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Analyse institutionnelle : Théorie et pratique au sein des institutions politiques, éducatives et de recherche. L'implication des individus et des groupes dans la vie politique et sociale.

Georges Lapassade : La Fac ici et maintenant (Extraits d'un journal de route) (9)

La Fac ici et maintenant (Extraits d'un journal de route) (suite) 

 

 

Conversation téléphonique, avec Alain G : comment donner l'allure convenue d'une recherche à la description de ce bricolage institutionnel qui fait en ce moment notre intérêt ? Comment donner valeur à la description de ce vaste deal entre profs pour organiser une sortie « non clinique » à une « formation P.C.S. » qui se définit comme « clinique »? Il y a là une contradiction violente et une impasse qui ne pourra pas se résoudre avec les moyens du bord. Pourtant, comme le disait B.B. tout à l'heure, « il y a une forte demande étudiante pour la clinique ». Je le savais bien, d'ailleurs, depuis déjà longtemps : je l'ai dit autrefois, et parfois avec insistance, à Vincennes, et nos collègues de psycho ne l'ont certainement pas oublié. C'était une chose tellement banale, si facile à repérer !

 

 

 

Il paraissait évident que l'organisation des études de psycho à Paris VIII tournait le dos aux besoins de la société comme à la demande des étudiants, et ne pouvait préparer, au mieux, que quelques chercheurs à rentrer dans des laboratoires.

 

 

Autre remarque, toujours avec Alain C. (mais déjà faite plus haut) : nos enquêtes, en particulier celle que mène Alain auprès des étudiants ne peuvent que reproduire ce qu'on sait déjà : les portes des bureaux fermées, les enseignants qui ne viennent pas faire leur cours, les affichages mal faits, les salles qu'on cherche en errant dans les couloirs... Un Essai d'ethnométhodologie dit la même chose pour les enquêtes en montrant comment un ethnologue ne faisait que redoubler ce que lui disait un musicien sur les conditions de l'embauche dans le métier. La paraphrase du sociologue n'ajoutait rien.

 

 

Puis j'ai téléphoné à Michel Lobrot, qui rentre du Mexique et ne songe qu'à repartir ailleurs :

- J'en ai marre, me dit-il, des magouilles de la fac ; c'est devenu insupportable. Il y a eu des grandes périodes, juste après 68, c'est fini !

 

 

Il dit aussi qu'il ne supporte plus « le climat actuel en France ». Comme d'habitude, je me sens assez proche de lui, j'ai envie de partir aussi. Je baigne à fond dans la magouille, j'en fais actuellement mon aliment quotidien dans la fac et mon thème principal de « réflexion » et, en même temps je voudrais être loin, peut-être pas au Québec, ni au Mexique, mais certainement au Maroc, au moins pour quelques jours, quelques semaines...

 

 

Michel ne veut pas entrer dans les combinaisons actuelles des D.E.A., ni dans les DEUGS, «surtout pas!». Il n'est pas étonné d'apprendre qu'on aboutit en P.C.S. à une impasse, mais même si on lui proposait de diriger une « sortie psycho-clinique », il n'accepterait à aucun prix :

- J'ai autre chose à faire de plus intéressant en ce moment, me dit-il.

 

 

 

Georges Lapassade


Mis en ligne par Benyounès et Bernadette Bellagnech

 

 

 

voir : http://journalcommun.overblog.com

 

et : http://lesanalyseurs.over-blog.org

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