluss de l’Autriche a été seulement le 12 mars 1938). Cependant, le projet Hartheim a été un succès. Les national-socialistes réussissaient à former en quelques mois suffisamment de personnel pour mettre en place et pour encadrer les camps d'extermination. La question qui s’est imposée alors avec force à moi est la suivante : comment a-t-il été possible de disposer en si peu de temps de tout ce personnel dont la tâche a été de tuer ?[2]



 

[1] Le château est maintenant un mémorial ayant une visée pédagogique se superposant, ou se surajoutant, à l’établissement de formation  qu’il était sous le national-socialisme (cf. les planches ibid.:i-lvi).

 

[2]Rappelons seulement que les premiers appels au boycott du régime hitlérien datent de 1933 (cf. The Wiener Library:1960).

 

 

Leonore Bazinek

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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