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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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9 mai 2013 4 09 /05 /mai /2013 10:22

 

5 Récapitulation des six dimensions pédagogiques

 

 

Regardons, pour terminer, les apports de notre parcours pour les dimensions pédagogiques explicitement visées. En ce qui concerne la première dimension qui porte sur l'exposé de la recherche, j'attends l'évaluation des lecteurs. Venons-en donc tout de suite aux deux dimensions pédagogiques qui concernent le camp de formation de Hartheim. Certes, les conditions sous le régime hitlérien ont été extrêmes, mais la mise au pas rapide du personnel soignant laisse songer qu’il y avait des dispositions de l’accueillir. Ainsi donc, la réussite si rapide de la mise au pas ne peut être que la conséquence d’une certaine éducation, ou formation, au préalable. Pendant ces années qui précèdent 1933, il est peu probable que la population s’en soit rendue compte ‒ on a, bien au contraire, des témoignages que les gens ont été eux-mêmes surpris par la transformation qu’ils ont vécues.[1] Ce fait nous incite à la méfiance vis-à-vis de nous-mêmes, et à l'exercice de l'esprit critique pour éviter ce lapsus diagnostiqué par Lourau (cf. Lourau:1981). Toute formation que nous recevons est à soumettre  à une analyse de ses principes et de ses buts. Et en ce qui nous concerne plus immédiatement, on fait bien de se rappeler l'impératif de Schleiermacher : s'autoéduquer  au sein même de l’éducation.


Venons-en au mémorial. Ces mémoriaux ne sont pas, par leur simple existence, déjà formateurs. Un accompagnement scientifique est indispensable pour leur élaboration et pour l’accompagnement des visiteurs. Le mémorial de Hartheim est un bon exemple pour le premier point. Winkler et Bessone expliquent son élaboration relativement soignée. Mais, au fil des années, en rajoutant des parkings, des automates de rafraîchissements, etc., il se rapproche aujourd’hui d’un parc d’attraction plutôt que d’un endroit sobre de recueillement et de prise de conscience.


Ensuite, j’ai indiqué une quatrième dimension pédagogique qui provient des précautions à prendre lors de l'analyse d'une œuvre comme celle de Baeumler. J'ai évoqué que Baeumler a attentivement observé, comment ses idées se sont développées. Néanmoins, cette lucidité ne l’a pas empêché d'adopter une doctrine criminelle et, qui plus est, de se mettre au service de celle-ci. Au risque d’adopter un air ringard, on ne peut alors que répéter l’invitation à la méfiance vis-à-vis de nous-mêmes. Les pièges sont multiples et souvent, il suffit de traîner un bout de ressentiment pour acquiescer à un propos qu’autrement on aurait réfuté. Qui plus est, Baeumler est très cultivé. Il maîtrise plusieurs langues, il maîtrise ses auteurs. Il ne développe aucune manie stylistique. Tomber alors dans son piège n’est pas très difficile, comme nous l’avons vu à l’exemple de Nancy, Barth et Cossé (cf. supra). Sa reprise stratégique de la pédagogie de Herbart, bien qu’après 1933, peut assez facilement passer, si on se dispense du travail de la lire à partir de la vision du monde national-socialiste, restant alors sur une compréhension traditionnelle des termes qu’il utilise. Dans un deuxième temps, on peut creuser le potentiel de la pensée herbartienne, d'autant plus que Herbart se réfère de toute apparence à Fichte et à Hegel dont une certaine influence sur la construction de la vision national-socialiste du monde semble avérée.




 

[1] Je renvoie ici de façon sommaire à Klemperer:2010 et 1995.

 

 

Leonore Bazinek

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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