Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Benyounès Bellagnech
  • : Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.
  • Contact

Recherche

13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 15:40

12 h 56

 

Je viens de lire, lors de ma pause un article du Monde diplomatique écrit par Pierre Rimbert « Enquête sur les intellectuels contestataires, la pensée critique dans l'enclos universitaire » (1).

En fait je l'ai acheté pour cet article (et aussi pour celui sur Wikileaks). Comme l'auteur revenait en arrière, aux années 70 et puis bien sûr 1995, je me suis dit que peut-être je trouverai le nom de Lapassade. Et bien non!

La question qui m'est alors venue est « est-ce que Lapassade était un intellectuel contestataire? »

L'article étudie les relations entre ces intellectuels et l'action militante, comment a une certaine époque, et souvent en relation avec le Parti Communiste ils avaient pu, participer de manière stratégique par leur pensée au développement de cette action.

En France, le dernier en date cité est bien sûr Pierre Bourdieu. C'est étrange, car, en tant que militante, je trouve que Lapassade est beaucoup plus utile que Pierre Bourdieu. Il donne des outils pertinents, l'analyse institutionnelle ou l'analyse interne ont une puissance pratique. Je ne dis pas que Pierre Bourdieu ne sert pas, mais que Lapassade sert beaucoup plus. Or, il est méconnu, ses livres ne sont plus réédités, c'est quand même étrange! Je n'arrive pas à comprendre pourquoi.

Peut-être parce qu'il ne faisait pas sérieux, pas conforme à ce qu'on attendait d'un universitaire. Si au niveau de la contestation on se sert des mêmes critères que l'ordre établi pour évaluer, on n'est pas sorti de l'auberge. Du coup, je suis allée un peu sur la toile et j'ai trouvé une interview de Lapassade sur une AG qui s'était tenue à Saint Denis en 1995 et là encore il m'a plu. Brièvement, il dit que dans l'AG il est évoqué des problèmes généraux, des grands principes, mais lorsque certains évoquent leurs problèmes quotidiens (moins de cours du soir et difficultés pour les salariés d'y assister), on ne les écoute pas et que lui, ce qui l'intéresse, c'est comment on peut faire avec ces problèmes quotidiens.

 

18h49,

Compil David Krakauer

 

Je reprends la lecture de l'autre partie de mon journal et je m'aperçois que je commence à y parler de ce qui se passe sur les forums et du fait que les profs n'y interviennent que très peu, voire pas du tout. Il y a aussi mes réactions lors du rappel à l'ordre de Luca.

Dois-je censurer? Dois-je laisser? Dois-je censurer en disant de quoi traitait cette partie pour que le journal garde sa cohérence?

Sur le silence des profs, il n'y a rien de très méchant et puis en y réfléchissant maintenant je me demande si la question ne provient pas de leur statut. S'ils sont justes vacataires ou un statut de ce type, mal payés et obligés de faire un autre travail, c'est sûr qu'ils ne peuvent pas passer leurs nuits là-dessus. Je me suis pas mal baladée sur les forums de Remi Hess ou de Lucette Colin, qui étaient très disponibles et réactifs, mais leur statut ne doit pas être le même.

Alors choix d'une méthode pédagogique, problème de statut, désintérêt, autres problèmes. Je crois que je peux laisser ces remarques.

Pour mes réactions à l'humiliation que j'ai ressentie à la réaction de Luca c'est plus compliqué, car j'ai beau dire mais en fait, ça m'a fait mal. Alors forcement, quand ça fait mal, on réagit, et des fois c'est pas tout à fait à propos ou disproportionné surtout lorsqu'on est seule face à une page blanche. En plus, cet ouvrage dont il nous a offert la lecture, je l'avais vraiment perçu comme un cadeau et puis, ce livre est tellement décapant qu'après on ne se contrôle plus, j'étais emballée, la partie sur les étudiants du soir me faisait penser aux entrées tardives sur la plateforme. Je ne regrette pas ce que j'ai fait, ni ce qu'il a fait, juste je me demande si cette partie doit rester dans mon journal. Bon, quand je regarde ce qu'écrit Remi Hess des fois sur certains membres de l'administration, je me dis que c'est pas bien méchant, mais je ne suis pas Remi Hess et Luca n'est pas un membre de l'administration et les faits ne sont pas les mêmes.

Autre question sur ce qui pourrait éventuellement être enlevé c'est celle relative aux échanges de message sur les forums...non parce qu'ils posent un problème (sauf pour un qui m'a inspirée la réflexion sur l'espace potentiel), mais plus car ça alourdit le texte.

Si je reviens à des points que je n'avais pas abordé ce matin, la question du journal officiel/officieux relève de ce que je viens de dire. Je constate que durant tout le début de mon journal, même si je donne des informations intimes en relation avec cette formation, je reste policée, il n'est en rien un journal intime qui est, en ce qui me concerne, beaucoup plus violent, cru, avec des tentatives d'envolées poétiques, du travail sur des mots, des répétitions volontaires. Mon journal intime ressemble des fois à un journal brouillon, à un écrit fou, ça dépend de ce que je suis en train de vivre. Des fois c'est fade, sans intérêt et des fois ça part comme un volcan. A un moment, au vu de la longueur monotone de mes prises de notes, je me suis dit qu'il faudrait peut-être que je reprenne ce journal et qu'à partir de celui-ci, j'en fasse un deuxième, tenter de le tailler un peu comme une pierre. Mais, je ne crois pas que ce soit vraiment intéressant, quand je suis longue et pénible je suis longue et pénible et quand je le suis moins, je le suis moins. C'est mon journal, le reflet de ce qui s'est passé sur un laps de temps, là est sa valeur! Par contre, je crois qu'il est important de garder en tête l'objectif initial du journal et notamment sur son destinataire/lecteur éventuel car couper ou retrancher quelque chose à un journal est un réel problème, il perd en cohérence et en puissance.

Sur l'écriture d'autres journaux : après avoir lu je crois l'interview de Remi Hess, j'ai tenté la dissociation de mes journaux et la créations d'autres. Formation, Mon grand Doudou (mon fils), la familia, la dialectique du désir (les amis et les amours), le dur et le tendre (la maison et le jardin), journal du collectif et journal de travail. Tous les deux trois jours (sauf celui de formation que je rédige chaque jour), je les ouvrais les uns à la suite des autres et je les remplissais comme on remplit son cahier de devoir. C'était devenu une contrainte et alors que j'avais été totalement séduite par la formule de Remi Hess « objectiver ce qui nous objective », j'ai finalement trouvé que tous ces journaux finissaient par m'objectiver et que ça devenait une spirale infernale. L'expérience a cependant été intéressante et je ne dis pas que je n'y reviendrais pas mais avec l'investissement que demandent ces études et la longueur de mes écrits dans ce journal, c'était ingérable. Je n'ai donc gardé que ceux de la formation, de Mon grand Doudou, du collectif et du travail, le reste a été intégré dans un journal général du reste.

Je sais que Lapassade a réfléchi sur ces questions de dissociation, Remi Hess certainement aussi. Il faudra aller y voir. Il faut que je reprenne les cours de Kareen aussi.

 

J'ai donc découvert :

- le journal de travail. Il oscille entre des observations sur l'institution et des réflexions. Pour le moment il n'est pas très bien tenu, faute de temps mais je crois que là aussi, le journal est puissant. Comme analyse de pratique dans un premier temps, comment j'exerce, qu'est-ce que me dit cette personne et comment j'agis avec elle, cela pourrait aussi devenir un journal brouillon car le relationnel en psychiatrie s'y prête bien, le discours des patients est souvent splendide, ouvert sur un monde autre, il y a des perspectives à explorer. Ensuite l'observation et les réflexions sur l'institution, et dans cette optique il y a ce que je vis en tant que salariée de cette institution mais aussi l'évolution de la psychiatrie, les débats politiques autour de cela. Par contre, je crois que c'est une technique à développer au niveau du militantisme et ça, c'est à réfléchir sérieusement, peut être tenter de mettre en place des formations d'analyse interne pour les militants syndicaux ou d'éducation populaire.

 

- Le journal du collectif : il commence. J'ai fait des propositions d'en faire un journal collectif, et l'une a dit oui mais elle a été très malade ces derniers temps et une autre réfléchit. Nous verrons, il faut prendre son temps, il n'y a pas d'urgence.

 

- Le journal de mon fils : celui-là, je le garde, il n'a pas encore trouvé sa forme mais je le garde et il est pour lui. Il sait qu'il existe, ça l'amuse. Par contre, j'ai constaté que j'avais changé son mode d'écriture. Au départ je parlais de F. (c'est mon fils) à la troisième personne « F. vient ce soir et j'en suis contente » et depuis peu c'est à lui que je parle « tu viens ce soir et j'en suis contente ». J'ai remarqué que j'avais plus de plaisir à écrire ce journal lorsque je m'adressais à lui, je ne sais pas encore exactement pourquoi. Il faut y réfléchir.

 

Bon derniers points que je voulais aborder et qui ont fait l'objet d'une partie censurée les 4 et 5 décembre : le premier c'est la question de l'espace transitionnel, de jeu que crée un écrit entre son auteur et son lecteur, et le second c'est la difficulté que j'ai eu à rester dans le cadre d'un journal de lecture. Mais ce sera pour plus tard car je commence à fatiguer.

 

(1) Le Monde diplomatique, n°682, Janvier 2011

 

Hélène M.

http://lesanalyseurs.over-blog.org

Partager cet article
Repost0

commentaires