Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
  • Contact

Recherche

15 juillet 2013 1 15 /07 /juillet /2013 14:58

 

De l'individualisme compétitif à la coopération solidaire

 

Le coopérativisme comme alternative dans le monde du travail (5) 

 

 

 

Institutionnalisation du Mouvement Coopérativiste au Brésil (3)

 

 

 

Pendant environ 2 ans, l'équipe de recherche dont j'étais la coordinatrice,  a cohabité avec l'univers du mouvement des coopératives populaires de la Municipalité de Rio de Janeiro, participant aux symposiums, foires, colloques, séminaires, rencontres corporatives, et à d'éventuelles réunions internes aux coopératives et à quelques activités de travail. Nous avons réalisé des entretiens avec des techniciens ayant la fonction d'incubateurs de coopératives, et dans sept coopératives, nous avons eu accès aux pratiques : dont 3 de prestations de service (nettoyage, services  hydrauliques et électriques) et 4 de production (3 de couture et 1 d'artisanat). Ces coopératives se trouvent - à part une située dans une petite ville de l'Etat de Rio de Janeiro - dans des quartiers de la périphérie urbaine. Elles ont été formées il y a environ 2 à 3 ans. Les techniques d'investigation utilisées comprenaient entre autres l'observation-participante « in loco » dans des réunions, assemblées et activités quotidiennes des adhérents, enregistrées dans des «journaux de recherche sur le terrain», collecte de documentation (textes, dépliants, affiches, livrets) et entretiens semi-structurés avec des adhérents (22 au total) occupant différents postes et ayant des rôles divers dans les coopératives choisies. Notre but était d'appréhender des représentations subjectives concernant le coopérativisme, la coopérative  elle-même  en particulier et les re-significations psychosociales liées au statut social de l'adhérent. Au sein du mouvement, on constate une difficulté de relations entre les coopératives dites «populaires» et les autres qui composent également l'univers du coopérativisme, au moins, à Rio de Janeiro (mais d'après ce que nous avons entendu, cela semble s'éteindre/ s'étendre à tout le pays).

 

 

Un analyseur intéressant s'est révélé lorsque l'emploi du terme « populaire » a été mis en question par un des dirigeants des entités représentatives des intérêts des coopératives, à l'occasion d'un événement dont le thème était le coopérativisme (auquel ont participé, à Rio de Janeiro, des représentants de plusieurs coopératives qui se définissent comme populaires). Le dirigeant considérait le terme populaire comme un élément de désagrégation du mouvement coopérativiste. La réaction de quelques membres des coopératives populaires a été immédiate et défensive. On a mis en question non seulement la place marginale qu'occupent les coopératives populaires dans le mouvement coopérativiste brésilien, mais aussi le concept de «coopérative populaire» lui-même. Les arguments utilisés par les participants étaient chargés d'attachement et d'émotion, et ce sans que les discussions aboutissent à trouver un à ces sentiments, mal-exprimés, d'exclusion ou d'injustice vécues. Voilà un facteur qui mérite d'être étudié en profondeur car la hiérarchisation des organisations coopératives, en fonction de l'importance sociale et économique qu'elles occupent dans la société, met le mouvement en conformité avec le modèle capitaliste en vigueur, répète des idéologies cristallisées, en rendant plus difficile l'insertion instituante de nouvelles formes de relation de travail dans la société. En plus, il se crée au sein du mouvement une compétition que la coopération cherche à éliminer. La répercussion de ces différences se reflète encore dans la manière par laquelle, très souvent, les adhérents créent des relations entre eux dans leur coopérative, reproduisant dans leurs rapports interpersonnels et dans l'organisation interne, la hiérarchisation reçue comme modèle.

 

 

Toutefois, les principes autogestionnaires se font voir dans la façon dont la plupart des coopératives étudiées sont gérées. La division des tâches administratives et directives dans les coopératives étudiées semble obéir aux principes coopérativistes, malgré la coexistence avec les difficultés citées ci-dessus. Bien que les personnes aient déclaré que les décisions sont prises en assemblée, elles admettent tout de même qu'il y a une certaine centralisation de pouvoir chez les dirigeants élus.

 

 

Une autre donnée intéressante se rapporte aux punitions contre ceux qui ne respectent pas les contrats et les accords définis par la collectivité. Il arrive qu'il y ait des cas de réprimande publique et même d'expulsion. Ces dispositifs disciplinaires ressemblent à des résidus issus des relations du travaillisme traditionnel, permettant cependant que les ajustements des rôles et des normes maintiennent la stabilité des relations interpersonnelles.

 

 

 

 

Jacyara Carrijo Rochael-Nasciutti 


 

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

voir aussi : http://journalcommun.overblog.com 

 

 

 

et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

Partager cet article
Repost0

commentaires