Le blog de Benyounès Bellagnech

Education et subjectivité

L'analyse institutionnelle en mouvement (5)

L'université et les expériences de terrain (1)

L'étude est centrée sur une école publique qui se trouve à Côté d'une communauté pauvre de la ville de Rio de Janeiro, connue aussi comme favela (2). Cette école accueille 60 professeurs, 1800 élèves entre onze à vingt ans, scolarisés en niveau élémentaire, cours moyen et secondaire.

Cette approche suppose, en ce qui concerne les problèmes quotidiens de l'école, des discussions sur le contexte, les pratiques et les institutions. Par ailleurs, nous nous penchons sur les implications des relations établies entre les éducateurs, avec pour objectif l'analyse des vecteurs qui organisent leur espace socio-économico-politique et culturel de travail, afin de permettre à l'établissement de nouvelles bases d'action - notre objectif principal. C'est dans le quotidien de ce travail que nous cherchons à soulever les questions issues des conflits qui s'établissent entre la pratique de l'éducateur et la réalité des élèves, avec pour objectif la construction collective de projets de changement de la réalité.

Nous avons commencé cette recherche-intervention en 1998. Notre choix s'est porté sur cette école en raison de sa localisation, entre autres motifs, et du succès qu'elle obtient dans le milieu éducationnel et les médias en tant qu'école modèle, « une école qui a réussi ». Au début, aucune demande de travail n'avait été envoyée à l'université. C'était donc nous, l'équipe de chercheurs et boursiers, qui étions intéressés par le développement d'une action articulée avec l'école et la communauté représentée par les parents d'élèves.

Une première rencontre eut lieu avec la direction de l'école, composée d'un directeur et de deux adjoints qui coordonnaient les activités étalées sur la journée et le soir. Notre objectif était de connaître l'école, son intérêt en ce qui concerne l'action-intervention des psychologues auprès de l'équipe, et de présenter notre projet de travail. La réceptivité se révélant bonne, des demandes ont surgi immédiatement pour s'occuper de jeunes avec des problèmes familiaux, des problèmes de drogues, de grossesses et de S.I.D.A. Rendant viable notre introduction dans l'école, où les valeurs, principes et pratiques commençaient à se présenter, c'est ce premier contact qui a servi de point de départ à notre intervention.

Le lien entre les psychologues et l'activité clinico-assistentielle ne nous avait pas surpris outre mesure, pas plus que la réduction de l'école à un ensemble de cas-problèmes, car de telles façons de penser et de faire font partie des traditions hygiénistes de l'éducation libérale. L'école, qui acquiert consistance dans les années cinquante au Brésil au diapason du mouvement moderniste, pose comme condition préalable la raison et les principes d'égalisation sociale formelle. Selon Patto (1993), l'inégalité sociale inhérente au mode de production capitaliste se traduira en inégalités raciales, personnelles ou culturelles. Les professionnels représentant les sciences seront certainement chargés des diagnostics et de la sélection de ceux qui occuperont les postes et ceux qui composeront les classes spéciales, à la recherche de cette égalité. En ce qui concerne la formation du psychologue, les traditions médico-assistentielles des cours universitaires donnent la priorité au professionnel libéral qui, par la suite, adaptera sa pratique thérapeutique aux autres domaines d'intervention.

(2) Favela : bidonville qui se situe généralement, à Rio de Janeiro, sur les hauteurs des collines qui parsèment cette ville. 

Marisa LOPES DA ROCHA

Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

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