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  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 19:37

Introduction :

 

Le paradigme de l’éducation tout au long de la vie peut être comparé à une lapalissade si je considère que l’idée d’apprendre appartient à la nature propre de l’homme. Marx en parle dans ses textes en précisant que chaque homme tend à se dépasser1 car « un être ne commence à se tenir pour indépendant que dès qu’il est son propre maître que lorsqu’il doit son existence à soi-même. [...] l’homme n’est indépendant que s’il s’approprie son être universel en tant qu’Homme total et si chacun de ses rapports avec le monde, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût, le toucher, la pensée, la contemplation, le sentiment, la volonté, l’activité, l’amour, bref tous ses organes, affirment son individualité (K. Marx, 1844, p. 155 et 148) ».

 

À partir de cette citation sur l’Homme total, Henri Lefebvre poursuit en posant que chaque individu cherche à se constituer comme oeuvre. L’objectif est d’atteindre une conception du monde où chaque personne s’élève « en soi », et « pour soi » et gagne son indépendance autant de l’esprit, du corps que du coeur. C’est tendre vers la théorie de l’Homme total, pour se garantir une vie dans une société plus humaniste, considérant l’homme dans sa globalité.

 

Ma démarche réflexive débute à la fois par mes lectures faîtes des oeuvres d’Henri Lefebvre et de Karl Marx. Cette recherche s’insère dans plusieurs champs qui sont en accord avec les sciences de l’éducation. Celui de la philosophie domine par l’empreinte laissée par Henri Lefebvre dans chaque livre. Le champ de la sociologie s’ajoute car l’éducation conduit à l’analyse de l’homme et de son interaction avec la société. Sans oublier le champ de la pédagogie déterminé par l’éducation tout au long de la vie qui s’institutionnalise et s’insère dans le milieu éducatif, en apportant une nouvelle vision.

 

Dans ce mémoire, je pose la question de l’éducation et plus précisément je m’interroge : comment se construire dans une éducation tout au long de la vie ? Ce mémoire est une analyse en plusieurs dimensions : celle apportée par Henri Lefebvre comme une représentation exemplaire de ce paradigme. J’apporte à mon tour ma propre expérience car mon processus de formation me donne le sens et les raisons de ce besoin de connaissance. La troisième dimension quant à elle, se base essentiellement sur une critique du paradigme de l’éducation tout au long de la vie, à partir de la vision exposée par des institutions éducatives, économiques et politiques, comme : l’U.N.E.S.C.O., l’O.C.D.E. et la communauté Européenne. L’approche de ces organismes présente des similitudes à la conception de l’Homme total.

 

Cette démarche autour de mon expérience de vie et ce parallèle établit entre ma représentation de l’existence d’Henri Lefebvre me permet d’aboutir à une réflexion sur l’Homme total et de m’interroger sur sa place dans l’éducation de toute une vie. Cette conception utopique au premier plan, prend en compte de nombreux paramètres à considérer dans cette volonté de l’homme à se réaliser. Marx dans ses écrits de jeunesse, amorce cette idée reprise ensuite par Henri Lefebvre. Il l’élève alors comme un moyen d’émancipation de l’homme qui se dépasse sans cesse et rassemble ses parties divisées. Son objectif est de changer la vie ! Il pense parvenir à une société meilleure.

 

J’ai souhaité établir la relation entre mes moments d’apprentissage et ceux d’Henri Lefebvre. Par exemple, l’’accompagnement formel n’a pas toujours été la seule solution pour apprendre. Ainsi, J’ai été autodidacte et j’ai suivi aussi ma propre voie pour continuer mon évolution et me dépasser sans cesse.

Mue par des besoins professionnels ou personnels, il me fallait apprendre pour progresser vers d’autres directions.

 

Toutefois, nous sommes tous dépendants de la société dans laquelle nous vivons. C’est pourquoi, je centre aussi mon explicitation autour des groupes, comme les communautés de référence, dans lesquels la mutualisation des compétences et la confrontation des expériences permet à chaque membre de s’auto-former. Cette approche réalisée autour de mon engagement dans différents groupes, donne sa place à mon expérience singulière pour en tirer une connaissance plus particulière. De mes ressentis émergent alors une réflexion objective sur cette implication qui semble être l’élément qui permet la cohésion dans le groupe. Henri Lefebvre s’est aussi beaucoup investi dans le Parti communiste et d’autres communautés qui ont joué un rôle primordial dans le développement de ses potentialités. Pourtant, dans le livre La Somme et le Reste, il en tire une forme d’analyse sur l’effet de l’aliénation. La question qui se pose alors est de connaître les limites de cette forme d’apprentissage.

 

Ce mémoire n’est pas spéculatif car cette réflexion prend aussi appui sur des éléments concrets et actuels comme l’historicité d’une éducation tout au long de la vie, le développement de la société cognitive, et la tentative de tout un chacun de s’ouvrir à la mondialité, d’aller vers des compromis, de conduire sa vie vers une conception plus humaniste, se donner un avenir meilleur.

 

Le fil de mon interrogation est en lien avec la théorie de l’Homme total, avec cette conception qui semble utopique pour beaucoup et pourtant c’est une question que bon nombre de philosophes se posent : L’Homme total est un moment que l’Homme devra atteindre, mais est-ce une finalité ou une étape vers l’achèvement ? C’est en tout cas penser l’homme et la société dans sa totalité. Comme le dit Henri Lefebvre c’est : « L’homme total et la société totale ou globale sont deux notions liées, mais qui ne coïncident pas, bien qu’ayant le même contenu : la praxis totale (H. Lefebvre, 19594, p. 29) ».

(1) L’acte de se dépasser, ou le dépassement, prend un sens particulier pour Henri Lefebvre. C’est une démarche qui expose une dialectique entre le passé et l’avenir. Il s’explique plus aisément en associant les trois termes de Surmonter, de dépasser et surtout de devenir. Se dépasser entre donc dans le mouvement de l’histoire comme une élévation vers une nouvelle condition, après avoir surmonter la contradiction, et aller vers un devenir. La compréhension du passé dans une relecture de l’historicité prend alors le sens d’un apprentissage pour construire un devenir sans erreur… Si possible ! Henri Lefebvre explique le terme dépassement en précisant : « dans le dépassement, ce qui se trouve dépassé se trouve aboli, supprimé Ŕ en un sens. Et cependant, en un autre sens, le dépassé se trouve élevé à un niveau supérieur. Car il a servi d’étape, de médiation pour obtenir le «résultat» supérieur ; et certes l’étape traversée n’existe plus en elle-même, isolément, telle qu’elle était auparavant ; mais elle persiste à travers sa négation, dans le résultat (H. Lefebvre,  1947a, p.213)».

Sandrine Deulceux

http://lesanalyseurs.over-blog.org

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